Jour d'affluence
Raphaël entrecroisa ses doigts au-dessus de sa tête et s'étira.
‑ Enfin terminé !
Romi prit la boîte à stylo qu'essayait de transporter les peluches depuis une bonne demi-heure et la posa sur l'un des deux bureaux de leur nouvelle chambre. Ils s'étaient levés assez tôt en ce samedi matin pour échanger leurs chambres de célibataire contre un lit double. Avec l'aide de leurs esprits, ils avaient trié, nettoyé, lavé, déplacé et rangé toutes leurs affaires dans une pièce beaucoup plus grande.
‑ Je trouve cette chambre assez impersonnelle, fit remarquer Romi.
‑ C'est la chambre d'un couple adulte. Tu pourras la décorer comme tu le voulais quand on aura un peu plus d'argent. En attendant...
Raphaël se tourna vers une femme aux très longs cheveux argentés, à la poitrine plantureuse, aux yeux de chat et à la tenue digne d'un personnage de MMORPG.
‑ Yui, je ne savais pas que tu pouvais te transformer.
‑ Je ne le fais pas souvent, répondit la femme, les hommes peuvent me voir.
‑ Les Hommes avec un h majuscule ?
‑ Non, non, les hommes. Toi si tu enlèves ta bague. D'ailleurs, Aki peut faire pareil, en mieux.
‑ Attends ! Tu es en train de me dire qu'il a fait exprès de nous cacher qu'il pouvait se transformer en humain pour éviter de nous aider ?
Le tanuki détourna le regard et s'amusa à faire des ronds de fumée avec sa pipe. Yuilhan reprit sa forme de renard.
- Pas en humain, répondit le renard, mais en esprit.
‑ Il y a mail pour l'agence, dit Romi en regardant l'écran de son ordinateur qu'elle venait d'allumer.
Raphaël s'approcha et lu à voix haute :
‑ « Bonjour, nous sommes une famille, bla, bla, bla, nous avons acheté et rénové un château de la renaissance dit hanté », évidemment. « En vue d'une ouverture prochaine pour les gens de passage, nous souhaitons vous inviter à vérifier ces rumeurs et à chasser les potentiels fantômes et esprits qui s'y trouvent. Les trajets, les repas et les nuits sont offerts au besoin. Nous avons invité plusieurs groupes alors merci de répondre rapidement. Il va sans dire que vous serez rémunérés en cas de succès. »
Il y eut un silence puis Raphaël prit une inspiration.
‑ Romi, tu crois que je peux déjà demander un congé ?
Assise sur le rebord d'un mur qui entourait le château de leurs clients, Romi bâilla. Ils avaient fait un long trajet pour venir jusqu'ici et les rayons du soleil qui transperçaient la brume du matin lui faisaient du bien. Raphaël, les bras croisés, regarda autour de lui.
‑ Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde.
Romi l'imita et hocha la tête.
‑ Des chasseurs d'esprits, des exorcistes, visiblement, et... les médias ?
‑ Non, des youtubeurs qui chassent le paranormal.
‑ Ah...
‑ Ouais, je sais que tu les aimes pas trop. Et puis, tu as vu, le frère de Damien et sa mère sont là.
Le portail du château s'ouvrit sur un couple d'une cinquantaine d'années, tous les invités se regroupèrent devant eux.
‑ Bienvenue, fit la femme. Je ne vais pas trop m'attarder à vous expliquer ce que vous faites ici car vous le savez mieux que moi. Vous avez carte blanche. Nous allons vous montrer vos chambres, la cuisine et le salon.
‑ Excusez-moi, fit Valens, vous n'avez pas précisé dans le mail, à quoi doit-on s'attendre de la part des esprits qui habitent ici ?
‑ A tout mais rien de vraiment dangereux. Ils nous poussent à bout comme s'ils voulaient qu'on débarrasse le plancher. Les lumières qui clignotent, l'eau de la douche qui devient froide, ce genre de chose.
Les invités suivirent le couple, au-dehors, dans l'immense cour, des enfants jouaient avec leurs parents, il s'agissait de la famille des propriétaires. L'intérieur était un peu vide, la décoration n'était pas totalement terminée, mais tout comme l'extérieur, le château avait son propre charme. On pouvait voir que les propriétaires qui s'étaient succédé n'avaient pas voulu dénaturer l'endroit. Une fois leurs chambres distribuées, elles se trouvaient toutes dans le même couloir, les propriétaires allèrent vaquer à leurs occupations et les invités, sans dire un mot, se séparèrent pour visiter les lieux.
