26 - Identité dévoilée
Maison de Paul, mardi 09 juillet 1940, 07h45.
Inquiet, Paul m'a emmené à l'intérieur pour me déposer délicatement sur le canapé puis m'a donné un verre d'eau pour que je puisse prendre un médicament. Une fois mes vertiges passés, j'ai pu reprendre mon explication.
-Le colonel Von Hohenhart est au courant que Rebecca est juive. Le général Rintenlberg également. Ce matin, à la première heure, elle va être convoquée à la Gestapo par le colonel. Il faut aller l'aider ! Panique-je en posant mes mains sur ma poitrine pour calmer ma respiration.
-Comment est-ce possible ? On a prit toutes les précautions possibles pour la protéger ! Rétorque le brun en croisant les bras, contrarié.
-C'est le général qui me l'a dit.. Apparemment le colonel serait intéressé par Rebecca et il aurait fait des recherches sur elle jusqu'à trouver sa vraie identité.. Rétorque-je en baissant la tête.
-Et le général ? Comment est-il au courant ? Questionne mon ami en étant loin de se douter de la façon dont il a été mis au courant, et tout ce qui a suivit en conséquences..
-Le colonel lui a dit. Mais imagine qu'il ne veuille la garder que pour lui, qu'il se serve d'elle à sa guise sous chantage ? Bien évidement, je dis cela car c'est exactement ce que fait le général Engel avec moi.
-Rebecca ne le supportera peut être pas. Conclut Paul d'un ton grave.
-Alors il faut aller l'aider ! On perd du temps Paul ! Cris-je en me levant soudainement du canapé pour me rapprocher de mon ami.
-Je ne peux rien faire Rose.
-Rien ? Rien ! Tu n'as qu'à faire tes trucs de résistants ! Réplique-je désespérée en arrivant face à lui.
-Baisses d'un ton ma famille dort encore, chuchote-t-il en me prenant dans ses bras, ça ne marche pas comme cela Rose, c'est bien plus compliqué.
-Mais on ne peut pas la laisser aux mains des allemands sans agir.. Murmure-je en sentant mes yeux piquer, tout en le serrant à mon tour contre moi
-Tu as raison Rose, je vais voir si je peux faire quelque chose. Chuchote-t-il en caressant doucement mes cheveux.
[...]
Reims, mardi 09 juillet 1940, 08h15.
Paul a décidé de garer son véhicule un peu plus loin de notre destination pour éviter les regards indiscrets des nazis. Je baisse le rétroviseur à ma taille pour me remettre du rouge à lèvre, comme pour me donner un air de femme qui a confiance en elle, qui est forte. Je soupire, je n'ai pas l'impression que je vais réussir grand chose.
Imaginons que nous rencontrons le général Engel Rintenlberg au siège de la Gestapo ?
Cette idée ne fait qu'accroître mon angoisse qui était déjà bien présente. Je referme mon rouge à lèvre nerveusement puis le dépose dans mon sac. Si il me voit ici, avec Paul, je pourrai faire mes prières.
-Je ne vais pas réussir.
-Non, nous allons réussir. J'ai une idée. Me contredis le résistant.
-Je ne parle pas de ça Paul.. Je te parle de mes missions de 'renseignements' auprès de ce général nazi. Je ne suis pas suffisamment qualifiée pour ce genre d'actions.
Paul pose une main sur mon épaule et se penche vers moi, dans un sourire franc il me répond :
-Tu te sous-estimes Rose, tu es une femme forte qui penses au bien des autres. Tu es la seule personne que je connaisse qui puisse faire ça. De plus, ce général va être prit à son propre jeu, il te fait surveiller en s'imaginant je-ne-sais-quoi, c'est un gros avantage, tu peux te rapprocher de lui sans qu'il ne se rende compte de rien. Tu es intelligente Rose, tu peux le faire. Ta mère serait fière de toi.
Après ces paroles, il sort de la voiture, trop chamboulée pour descendre tout de suite, j'attends quelques secondes. Il a raison sur tous les points. Sauf celui qui concerne ma défunte mère. Je ne suis guère très sûre qu'elle serait fière dans cette état :
Contrainte à obéir tous les désirs et ordres d'un nazi.
Pourtant, il est le deuxième homme à me dire cela. Après avoir présenté nos papiers aux officiers germaniques, nous entrons dans l'enceinte qu'est le siège de la Gestapo. Le brun doit sûrement deviner mon angoisse, car il croise son coude à travers mon bras pour m'escorter jusqu'à l'accueil.
C'est une française que nous trouvons derrière le bureau. Une femme assez ronde, surtout des joues. Elle nous porte directement un intérêt joyeux, c'est avec le sourire qu'elle commence à parler.
