10 - Les sous-sols de la Gestapo
Siège de la Gestapo, dimanche 23 juin 1940, 16h00.
Mon ravisseur me gifle une seconde fois, ravivant la brûlure qui embrasait déjà ma pauvre joue droite, je pose automatiquement ma main sur celle-ci pour atténuer la douleur que je ressens, il n'y va pas de main morte !
-C'est la dernière fois que je me répète, donnes moi ta vrai identité ! Hurle-t-il en s'approchant de moi pour poser ses mains au niveau des accoudoirs de la chaise sur laquelle j'ai été forcée de m'asseoir.
-Je vous dis la vérité ! Je suis Rose Dumont, fille de Jean Dumont, adjoint du maire de Reims. Répète-je pour la troisième fois, il grogne visiblement mécontent de ma réponse alors je mets mes bras devant mon visage pour me protéger d'une éventuelle nouvelle attaque de sa part, car pour lui, frapper une femme sans défense et totalement innoncente ne lui pose visiblement aucun problème.
-Écoutes moi bien, ta soeur se trouve dans la cellule voisine, elle nous a dit son identité, ainsi que la tienne, sous la torture bien évidement, alors si tu ne veux pas subir les mêmes choses que ta petite soeur tu ferais mieux de tout me dire. Mes yeux se remplissent d'horreur, ma soeur ? Ma Adeline se trouve elle aussi ici ? Je ne comprends pas, pourquoi font-il cela, nous n'avons rien à nous reprocher !
-Pourquoi ? Qu'avons nous fais ? Questionne-je à mon tour en retirant mes bras pour le regarder, pour seule réponse, le nazi aggripe mes cheveux pour me relever sans douceur et me faire avancer jusqu'au bureau qui est au coin de la pièce sombre, il plaque mon visage à quelques centimètres du document qui se trouve sur la plateforme.
-Ouvres le. Si je veux survivre, je ferais mieux d'obéir. En vitesse, j'ouvre le document pour y voir le contenu, il y a des photos, des inscriptions allemandes et des noms.
-Que suis-je censé y trouver là dedans ? Mon bourreau, agacé de ma lenteur, prend lui même l'une des photos pour me la mettre sous le nez, c'est une femme, brune, yeux verts, sourire charmant, je ne vois toujours pas.
-Qui est-ce ? Ose-je en posant ma main sur la sienne pour essayer de la retirer de ma chevelure, il me fait atrocement mal.
-Tu te fiches de moi, aboie l'allemand en tirant sur mes mèches qu'il tient pour prendre de l'élan et écraser mon visage contre le bureau, d'une violence telle que que mon nez se met subitement à saigner, je hurle de douleur en posant ma main au milieu de mon visage endolori, c'est toi sur cette photo ! Termine-t-il en me jetant sur le sol, mon dos encaisse le choc et je recule immediatement contre le mur pour m'éloigner de cet homme monstrueux.
Soudain, la femme me revient en tête comme un souvenir, c'est cette femme qui s'enfuyait tout à l'heure ! Puisque nous avions les mêmes cheveux et les mêmes yeux, on nous a confondu ! Il doit vraiment être idiot pour faire une erreur pareille.
-Attendez.. je crois bien que vous me confondez avec une autre femme. Murmure-je alors que mes esprits s'éclairent, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt.
-Je te confonds, rit-il à gorge déployée pour se moquer de moi, combien de fois m'a-t-on dit cela ? Maintenant tu vas me dire avec qui tu travailles. Termine ce monstre en degainant son arme de son étui pour la pointer en ma direction, j'hoquete d'horreur et me colle un peu plus au mur.
-Non ! Ne faites pas ça !
-Oh que si je vais le faire, la première balle sera pour ta soeur ! Le nazi avance en direction de la porte, probablement pour aller chercher Adeline, mais est-ce réellement elle ? Si il s'est trompé sur mon identité, il a sûrement fait la même erreur pour "ma soeur".
Au même instant où la la porte s'ouvre, une personne se trouvant derrière celle-ci entre, mon ravisseur devient pâle et se tient droit en faisant le signe nazi devant l'homme, qui doit être vraiment important dans l'armée. Ils discutent un petit moment dans leur langue et je ne prends pas la peine d'écouter, à quoi cela servirait ? Je ne comprends rien à ce qu'ils disent..