‑ On voit les endroits où les futurs clients vont vivre, dit Raphaël après avoir monté un énième escalier et parcourut un énième couloir. C'est vide, la peinture, la tapisserie, les fenêtres et le toit ne sont pas faits de partout.
‑ C'est pas évident de prendre soin d'un endroit comme celui-ci.
‑ C'est trop grand. Sinon, Yui, tu ressens quelque chose ?
‑ Oui, répondit le renard blanc qui les suivait à la trace, mais... c'est étrange, c'est peut-être le lieu, si je ne me concentre pas, je ne les sens pas.
‑ Ils sont plusieurs ?
‑ Je dirais oui.
Raphaël regarda Romi, elle n'était pas très bavarde et beaucoup moins enjouée que d'habitude, c'était rare qu'il la voit ainsi.
‑ Qu'est-ce que tu as ?
‑ Je ne sais pas. Je ne sais pas comment expliquer ça, j'ai une sorte de pressentiment. Tu sais, on devrait laisser faire les chasseurs d'esprits sur ce coup-là.
La journée se passa sans qu'il ne se passe rien, ou pas grand-chose. Ils se retrouvèrent tous à la cuisine pour le dîner où ils firent plus ou moins connaissance. Ils apprirent que les exorcistes avaient « purifié » certaines pièces et que les youtubeurs avaient placé des caméras ici et là. Sur la table à côté de leurs assiettes, un petit ordinateur montrait les différentes prises. Une jeune fille aux cheveux bouclés s'approcha d'eux.
‑ Ça sert à quoi tout ce matériel ?
‑ Ne les embêtent pas, fit un homme aux cheveux noirs avec lequel elle était venue.
‑ Ça ne nous dérange pas.
Les youtubeurs expliquèrent avec des mots simples tous les objets qu'ils possédaient. Raphaël surprit Romi à les écouter attentivement. Il approcha sa bouche de son oreille.
‑ Je croyais que tu t'en fichais.
‑ Je suis curieuse, c'est tout.
‑ Et donc tout ceci vous permet de savoir s'il y a des fantômes qui se baladent ? demanda Rose.
‑ On va dire oui.
Valens haussa les épaules.
‑ Les fantômes n'existent pas.
‑ Qu'est-ce que vous faites ici si c'est le cas ?
‑ Nous chassons les esprits, c'est différent. D'ailleurs, allumez vos machines dans cette pièce, vous serez surpris du résultat.
Romi étouffa un rire, depuis qu'ils étaient arrivés dans ce château, les esprits des chasseurs virevoltaient, couraient et rampaient par-ci par-là. Et il y en avait beaucoup.
‑ On voit les esprits sur les caméras ? demanda Raphaël. Je n'ai jamais fait le test.
‑ On distingue les plus forts, répondit Étienne, l'homme aux cheveux noirs.
Sur cette phrase, la lumière vacilla puis s'éteignit. Seul l'ordinateur faisait office d'éclairage. La propriétaire prit une lampe dans un tiroir en expliquant :
‑ Ne vous inquiétez pas, ça va revenir dans quelques minutes.
Effectivement, deux minutes plus tard, les lampes se rallumèrent. Au même moment, il y eut comme un courant d'air et la porte de la cuisine claqua, faisant trembler le chambranle.
‑ Putain..., fit Raphaël qui venait de sursauter.
Romi se pencha à son oreille.
‑ Le premier qui ira se coucher ce soir sera celui qu'on retrouvera mort demain.
‑ On n'est pas dans un roman policier !
Le lendemain, Raphaël se leva avant Romi. Encore à moitié endormie, il se dirigea directement dans la cuisine où Rose et Étienne étaient attablés. Le jeune homme se servit.
‑ Il y a que nous trois ?
Yuilhan souffla dans le cou de Raphaël pour lui signifier que lui aussi était présent.
‑ Les deux avec leurs caméras se sont couchés tard, répondit l'homme, les autres se baladent, j'imagine.
N'ayant rien d'autre à faire, Raphaël décida également de se promener dans les jardins du château. Il croisa plusieurs chasseurs ainsi que les exorcistes et retourna à sa chambre vers dix heures ou il retrouva Romi étalée dans le lit.
Lorsqu'elle se réveilla, elle eut droit à un baiser sur le front de son copain.
‑ J'ai pas beaucoup dormi, fit-elle en s'asseyant sur le matelas.
