ORELSAN

Je ne suis pas l'homme idéal parce que lorsque je suis avec ma copine je pense à une autre. Cela fait a peine une heure que je l'ai raccompagnée chez elle et j'ai déjà envie de la revoir. Je voudrais enregistrer son odeur dans mon IPhone, ainsi que le son mélodieux de sa voix angélique. C'est elle. Je sais que c'est la bonne. Mais comme au loto on a droit qu'à une chance pour avoir le ticket gagnant. Si je l'ai, si elle me donne ma chance alors je changerais, plus jamais je ne décevrais une femme. J'arrête de voir ailleurs, je mûris et deviens stable.

Quand tu arrives à la quarantaine t'es à un stade de ta vie ou la vie devient fade. C'est la vieillesse de la jeunesse. Mais cinquante ans c'est la jeunesse de la vieillesse. Ça c'est pas moi qui le dit car je ne suis pas un poète. Mais Victor Hugo, oui ! Je ne sais pas faire de rimes poétiques. Moi, je chante la misère dans les ghettos. Je porte le combat de mes frérots tombés à la guerre, de toutes ces galères que les gens riches ne connaissent pas et ne connaîtront jamais.

Ma copine vient de rentrer de son shooting photo. Elle retire ses talons et vient s'allonger sur le canapé. Elle pose sa tête sur mes genoux et sort son portable. Elle a cinq ans de moins que moi. Élisa est jolie mais elle n'est pas toi. Elle textote et rit au téléphone avec ses amies. Je me lève soudain et elle s'arrête de pianoter sur son tel.

- Tu vas où ? Lance ma fiancée, par dessus mon épaule.

Je me sens débile à ses côtés. On glande rien, on mange chinois et on regarde des dessins animés dans son petit appartement car elle a pas les sous pour déménager à la capitale comme elle aimerait.

Pour une fois, je la remercie d'avoir renoncé à ses rêves de mannequinat. Sans ça je ne t'aurais pas rencontré. Toi. Ma belle.

Je me retourne et lui adresse un sourire forcé.

- J'ai un concert à donner.

Elle se redresse d'un seul coup.

- OK dans ce cas je viens avec toi ! J'ai très envie de te voir performer sur scène mon cœur ! D'ailleurs j'ai déjà pris une place en VIP ! Ça te dérange pas, hein ?

Je secoue la tête.

Eh merde !

- C'est sold-out maintenant, bébé! Désolé.

Je mens. Il reste encore quelques places. Mais il faut être rapide. Je les ai vendu d'avance à des sans-abri hier soir.

Élisa baisse la tête, soudain elle devient triste et je m'en veux d'être un tel connard. Avoir à lui mentir ne m'enchante pas. Cependant je n'ai pas le choix, bien que je l'aime encore. Mes sentiments ont évolué depuis et je ne suis plus sûr de vouloir me marier avec elle.

Ce mariage serait une erreur.

Elle étiré un pauvre sourire, attristée et retourne s'assoir dan le canapé écrire à ses MAPLV.

J'en profite alors pour m'éclipser en catimini.

Avant qu'elle ne me rattrape, j'efface mon historique Google et désactive ma géo-localisation. Puis je mets des lunettes noires de soleil et me hâte de rentrer dans la limousine qui attend en bas de chez moi.

Je fais signe au chauffeur de s'arrêter et il m'ouvre la portière, telle une star internationale.

Je monte et referme.

La voiture démarre en trombe et quitte le quartier résidentiel de ma copine. C'est une fille ultra possessive qui n'a pas une once de confiance en elle. Elle devient parano à force de regarder des émissions comme Gossip Girl ou encore Pretty Little Liars. Les meufs qui regardent ça sont quasi toutes obnubilés par les secrets.

Avoir un jardin secret en couple ou célibataire, ce n'est rien de grave. C'est même très saint. J'évite de dire à Élisa où je vais car de toute manière elle le découvre toujours. Puis elle me prend la tête quand je lui ment.

Si elle apprenait pour Angèle et moi elle serait capable de me mettre à la porte de chez moi. Au mieux de me tuer afin que aucune d'entre elles ne puissent m'avoir.

J'arrive sur les lieux et rentre dans la boîte du Zodiac. Il y a des danseuses, des sripteaseurs. Très vite je repère ma reine. Elle est assise sur une banquette au milieu de sa cour. À la table, entourée de ses amis elle est rayonnante et illumine la pièce avec son sourire immense qui remonte jusqu'à ses oreilles. Elle porte un haut transparent avec des caches tétons en forme de cœur sous sa veste de blazer rouge. Elle est étincelante. Je fends la foule et me tape l'incruste à leur table comme si c'était normal. Angèle me dévisage blême. Les autres eux me regarde avec admiration. Eddy me fais de la place entre Angèle et lui, tandis que Yseult, la grosse black aux cheveux bouclés change de place. Elle se demande qui je suis. Je passe mon bras autour des épaules de la jolie blonde assise à côté de moi. Elle se décale un peu, alors je me rapproche.
Je marque mon territoire comme on dit. Les mecs de ma boîte de nuit cesse ainsi de la regarder avec désir.

- Alors tu t'es fait belle pour moi ?

Elle ricane et secoue la tête.

- Dans tes rêves, gros naze ! Réplique Angèle.

Elle chasse une mèche blonde de sur son front et tente d'éviter mon regard. Je repousse quelques mèches rebelles de sa frange de sur son front sans cesser de la dévisager. Elle s'arrête de respirer un instant, figée.

La musique "Toxic" de Britney Spears éclate soudain dans les enceintes géante de la boîte, lui rendant son souffle.

Elle s'écarte alors de moi et se lève.

Elle attrape ensuite la main de Clara, sa copine de frange et l'entraine sur la piste de danse. Elle se met ensuite à se déhancher comme une dingue au milieu de cette centaine d'inconnus. Elle remue les hanches et ses fesses peu rebondies. Je la regarde s'amuser et ne peux m'empêcher d'être heureux de la voir ainsi. C'est beau d'être jeune. Cela fait longtemps que je ne me suis pas amusé moi aussi. J'ai soudain envie de les rejoindre lorsque Gringe m'arrête. Il me retiens par le bras. Je ne l'avais pas vu arriver. Il me salue d'une poignée de main vivace puis nous discutons un peu à l'écart.

- Yo mon pote, qu'est-ce que tu fais là ?

- Ah, ça c'est Angèle.

- Ouais, je sais ça. Elle est la starlette du moment !

- Bon si je te le dis, tu promets de ne rien dire à personne. Tu me le jure, hein ?

À peine ai-je le temps de parler que Eddy s'incruste.

Oh non pas l'autre pédale !

Il m'attrape par les épaules et sort :

- Ton pote a défleurée ma petite Angèle.

Gringe me regarde incrédule, puis jure.

- Putain mec me dis pas que t'as sauté une gamine de 26 ans ! Wtf ?! Tu pourrais être son père. Tu as pensé aux conséquences de tes actes. Tu as tout à perdre dans cette relation.

Je grogne et me serre un verre. Tandis qu'il me sermonne je parcours la salle des yeux, à la recherche de ladite fille, mais elle a disparu.

- Hé, ho ! Tu m'écoutes quand je te parle ?

Je secoue la tête.

"Où est-elle partie cette fois-ci ?"

- Il faut que ça s'arrête. Avant que tu n'ai des problèmes. OK ?

- Je peux pas ! Crié je.

- Pourquoi pas ?!

J'aimerais lui dire que je vais la laisser tranquille et l'oublier, mais je ne my résous pas. Je cherche son regard quand elle n'est pas dans les parages et la suis partout. Je crois bien que je suis tombé amoureux.

Je connais les enjeux de cette relation.

- C'est juste une histoire comme ça. Rien de sérieux.

Gringe me regarde, perplexe.

Il ne pense pas cela.

- Tu en es vraiment sûr ?

Soudain je croise le regard de Angèle. Elle est terrorisée à l'idée que cela se sache pour nous. Alors je rassure mon ami et lui dit qu'il n'y a rien.

Rien du tout.

- Ouais, elle compte pas autant que Elisa.

Faux !