Mon bourreau quitte alors la pièce pour laisser place à cet autre allemand, je ne relève pas la tête vers lui, de toute façon il est de dos, face à la table, pour - je suppose - lire le dossier.
-Je me présente, General Rintenlberg, soldat de la Schutzstaffel*, plus connue sous le nom de SS. Je suis ici pour récupérer des informations à votre sujet.
Rintenlberg ?
Automatiquement, ma tête pivote vers lui, c'est Engel ! Il a sa voix, sa carrure, ses cheveux et son costume. La seule chose qui change, c'est le sigle de la 'SS'. Engel fait donc parti de cette armée de SS, on dit que c'est la garde la plus rapproché de Hitler.
Ce sont les pires.
-Général Engel, je suis contente de vous voir, vous vous allez me croire, il y a une erreur, c'est moi, Rose. Dis-je rassurée en me relevant pour m'approcher tout doucement du bureau à mon tour, je ne pensais pas un jour être aussi heureuse de le voir, lui.
Cependant je me stoppe lorsqu'il se retourne. Ce n'est pas Engel. Malgré une légère ressemblance, ce n'est pas lui. Je n'arrive plus à interpréter les choses qui se déroule sous mes yeux depuis quelques heures. À mon avis, l'allemand est tout aussi étonné que moi, mais il se reprend vite puis s'appui contre le rebord du bureau, étrangement, je reconnais ici la manie du général Rintenlberg, le vrai, Engel, à faire ceci.
-Tiens donc, la fameuse Rose Dumont. Effectivement nous avons ici un énorme problème. Un sourire en coin vient fendre son visage, exactement le même que celui de Engel, se pourrait-il qu'ils soient de la même famille ? Le vrai général Rintenlberg ressemble effectivement à celui ci, malgré que Engel m'a l'air plus vieux de quelques années.
-J'ai du mal à assimiler.. Chuchote-je en reculant à petit pas, en me creusant les méninges, pour à tout prix, comprendre ce qu'il se passe.
-Engel m'a beaucoup parlé de vous, je suis Klaus, son jeune frère, néanmoins il avait omis le fait que vous étiez une résistante. Parle le fameux Klaus en croisant ses bras contre son torse relativement gonflé de muscle, tout comme, son frère visiblement.
-Pardon.. Je, je ne suis pas une resistante ! M'indigne-je en reculant cette fois ci plus vivement, comme si un énorme coup venait de m'être donné.
-Alors que faites vous ici ? S'amuse-t-il sans quitter son sourire.
-Un soldat de la gestapo m'a, confondu avec l'une des femmes qui se trouvent sur les photos dans le document, elle est brune aux yeux vert, tout comme moi, cela explique tout. Suite à ma déclaration, le SS fouille dans ce dossier pour en ressortir une photo, il passe plusieurs fois de moi, à la photo. En conclusion, ses traits se referment, je deglutis espérant que sa colère ne retombe pas sur moi.
-En plus d'avoir un incapable parmis l'armée allemande, une resistante court encore les rues ! Hurle le général Klaus en sortant subitement de la cellule pour aller je ne sais où, je reste là, à attendre je ne sais quoi. Je ne risque pas de sortir, si c'est pour tomber sur un allemand qui finira le travail de mon bourreau, non merci..
Une dizaine de minutes plus tard, le fameux général entre pour la seconde fois et se dirige vers moi, par méfiance, je me protège de le visage, sa réaction est de me rire au nez, encore une fois, décidément. Klaus Rintenlberg prend délicatement mon coude pour me fixer.
-Avez-vous peur de moi ?
C'est une question piège ? Je choisis de ne pas répondre, de ce fait il poursuit la conversation seul en m'amenant en dehors de cette pièce lugubre et humide.
-Vous êtes innocente Rose, n'ayez crainte, mon frère va venir vous chercher. En arrivant dans les couloirs, je m'étouffe presque avec ma propre salive. Son frère, Engel. Il va venir. Pour moi. Qu'elle va être sa réaction ? Et la mienne ?
On entre dans un bureau pour y trouver le colonel. Le colonel Oliver Von Hohenhart, occupé à signer des documents. Dès qu'il nous aperçois entrer, il se lève par signe de politesse et accomplit ce salut nazi, accompagné d'un "Heil Hitler".
