Chapitre 5 - MURPHY
ANGÈLE
S'il y a une probabilité que quelque chose échoue, alors ça échouera. C'est, en résumé, le principe de la loi de Murphy également appelée "loi de l'emmerdement maximum" ou encore "loi de la tartine beurrée". On la doit à l'ingénieur aérospatial américain Edward A.
Celui qui paye tous les jours le métro ou le bus ne sera jamais contrôlé. S'il resquille une fois parce qu'il a oublié son argent chez lui, il le sera.
Souvenez vous en !
"Si quelque chose doit mal tourner, c'est ce qui se passera".
Jusqu'ici tout allait bien. Je me réveille aux aurores en pensant que j'allais passer une journée tranquille, chill, sous la couette. Je me verse une tasse de café, puis me brosse les cheveux, lisse ma frange vers l'avant. Ça aurait dû être une merveilleuse journée, mais ça ne s'est pas bien terminé une fois de plus. Puis là c'est trop parti en couille, y'a d'abord eu la pluie. La loi de Murphy a décider d'enterrer mon brushing.
Un mec me demande son chemin gentiment, je le dépanne. En fait, c'était un plan de drague. Ce con m'a fait rater mon tram !
J'en profite, je passe à la banque, je laisse passer une même devant moi. Ce que je n'aurais pas dû faire ! Si seulement j'avais su qu'elle révélerait tous ses extrais l'année, je l'aurais poussée et coincée dans la porte automatique.
Une fois, n'abandonne pas. Une deuxième fois pour tout l'amour que j'ai reçu. Troisième fois, où es-tu ? Une fois pour les hanches dont j'ai hérité. Elles sont menues. Deuxième fois je remue jusqu'au sommet. Troisième fois, un message de toi apparaît sur mon écran et malgré notre rupture je t'écris que : "tu me manques aussi".
Je pensais que nous allions dans la bonne direction. C'est quoi ce bordel ?Je savais que j'aurais dû rester au lit ! Devant Netflix en buvant un thé à la saveur du miel. J'aurais été mieux habillé de mon pull à capuche fétiche que dehors, de ce temps maussade.
Quand à la banque ce fut enfin mon tour, je me suis dit qu'il était temps.
J'ai vite compris que c'était pas mon jour. C'était écrit sur cet écran que Murphy voulait ma peau.
"Ce retrait est impossible pour cause de solde insuffisant".
C'est Murphy qui l'a dit !
Je vous l'avais dit !
Une voix familière m'interpelle tout à coup. Lorsque je me retourne, je fais brusquement volte-face à Orelsan. Il est venu retirer de l'espèce. J'agis de manière suspecte en ce moment, il va se douter de quelque chose. Je ne l'ai pas rappelé depuis que l'on a franchis la limite entre le professionnel et ce qui est d'ordre privé. Lui aussi l'a compris depuis longtemps. Mais lui a tout à perdre y compris sa copine, moi non. C'est pour cela que je n'ai pas répondu à ses coups de fils incessants et mis mon portable sur veille. Je ne voulais pas devoir me justifier en personne. Or Murphy a une dent contre moi aujourd'hui, alors me voilà ici et en ce moment même confronté au gars avec qui je me suis envoyée en l'air. Ma future co-star, futur papa. J'ai tellement honte. Ma mère me dirais la même chose que ce à quoi vous penser en cet instant. Je suis une sans cœur qui ne pense qu'à elle et ne réfléchis pas aux conséquences, un aimant à problèmes. J'ai déjà piqué le mec à une amie auparavant, c'est ainsi que j'avais rencontré mon ex, Seb.
- Tu décroches plus ton tel, j'ai pensé que t'étais morte. Comment ça va depuis la dernière fois qu'on s'est quitté ? Au fait, tu aimes disparaître et réapparaître quand ça te chante ! Me taquine Orel. Mais je sais qu'il déguise sa contrariété derrière de l'ironie.
Je glisse mes mains dans mes poches et lève la tête vers le ciel ombragé. J'ai perdu mon discours. J'avais tout préparé pourtant. Je ne suis pas fortiche en improvisation non plus. Mais dès qu'il me regarde je sens mon cœur battre.
Je le déteste pour cela.
- Ça tombe bien qu'on se voit, je voulais te parler d'un truc. Ce n'est pas très important, mais...
Il me coupe.
- Sors avec moi.
Je me décompose, n'ayant pas vu venir cela.
Oh mon dieu, cela va trop vite.
- Aurélien, tu sais bien que c'est impossible dans l'immédiat. Nous sommes des "sex friend". On s'était pourtant mis d'accord pour définir notre relation ainsi. Souviens toi ! Je ne suis pas faite pour l'amour, je suis un pantin quand je tombe amoureuse.
- Alors sois amoureuse de moi.
L'amour ne s'estime pas.
Il relève mon menton à l'aide de son index et me regarde dans les yeux durant plusieurs minutes intense. Il va m'embrasser j'en suis sûre.
Je le vois passer le gras de son poulpe sur mes lèvres.
La grand-mère de tout à l'heure se retourne pour nous dévisager comme si elle venait de lancer un feuilleton à l'eau de rose. Elle nous zyeute avec une fascination morbide et attend une réaction de ma part face aux avances de mon admirateur, proche collaborateur.
