12 - Pactiser avec le diable
Petite info à la fin du chapitre que vous pouvez lire une fois la lecture de ce chapitre terminée :)
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Maison des Dumont, dimanche 23 juin 1940, 00h30.
Malheureusement, j'ai comme l'impression que le mensonge est devenue une langue courante depuis l'arrivée des allemands à Reims, je suis bien obligée de ne pas dire la vérité dans ce genre de situation, pour protéger les gens que j'aimes.
-Ce sergent Ackermann, a attaqué mon amie ce soir, elle s'est défendu puis elle est venue ici, alors je voulais aller jeter un coup d'oeil chez Alice pour voir si ce sergent y était toujours.
-Que fais-tu du couvre-feu ? Il s'avance alors vers moi, je remarque qu'il est toujours en tenue de général, il me semble même que je ne l'ai jamais vu dans d'autres vêtements, sans mauvaises pensées.
-Alice n'habite pas très loin. Pas très convaincante comme excuse mais je n'avais que ça sous la main..
-Éclaire moi sur un sujet, tu te nommes bien Rose ? La faible lumière lunaire vient caresser son visage, montrant son air grave, et sérieux, tandis que je fronce mes sourcils.
-Eh bien, oui, pourquoi donc ? Le général décide de répondre à ma question par une autre.
-Et tu es catholique, n'est-ce pas ?
Essayant de ne pas perdre mon sang froid, je hoche simplement la tête en signe d'acquisation, alors que mes mains tremblantes mentent pour moi.
-Très bien, peux-tu en dire autant de ton amie, qui dort là haut ? La température grimpe soudainement dans mon corps et des sueurs froides scillent mon dos, millimètres par millimètres, je fais marche arrière dès que le nazi fait un pas vers moi.
-Je ne vous suis plus, général. Cette fois-ci, ma voix me trahie, incertaine et angoissée. L'homme aggripe mon bras avec violence et je me retiens de ne pas crier pour réveiller ma famille et mon amie, sans explication, il ouvre la porte et me conduit un peu plus loin, dans un coin reculé et relativement insonorisé.
-Est-ce que tu te moques de moi ? S'exclame Engel en me poussant durement contre le mur de la cabane en bois de notre ferme, qui est un peu plus reculée sur nos terres par rapport à la maison.
-Qu'est ce vous..
-Elle ne se prénomme pas Alice mais Rebecca, et c'est une juive. Comment as-tu osé protéger cette vermine ! Une seconde fois, l'allemand me plaque contre le mur, d'un geste colérique. Suite à l'insulte envers mon amie, ma main part toute seule, je viens de frapper le général.
Un général nazi.
Qu'est ce qu'il s'est passé dans ma tête pour que je fasse une chose aussi bête ? Je n'ai de temps pour répliquer qu'il me rend ma gifle, avec beaucoup plus de violence, telle, que j'en tombe, le coup a été portée sur mon oreille, qui siffle actuellement, cherchant à tout prix à m'éloigner de cette brute, je tente de partir sur le côté en m'aidant de mes mains sans compter bien-sûr, sur l'acharnement du blond, qui attrape ma cheville pour me ramener devant lui.
Le général Engel est maintenant accroupi en face de moi, une main sur ma cuisse et l'autre sur mon épaule pour me maintenir contre le mur, je reprends mes esprits quelques secondes après le coup.
-Écoutes moi bien Rose, j'ai quelque chose à te proposer, si tu veux protéger ton amie. Que suis-je censé répondre ?
-Vous me faites mal..
-Je veux que tu t'offre moi, corps et âme, et également que tu sois mes yeux et mes oreilles. Mes paupières s'ouvrent en grands, qu'est ce que ça veut dire ça ? Que je dois lui obéir au doigt et à l'oeil, que je lui sois entièrement dévoué, que je lui sois soumise, que je joue les espionne en plus ?
Pour qui se prend-t-il ?
-Pardon ? Avez-vous perdu la tête ! Lâchez moi ou je vais crier très fort. Je tente de le repousser en jouant des épaules et des bras, pour résultat une seconde gifle, moins forte, heureusement, moins douloureuse aussi, simplement pour me faire taire et aussi stopper tous mouvements de protestation.