-Bonjour à vous. Comment puis-je vous aider ?
-Nous souhaitions voir Alice Lambert. Répond poliment Paul en souriant chaleureusement à la trentenaire.
La femme sourit en retour et se penche sur un papier, elle fronce les sourcils avant de reporter son attention sur nous. Ses lèvres se déforment cette fois ci dans un rictus désolée puis elle reprend.
-Je suis navrée cette jeune fille est déjà en rendez-vous professionnel avec le colonel Von Hohenhart. Mon sang son glace en une seconde et je serre un peu plus fort le bras de mon ami.
-Occupée ? Pouvez vous nous indiquer où se trouve le bureau du colonel ? Nous aimerions parler à mademoiselle Lambert c'est très urgent elle avait rendez-vous avec le docteur Bernart. Explique le brun en prenant un air plus sérieux, qui lui va si bien.
-Je ne peux pas faire ça, je suis désolée.. Mais si vous le voulez, vous pouvez patienter sur ce banc juste ici. La femme ronde paraît réellement navrée pour nous, elle voulait nous aider cependant elle n'en a ni l'autorisation, ni la capacité.
-Je me dois d'insister, Alice Lambert..
-Tu n'as pas entendu la dame ? Le colonel est occupé. Mon port de tête se relève soudainement vers le soldat allemand qui m'a l'air très mal aimable.
-Je crains que nous ne nous connaissions pas, de ce fait, vous n'avez guère le droit de parler ainsi et de me tutoyer. Rétorque le résistant en arborant un fin sourire.
-Et moi, je crains que ton intelligence se soit envolé pour te permettre de me répondre. Déguerpissez, toi et ta compagne. Compagne ? Et c'est lui qui parle d'intelligence ?
-Je pensais que l'armée allemande était respectable. Vous venez de m'en prouver le contraire. Est-ce que Paul chercherait à défier la mort ? Si il énerve cet officier il risque très gros. Je tire sur son bras pour lui intimer d'arrêter ceci.
-Qui es-tu pour me parler ainsi ? Hurle le nazi en serrant son arme contre lui, prêt à s'en servir contre nous. Les cris du soldat alerte ses compagnons qui se tournent vers nous.
-Paul Bernart, pour vous servir. Sourit-il en coin. Est-il devenu fou !
-Paul on devrait y aller.. Murmure-je en regardant autour de moi, actuellement, la situation est délicate.
-Tu devrai écouter la dame et dégager ! Poursuit le garde toujours en hurlant.
-Je suis sûr du contraire.
-Ici, ce n'est pas un vulgaire français comme toi qui commande, c'est moi, un allemand, c'est moi qui donne les ordres, alors maintenant.. Il n'a pas le temps de finir qu'un autre homme le coupe.
-Quelles sont donc les causes de tous ces cris qui dépassent ceux de ma victime. Cet accent. Ce français presque parfait. Cette voix. Je frôle l'évanouissement.
Le général Rintenlberg est derrière nous.
Tous les officiers présents effectuent le signe fasciste du nazisme et celui en face de nous pâli. Il se met droit et poursuit la conversation en français.
-Ce jeune homme qui est avec sa compagne s'est montré arrogant face à moi. Il voulait à tout prix voir une femme qui est déjà occupé avec l'oberst.
-Celui qui donnes les ordres hein ? Plutôt celui qui obéis. Se moque discrètement le brun, je ne peux m'empêcher de sourire discrètement face à sa remarque. Lentement, nous nous retournons vers le général, je perds rapidement mon sourire en le voyant.
Mes poils se dressent en voyant son accoutrement, d'autant plus terrifiant que d'habitude.
Le blond n'est plus vêtu de sa veste verte, ses manches sont retroussées jusqu'à ses coudes, ils ne portent plus de gants : ses mains sont ensanglantées, du sang encore humide, mais sec sur sa chemise blanche. ses cheveux de blés sont décoiffés, cela le change.
Mon coeur s'accélère lorsque mes yeux se posent sur le décor qui se situe derrière lui. C'est un escalier, qui doit mener dans un sous-terrain. Les cachots. C'est à cet endroit que les nazis enferment et tortures les citoyens.
Il était en train de torturer quelqu'un.
C'est un haut le coeur qui me prend, cette fois ci, et je serre un peu fort le bras de Paul et détourne le regard. Par unique peur de l'affronter lui. Quant à mon ami, il reste fier et droit, fixant le général qui, doit sûrement faire de même. Le calme qui est revenu devient pesant.
-Voyons voir qui nous avons nous ici. Rose Dumont accompagné de son, compagnon, hm.. Pierre ? La voix de Engel Rintenlberg se veut très sarcastique. Je peux sentir sa haine envers mon amie et sa colère envers moi.
Je vais souffrir.
-Paul. Paul Bernart. Rectifie le brun en ignorant totalement l'ironie de son adversaire.
-Oui peu m'importe. Pourquoi voulez-vous voir cette femme, qui est occupé avec le colonel ? Poursuit-il en s'avançant de quelques pas.
-Cette femme, Alice Lambert, avait rendez-vous avec un docteur ce matin. Comprenez que c'est une urgence, plus importante, que celle du colonel. Explique Paul toujours en me tenant.
-Plus importe, ricane-t-il en regardant ses hommes qui rient avec lui, avant de reprendre sa voix sérieuse, puis-je savoir de qu'elle urgence, s'agit-il ?
-Problème personnel.
-Évidement, crache le blond en continuant sa marche lente vers nous, et comment saviez-vous que mademoiselle Lambert se trouve ici même, de si bon matin ?
C'est une accusation lourde, spécialement pour moi. Heureusement, seulement lui, Paul et moi sommes au courant de se détail.
-Elle m'a appelé pour me prévenir, ce matin même. Je prends soudainement la parole en levant mes prunelles vers lui. Les siennes sont aussi froides que les profondeurs des océans.
-Vous m'en direz tant. Un rictus en coin se dessine au coin de ses lèvres, tout mon corps se fige, de mes muscles à ma respiration.
-Pouvons-nous aller chercher Alice, maintenant ? Je remercie le résistant d'avoir prit la parole, cela a coupé net à notre altercation fantôme, néanmoins bien présente dans mon esprit.
-Non.
-Comment ça, non ? Cette fois-ci, Paul me lâche pour avancer d'un mètre, mécontent de sa réponse.
-Mademoiselle Lambart est occupée, avec le colonel Von Hohenhart, alors maintenant, ayez l'obligeance de quitter l'enceinte de la Gestapo. Son ordre a très bien était reçu, cependant mon ami ne semble pas décidé à obéir. Alors je ne bouge pas d'un iota, attendant la réaction du brun ou du blond.
-Je ne partirai pas sans Alice. Malgré les efforts de Paul, je ne pense guère que cela suffit pour arrêter le général.
-Et que comptez-vous faire, Pierre. Sourit l'allemand, dans le seul et unique but d'énerver un peu plus mon ami.
-Restez là.
-Oh, juste ça ? Je m'attendais à mieux. Et vous mademoiselle Dumont, allez-vous m'obéir ou contester mon autorité ? J'ai l'impression que tous les regards sont braqués sur moi. Les dires du général me rappelle ceux de la veille.
C'est un test. Mais je ne peux faiblir face à Paul, résistant et fierté du réseau.
Cependant, je ne peux pas non plus me résoudre à répondre, alors je reste planter là, telle une statue de pierre observée et épiée par des touristes. Les touristes étant des officiers très dangereux.
-Das ist gut. Messieurs ! Après son annonce, des dizaines de soldats se dirigent vers nous, je me rapproche automatiquement de Paul, par peur, mais l'un d'eux attrape brusquement mon bras pour me tirer je-ne-sais-où. Trois nazis font de même avec Paul et je cris son prénom.
Mon fessier ainsi que mon dos rencontrent brutalement le sol dur du béton. Puis c'est au tour de mon ami de me rejoindre. Nous avons été jetés dehors, comme de vulgaires objets sans valeurs. Immédiatement, le brun se relève pour jeter un regard mauvais aux allemands qui nous surveillent encore du haut des marches du siège de la Gestapo. Ensuite, il vient m'aider à me relever.
-Est-ce que ça va ?
-Oui, merci, et toi ? Demande-je à mon tour en me frottant le derrière.
-Non, je n'ai pas réussi.. je suis navré Rose. S'excuse-t-il doucement.
-Au moins tu as essayé..
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Oberst : Colonel (milieu du chapitre, par l'officier allemand)
Das ist gut : C'est très bien {genre ironique} (fin du chapitre, par le général Engel Rintenlberg).
J'ai tout de même réussi à poster aujourd'hui ! Pour ceux qui voudraient savoir, je n'ai malheureusement pas retrouvé mon téléphone, donc c'est clairement sûr et certain que la voleuse est partit pour toujours avec..
J'espère tout de même que ce chapitre vous aura plus, malgré que je vous laisse sur une note assez stressante (eh bien oui, à votre avis, qu'est ce qu'il va faire le général à notre petite Rose ?)
-Elisa.
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