Des paparazzis pourraient surgir à tout moment et nous prendre en flagrant délit.
- Si tu aimes ta copine, ne fais pas ça.
Il se penche en avant.
Ses lèvres se rapprochent de plus en plus près.
Par réflexe j'avance les miennes.
Je suis soudain animée par un désir de contradiction. Une fois de plus je suis la première à céder. Je l'attrape par le col de son blouson et lui plante un baiser sur la bouche, au milieu d'un attroupement de jeunes. Par chance ils ne s'intéressent pas à nous. C'est à peine s'ils nous ont reconnu, trop occupé à s'envoyer des textos à n'en plus finir. On s'embrasse sous la pluie et j'ai soudain envie de chanter la mélodie du bonheur tant je suis heureuse a cet instant. L'eau ruisselle dans mes cheveux, sur nos visages. Nos bouches sont mouillées mais on continue. Je respire contre ses lèvres tandis qu'il me complimente à voix basse. Il me dis des mots doux, j'ai envie d'y croire mais persiste et signe. Il me dit que je suis l'élue de son coeur, qu'avec moi il serait comblé, qu'il ferait de moi sa reine, comme Joffrey à fait de Sansa sa bien-aimée dans GOT. C'est sa série orfreee au passage et également son héroïne favorite.
- Je suis trop excité pour qu'on s'en tienne là. me murmure-t-il en me prenant la main.
Je le dévisage désorientée.
Il caresse ma joue.
- Je t'aime.
C'est plus fort que moi. Je verse une larme et hoche la tête affirmative. Je répète ces mots n'étant pas certaine de ce que je dis. J'ai des papillons dans le ventre à chaque fois. On dirait une gamine de seize ans sexuellement frustrée. Il n'est pourtant pas mon style de garçon, mais tout m'attire chez lui. Il me fait aimer ce que je déteste et inversement.
- Je veux t'entendre me le dire.
- Je t'aime bien. Dis-je en esquissant un sourire franc.
- Bien ? Ce n'est pas ce que l'on dit à ses amis ça ? Pas à son amoureux quand même ! Allez essaie encore une fois.
- Parce que je suis ton amoureuse ?
Je me retiens de sourire.
En vérité je suis toute émue par sa déclaration. Mais je prend mon mal en patience et attends encore un peu avant de renchérir.
- Ah ouais ?
Il secoue la tête, déterminé.
Il pue la testostérone.
Je pose mes mains à plat sur son torse.
- Fais pas ça.
Quelqu'un dans mon dos, toussotte et notre bulle éclate. Nous sommes aussitôt ramenés dans le monde réel. Les ados veulent se rendre à la banque eux aussi et nous demande si l'on compte encore monopoliser les bornes. Orel me prend par la main et m'entraîne à l'écart de la civilisation. On monte dans sa porche Cayenne à l'abri des regards et il donne à son chauffeur mon adresse. Il insiste pour me raccompagner.
- N'oublie pas de te faire belle ce soir !
La soirée au Zodiak ! J'ai failli zapper que c'est ce soir. Très vite je sors du véhicule et cours en direction de mon immeuble. Dans ma course je casse un talon et manque de renverser un petit en vélo qui descend la rue à toute vitesse. Je grille un feu, deux stop et pousse le portillon. Une fois à l'intérieur je monte les escalier interminable quatre à quatre qui mène jusqu'au premier. Puis je ferme la porte à clé et me fais couler un bain.
Au même moment alors que je me déshabille, je reçois un appel vidéo sur FaceTime de Eddy. Je décroche presque immédiatement et dépose l'appareil sur ma commode.
- Salut ma belle ! Lance-t-il, d'une voix rayonnante.
Je tourne sur moi-même et lui montre mon outfit pour ce soir. Un ensemble rouge, blazer et pantalon. Ça vient de la marque Gucci. Il y a deux G qui s'en s'entrecroisent sur les poches et des écritures penchées.
Eddy adore et moi aussi !
- Mais dit donc, qu'est-ce qu'on fête ?!
Je lui rappelle alors que nous sommes tous invités au concert privé de Orelsan ce soir.
Il bondit alors et pose une main sur son cœur.
Quel drama queen alors celui-là !
Soudain son regard se pose sur mon cou. Hé merde, j'avais oublié la marque de suçon ! Eddy s'empresse de m'interroger à ce propos. Il me cuisine ensuite.
- T'as couché toi, ça se voit ?!
Je me mords la lèvre et avoue. J'essaie de me défendre du mieux que je peux.
- On la fait qu'une fois et ça ne se reproduira plus. Parce qu'il a une copine et il va se marier dans un mois. Notre idylle n'a pas lieu d'être. D'ailleurs, cette discussion est prématurée !
J'ai succombé comme les films au ciné !
Il écarquille les yeux, choqué !
- Je le savais !
Je lui fais signe de se taire et baisse le son. Il sautille et fais semblant de sucer une sucette. Je rougis et éclate de rire.
- C'était bon au moins ? Il en a une grosse?
- C'était pas mal, ouais.
Je ne réponds pas à la deuxième question. Je reste évasive.
- Aller je te laisse ! Bisous, on se voit plus tard ! Dit rien à Clara, je ne veux pas que toute la France soit au courant.
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