Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Aranjuez

Une après-midi pluvieuse, des parapluies et une musicienne de rue et c'est de cette manière que tout avait commencé pour Park Jimin.

Il se souvient qu'il pleuvait des cordes ce jour-là et il se souvient aussi que cette musicienne faisait pleuvoir ses propres cordes.

À sa manière.

Et c'était bien plus joli que les gouttes froides qui s'infiltraient sous son pull et venaient glacer sa peau.

Le petit passage dans lequel il s'était réfugié avec son père pour échapper aux larmes du ciel avait amené à une agréable surprise.

Un cercle s'était formé autour de la musicienne et Jimin avait tenu la main de son père, hypnotisé par la douceur qui émanait de cet instrument. La musique avait infiltré son corps, avait pris possession de son âme et Jimin était tout simplement tombé amoureux.

Il avait tiré la main de son paternel pour avoir son attention et l'avait regardé, sous le charme.

-Elle joue quoi la madame ? demanda-t-il.

Celui-ci regarda son fils en haussant les sourcils. La manière dont les yeux de son enfant brillaient ne lui disait rien qui vaille.

-De la harpe.

-C'est joli.

Son père acquiesça en reportant son attention sur la musicienne qui faisait pleuvoir une ribambelle d'émotions avec ses mains.

-Je suis sûr que c'est le bruit que font les anges lorsqu'ils pissent.

Jimin avait tourné la tête vers lui, surpris.

-Ça fait pipi les anges ?

-Tout le monde fait pipi, mon fils.

Jimin fronça les sourcils en pinçant ses lèvres, son cerveau réfléchissant à milles à l'heure.

-Même les coccinelles ?

Les personnes autour d'eux qui avaient surpris leur conversation se demandaient pourquoi elle avait lieu. Elle n'avait tout simplement aucun sens. Mais pour Jimin et son père, c'était là le début d'un grand débat.

-Je crois.

-Tu crois ? T'es même pas sûr ? T'es trop nul, grommela le petit garçon.

Dae-hyun s'étrangla avec sa salive et se retourna vers son gamin, le regardant avec de gros yeux. Il venait de blesser sa fierté.

-D'accord, je parie qu'elles font pipi alors. Et toi ?

-Moi je parie que non !

Le père détacha sa main de celle de son fils avant de la poser à plat entre eux et de le regarder avec tout le sérieux du monde.

-Tu paries quoi ? demanda-t-il avec défi.

-Mon goûter, répondit Jimin de la même manière.

-Vendu.

Et Jimin claqua la paume de son père avec la sienne, scellant ce pari. Lorsque l'homme reprit la main de son fils et se retourna, il vit qu'une vieille dame les fixait, abasourdie. Il haussa simplement les épaules.

La relation qu'il avait avec son garçon était assez indescriptible et il ne valait mieux pas essayer de la comprendre.

Jimin et lui avaient donc regardé le spectacle qu'offrait cette jeune femme jusqu'à ce que la pluie ne se calme. Lorsque les nuages laissèrent place à quelques rayons de soleil, formant un magnifique arc-en-ciel, le troupeau qui s'était réuni autour de la musicienne se dissipa.

Il ne restait alors plus que le père et son fils. Et lorsque celui-ci tira légèrement la main de son fils, lui signifiant silencieusement qu'il était temps de partir, Jimin se retira de sa prise et s'approcha de la jeune femme.

Quand Dae-hyun vit Jimin s'approcher de la musicienne, il savait qu'il était tout simplement foutu. Il connaissait par cœur son fils et connaissait la signification du regard qu'il lui avait lancé.

Lorsque l'harpiste releva la tête et vit ce petit garçon à la bouille adorable s'approcher de lui, elle sourit doucement. On aurait dit un petit chérubin avec ses cheveux bruns qui virevoltaient à cause du vent, ses petites mains potelées et ses joues rouges. Elle avait envie de lui tirer les joues. L'enfant s'approcha et tira sur le tissu de sa longue jupe évasée, accaparant son attention.

-Mon papa, dit-il en pointant du doigt un homme d'une trentaine d'années qui se trouvait en retrait, dit que ton instrument c'est le bruit que font les anges quand ils pissent.

Dae-hyun, en entendant les paroles de son fils, se frappa le front de sa main en laissant échapper un gémissement plaintif.