-Mets tes menaces à exécution et je vais te donner une bonne raison d'hurler. Sa menace me fait soudainement revenir à la raison, je n'ai plus aucune envie de bouger, ni de crier. Comment, avec une seule phrase il arrive à faire cela ?
-Si tu acceptes de ton plein gré, je serai beaucoup plus clément avec toi, et avec cette juive. Tandis que si tu refuses ma proposition, je prendrais ce que je souhaite maintenant et offrirai ton amie au pire de mes hommes, me suis-je bien fais comprendre ? Un sursaut d'horreur traverse mon corps, pourquoi est-il aussi cruel ? Qu'ai-je fais pour mériter ça ? Et la pauvre Rebecca qui dort paisiblement sans se douter de rien.
-C'est.. inhumain ce que vous faites là !
-Personnellement je vois plutôt ça comme une sorte de compromis, de temps de guerre, qui est assez gagnant-gagnant. Dit le nazi en posant ses grandes mains sur ma taille pour me relever sans grandes difficultés, encore légèrement sonnée, je pose une main sur son avant-bras pour me maintenir.
-Qu'est ce que j'y gagne moi ? Demande-je en émettant une certaine pression sur son bras pour le faire reculer, subtilement, bien évidement, il ne cille pas d'un iota.
-Une protection pour ton amie, ainsi que pour toi. Mes iris plongent dans les siens, je cherche une certaine once de vérité, visiblement, il n'a pas l'air de mentir, pour être sûre, je poursuis.
-Et si vous mentez ? Que dès demain, à la première heure, vous allez dénoncer mon amie ? Incertaine, je tente le tout pour le tout en osant poser ces questions, en priant pour que son tempérament colérique ne répond pas à sa place.
-Pourquoi t'aurai-je proposé un arrangement, si c'est pour l'annuler le lendemain même ?
-Par cruauté ? Propose-je avec une once d'ironie incontrôlée. Sa mâchoire se contracte et il se rapproche encore un peu plus de mon visage, pour murmurer quelque chose à mon oreille.
-Si tu veux que je sois dur avec toi Rose, il suffit de demander ça peut s'arranger. Un second frisson me lance dans l'échine ainsi qu'à travers mon corps frêle.
Parce que là, il n'est pas cruel ? Bon dieu, qu'est-ce donc pour lui la cruauté ? A-t-il une certaine limite ?
-Non, ce n'est pas ce que j'ai dis. Marmonne-je en baissant les yeux à bonne hauteur, soit sur son cou.
-Très bien, tu acceptes dans ce cas ?
Pardonnez-moi..
-Oui.
..D'avoir pactiser avec le diable lui même.
[...]
L'hôtel du Lion d'Or : La Kommandantur, lundi 24 juin 1940, 8h00.
~Point de vu du Général Engel Rintenlberg~
{ eh oui enfin ;) }
En arrivant à la Kommandantur, je récupère des documents importants à l'accueil puis je pars en direction de mon bureau, sous les saluts nazis de mes officiers qui se trouvent sur mon passage. Tout en repensant à ce qu'il s'est produit hier.
Bien-sûr que je vais dénoncer cette juive.
Mais pas tout de suite, car cet accord que j'ai passé avec Rose est effectivement très intéressant pour moi, puisqu'elle connaît énormément de monde, ça sera chose facile pour elle de s'infiltrer un peu partout dans la ville pour récupérer des informations pour mon compte.
Malgré l'arrestation d'un réseau de terroristes qui commençait à se créer, mon frère m'a informé qu'un second était également en train de prendre forme, Rose sera de très grande utilitée.
Je dois également avouer que la partie de dévouement "corps et âme" du pacte m'intéresse beaucoup, pour deux raisons : la première n'est pas très sérieuse étant donné qu'il s'agit d'une espèce de pari entre mon ami Karl et moi, nous l'avons passé lors de notre arrivée ici, à Reims, chez les Dumont. Je dois dire que nous étions ivres cette soirée.
-Je prends Adeline et toi Rose, le premier qui arrive à coucher avec la fille attribuée, sera déterminé comme le plus intelligent et ingénieux de nous deux.
Sur le coup, j'avais accepté à grande joie, Rose est plutôt jolie à regarder, aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur, malheureusement, j'ai été pris à mon propre jeu. La voilà la seconde raison, Rose m'intéresse, car je pensais que j'allais réussir ce défi en à peine trois jours, comme d'habitude.
Cependant, je suis dans cette ville depuis maintenant une semaine et quatre jours. Le délai de trois petits jours est largement écoulé, pour la seule et fichue raison que Rose n'est pas une fille facile comme celle que j'ai pu croiser en Allemagne, cette situation me fruste énormément, c'est pour cela que cet arrangement pourra enfin faire avancer les choses.
En entrant dans mon bureau, j'ai l'agréable surprise d'y trouver mon frère, installé confortablement sur mon canapé centrale, en me voyant entrer, il me serre une tasse de café, que j'accepte avec joie.
{les conversations sont en allemands mais je les traduis directement en français}
-Le réseau n'a pas eu le temps de se mettre en action. J'ai réussi à le démanteler, la résistante en fuite a aussi été rattrapée, et actuellement en train de se faire torturer à la Gestapo, n'est-ce pas merveilleux ? Se vente fièrement Klaus en posant sa cheville sur son genou ainsi que son bras droit sur le dossier du canapé.
-Bravo petit frère, la guerre commence bien tu ne trouves pas, je glisse un petit clin d'oeil avant de prendre une gorgée de café, cependant le second réseau est toujours en train de se former m'a-t-on dit, suite à l'appel d'un certain Charles de Gaulle le 18 juin, tu t'occupes de ça ? Questionne-je en posant ma tasse fumante sur mon bureau avec les documents que j'ai récupéré.
-Oui, je n'ai pas beaucoup de piste pour le moment mais ça ne devrait tarder. Acquise-t-il en terminant sa tasse pour la déposer sur la table basse devant lui par la suite.
-Parfait, je dois m'absenter pour une semaine, une réunion est organisé à Paris. Je t'aiderai à mon retour, j'ai une nouvelle 'arme' à mes côtés pour cette affaires de terroristes. Souris-je en sortant un papier de mon tiroir.
-Je reconnais bien là mon grand frère, ricane Klaus en se levant pour me rejoindre, puis-je savoir qui, ou quoi ?
-Rose Dumont. Je m'installe sur ma chaise tout en prenant un stylo entre mes doigts pour remplir le papier pour le moment encore vierge.
-Encore cette fille ! Raconte moi. Mon petit frère s'asseoit sur la chaise en face de mon bureau en jouant avec une sculpture qu'il a volé sur la table basse.
-J'ai passé un certain pacte avec elle, en échange, elle m'est complètement dévoué. Avoue-je avec un faible rictus au coin des lèvres, imaginant déjà tout ce que cette française et moi allons accomplir.
-Intéressant, murmure-t-il en posant la sculpture sur le bord de mon bureau, que fais-tu ? M'interroge mon frère un peu plus fort cette fois ci, voulant savoir de quoi est sujet ce 'pacte', mais ce document n'a pas de rapport avec.
-Un document, pour rétrograder et envoyer au front un sergent de ma division, qui a un comportement quelque peu dérangeant à mes ambitions. Confie-je en signant en bas du document maintenant remplie d'encre noir.
-Je vois.
-Comment se porte Marie ? M'intéresse-je en rangeant le crayon pour ensuite le lever, Klaus fait de même.
-Assez bien, malgré son comportement étrange depuis le bal, ce n'est sûrement rien. Dit-il en se dirigeant vers la sortie, je le suis.
-Bien, une dernière chose Klaus.
-Oui ? On s'arrête devant la double porte de mon bureau, je le fixe d'un air sérieux.
-Surveille Rose pour moi, informe là de mon départ et surtout, préviens la qu'à mon retour, si j'apprends de mauvaises nouvelles sur elle, elle ne risque pas d'apprécier ce qu'il va suivre.
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/!\ Une petite info /!\
Ce général Klaus Rintenlberg (qui est le frère de Engel comme vous avez pu le remarquer) est le personnage principale du premier tome "Romance ou Violence ?" que je vous invite fortement à aller lire si ce n'est pas déjà fait ;) Vous pouvez le trouver sur mes livres postés.
-Elisa
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