Elle bailla et posa son regard sur le tableau qu'elle avait vu la veille sur le mur d'en face, il représentait un champ de lavande au coucher du soleil, un arbre centenaire débordait sur la droite de la toile. Après quelques secondes de réflexion, elle écarquilla les yeux.
‑ Raph... il y avait l'ombre d'un chien qui faisait face au soleil sur ce tableau.
‑ J'ai pas fais gaffe.
‑ Je t'assure qu'il y était. Je suis sûr à cent pourcents.
‑ Je te crois. Maintenant, il reste à savoir où cette ombre est partie.
A midi, aucun invité ne manquait à l'appel. Après avoir échangé quelques banalités, Valens sortit :
‑ On peut pas continuer comme ça, il y a quelque chose dans ce château mais on n'arrive pas à mettre la main dessus.
‑ J'ai pris une douche froide, ce matin, dit Rose.
‑ Les plaques de la cuisinière ce sont allumées toutes seules, fit un autre chasseur.
‑ Une étagère s'est écroulée dans ma chambre, expliqua un youtubeur.
‑ L'ombre du chien sur le tableau de notre chambre a disparu, lança Romi d'une voix forte pour surplomber toutes les autres.
Tout le monde se tourna vers elle.
‑ Vous avez senti ou entendu quelque chose, cette nuit ? demanda un youtubeur.
‑ Rien du tout.
‑ Serait-il possible que les esprits utilisent les tableaux comme réceptacle ? s'enquit Valens à voix basse.
‑ De leur propre chef ? fit Étienne. C'est totalement possible. Il y a combien de tableau, ici ?
‑ Des dizaines, répondit le propriétaire. On n'a jamais rien remarqué avec eux, ceci dit.
Valens haussa les épaules.
‑ Dans le doute, apposons un sceau sur chaque tableau qu'on trouvera, ils n'y retourneront plus, comme ça.
‑ C'est dangereux, rétorqua Étienne. Si on met les esprits en colère, ils pourraient s'en prendre à nous.
‑ Alors on placera des sceaux de protection pour les chambres, le salon et la cuisine, proposa la mère de Valens.
‑ C'est long et épuisant.
‑ Peut-être, fit Rose, mais nous sommes nombreux. Je m'occupe des sceaux de protections.
‑ Moi aussi, dit Romi. On s'en sortira à deux, il y en a moins à faire.
‑ Faites attention, lança Valens, faites des pauses pour éviter de perdre connaissance.
Une heure plus tard, les chasseurs d'esprits et Romi dessinèrent leurs sceaux pendant que Raphaël, les youtubeurs et les exorcistes allaient les poser sur tous les tableaux qui croisaient leur route.
‑ Ça va vraiment marcher ? demanda un youtubeur à Raphaël, caméra à la main, alors qu'ils revenaient vers la cuisine.
‑ Bien sûr. Jusqu'à maintenant ça n'a jamais failli.
‑ Tous ces sceaux... on se croirait dans un film d'horreur. Dites-moi, vous pouvez réellement voir les esprits ?
‑ Oui. Après, libre à vous de nous croire ou non.
‑ Avec tout ce qu'il se passe, j'ai tendance à vous croire.
‑ Au fait, vos caméras ont filmé quelque chose cette nuit ?
‑ On comptait les relever cette après-midi et visionner les rushs.
‑ Les chasseurs vont bientôt faire une pause, ils sont épuisés. On le fera à ce moment-là.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Dans l'heure qui suivit, les deux youtubeurs allèrent recharger les caméras et leur matériel et ils récupérèrent les cartes SD. Pendant que Romi et les chasseurs faisaient la sieste pour récupérer l'énergie qu'ils avaient mis dans les sceaux, les youtubeurs, les exorcistes et Raphaël s'installèrent au salon pour visionner les vidéos. Le jeune homme insista pour regarder seulement celles qui contenaient un tableau mais même en réduisant le nombre de visionnage et en accélérant les vidéos, cela prit du temps. Après de très longues minutes à regarder un écran fixe, ils eurent tous les yeux qui pleuraient. Ce fut au bout de la quatrième vidéo que Raphaël trouva son bonheur.
‑ Stop ! s'écria-t-il alors que tout le monde était en train de s'endormir. Revenez en arrière.
Le youtubeur s'exécuta.
‑ Là ! Vous voyez ou pas ? Sur le mur, l'ombre d'un espèce de ptérodactyle.
‑ On ne voit rien.
‑ Recule un peu... et là, sur le tableau ?
‑ Toujours pas.
Raphaël sourit.
‑ Ma copine avait raison, les esprits habitent dans les tableaux et ils se déplacent sous forme d'ombre sur les murs.
