29 - Le "supplice" de la baignoire
Maison des Dumont, mecredi 10 juillet 1940, 13h30.
Un rire nerveux glisse entre mes lèvres lorsque je remarque la situation dans laquelle je me suis mise. Engel est allongé dans la baignoire remplite d'eau, avec, littéralement, moi par dessus. Allongée également sur le dos, ou plutôt sur son torse, je suis obligée de maintenir les bords de la baignoire si je ne veux pas avoir la tête sous l'eau et par la même occasion, être totalement contre lui.
-Nous allons parler un peu, toi et moi.
-Je vous écoute. Réplique-je en me concentrant du mes doigts qui glissent légèrement, je ne dois pas lâcher.
-Ce que tu as vu hier soir, était ta punition. Et j'aimerai qu'elle soit la dernière.
-Et moi donc ? Un second rire nerveux s'échappe encore une fois sans que je ne le contrôle.
-Le problème vient de toi, fraülein. Tu ne serais pas punie si tu m'obéirais comme je te le demande. Sa main caresse doucement mes cheveux mouillées, puis ma nuque alors que je peine à rester à la surface de l'eau.
-Je me suis déjà excusée, général, je ne recommencerai plus.
-Oui, je le sais, tu ne viendras plus en compagnie de ton ami, ça c'est sûr. Mais tu trouveras un autre moyen de me désobéir, je te connais. Poursuit-il d'une voix plus froide, en posant ses mains sur mes épaules.
-Non, c'est faux.. Je sursaute lorsque je ressens ses mains faire pression sur épaules, qu'est-ce qu'il fait ?
-Rose, ce n'est pas jolie de mentir.
Il ne me donne pas le temps de répliquer quelque chose qu'il émet une force dans ses mains me faisant lâcher et par cette action, me fait plonger la tête sous l'eau. Voyant qu'il ne me lâche pas, je me débats, m'agite, tente de le frapper, cependant rien ne le fait réagir, c'est seulement au bout d'une vingtaine de secondes - je crois, lorsqu'il l'a décidé, qu'il me relâche et je remonte à la surface.
Paniquée, je m'accroche au rebord de la baignoire tout en toussant, à cause de l'eau que j'ai avalé. Par sa faute. Ne voulant pas rester une seconde de plus dans ce bain avec mon bourreau, j'essaye de me lever pour sortir en vain. L'allemand attrape d'un geste habile mes bras pour me rallonger contre lui, en prenant soin, de me laisser la tête au dessus de l'eau.
-S'il vous plaît.. Marmonne-je toute tremblante.
-Je n'en ai pas fini avec toi, dit-il toujours d'un timbre sec, vas-tu continuer de me désobéir Rose ? Ses mains sont prêtes à me replonger dans l'eau, ne tenant plus, j'abdique faiblement.
-Non ! Non, non..
-Est-ce un non par dépit, par peur ou par vérité ? Questionne le nazi sans enlever ses mains de mes bras.
-Les trois. Avoue-je en me crispant.
-Très bien, tu vois quand tu veux, c'est pas bien compliqué de dire la vérité et d'être obéissante. Je hoche frénétiquement la tête et dès lors qu'il me lâche, je m'active à me lever pour sortir, c'est sans compter sur l'avis du général Rintenlberg, qui me retient une fois de plus en posant ses mains sur ma taille.
-Rose. Siffle-t-il comme un avertissement.
-Je.. vous m'avez relâché, je pensais que..
-Non. Tu restes ici. Me coupe l'homme en glissant une de ses mains sur mon ventre pour me maintenir contre lui.
-Mais pourquoi ?
-Je t'ai dis que j'allais t'aider à te détendre. Et je tiens toujours parole.
Me détendre ? En s'efforçant à me noyer ? Il devrait revoir ses définitions françaises celui là.
-Tu sais, quand tu es sage, je peux être très reconnaissant. Sussure le général en faisant un petit cercle autour de mon nombril avec son pouce.
[...]
Maison des Dumont, mecredi 10 juillet 1940, 15h00.
Je lisse le jupon de ma fine robe blanche à fleurs jaunes en descendant les escaliers de ma demeure pour aller retrouver le général. Mes joues s'échauffent en repensant à ce qu'il vient de se passer. Enfin, après réflexion, il ne sait pas produit grand chose, nous avons juste prit un bain tout les deux, du moins, l'allemand m'a fait prendre un bain. C'est lui qui m'a lavé, rincé et aussi caressé - sans trop d'insistance non plus. Le corps comme les cheveux. Engel a fait ça tout en douceur, malgré le fait qu'il est tenté de me noyer, il m'a tout fait oublier durant quelques heures.