Quant à la musicienne, elle écarquilla les yeux, ne s'étant pas attendu à ce que de tels mots sortent de la bouche de ce petit ange. Elle aurait dû se sentir offusqué mais, à la place, elle éclata d'un rire cristallin.

-C'est une manière intéressante qu'il a de voir les choses, ton papa, répondit-elle en chuchotant.

Jimin hocha vivement la tête.

-Moi aussi j'ai envie de faire pisser les anges.

Et c'est avec grandes difficultés que la jeune harpiste essaya de maîtriser le fou rire qui menaçait de prendre possession d'elle.

Ce gamin était intéressant.

Elle vit de loin le père du garçon arriver, légèrement paniqué.

-Jimin...

Le petit brun se retourna vers lui en fronçant les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi son père le regardait de cette façon. Il n'avait rien dit de mal pourtant.

-Bah quoi ?

Avant que Dae-hyun ne réponde, la jeune femme le devança :

-Tu veux faire pisser les anges, petit ?

Jimin hocha vivement la tête, le regard déterminé. Et le père n'aima pas non plus le sourire que lui lançait cette jeune femme.

-Tu penses en être capable ?

Pitié, non pensa Dae-hyun.

À nouveau, Jimin hocha la tête suivit d'un grand oui clair et distinct. Elle s'en amusa, ce petit garçon avait l'air d'un militaire face à son supérieur.

-Si tu penses en être capable, alors tu y arriveras.

Jimin lui sourit. Un grand sourire qui cachait ses petits yeux et faisait remonter ses pommettes de la plus mignonne des façons. Là il ressemblait au petit chérubin. Elle ne put s'empêcher de fourrer ses doigts dans ses douces mèches brunes, les caressant.

Mais brusquement, Jimin perdit son sourire et se recula légèrement de la jeune femme, mettant sa main à plat entre eux comme l'avait fait son père quelques minutes plus tôt. Elle regarda cette petite main, les sourcils froncés, avant de voir le visage fermé et sérieux du petit garçon.

-Pari ?

Lorsqu'elle comprit le petit jeu de Jimin, elle sourit en haussant un sourcil, amusé.

-Pari.

Et elle claqua sa main contre celle de Jimin.

Après ça, elle lui avait parlé de son instrument et Dae-hyun s'était senti impuissant en voyant les étoiles dans les yeux de son fils. Jimin avait bu ses paroles, émerveillé. Le nombre de questions qu'il lui avait posées dépassait l'entendement mais elle avait répondu à chacune d'entre elles, attendrie.

Mais après un certain temps, l'heure de se quitter était venue et Jimin l'avait alors salué de sa petite main.

Il s'était fait une amie cet après-midi-là.

De nouveau dans la rue, Dae-hyun avait repris la main de son fils en grommelant à son attention :

-De la peinture, de la danse, du tir à l'arc et maintenant de la harpe. Il manquait plus que ça, tiens.

En sentant une goutte de pluie tomber sur l'arête de son nez, Dae-hyun leva les yeux vers le ciel. Les nuages avaient repris le dessus et il recommençait à pleuvoir de nouveau.

Le comble.

Jimin détacha sa main de celle de son père et se mit à tourner sur lui-même dans la rue, comme s'il dansait, un grand sourire sur les lèvres. Il pleuvait légèrement et certains passants auraient pu jurer que cette scène sortait tout droit d'un film.

-Mais je vais faire pisser les anges, p'pa.

Et sans prévenir, la légère pluie se transforma en averse. Encore. Et alors que son fils dansait sous la pluie, Dae-hyun n'avait qu'une seule chose à dire.

-Fais chier.

Ce jour-là, Jimin avait perdu son pari, mais il avait aussi gagné son amour pour la harpe qui ne l'avait plus quitté depuis.

Plus jamais il ne revit cette femme qui lui avait donné sa passion pour cet instrument lors de ce jour pluvieux, mais il la remerciera toute sa vie.

Jimin avait donc commencé la harpe.

Et il était doué.

Mais pas d'après son professeur.

Monsieur Choï avait toujours une remarque méchante pour Jimin amoindrissait sa confiance en lui. Le petit garçon était arrivé un jour, avait pris place près de la harpe et avait décidé de faire une surprise à son professeur. Il avait réussi à faire les accords d'au clair de la lune tout seul. Et lorsqu'il avait montré cela à son professeur, celui-ci l'avait tout simplement grondé, lui disant que s'il passait plus de temps à travailler ses exercices qu'à s'amuser, alors peut-être qu'il deviendrait bon.

«Peut-être.»

Jimin était déjà bon, mais son professeur était son mentor alors il était sûr que ce qu'il disait était vrai. Il le croyait.

Ça ne l'avait pas aidé. Jimin avait perdu peu à peu sa passion pour cet instrument qui l'avait tant charmé. Il pensait qu'il était nul, alors même que son père était pourtant si fier de lui...

Pourtant, il fallait le voir jouer, Jimin. Cela se voyait qu'il adorait ça, qu'il y prenait plaisir, qu'il était heureux, tout simplement. Jimin jouait et les couleurs autour de lui devenaient comme plus éclatantes.

Un jour il était rentré de son cours en pleurant après une énième remarque de son professeur. Son père était dans la cuisine à ce moment-là et celui-ci s'était directement arrêté dans la préparation de son plat en voyant les larmes qui coulaient le long des joues de son fils.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? avait-il demandé.

Jimin avait explosé en sanglots, lui suppliant de lui pardonner son caprice. De lui pardonner d'avoir voulu jouer de la harpe.

Jimin vivait seul avec son père, il n'avait jamais connu sa mère et ils ne roulaient pas sur l'or, alors il s'en voulait tellement de lui avoir fait perdre son argent.

Dae-hyun avait attentivement écouté son fils déballé ce qui lui pesait sur le cœur, les larmes roulant sur ses joues. Et lorsque Jimin eut fini, il s'était contenté de le fixer longuement.

Et il avait prononcé cette simple phrase :

-Qu'est-ce que tu racontes comme connerie, morveux ?

C'était son père tout craché.

Jimin avait écarquillé les yeux et Dae-hyun avait enlevé son tablier avant de s'approcher de lui et de poser ses mains sur ses joues, essuyant ses larmes de ses pouces.

-Jimin, quand tu joues de la harpe, tu es éblouissant.

Jimin s'était remis à sangloter et s'était réfugié dans les bras réconfortant de son père. Celui-ci lui avait doucement frotté le dos pour l'apaiser.

-Pourquoi tu laisses ce vieux croûton te faire douter de toi-même ? demanda-t-il. Tu t'es ramolli ma parole.

Jimin avait ricané à travers ses larmes.

Son père avait sa manière bien à lui de réconforter les gens.

Et il ne fallait surtout pas s'en prendre à son gamin.

Suite à ça, Dae-hyun l'avait accompagné à un de ses cours et il se souvint que le visage de monsieur Choï avait été à deux doigts de concurrencer celui d'un cadavre tant il était devenu livide.

Jimin avait changé de professeur après ça et tout avait fini par rentrer dans l'ordre.

Mais les cicatrices étaient restées et Jimin doutera encore longtemps de sa manière de jouer.

Cela ne s'était pas arrangé avec le lycée. Le lycée était un nid d'hypocrisies et de faux-semblant. Les adolescents, encore en quête d'eux-mêmes se faisaient bouffer par ceux qui pensaient tout connaître de la vie. On attaquait les faiblesses des gens pour s'en nourrir. Lorsqu'une personne se démarquait des autres par son originalité et son authenticité ce n'était généralement pas bien vu par les autres.

Ils y voyaient là un intrus.

Son père qualifiait ces gens-là de moustiques parce que c'est ce qu'ils étaient. Ils trouvaient une faille et se jetaient dessus comme un moustique sucerait le sang pour s'en abreuver.

-Pourquoi ne pas les appeler des vampires alors ? avait demandé Jimin.

Son père avait relevé la tête de son ordinateur en entendant la question de son fils.

-Tu te vois, toi, te battre avec l'un d'entre eux et l'insulter de vampire ?

Jimin avait réfléchi longuement, essayant de mettre en place dans son cerveau une situation où cela arriverait.

-Non.

C'était ridicule d'insulter quelqu'un de "sale vampire".

Par contre, sale moustique ça sonnait mieux. Même si Jimin avait une multitude d'insultes bien plus crédible qui lui passait par la tête.

Son père était alors retourné à son écran d'ordinateur, tapant distraitement sur le clavier.

-Tu vois.

Cette situation qu'il s'était imaginé était pourtant arrivée un jour.

Ils avaient découvert qu'il faisait de la harpe. Et avec son corps gracile et son visage de poupon, ça n'avait pas manqué.

La harpe était un instrument de fille d'après les autres.

Jimin se souvient s'être fait pousser dans les couloirs.

Il se souvient des moqueries.

Il se souvient des regards emplis de jugement.

Il se souvient aussi des insultes qui avaient décoré son bureau.

« Sale fiotte.»

« Pédale.»

« Crève.»

Et bien d'autres encore.

Jimin avait doucement ricané du manque d'originalité dont faisaient preuve ses persécuteurs.

Il s'attendait à mieux.

Jimin n'était pas vraiment touché. Il savait qui il était. Ce que les gens pensaient de lui l'importait peu.

Un soir, un groupe de trois garçons plutôt baraqué l'avaient pris à part à la sortie du lycée et Jimin avait trouvé ce comportement puéril.

3 contre 1.

Avaient-ils peur de lui ?

-Dis-moi Park, est-ce que tu joues aussi bien que tu suces des queues ?

Jimin avait simplement soupiré.

-Je sais pas, demande à ton père et il te dira.

Jimin n'avait pas peur de passer pour une grande gueule. Son père lui avait toujours dit de ne jamais se laisser marcher dessus.

« Si on t'insulte, tu réponds. Si on te frappe, putain Jimin, tu leur fais bouffer leurs couilles.»

Voilà ce que lui avait appris Park Dae-hyun.

Alors Jimin n'était pas faible. Jimin ne se laissait pas marcher dessus.

Évidemment, les coups avaient plu et les trois garçons avaient été étonné de voir que Jimin cachait bien son jeu derrière son visage d'ange.

Putain, il savait se battre.

Lorsqu'il était rentré chez lui, couvert de bleu et la lèvre inférieure ouverte, Jimin avait dû expliquer à son père ce qui s'était passé.

Dae-hyun avait alors posé une simple question.

-Tu leur as fait bouffer leurs couilles ?

Jimin avait sourit.

-Oui.

Son père s'était alors approché de lui et lui avait offert une tape virile dans l'épaule qui avait manqué à Jimin de recracher son déjeuner.

-Ça c'est mon champion.

Les moustiques de l'école s'en étaient prises à la mauvaise personne ce jour-là.

Et quelques années plus tard, le philharmonique de Séoul recherchait un harpiste et Jimin avait sauté de joie en apprenant la nouvelle. Il se souvient être entré dans la chambre de son père au petit matin et avoir sauté sur le lit, l'arrachant des bras de Morphée. Il se souvient que son père avait grommelé, juré, puis avait fini par se frotter les yeux et regarder son fils.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? avait-il demander d'une voix endormie.

-Le philharmonique de Séoul recherche un harpiste ! Tu te rends compte ?

Son père avait enfoui sa tête sous les coussins. Son fils faisait trop de bruit.

-C'est super.

Jimin avait boudé. Son père ne se rendait pas compte de l'opportunité en or qu'il avait là.

-Le philharmonique de Séoul est sous la direction de Kim putain de Taehyung, s'était-il exclamé.

Son père avait relevé la tête et l'avait regardé, une mine faussement étonnée.

-C'est vrai ?

-Oui ! acquiesça vivement Jimin

-Et c'est qui ?

Jimin perdit son sourire et prit le coussin à sa gauche avant de frapper son père avec sous ses éclats de rire.

-C'est l'un des meilleurs chefs d'orchestres au monde !

Son père avait bâillé avant de se tourner sur le dos et de pousser son fils, lui permettant de se lever. Il s'était dirigé vers la salle de bain adjacente à la chambre sous le regard brillant de Jimin et, avant qu'il n'entre à l'intérieur, lui avait jeté un clin d'oeil.

-Alors impressionne-le, fiston.

Jimin y comptait bien.

Jimin avait eu l'intention de surprendre Kim Taehyung. Il avait choisi de jouer le deuxième mouvement du concerto d'Aranjuez, l'Adagio. Ce concerto était pour guitare à la base, mais Jimin l'avait repris à la harpe et avait travaillé très dur dessus.

Le deuxième mouvement était celui qu'il préférait.C'était aussi le plus connu de ce concerto. Certains disaient que c'était comme un dialogue entre la guitare et les autres instruments solo. Mais Jimin le représenterait seul, il n'y aurait donc pas cet effet de dialogue. Néanmoins, il espérait toucher son jury par la beauté du morceau.

Le compositeur, Joaquín Rodrigo et sa femme Victoria étaient restés silencieux pendant de nombreuses années sur la création du second mouvement, ce qui avait permis la naissance d'une rumeur selon laquelle il se serait inspiré du bombardement de Guernica en 1937. Mais finalement, dans son autobiographie, Victoria révélera qu'il s'agissait d'une évocation des jours heureux de leur lune de miel, ainsi que d'une réaction de Joaquín à la déception de sa première grossesse infructueuse.

C'était un morceau doux, mais incroyablement triste aussi.

Il ne pouvait imaginer la tristesse qu'avait dû ressentir Joaquín Rodrigo en apprenant que la chair de sa chair ne verrait jamais la lueur du jour. C'était réduire les rêves et espoirs d'un homme de manière trop cruelle et Jimin se disait que Dieu était parfois bien injuste avec ses créations. Joaquín avait alors créé le deuxième mouvement de l'Adagio à l'aide de ses larmes et de sa douleur et le blond espérait de tout cœur que cela l'ait aidé à guérir ses blessures.

Il était arrivé avec sa chemise en flanelle à l'opéra de Séoul et tandis qu'il attendait patiemment que son tour n'arrive, il avait commencé à détailler ses concurrents.

Et Jimin s'était senti soudain tout petit.

Il avait commencé à se poser des questions. Pouvait-il réellement prétendre à faire partie du philharmonique de Séoul ? Avait-il sa place ?

C'est plein de doute que Jimin était arrivé sur la grande scène en bois avec en face de lui un jury composé de trois personnes. Il y avait une harpiste de renom, le directeur de l'opéra et Kim Taehyung.

Kim putain de Taehyung.

Jimin sentait qu'il pourrait tomber dans les pommes à tout moment.

Le stress nouait sa gorge et ses doigts étaient devenus moites.

Il s'avança sur la scène et, une fois face à eux, il se racla la gorge.

-Heu...

-Park Jimin, c'est ça ? Vous comptez interpréter le deuxième mouvement du concerto d'Aranjuez ?

Kim Taehyung venait de parler et Jimin s'était pétrifié. C'est à peine s'il se souvenait pourquoi il était là.

Kim Taehyung le fixa longuement et Jimin se rendit compte qu'il ne lui avait toujours pas répondu.

« Putain, il est carrément beau, ce con.» pensa sa petite voix dans sa tête.

-Ah - heu oui, c'est ça, s'exclama-t-il, la voix chevrotante.

Et Jimin se maudit pour ça.

Taehyung acquiesça et lui sourit doucement.

-Allez-y, alors.

Il hocha la tête et se retourna, s'apprêtant à se diriger vers la harpe mise à disposition pour l'occasion.

Ce qu'il ne savait pas, c'est que les agents d'entretien avaient passé la serpillère très tôt ce matin. Le parquet de la scène était donc extrêmement brillant.

Et extrêmement glissant aussi.

La chaussure gauche de Jimin ne suivit pas le mouvement et le bout de sa chaussure glissa, suivit de tout son corps. Jimin chuta sur la scène et cela fit un bruit assourdissant.

Et alors qu'il était à plat ventre sur le parquet lisse, il rougit, mort de honte.

Jimin avait toujours été maladroit et son père se moquait souvent de lui à propos de ça. Rares étaient les jours où il ne tombait pas au moins une fois par terre, goûtant la sécheresse du bitume. Il était sûr que si son père avait été là pour voir ça, celui-ci aurait ri à gorge déployée.

-Fais chier, putain.

Irrité par lui-même, il ne put empêcher cette phrase délicate de sortir d'entre ses lèvres.

Et Jimin était peut-être maladroit, mais il se disait aussi que, des fois, il n'avait tout simplement pas de chance.

Comme à ce moment précis où il se rendit compte que sa voix avait résonné à travers toute la salle et que, par conséquent, les jurys l'avaient aussi entendu.

Il écarquilla les yeux, horrifié et Taehyung ricana dans son coin, amusé par la scène.

Jimin se releva alors promptement et repassa le pli de sa chemise en se raclant la gorge pour reprendre contenance.

Sauf que c'était inutile.