Ils s'empressèrent d'aller en informer les chasseurs d'esprits.
Juste avant le dîner, Romi alla placer les sceaux sur toutes les portes des chambres occupées. La journée les avait tous épuisés, elle était bien l'une des seuls qui tenait encore debout.
‑ Je me demandais...
Romi sursauta et se retourna. Valens s'était arrêté près d'elle, des sceaux dans la main. Il continua :
‑ Tu es la seule que je connaisse qui fait des signes japonais pour les sceaux. Comment ça se fait ?
‑ Ma grand-mère faisait comme ça. Et puis je trouve que c'est plus simple, généralement, une idée est égale à un signe.
Valens haussa les épaules et passa son chemin.
Dans la nuit, Romi fut réveillée par des bruits dans le couloir. Elle crut d'abord, à moitié endormie, qu'ils faisaient partie de son rêve mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle comprit que ce n'était pas le cas. Le cœur battant, elle s'extirpa de son lit et sortit dans le couloir, sa robe de chambre sur les épaules. A tâtons, elle chercha l'interrupteur et l'activa. Bien évidemment, la lumière ne s'alluma pas. Heureusement, ses yeux s'étaient adaptés depuis longtemps à l'obscurité.
Même si une partie d'elle disait de ne rien faire, Romi s'avança vers le fond du couloir, d'où le bruit venait. Elle avait à peine fait quelques pas qu'elle remarqua l'ombre d'un énorme chien aux grandes dents qui grattait l'une des portes qu'ils avaient protégées. Après quelques secondes, l'esprit s'arrêta, tourna la tête vers la fille et s'approcha doucement d'elle, la gueule à moitié ouverte.
En dehors des tableaux et des murs, le chien n'avait plus l'apparence d'une ombre mais celle d'un esprit totalement ordinaire, un animal à poil gris et noir munie d'une grosse tête.
‑ Attends, je ne suis pas ton ennemie.
L'esprit lui sauta dessus. Valens s'interposa entre eux et balaya l'air de sa lance, le chien s'arrêta et grogna.
‑ Vous n'avez rien à faire ici..., fit-il de sa grosse voix.
Quelques portes s'ouvrirent.
‑ Cette maison appartient à Valentin, notre maître.
L'esprit se ramassa sur ses pattes arrière, Valens se tint jambes écartées, lance en avant. Le chien était sur le point de faire un bond lorsque Raphaël, muni de plusieurs sceaux et de Yuilhan, se mit devant lui. L'esprit recula. Valens lança sa lance sur lui, le chien l'esquiva et s'enfuit. La lumière finit par revenir.
‑ Ça va ? fit Raphaël en allant vers Romi.
‑ Bien sûr.
Valens récupéra sa lance.
‑ Tout le monde au lit, dit-il en jetant un regard noir à Romi. Et personne ne sort de sa chambre avant le lever du soleil !
Le lendemain, Valens fut le dernier à se mettre à table pour le déjeuner. Il posa des feuilles à côté de lui et expliqua :
‑ J'ai fait des recherches sur le Valentin de cette nuit.
‑ Qui ça ? demanda l'un des youtubeurs.
Le chasseur l'ignora.
‑ C'était un ancien propriétaire de ce château, avant qu'il passe de main en main et qu'il soit abandonné pendant quelques années. Ceux qui le connaissaient le trouvaient étrange, il répétait assez souvent à ceux qui lui demandaient qu'il pouvait voir les esprits. Il a fait une crise cardiaque en dehors du château et est décédé à l'hôpital.
‑ Il avait certainement fait un contrat avec les esprits qui se trouvent ici, continua sa mère, seulement, ils n'ont jamais su que leur maître était mort et ils attendent son retour.
Il y eut un silence puis Étienne le brisa :
‑ Il faut qu'on trouve ces contrats pour les briser. Les affaires des anciens propriétaires sont toujours ici ?
‑ La plupart, répondit la propriétaire actuelle. Il y en a au grenier et certaines pièces n'ont pas encore été totalement vidées. Après, on a aussi jeté beaucoup de choses. On a mis ce qui avait de l'intérêt dans une pièce au dernier étage, on comptait les utiliser pour la décoration ou les vendre.
‑ A quoi ressemblent ces contrats ? demanda l'un des youtubeurs.
‑ Ça peut être n'importe quoi, répondit Étienne. De nos jours on utilise de plus en plus des feuilles plastifiées mais le plus courant est le bois, ça brûle plutôt bien.
