Explosion
Lorsque Erick partait sur une mission, il n'y allait pas de main morte. En cette matinée à peine ensoleillée, quatre voitures quittèrent le parc, Romi était à l'intérieur de la première avec Erick, Marc et la femme qui s'entraînait avec lui la veille. Ils roulèrent longtemps, s'arrêtèrent à midi pour le déjeuner et arrivèrent à destination en début d'après-midi. Seuls trois véhicules se garèrent au bord d'un large chemin fait de pierres blanches, le quatrième s'était arrêté dans une ville à quelques kilomètres d'eux.
Romi sortit de la voiture, elle fut suivie d'Erick, un grand sourire aux lèvres, content d'enfin pouvoir se dégourdir les jambes. Ils étaient nombreux, même Cathia était présente. Ils s'approchèrent d'un long portail fermé par un cadenas et entouré de plusieurs panneaux « danger » et « sortie de camions ». Ils passèrent par-dessus le portail, non sans mal pour Romi, et atterrirent sur un vaste terrain vierge où un grand monticule de roche avait été mis à nu.
- C'est une carrière ? s'enquit Romi.
- Tout à fait, répondit Erick. Elle a été exploitée au max et ils l'ont abandonnée pour partir ailleurs. C'est terrible, hein ? Avant, ici, il devait y avoir des arbres, de la verdure, des oiseaux, des insectes et aujourd'hui, plus rien. Et ce depuis des années et encore pour des années. C'est facile de parler mais il n'y a personne pour faire quoi que ce soit. Enfin, on n'est pas là pour ça.
Ils marchèrent et arrivèrent au pied du monticule, devant un large rocher bardé de runes. Erick posa la main dessus.
- Derrière, il y a une cavité créée par les engins de chantiers. Les chasseurs ont profité de l'endroit pour sceller un esprit puissant qui peut se téléporter. Je suis là pour le récupérer. La dynamite est prête ?
Romi haussa les sourcils. Un homme portant un paquet sous le bras accompagné d'un adolescent avec un détonateur leva un pouce en l'air.
- Occupez-vous-en. On va plus loin.
Pendant qu'ils installaient le tout, la petite troupe se dirigea quelques mètres plus loin et s'alignèrent devant le monticule.
- Tu vois la cabane sur la gauche ? fit Erick qui se tenait à côté de Romi. C'est la limite pour qu'il ne nous arrive rien, mais dans le doute, appelle un de tes esprits.
A ces mots, ils invoquèrent tous un esprit, sauf Cathia qui n'en avait pas. Romi appela Jack qui apparut juste devant elle.
- Romi ! Te voilà. Écoute ça...
- Derrière toi, esprit, lui dit Erick.
Jack se retourna. Au même moment, l'homme aux dynamites appuya sur le détonateur. Le vampire regarda sa maîtresse.
- Oh mon Dieu, j'ai peur de comprendre ! Tu devrais appeler Chaussette, il est beaucoup plus fort, maintenant, tu sais...
- Bouchez-vous les oreilles !
L'explosion eut lieu. Cachée derrière Jack, Romi ne voyait pas grand-chose. Elle entendit Erick crier :
- C'est génial !
Romi sortit sa tête. Il y avait des gravats et de la fumée de partout, elle ne voyait rien mais elle devait avouer que c'était effectivement pas mal.
- Dépêchons-nous, fit Erick.
La jeune femme lui emboîta le pas. Jack croisa alors le regard de Cathia. Ils se fixèrent ainsi plusieurs secondes, l'échange ne fut pas long mais assez pour que les deux êtres puissent voir plus loin que ce qu'ils voulaient montrer. Erick posa une main sur l'épaule du vampire.
- Cherche pas, je sais qu'elle est belle mais tu n'es qu'un esprit.
Jack sourit.
- Je suis un vampire et je peux me faire passer pour un humain car j'ai été créé pour séduire les femmes.
Ils s'avancèrent jusqu'au lieu de l'explosion. Le rocher qui bloquait l'entrée de la cavité avait disparu. La poussière se dissipait, dévoilant une forme moyenne et quasi transparente dans les airs, à hauteur de regard. L'esprit ressemblait à K Mais il était plus grand et avait le corps plus allongé. Il semblait aussi désarticulé, comme si ses membres étaient accrochés à son corps à la manière des poupées en plastique, et sur sa peau se mouvaient les couleurs de l'arc-en-ciel. Il semblait un peu perdu, ce qui était normal au vu de la situation.
Erick mit la main à sa poche sans quitter l'esprit du regard. Face à ce geste, l'esprit en question paniqua. Il poussa un cri aigu et sortit de la cavité à toute allure. Croyant sa maîtresse en danger, Jack réagit tout aussi vite, il fonça sur l'esprit, le prit à la gorge et le plaqua contre une paroi rocheuse.
- Attends ! cria Erick.
Trop tard. L'esprit se téléporta, Jack avec. Erick froissa le sceau qu'il tenait en main et sortit une flopée de jurons.
- Merde ! Si j'avais donné le sceau à ton vampire, si j'avais été plus rapide, si j'avais trouvé une autre méthode, il n'aurait pas pu se téléporter !
- Je peux peut-être rappelé Jack, dit Romi.
- Non, répondit Erick, ça ne servirait à rien, le vampire reviendrait seul et je préfère encore qu'il soit avec l'esprit.
Au même moment, au loin, plusieurs sirènes se firent entendre.
- Il est temps de déguerpir ! s'exclama Erick, recouvrant peu à peu sa bonne humeur.
Ils coururent, sautèrent par-dessus le portail et rejoignirent leurs voitures. C'est Erick qui prit le volant, Marc fit le copilote et entra en contact téléphonique avec les autres véhicules. Au premier croisement, Erick demanda à la dernière voiture de prendre à droite. Quelques mètres plus loin, ils croisèrent deux voitures de police. Dans les rétroviseurs, ils virent qu'elles tournaient dans le chemin de la carrière qu'ils venaient de quitter.
- OK, fit Erick dans le téléphone, continuez tout droit, on se retrouve en ville.
Le conducteur piqua une accélération et tourna dès qu'il le put. Environ trois quarts d'heures plus tard, les quatre voitures furent de nouveau réunies. Après s'être assurés que tout était bon, ils prirent la route du retour. Romi fut dans sa chambre en fin d'après-midi.
Suite à cet échec, les jours passèrent, et en réponse, l'ennui de Romi s'intensifiait. Il n'y avait pas internet et la jeune femme était limitée du côté de ses données mobiles, jusqu'à maintenant, elle n'en avait jamais eu beaucoup d'utilité. Elle fit le tour du parc plus d'une fois, visitant chaque recoin à chacune de ses balades, se promena un peu derrière l'hôtel et réalisa que cela lui faisait du bien, de temps en temps. Elle mit même la main à la pâte et fit un plat conséquent pour tout le monde qui partit très rapidement.
Erick, parfois accompagné de Marc ou d'une autre personne, partait à l'aventure, il restait rarement sans bouger à l'hôtel. Romi apprit de sa bouche qu'il se rendait régulièrement, le soir et seul, au centre où étaient enfermés ses hommes. Il avait même réussi à y entrer, une nuit, dans le noir le plus total, en se faisant passer pour quelqu'un d'autre. Il lui avait dit que ce n'était possible seulement parce qu'il était seul mais ressortir avec les prisonniers était pour le moment impossible. Si jamais ils devaient les libérer, ce ne se ferait certainement pas tout de suite.
Ainsi, une semaine et quelques jours passèrent. Puis un soir, on toqua frénétiquement à la porte de sa chambre. Elle ouvrit. Un Erick armé d'un grand sourire annonça :
- Demain soir, on sort !
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