Le parquet lisse de la scène avait déjà englouti son amour-propre et il l'insulta un bon nombre de fois dans sa tête.

Lorsqu'il s'assit sur la banquette face à la harpe, il prit une profonde inspiration pour évacuer toute la tension de son corps.

Il repensa à ce jour pluvieux, à cette fille qui, inconsciemment, avait changé sa vie. Il repensa à Monsieur Choï, à ses doutes, aux moustiques de son lycée et surtout, à son père.

À son père qui l'avait toujours soutenu, qui avait été le plus grand pilier de sa vie. Il n'avait jamais connu sa mère, et n'avait jamais ressenti ce manque dû à l'absence maternelle. Son père avait réussi à meubler cette absence avec brio.

Alors que Jimin pensait, ses doigts pinçaient déjà les cordes de la harpe. C'était instinctif. Il ne réfléchissait plus. Il le jouait comme il respirait. Naturellement.

Je veux faire pisser les anges.

Travaille plus.

Park Jimin est une pédale.

Tu y arriveras.

Jimin, lorsque tu joues de la harpe, tu es éblouissant.

Jimin ne se rendit même pas compte qu'il pleurait lors de sa représentation, mais Taehyung lui, l'avait remarqué. Il s'était penché en avant à l'aide de ses coudes pour avoir une meilleure vue sur le musicien.

Taehyung le trouvait touchant. Il jouait avec son cœur, cela se ressentait. Même si le joli blond semblait avoir une chaine invisible autour de lui qui l'empêchait de jouer à son potentiel maximum. Comme s'il avait peur de se laisser submerger par la musique. Comme s'il voulait garder le contrôle. Taehyung remarqua aussi qu'il y eut un moment où le blond hésita légèrement, mais c'était pratiquement imperceptible. Le chef d'orchestre était agréablement surpris. Sa manière de jouer détonnait avec le personnage qu'il avait eu en face quelques minutes plus tôt.

Park Jimin ressemblait à un ange.

Lorsqu'il pinça la dernière note de l'Adagio, Jimin releva légèrement la tête pour regarder le jury. Aucun d'entre eux ne laissait d'émotion notable transparaître. Jimin ne savait pas s'il avait été bon ou mauvais et ça le frustra. Lorsque les jurys prirent congé de lui, il se releva machinalement, se courba face à eux et se dirigea vers les coulisses. Une fois avoir passé l'épais rideau rouge, il se rendit compte qu'il avait pleuré. Il essuya ses joues à l'aide de sa manche sous le regard légèrement moqueur d'un autre participant.

Il pensait que Jimin pleurait parce qu'il avait raté sa prestation.

Mais Jimin savait que s'il avait pleuré c'était parce que si jamais il était pris au phillarmique de Séoul, alors il devrait quitter son père.

Le petit oiseau allait devoir voler de ses propres ailes.

Du côté des jurys, Taehyung se tourna vers ses deux compères.

-Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

La harpiste de renom rigola avant de griffonner quelque chose sur sa feuille.

-Il a fait une entrée plutôt inoubliable. Mais sa technique est bonne, même s'il a paru hésitant à certains moments. C'était joliment interprété.

-Vous avez aussi remarqué l'hésitation ? demanda le directeur de l'Opéra.

La harpiste hocha la tête avant de se tourner vers Taehyung, curieuse.

-Et vous, le maestro, qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Taehyung sourit.

-Il me plaît.

Après cela, Jimin avait dû représenter les 3 traits d'orchestre imposé par le jury pour le concours d'admission et c'était enfin fini. Il avait donné le meilleur de lui-même et c'était maintenant au jury de sceller son destin.

Quelques jours plus tard, alors qu'il faisait un peu de tourisme sur la capitale, il reçut un coup de téléphone de Kim Taehyung lui-même. Le chef d'orchestre lui annonça alors qu'il avait été retenu et Jimin se rappelait très bien avoir pleuré au téléphone. Il avait reniflé un long moment sous les félicitations de Taehyung et il s'était dit que l'impression que le chef d'orchestre devait avoir de lui ne devait pas être glorieuse. Bien loin de Busan, il avait alors envoyé un message à son père pour lui annoncer l'heureux évènement.

Et Jimin se souviendrait longtemps de sa réponse.

« Les anges ne pissent plus, ils pleurent.»

🎻

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro