L'enquête
C'était le milieu de l'été et il faisait extrêmement chaud à l'extérieur. Heureusement, Raphaël avait fini par faire installer une climatisation et même s'il pensait à l'environnement et à ceux qui devaient travailler sous cette chaleur, il était content d'en profiter. Un peu coupable, mais content. Les stores étaient baissés au tiers et un gros panneau « ouvert » était sur la porte pour informer les clients.
Il était un peu plus de midi, Raphaël était arrivé à l'agence il y avait peu de temps et il avait hâte de se poser et de manger après sa matinée à la bijouterie. Et justement, la porte de l'agence s'ouvrit sur un homme, la cinquantaine, aux cheveux presque noirs, à la barbe de quelques jours et au visage sérieux.
- Inspecteur Vallet ! s'exclama Raphaël. Ça fait longtemps. Si vous êtes ici, ce n'est pas pour une visite de courtoisie. Qu'est-ce qui vous amène ?
Le jeune homme désigna la chaise devant le bureau, l'inspecteur prit place.
- Vous réglez toujours les problèmes de fantômes ?
- D'esprits, rectifia Romi.
- Oui, c'est ça. Bon, je viens vous voir pour un doute. Ça m'a traversé l'esprit mais... je vous explique. Il y a quelques jours on a reçu un appel d'une femme, c'est la propriétaire d'une maison à trois étages, comme elle habite seule, elle loue les nombreuses chambres qui la composent. Il y a quelques jours, donc, elle a entendu du grabuge et des cris dans l'une des chambres. Inquiète, elle est allée frapper à la porte. C'est alors que le bruit a cessé, elle a insisté, personne n'a répondu, elle est alors entrée avec le double des clefs et a découvert l'individu qui louait la chambre, un homme d'une soixantaine d'années, aux cheveux et à la barbe parsemée de poils blancs, gisant sur le sol, un couteau dans la poitrine. Elle a couru chercher son portable dans la cuisine et elle n'a pas voulu remonter avant notre arrivée. Seulement, quand on est allé voir dans la chambre, il n'y avait plus rien. Le corps s'est volatilisé. Le seul indice qu'on a et qui ne fait pas passer la propriétaire pour une menteuse est une tâche de sang de la victime sur le tapis. Ce n'est pas un vol, en tout cas tous ses papiers et son argent sont là. On a beau enquêter, nous n'avançons pas.
- Ouah ! fit Raphaël. Un corps qui disparaît, on se croirait dans un roman.
- C'est pour lui que vous venez nous voir ? demanda Romi.
- C'est ça. A vrai dire ça m'arrangerait qu'une cause surnaturelle soit à l'origine de cette disparition. De toute ma carrière, je n'ai jamais vu ça.
Le ventre de Raphaël gargouilla. Il ne se départit pas de son sourire.
- Excusez-moi mais il va falloir régler cette affaire un peu plus tard.
L'inspecteur les invita à déjeuner. Romi en profita pour appeler Nadjya qui prit la relève à l'agence. Peu après treize heures, Raymond Vallet les conduisirent à la maison de trois étages qui se trouvait en pleine ville. La propriétaire, qui avait préalablement été prévenue, leur ouvrit, aussi désireuse que l'inspecteur de trouver la vérité. Romi franchit le seuil et secoua la tête.
- Il n'y a rien pour l'instant, en tout cas je ne ressens rien. Faisons toutes les pièces.
Yuilhan, qui les suivait avec Aki, confirma les dires de la jeune femme. Ils passèrent par la cave et allèrent jusqu'au grenier. Même si le renard sentit quelque chose à cet endroit-là, il fut aussi clair que Romi, il n'y avait aucune activité venant d'esprits à cet endroit. Ils finirent par la chambre ou le corps avait été retrouvé. La jeune femme fut catégorique :
- Il n'y a rien ici.
L'inspecteur soupira et Raphaël sourit.
- S'il n'y a rien de surnaturel, ça veut dire que l'affaire est on ne peut plus naturelle, de fait que tout ce qui s'est passé ici a forcément une explication. Quand l'homme est impliqué, il n'y a rien d'invraisemblable.
Il se tourna vers Romi.
- Merci qui ?
Sa copine haussa les épaules.
- Arsène Lupin ! s'exclama le jeune homme. Ou Sherlock Holmes, au choix.
- Et que dirait votre Arsène Lupin ? demanda l'inspecteur.
- Qu'il y a un passage secret ! Sinon, il y a eu meurtre en chambre close, ce qui veut dire que lorsque la propriétaire a ouvert, les meurtriers étaient toujours à l'intérieur mais cachés. Ils, et je parle au pluriel parce que c'est plus probable, ont dû déplacer le corps entre le moment où la propriétaire a découvert la scène et le moment où vous êtes arrivés. Il est toujours dans le bâtiment.
- On a fouillé de partout mais on n'a rien trouvé. Ni de corps, ni de traces de sang, ni d'indices.
- Ils sont doués.
- La propriétaire a fait construire une porte à l'arrière de la maison qui donne directement sur l'escalier pour éviter que tout le monde passe par la porte d'entrée et donc dans son salon. On pense que c'est ici qu'ils ont fait passer le corps. Malheureusement, la propriétaire n'a rien entendu.
- Pour ça j'ai une hypothèse. L'oreille humaine s'habitue très rapidement aux sons constants et non importants, c'est le cas des ventilateurs des ordinateurs, par exemple. Si ça fait des mois que la propriétaire loue des chambres alors elle s'est habituée. Habituée aux bruits de pas au-dessus d'elle, aux voix, aux portes qui s'ouvrent et se ferment et aux allers et venus dans l'escalier. C'est possible qu'elle ait entendu quelque chose avant votre arrivé, mais dans sa panique et face aux sons dont elle a l'habitude, elle n'a sûrement rien remarqué. Je vous conseillerais de fouiller de nouveau la maison, en particulier le grenier, l'un des esprits qui nous accompagne a eu une impression étrange, là-bas.
- Vous êtes sûr ?
Yuilhan confirma.
- Sûr.
- Je vais faire ça. Merci de votre aide.
- Au plaisir.
Ils sortirent de la maison, l'inspecteur partit dans une direction, Romi et Raphaël dans l'autre. Malgré la chaleur, le jeune homme arborait un grand sourire.
- Tu as l'air ravi, lui fit remarquer Romi.
- Évidemment ! On vient de prendre part à une enquête !
Raphaël prit la main de sa copine dans la sienne et ils retournèrent à l'agence. Le lendemain, le couple reçut un mail de l'inspecteur leur disant que le corps avait été retrouvé dans le grenier, au fond dans un coin sombre, caché par un faux mur.
L'inspecteur leur paya le double de ce qu'il leur devait.
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