Romi souffla, le feu était le meilleur moyen de tuer un esprit.
‑ Généralement, reprit l'homme aux cheveux noirs, on trouve le nom de l'esprit, celui du maître et une signature pour sceller le contrat.
‑ On va avoir du boulot..., dit Rose.
Dès qu'ils le purent, Romi et Raphaël allèrent fouiller la fameuse pièce du dernier étage, l'un des deux youtubeurs les accompagnait. Lorsqu'ils ouvrirent la porte, ils eurent la surprise de tomber sur des montagnes de cartons.
‑ Oh mon Dieu..., fit le garçon. Yui, tu sens quelque chose ?
‑ Étrangement, oui.
‑ C'est donc ici. Retournons tout !
‑ Génial...
La plupart des cartons ne contenaient que des vieilleries dont certaines dataient probablement du dix-neuvième siècle. Entre deux toux causées par la poussière, Raphaël lança :
‑ C'est une véritable mine au trésor ! Si c'était moi, je ne vendrais rien du tout.
‑ Tu as vu le nombre de bijoux ? Bien sûr qu'il faut vendre !
Romi extirpa du fond d'un carton un plateau d'échec, à l'intérieur se trouvait deux sacs en tissu, l'un contenait des pions pour jouer aux dames et l'autre des pièces d'échecs. La fille fronça les sourcils.
‑ C'est bizarre...
Elle renversa le contenu d'un sac sur le plateau.
‑ Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Raphaël en regardant par-dessus son épaule.
‑ Ça doit être dur de jouer aux échecs avec des pièces coupées en deux, non ? J'ai trouvé les contrats.
‑ Il y en a beaucoup, fit Valens en examinant les pièces d'échecs. Toutes celles qui sont brisées sont une rupture de contrat. Il y en a trois qui sont intacts, ce sont celles qui nous intéressent.
Une fois les chasseurs avertit de la découverte de Romi, ils s'étaient tous réunis dans une pièce du château vide et avaient commencé à dessiner un pentacle sur le sol.
‑ Il est beaucoup plus compliqué que les tiens, glissa Raphaël à l'oreille de sa copine.
‑ J'y comprends rien mais il est classe.
Une fois le pentacle terminé, Étienne expliqua :
‑ Les cercles sur les côtés sont pour ceux qui ne peuvent pas voir les esprits. J'ai fait le pentacle, quelqu'un d'autre s'occupe du protocole.
C'est Valens qui s'y colla. Les trois pièces d'échecs dans les mains, il se plaça dans un cercle en face du pentacle et invoqua les esprits avec de belles phrases en latin. Immédiatement, le chien, l'espèce de ptérodactyle et une femme à queue de poisson apparurent à l'intérieur du pentacle. Sans plus de formalité, il prononça une autre phrase, les pièces d'échecs qu'il tenait se brisèrent en deux.
‑ Votre maître n'est plus, vous êtes libre, à présent.
Il prononça une dernière phrase et les esprits disparurent. Le youtubeur siffla.
‑ Il les a envoyé loin d'ici, expliqua Aki à l'oreille de Romi. Très loin d'ici.
‑ C'était rapide, fit Étienne.
‑ Tout est terminé, expliqua Valens aux propriétaires. S'il se passe quoi que ce soit, n'hésitez pas à faire de nouveau appel à nous. On va rentrer.
‑ Attendez demain, restez au moins cette nuit. Il faut que vous vous reposiez.
Ils passèrent tous leur dernière nuit au château. Les exorcistes furent les seuls à s'en aller dès le lever du soleil, bien avant le petit déjeuner. Une fois tous à table, Raphaël avait insisté auprès de Romi pour partir le matin, le propriétaire leur distribua à tous une enveloppe. Le couple attendit de saluer tout le monde et d'être seuls pour en voir le contenu.
‑ Trois cents euros chacun, observa Raphaël. Génial, ça paiera...
‑ Vêtements et mangas !
‑... les courses du mois. Dis, tu as l'air d'aller mieux.
‑ Tu trouves ? Je n'ai plus cette sensation étrange depuis que Valens a renvoyé les esprits. Je suis d'ailleurs contente qu'il est fait ça, il aurait pu les tuer. Je me demande s'il n'a pas agi de cette façon parce qu'il y avait les caméras...
‑ Ce travail n'était pas si pénible que ça. Prête pour une promenade matinale jusqu'à la gare ?
‑ Avec ce paysage, ce soleil et toi à mes côtés, bien sûr que je suis prête.
Raphaël sourit et prit la main de sa copine dans la sienne.
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