C'est incroyable à quel point il peut être le diable en personne un instant, et la seconde d'après, l'ange le plus doux - et sexy - au monde. Je souris, un ange. Ça me fait penser qu'il porte un prénom qui n'a rien à voir avec personnalité d'homme impitoyable qu'il peut être avec moi, ou avec n'importe qui. Engel. Quel ironie.
-Tu es prête ?
-Prête ? Pour aller où ? Je fronce les sourcils en vérifiant si mes papiers sont toujours dans mon sac - que j'avais laissé choir tout à l'heure sur le sol.
-Oui, le colonel voudrait te voir. Encore une fois, mon sac tombe au sol, sous le choc je me retourne lentement vers le général Rintenlberg.
-Le colonel ? Le colonel V-von Hohenhart ? Bégaye-je en sentant mon estomac se retourner. La bulle de sécurité qu'il a créé il y a quelques minutes vient d'éclater, laissant les mauvaises pensées revenir à la charge telle une armée sauvage et imbattable.
C'était un jeu de mot non voulu, je l'avoue.
-Oui.
-Pourquoi veut-il me voir ? Un court instant, ma vision est devenue flou. Suffisamment pour que je comprenne que les vertiges revenaient. Rapidement, je prends mes médicaments dans mon sac et accours dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Que le général me prend des mains.
-Il a des questions à te poser, à quoi servent ces médicaments ?
-Des questions.. Ça ne faut qu'augmenter mes vertiges.
-Rose, réponds moi.
-Rendez moi mon verre s'il vous plaît, c'est pour mes vertiges. Dis-je en essayant de récupérer mon verre d'eau, qu'il me rend enfin, je prends une gélule et patiente quelques secondes, que ça passe.
-Depuis quand as-tu des vertiges ? S'étonne le nazi en croisant ses bras sur son torse.
-Depuis lundi, vous savez, l'homme de votre frère qui m'a assommé sans pitié avec son arme. Je réponds en cachant au maximum ma haine envers cet homme qui m'avait tellement énervé.
-Oh oui, je vois, on peut y aller maintenant ? Je le suis jusqu'à sa véhicule et durant la route, je me pose des questions.
Qu'est-ce qu'il a me demander ? Étrangement, j'ai l'impression que c'est en rapport avec mon amie. D'ailleurs, comment a-t-il pu le découvrir tout seul ? Il n'y avait pas beaucoup de civils qui étaient au courant pour sa religion. En me creusant un peu la tête, je me souviens de cette femme, qui nous a entendu dans les toilettes au salon Degermann durant le bal.
Marie Delacourt. Je ne peux pas oublier son identité comme son visage. Elle n'est pas passé inaperçue. Elle disait être là à cause de Engel, alors si quelqu'un a dénoncé Rebecca, c'est forcément elle. Ne tenant plus, je prends la parole.
-Général ? Connaissez-vous une Marie Delacourt ? Suite à ma question, il dévie son regard sur moi avant de reporter son attention sur la route.
-Oui, comment la connais-tu ? Demande l'allemand à son tour.
-Eh bien, je l'ai rencontré lors du bal, vous vous souvenez ? Elle m'a dit être ici à Reims à cause de vous, et aussi que vous l'aviez apparemment enlevé, elle tenait des propos incohérents. Soupire-je en me frottant le front.
-Incohérents ? Je pense que tu as du mal la comprendre Rose. Elle t'a dit que c'était le général Rintenlberg, c'est ça ? Me reprend-t-il en souriant.
-Oui, en l'occurrence vous.
-Dit moi Rose. J'ai un frère, Klaus. Qui porte le même nom que moi, et qui est également général. Je fronce les sourcils et hausse les épaules.
-Oui et alors ?
-Réfléchis. J'ouvre la bouche puis la referme. J'obéis alors et réfléchis. Tout à coup, telle une lumière qui éclaire ma question, je comprends.
-Aah ! Le général Rintenlberg était en fait votre frère et..
-Tu vois, tu comprends.
-Et c'est.. C'est la compagne de votre frère ! M'étrangle-je en hurlant.
-Ne cries pas bordel, j'ai failli écraser la vieille qui traversait. Me sermone le conducteur en freinant subitement. Effectivement, la vieille femme se trouve juste devant nous, les yeux exorbités, elle en a fait tomber son panier de course, le contenu c'est renversé un peu partout sur le béton.
-Oh mince, je suis désolée, je vais sortir pour aller l'aider.. Décide-je en m'apprêtant à sortir, le nazi me retient contre le siège.
-On a pas le temps. Le général Engel démarre à toute vitesse pour dépasser la pauvre dame, par la même occasion, il roule sur quelques courses qui s'écrasent minablement sous ses roues.
-Mais.. général ! Vous avez vu ce que vous avez fait ! J'observe la scène qui s'éloigne de nous dans le rétro-viseur centrale.
-Nous n'avions pas le temps. Et puis, elle va s'en remettre. Je pose ma main sur mes lèvres et le fixe.
-Vous êtes assez.. comment dire.
-Assez ?
-Égoïste ? Sans vous vexer. Termine-je alors qu'il se gare devant le siège de la Gestapo, qui me fait remonter tout un tas de souvenirs affreux.
-Nous n'avions pas le temps. Point final.
[...]
Siège de la Gestapo, mecredi 10 juillet 1940, 16h00.
Lorsque nous arrivons dans un couloir vide, je sens ma poitrine se comprimer, et le seul échappatoire que je vois à ça, est l'homme qui me terrifie plus que quiconque mais, malgré moi, me protège de chaque danger qui se présente à moi.
Doucement, j'attrape sa main pour tirer sur son bras et attirer son attention, ça marche.
-Je ne veux pas me retrouver seule avec lui général.
-Pourquoi ? Tu as peur de lui ? De ce qu'il peut faire ? Je suis bien pire que lui pourtant. Ça le fait sourire, pas moi.
-Oui mais avec vous c'est différent.
-Différent ? Il sourit de plus belle et s'approche vers moi d'une démarche lente et faussement sensuel.
-Je suis à vous non ? Pas à lui, alors, s'il vous plaît ne me laissez pas seul avec lui.. Le supplie-je en m'approchant à mon tour, pitoyable.
-J'aime t'entendre dire ça de ton propre chef meine hertz. Murmure l'allemand en prenant mon menton entre ses doigts.
-Mais je n'ai jamais dit que tu allais rester seule avec lui, c'est toi, qui t'es imaginé ça toute seule. Termine-t-il en déposant un chaste baiser sur mes lèvres avant de reprendre la route.
-Pourquoi n'avez-vous pas directement commencé par ça ? M'indigne-je, surtout touchée dans mon égo pour avoir prononcer ces mots minable alors que je n'étais pas en danger.
Enfin, si, je suis tout de même en danger, car me retrouver dans un bureau avec les pires officiers germaniques de Reims est probablement une situation de danger.
-Je voulais voir où cette conversation aller nous mener. Je soupire face à son comportement enfantine et roule des yeux, quel idiot. Lorsqu'il toque à la porte du colonel et qu'un 'entrez' est prononcé, je devine immédiatement qu'il m'attendait.
-Je vous attendez, herr general, mademoiselle Dumont. Asseyez-vous je vous en prie. Lentement, je m'installe face à lui tandis que Engel, lui, décide d'aller se servir un verre puis de s'asseoir sur le canapé en cuir.
-Vous devez sûrement vous demander pourquoi est-ce que je vous ai convoqué ? Sourit-il en coin, tout en jouant avec son crayon qu'il fait glisser entre ses doigts agiles.
-Oui, c'est exacte. Je m'éclaircie la voix en ayant du mal à le regarder dans les yeux sans penser à Rebecca.
-J'aimerai vous parler de votre amie, Rebecca Goldstein. Le fait qu'il use de son vrai nom me perturbe, et c'est là que tout se joue.
-Je.. je ne connais personne de ce nom colonel.
-Ah oui, s'étonne-t-il en fixant le général, herr general ?
-Rose, qu'est-ce que je t'ai dis sur les mensonges. Vocifère l'allemand dans mon dos, me faisant frissonner.
-Bien, pouvons nous parler d'elle maintenant ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression qu'il ne va pas m'annoncer de gentilles choses à son égard ?
Ah oui, car c'est un démon sans une once de pitié et que nous ne sommes désormais plus au paradis, mais bel et bien en enfer, sur terre.
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J'ai 18 minutes de retard oups.
meine hertz : mon coeur (fin du chapitre, par le général Engel Rintenlberg).
herr general : mon général (fin du chapitre, par le colonel Oliver Von Hohenhart).
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