-Je vous confie cette jeune femme, elle a était confondue avec la resistante que nous recherchions, mon frère, le général Engel va venir la récupérer, merci de bien vouloir vous occuper d'elle en attendant, elle a été, brutalisée, par erreur. Annonce Klaus en se tenant droit, tiens donc, cette aura de domination à l'état pur est de famille on dirait.
-Fraülein Rose, asseyez-vous. Sourit-il en m'accompagnant jusqu'au canapé qui se situe contre le mur, après que le général Rintenlberg est décidé de nous laisser à deux.
-Merci. Souffle-je dans un murmure en me souvenant de ce qu'il a fait subir à cette pauvre femme dans la cour, je ne tilte pas la raison de cette acte, ils ne voulaient, certes, pas obéir, cependant la façon dont il l'a puni était horrible, immonde, degoutante.
-Eh bien, vous avez la fâcheuse tendance de vous mettre dans de mauvaises situations, comment en êtes-vous arrivée là ? Le colonel parle d'une voix calme, clair et posée, comme si il n'avait pas condamné cette femme à une humiliation publique, et une douleur psychologique à vie.
-Je faisais une simple promenade, à pied, puisque vous savez que je n'ai plus ma bicyclette. Une femme m'a bousculé, sans le faire exprès je pense, avant de s'enfuir à nouveau en me disant 'ils arrivent'. Je n'ai pas compris sur le coup et j'ai avancé en direction de, de cris. C'est alors que je suis arrivée devant le siège de la gestapo, et, des allemands m'ont pris pour cette femme. Finis-je en relevant la tête vers ses mains qui me tendent un mouchoir en tissu ainsi qu'un verre d'eau. Je prends le tout en le remerciant discrètement.
-Je vois, vous avez dû me voir à l'oeuvre, non ? Fièrement, l'homme sourit, en s'installant à côté de moi. Est-il réellement fier de son acte ignoble ? Oh mon dieu..
-À l'oeuvre ? Non je n'ai pas vraiment eu le temps de voir quoi que ce soit, vos hommes m'ont emmené à l'intérieur, enfin au sous-sol. Je bois d'une traite le verre d'eau pour ensuite le poser sur le petit chevet à côté du canapé puis appuie le mouchoir sur mon nez en sang.
-Navré pour vous, le pense-t-il ou est-ce une façon de changer de sujet de conversation, je suis également désolée pour votre soeur.
-Ma soeur ? Alors c'est vrai ! Elle est ici ? M'inquiète-je en retirant le tissu de mon visage, prête à repartir dans les caves pour aller libérer Adeline.
-Comment ? Non, ricane Oliver en rapportant ma main à mon nez qui saigne toujours, je parlais du bal, par rapport à ce qu'il s'est passé avec ce sergent Ackermann. Il ne sait visiblement pas se tenir avec les jeunes femmes. J'espère que la fille qui a dû remplacer votre soeur n'a pas été trop perturbée ? Heureusement pour moi, ce n'est pas ma soeur dont parlé mon bourreau, j'espère juste que personne n'est à cette place..
-Alice ? Elle était légèrement secouée après ces danses mais il n'y a aucunes raisons de s'inquiéter. Chuchote-je presque en repensant à cette femme qui nous a entendu dans les toilettes pour dames.
-Alice ? C'est donc comme cela qu'elle se prénomme.
-Alice Lambert, pourquoi ? Je le fixe encore une fois pour en savoir plus, serait-ce possible qu'elle est dénoncée mon amie ! Je n'espère pas..
-Pas simple curiosité, a-t-elle un homme dans sa vie ? C'est reparti, le colonel Von Hohenhart revient avec ses questions indiscrètes, ça en devient vraiment malaisant.
-Eh bien, non je ne crois pas, pourquoi donc ? Ma question reste en suspens car quelqu'un toque à la porte puis entre sans attendre quelconque accord de la part du propriétaire de ce bureau, le dit propriétaire se lève alors pour faire le salut ainsi que le fameux "Heil Hitler".
Le général Rintenlberg est là. Et cette fois ci je ne me trompe pas, c'est bien Engel, qui me scrute d'un regard froid, que va-t-il me faire subir cette fois ci ?
✎___________________________________
Schutzstaffel* : l'une des armées d'Allemagne nazi, plus communément appelé la SS, c'est tout d'abord la garde rapproché d'Hitler.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro