14 - Il m'a fait suivre..
Centre-ville de Reims, lundi 01 juillet 1940, 09h00.
Aujourd'hui, j'ai décidé d'aller faire un petit tour au marché pour remplir la cave d'aliments manquant, je suis en compagnie d'Hélèna qui va beaucoup mieux. Elle aussi est venue pour les mêmes raisons que moi.
-Ça fait deux jours, qu'il est arrivé. Hélèna vient de m'annoncer qu'un officier allemand est arrivé chez lui, décidément, les occupants germaniques confondent nos demeures avec des moulins, sans mauvais jeux de mots..
-Il est poli au moins ? Je poursuis la discution en donnant l'argent à la fermière tout en rangeant le sachet de fruit et de viande fraîche dans l'un de mes paniers, qui sont d'ailleurs quasiment pleins.
-Oui, il est surtout discret heureusement, mes parents et mon frère sont devenus fous en apprenant sa venue, surtout Louis, il ne supporte pas sa présence et fait tout pour l'éviter.
-Ça ne m'étonne pas de lui. Rétorque-je en m'éloigner tout doucement du marché avec mon amie.
-Et toi ? Ça se passe bien chez vous ? Adeline va mieux depuis le bal ? Demande-t-elle en piquant une pomme dans son panier pour croquer dedans.
-Oui elle se porte mieux, la semaine dernière nous sommes tous sortis au bar de René, elle s'est amusé, parle-je dans un premier temps en me rappelant vaguement la conversation entre le major et Adeline ce soir là, oui tout ce passe bien, le major est très courtois et le général, il est partit tout une semaine à Paris. Je ne mens pas, je ne dis juste pas toute la vérité. Je ne veux en aucun cas l'inquiéter.
-D'accord, tout est parfait alors, à une prochaine fois Rose !
-Oui au revoir Hélèna. Souris-je en faisant un faible geste de la main, nos chemins se séparent ici, nous n'habitons pas au même endroit de la ville.
Au bout d'un moment, je suis tirée de mes pensées par un sifflement, indignée par un tel comportement je tourne la tête en direction du bruit, ce sont des officiers germaniques qui sont prêts de la fontaine, j'en compte sept, dont trois qui sont torse-nu, sûrement qu'ils ne supportent pas la chaleur de ce début de mois de juillet.
Trois autres sont occupés de fumer, tous s'esclaffe du comportement de leur ami, c'est l'un des soldats torse-nu. Seul un d'entre eux fait un simple sourire en bousculant l'homme qui m'a sifflé, il est juste amusé par la situation.
-Excusez mon ami fraülein, cela fait plusieurs semaines que nous n'avions pas vu de si belles femmes. C'est censé être une excuse ça ? Nous aussi, françaises, nous n'avions pas vu de jeunes hommes depuis longtemps, étant donné que la plupart sont partis au front, ce n'est pas pour ça que je me suis jetée sur le premier allemand que j'ai croisé ?
Le premier étant le major Boehmitz de plus.
Je décide de ne pas répondre et de poursuivre mon chemin pour rentrer chez moi, c'est sans compter sur l'insistance de cet allemand qui me suit, à distance raisonnable forte heureusement.
-Laissez moi vous aider à porter vos sacs. Se propose-t-il en s'approchant un peu plus pour se baisser dans le but de me prendre un de mes paniers, je tente de le reprendre mais il ne le remarque même pas.
-Großer frauenheld !
-Schnauze ! Répond le soldat qui est à mes côtés à son camarades tout en ricanant, un peu plus loin dans notre route, je me décide enfin à parler.
-Qu'est ce que ça voulez dire ? Questionne-je en faisant référence à leur discution, l'allemand détourne la tête en souriant à pleine dent.
-Je pensais que vous étiez muette. Se moque gentillement l'homme avant de me regarder cette fois-ci dans les yeux, je remarque alors qu'il est de très jeune âge, sûrement le même que moi, soit vingt ans. Voyant que je ne réagis pas, il poursuit.
-Il m'a, comment dire, charrié à votre sujet, je lui ai dis de se taire.
-Hm, je vois.
-C'est bien toi, Rose Dumont ? Je suis Hans, heureux de te connaître. Dit-il en traversant la route, après que la voiture militaire soit passée, je fais de même.
-Pardon ? Comment me connaissez-vous ?
-Par le général Rintenlberg. Répond l'officier en haussant les épaules comme si sa réponse coulée de source, alors il m'a fait surveiller ? Depuis combien de temps ?
-Vous me suivez ! Vocifére-je en m'arrêtant au beau milieu du trottoir, attirant les regards de certains curieux.
-Vous suivre ? Pas vraiment, je ne suis pas le seul qui a été chargé de vous garder à l'oeil Rose. Il paraît content de la situation et de ma réaction, alors que moi, mon sang bout intérieurement, et pas à cause de la température cette fois ci.
J'accélère alors le pas pour ne plus le voir, comment Engel a-t-il osé me faire surveiller, epier de cette manière. Et ses hommes ont-ils su pourquoi qu'elles raisons je me suis rendue chez le docteur ? Mon visage devient soudainement pâle.
-Fraülein Dumont ! Je vous rappelle que j'ai encore votre sac ! En roulant des yeux, je ralentis le pas puis me retourne vers lui.
-Alors rendez-le moi, Hans. Mon ton froid semble l'amuser une fois de plus.
-Venez-le récupérer.
Il se fiche de moi ?
-Non ! Refuse-je en le scrutant d'un oeil mauvais.
-Dans ce cas, avancez, je vous raccompagne chez vous. Annonce le fameux Hans en me doublant pour poursuivre la route en direction de, chez moi ?
-Attendez une minute, comment connaissez-vous le chemin ? Je le rattrape au pas de course.
-Erstens, tout le monde sait où vit le général Rintenlberg et le Major Boehmitz, zweitens, je suis bien obligée de savoir où vous habitez si je veux garder un oeil sur vous, non ?
-Hum, la première raison est un peu plus acceptable. Grogne-je en tournant sur la droite, dans la rue où se trouve mes terres, enfin j'y suis.
-Dit donc, die fräulein ist schlecht gelaunt.
-Qu'est ce que ça veut dire ? M'intéresse-je en le voyant rire, cet allemand m'a l'air très joyeux et souriant, cela me décroche un léger rictus.
-Ça veut dire que vous êtes de mauvaise humeur, Rose. Je perds mon sourire et soupire, quel idiot.
-Vous le seriez également si vous étiez suivit.. Marmonne-je en ouvrant ma porte difficilement, je pose mon panier sur la table de salle à manger et l'homme fait de même, et bien oui, pourquoi pas, entres chez moi sans mon accord..
-Certes..
-Hans, je voulais justement te voir. Le coupe une voix qui me fait froid dans le dos, je n'ose même pas retourner, il est de retour, mon coeur s'emballe, je décide de prendre mes paniers et de me retirer dans la cuisine sous son regard que je ressens, très insistant.
Mes doigts se posent sur le rebord de la table centrale et je souffle lourdement en laissant tomber ma tête en avant, j'écoute leur conversation sans vraiment comprendre quelque chose, au bout d'un court instant, la porte claque m'indiquant que Hans est partit, me laissant seule avec le diable.
Je peux maintenant sentir sa respiration calme sur ma nuque dénudée, délicatement, une de ses mains se posent sur ma hanche droite pour venir me tirer dans le but de me rapprocher un peu plus de son corps, n'ayant pas la force ni l'envie de me battre avec lui, je me laisse faire, savourant son odeur emplir mes narines et sa chaleur accentuée la température déjà bien haute de mon organisme.
-Je t'ai manqué ? Si il parle de son sarcasme en tout cas, il connaît la réponse. Cependant, je suppose que le général parle de sa petite personne, dans ce cas, il sait également la réponse mais je décide de ne rien répondre, je ne veux pas.
-Rose, Rose, Rose.. Tu sais que je n'aime pas faire la conversation seul, alors répond moi avant que ça ne tourne mal pour toi. T'ai-je manqué ?
-Vous connaissez la réponse général, qui est négative. Bredouille-je la gorge serrée, par peur des représailles, sachant très bien qu'il y en aura.
Sa poigne se resserre un peu plus sur ma hanche tandis que sa main libre caresse ma taille puis mon ventre, Engel Rintenlberg poursuit au niveau du centre de ma poitrine - heureusement - et termine sur mon cou.
Qu'il sert, assez fort pour me créer une certaine gêne pour respirer mais pas assez pour m'empêcher de parler.
-Ta réponse ne me satisfait point.
-Je ne vais.. pas vous mentir. Murmure-je en posant ma main sur la sienne pour tenter de la retirer, sans succès bien évidement.
-Oh que non, tu n'as pas intérêt à me mentir, sinon tu sais ce qu'il arrivera. Sussure l'allemand à mon oreille, je ferme les yeux en pensant à Alice, je dois la protéger.
-Oui, je le sais.
-Bien. J'ai discuté avec tous mes hommes qui étaient chargés de te surveiller, il faut qu'on parle de deux petits points qui me dérangent. Son ton menaçant ne me dit rien qui vaille. Tandis que sa main ne quitte pas mon cou, je cesse d'essayer de me libérer, à quoi ça servirait ? Il pourrait me tordre la nuque d'une seule main.
-C'est à dire ? Questionne-je en tentant de cacher mon incertitude.
-Le premier concerne la soirée du jeudi 27, qu'à tu fais ?
-Je suis sortie avec mes amis, il n'y a rien de mal à cel.. Sa main presse légèrement plus fort ma gorge pour me faire taire, l'air passe à petite quantité.
-Rien de mal ? Lors de cette soirée, avec qui as-tu dansé ? Poursuit-il en se rapprochant un peu plus, collant son corps entier à mon dos.
-Avec.. un ami.
-Rose, tu es d'accord avec moi sur la signification du terme "dévouement", n'est ce pas ? Donnes moi la définition. Ordonne froidement le nazi, je déglutis difficilement et articule la définition qu'il demande.
-Le dévouement c'est mettre à disposition son temps, ses actions et.. sa vie, à une autre personne. Cette fois ci, ce n'est pas sa poigne mais bel et bien mes mots qui le brûlent la gorge.
-Bien, t'avais-je autorisé à sortir ? Et par dessus tout à danser avec un autre homme ? Je sens sa colère monter, tout comme mes poumons manquer de plus en plus d'air.
-Non.. arrêtez.. Cette fois-ci je m'agite et tente de la retirer avec mes deux mains, il grogne visiblement mécontent. Soudainement, il me retourne pour me pousser contre la table et revenir à la charge en se collant à moi.
-Il y a certains comportement qu'il va falloir bannir si tu ne veux pas plus de problèmes jeune fille, compris ?
-Oui.. Bafouille-je en massant délicatement ma gorge, j'ai l'impression de parler à mon père. Le général Engel retire ma main pour toucher ma légère blessure.
-Je peux faire bien pire, fraülein.
-Quel est le second, problème ? L'interroge-je timidement pour changer de sujet et finir au plus vite cette conversation. J'appréhende, et si il me parle des terres des Bernart ? Avec cet anglais qui s'y trouve toujours..
L'homme montre ses dents dans un joli sourire, ses doigts entourent ma chevelure pour la tirer en arrière et me forcer à le regarder, à plonger dans ses pupilles si clairs qui me font toujours cet effet inexplicable.
-C'est quelque chose de plus intime, Rose, quelque chose dont nous n'avons pas encore parlé, car tu as sûrement peur de cette partie du contrat.
Oh seigneur..
Cette partie, du dévouement du 'corps', que j'évite effectivement. Par peur ? Non, par horreur plutôt..
❝ ❞
Großer frauenheld ! : Grand dragueur / coureur de jupons. (début du chapitre, par l'officier qui a sifflé Rose)
Schnauze ! : Fermes-là ! (début du chapitre, par l'officier Hans)
Erstens : premièrement (milieu du chapitre, par l'officier Hans)
Zweitens : deuxièmement (milieu du chapitre, par l'officier Hans)
die fräulein ist schlecht gelaunt : la demoiselle est de mauvaise humeur (milieu du chapitre, par l'officier Hans)
Comme je suis en vacances, j'ai moins de connexion alors je poste une fois cette semaine et une autre fois la semaine prochaine, après ces deux semaines je posterais plus souvent ;)
-Elisa
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro