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-Y crois-tu aussi, maintenant ?

Jungkook était incapable de répondre. Il lui fallait le temps d'assimiler la nouvelle de cette vérité qui lui avait été éclipsé. Ce n'était pas seulement Taehyung qui lui avait caché cela, c'était sa mère. Au fur et à mesure que le chef d'orchestre avait laissé sa voix conter une rencontre dont il n'avait jamais entendue parler, il avait pris conscience que cela s'était produit à l'époque où il avait reçu Miyu.

À ses six ans.

Et, sa mère rendit l'âme quatre ans plus tard, alors qu'il était âgé de dix ans.

Quatre années où il n'avait jamais su l'amitié que la célèbre violoniste et sa mère entretenaient. Mais Taehyung, le savait, lui.

Il l'avait compris au moment même où il avait découvert l'entièreté de son identité lors de cette nuit d'orage.

Alors pourquoi Jungkook n'était pas au courant ?

Parce qu'il y a des rencontres, des individus, des choses qui se passent dans notre vie et qui n'ont pas besoin d'être dit. Ha-neul aurait pu se vanter auprès d'un grand nombre de personnes d'être l'amie de la célèbre violoniste, mais elle ne l'avait pas fait. Ce n'était pas une opportuniste. Le fait est que cette relation était si spéciale, si unique, qu'elle ne l'avait gardé que pour elle, sans en informer Jungkook ni même son mari.

Et ce, pendant quatre longues années.

Mais pour Taehyung, c'était différent. Il n'avait pas seulement entendu parler de Lee Ha-neul, il l'avait connue.

C'était là toute la différence entre Jungkook et lui.

Le plus jeune avait le regard dans le vague, comme s'il ne voyait rien de ce qui l'entourait, comme si sa vision était recouverte d'une brume légère qui l'empêchait de cligner des yeux. La sensation de sortir d'un long sommeil, aussi. Le sentiment que son âme s'était détachée de son corps pour voler au-dessus de leurs têtes.

Toujours assis sur les cuisses du chef d'orchestre, Jungkook ne remarquait pas le regard de Taehyung posé sur lui. Mais le plus vieux, admirait son cadet comme s'il était une perle, le plus beau joyau en ce monde. Lui avoir dit la vérité l'avait délivré et il espérait secrètement que cela avait permis à Jungkook de, peut-être, comprendre pourquoi il lui était si cher à ses yeux.

Taehyung avait la conviction tenace que sa rencontre avec le plus jeune était écrite depuis le malheureux moment où celles qui les avaient mis au monde s'en étaient allés. Comme si c'était le destin qu'ils se rencontrent un jour. Comme si c'était là la continuité de la relation qu'avaient construite leurs mères. Parce qu'il était évident qu'une part de Mee-yon et Ha-neul vivait à travers les deux garçons.

Mais leur relation à eux était bien différente. Si l'un admirait l'autre comme Ha-neul l'avait fait pour Mee-yon par le passé, aucune des deux n'avait eu le rythme cardiaque affolé en la présence de l'autre. Aucune n'avait ressenti cette envie irrépressible de se fondre en l'autre avec ce sentiment d'urgence. Aucune n'avait eu le désir de goûter à ses lèvres et de les faire siennes.

Doucement, délicatement, comme à l'accoutumée, Taehyung déposa sa main sur la joue vermeille de Jungkook, le regard encore brillant de ses larmes passées.

-Pitié, dis quelque chose.

Se reconnectant à la réalité, Jungkook déglutit, comme s'il avait la sensation d'avoir la gorge sèche.

-Ma mère était amie avec Kim Mee-yon...

Il avait froncé les sourcils en chuchotant cette phrase, comme s'il peinait à y croire. Taehyung souffla doucement. Sa mère comme lui avaient tendance à être vu comme des divinités. Les gens les adulaient, oubliant parfois qu'ils étaient eux aussi de simples mortels. Et comme chaque être humain sur cette terre, eux aussi avaient combattu des démons cachés.

-Tu te trompes, ce n'est pas ça.

Taehyung bougea légèrement et Jungkook se plaça plus confortablement sur les cuisses du plus âgé, comme si cette position n'avait finalement plus rien de gênant ou d'ambiguë pour lui. Comme une évidence.

-Ce n'est pas ta mère qui était amie avec Kim Ha-neul. C'était la mienne qui a rencontré une déesse.

Taehyung pensait chacune de ses paroles.

La vérité était que Mee-yon n'avait jamais été heureuse. Jamais Taehyung n'avait vu un véritable sourire sur le visage de sa mère avant qu'Ha-neul ne vienne dans sa vie.

Cette violoniste modeste, à l'aura chaleureuse, avait renversé son monde et l'avait embelli.

Taehyung décida qu'il était essentiel que le plus jeune connaisse une bribe de son passé pour qu'il comprenne le bouleversement qu'avait été la mère du brun dans leur vie.

-Mee-yon...murmura doucement Taehyung. Mee-yon semblait survivre dans ce monde. La seule chose qui la retenait en vie était son violon.

Jungkook dévisagea le plus âgé, buvant ses paroles avec attention.

-Je n'ai jamais su la rendre heureuse, Jungkook. Je n'étais pas capable de cela alors que j'étais son propre fils, son regard se perdit par-dessus l'épaule du plus jeune et il ricana légèrement. Je n'étais pas voulu. J'étais une erreur de parcours. Mais malgré ça, je savais que Mee-yon m'aimait. Seulement, son amour était limité. Elle était incapable de donner plus. Je n'ai pas été malheureux, loin de là. J'avais une bonne relation avec elle, mais jamais « maman » ne sortit de ma bouche. Jamais elle ne me prit dans ses bras.

Seul Hoseok savait cela.

Taehyung avait compris dès son plus jeune âge qu'il était vain d'attendre un quelconque signe d'affection maternelle de la part de celle qui l'avait mis au monde. Et il avait fait avec.

Mee-yon et Taehyung entretenaient une relation qui se rapprochait plus de l'amitié ou d'un profond respect mutuel que celle d'une relation mère et fils.

Mais en voyant Taehyung aujourd'hui, il était aisé de savoir qu'il avait malgré tout reçu une très bonne éducation. Mee-yon avait mis un point d'honneur à soutenir Taehyung dans tous les choix qu'il faisait dans sa vie, le supportant discrètement dans l'ombre.

Même sans l'amour maternel, Taehyung n'avait pas ressenti ce manque.

Et il avait profondément aimé cette femme.

Alors, à vingt-huit ans, le chef d'orchestre ressentait toutes les formes d'amour possibles, toutes les émotions. Il les donnait et les recevait, comme un homme normal.

-Mais ta mère, Jungkook. Elle est apparue un beau jour et a changé son monde, le temps du dernier acte de son existence.

Taehyung avait le coeur serré et la gorge nouée par l'émotion. Jungkook, en voyant que le maestro était à deux doigts de se briser comme un fragile morceau d'argile, posa ses mains sur son visage, prêt à recueillir la moindre larme de ces yeux qu'il aimait tant.

-Tu as le même regard qu'elle, tu sais ? Les mêmes yeux brillants et immenses, comme si vous aviez aspiré la voie lactée.

Le bouclé sourit tristement.

Jungkook l'admirait, mais il ne savait pas que Taehyung admirait à la fois sa mère et lui. Il lui semblait que les vraies divinités étaient ces deux personnes, simple d'apparence, mais qui étaient pourtant dotées d'une magie aussi pure que renversante.

-Lorsque j'ai vu ta mère pour la première fois, je devais avoir treize ans. Elle était époustouflante. Si belle, si drôle, si étincelante. Elle est venue chez nous et, pour la première fois, ma mère avait sourit.

Taehyung s'était figé à ce moment-là. Lorsqu'il avait vu les deux femmes discuter et que sa mère avait esquissé un sourire, il avait eu l'impression que le temps s'était arrêté.

Mee-yon avait gagné en éclats. Durant quatre années, son regard s'était fait plus chaleureux, la glace ayant finalement fondu.

Ha-neul avait bousculé quelque chose chez sa mère, révélant un côté intrépide que Taehyung n'avait jamais vu auparavant.

-Mais Ha-neul a disparue.

Le visage de Jungkook se tordit de douleur. Mais ils allaient tous les deux revivre ce moment qui les avait bouleversés à jamais. Sans se connaître, la mort d'une seule et même personne qu'ils avaient tous les deux affectionnée avait dévasté leur vie.

Parce qu'on ne chasse pas la tristesse, et encore moins les brèches invisibles qui se creusent au fond du coeur, on ne chasse pas la résonance ni les souvenirs qui se réveille quand la nuit tombe ou au petit matin, on n'efface pas l'échos des cris et encore moins celui du silence.

On apprend à vivre avec.

-Tu sais, elles étaient encore si jeunes que j'ai l'impression qu'elles sont en quelque sorte immortelles, chuchota Taehyung. Elles étaient si belles, mais comme les fleurs ou les papillons, elles étaient aussi éphémères.

Jungkook n'avait jamais imaginé ça comme cela.

-Peut-être qu'elles avaient une telle capacité à ébranler le monde qu'il était impossible qu'il en soit autrement. Ce sont toujours les plus belles choses, les plus remarquables, les plus touchantes, qui se brisent en premier.

Le violoniste avait la sensation de ne s'être jamais senti aussi proche de quelqu'un en ce moment même. Mais ça ne lui suffisait pas. La respiration chaotique, Jungkook cogna doucement son front contre celui de Taehyung. Les boucles du chef d'orchestre chatouillaient le haut de ses pommettes et leurs cils étaient à deux doigts de s'embrasser.

-Mee-yon est morte un an après, murmura difficilement Taehyung. Elle avait toujours eu la sensation que son monde n'avait pas de sens. Mais Ha-neul lui en avait donné un et pourtant, elle lui a été brusquement arrachée.

À la perte de son amie, l'état de Mee-yon s'était détérioré. Pire qu'auparavant. Plus ce calme olympien et ce visage fermé qui la caractérisait tant autrefois, mais juste un regard vide et l'impression qu'elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Après la mort d'Ha-neul, plus jamais elle ne se produisit sur scène à nouveau et son Stradivarius, ce fidèle instrument qui était une partie de son âme, finit par prendre la poussière.

-Elle a décidé qu'elle ne voulait plus vivre, conclut Taehyung.

Tout simplement

Un an après, Mee-yon s'était ôté la vie.

Et aussi étrange que cela puisse paraître, même si cet acte bouleversa le pays, Taehyung fut le seul à ne pas en être étonné.

Alors que les grands noms de la musique la pleuraient, Taehyung s'était fait la réflexion qu'elle avait peut-être rejoint son amie et que, là où elle était, il y avait une chance pour que sa mère soit enfin heureuse.

Mais très vite, la véritable couleur des gens s'était manifestée. Ils s'étaient rués sur le garçon de dix-huit ans, héritier légitime du Stradivarius de sa mère, comme des rapaces. Les collectionneurs l'avaient harcelé à un tel point que Taehyung avait eu l'impression de devenir fou.

L'idée d'enterrer cet instrument avec Mee-yon lui avait bien évidemment traversé l'esprit, mais c'était sans compter sur la pourriture qu'était l'être humain. Taehyung avait dû se faire à l'évidence que s'il choisissait cette option, la tombe de sa mère serait sans aucun doute pillée.

Alors le Stradivarius reposait désormais dans un endroit connu que de lui, s'étant fait la promesse qu'il resterait à sa place jusqu'à ce qu'il meure à son tour.

Après l'enterrement, Chul-soon, son oncle, l'avait pris sous son aile et quelques années plus tard, Taehyung avait dirigé pour la première fois son orchestre aux yeux du monde.

Tous avaient été curieux de voir le fils de cette musicienne reconnue à l'oeuvre.

Ça avait été sensationnel.

Parce que Mee-yon chérissait tant Puccini et que c'était Turandot qui avait été à l'honneur pour sa première fois.

Cet opéra en trois actes crée en 1926 racontait l'histoire de Turandot, une princesse imaginaire de la Chine médiévale, aussi belle que cruelle. Sa beauté attire à Pékin une foule de prétendants à qui elle réserve une mortelle épreuve consistant à répondre correctement à trois énigmes ou à payer le prix de leur désir par la décapitation. Arrive alors en ville le Prince Calaf, inconnu de tous et de la princesse elle-même. Par le plus beau des hasards, il retrouve son père Timur, ancien roi de Tartarie condamné à l'exil et devenu aveugle, accompagné de sa jeune guide Liú, secrètement amoureuse du Prince. Alors que celui-ci commence à dénoncer la barbarie de la princesse Turandot, il lui succombe, envoûté par son charme ensorcelant.

Ignorant les supplications de son père et de Liú et n'écoutant que son cœur, le Prince inconnu se précipite donc vers l'abîme. Seulement voilà, servi par sa passion et son esprit, il triomphe là où tant d'hommes enamourés avaient échoué et remporte l'épreuve des énigmes. Il touche donc du doigt l'espoir d'épouser la princesse mais, pour son malheur, la belle ne veut pas de lui et refuse le mariage. N'y tenant plus, le prince lui propose alors un nouveau défi : il mourra pour ses beaux yeux si elle réussit à trouver son nom avant l'aube.

Résolue à ne pas l'épouser, la froide princesse Turandot est prête à toutes les manœuvres, même les plus sadiques pour arriver à ses fins. Elle n'hésite donc pas à torturer la pauvre et innocente Liú pour obtenir le nom du mystérieux étranger. Or la malheureuse jeune femme, aimant le prince plus que sa propre vie, préfère se donner la mort plutôt que de trahir son bien-aimé. Mais ce suicide aura été vain puisque le prince Calaf, dans un dernier élan d'amour, décide de révéler son nom et donc de mettre sa vie entre les mains de la princesse Turandot. Finalement, celle-ci épargne le prince qui a su faire fondre son cœur de glace et proclame au peuple que : « son nom est Amour ! ».

Liú, la jeune esclave qui incarne justement l'amour jusqu'au sacrifice suprême, condense toutes les caractéristiques de ces touchantes héroïnes dont la fragilité et la candeur signent la perte inéluctable. Elle forme un contraste saisissant avec la froide et inflexible Turandot, murée dans sa frigidité névrotique.

Ironie du sort, la poignante mort de Liú, qui est une des premières pages achevées par Puccini, sera aussi la dernière.

Parce que la mort, finalement, est plus forte que l'art.

Turandot est l'une de ses œuvres qui s'inscrit dans la légende des ouvrages testamentaires.

Et Taehyung avait fait vibrer les gens sans que ceux-ci ne se doutent une seule seconde que cette première représentation, le chef d'orchestre l'avait dédiée à sa mère.

Le premier et dernier hommage à sa gloire passée.

Le bouclé n'avait jamais pensé, ne serait-ce que l'espace d'une seconde, qu'Ha-neul puisse être la cause du suicide de Mee-yon.

Elle en avait été l'élément déclencheur, mais en connaissant sa génitrice, Taehyung savait que ce moment aurait finit par arriver tôt ou tard.

La seule chose qu'avait faite la modeste violoniste, c'était de donner un souffle de vie éphémère à sa mère.

Et il la remercierait toute sa vie pour ça.

Et en voyant son fils, face à lui, Taehyung crut que son coeur allait exploser.

Ce joli garçon qui était assis sur ses cuisses tenait inconsciemment son organe vital dans le creux de sa main et avait la possibilité de faire ce que bon lui semblait avec.

Le bouclé serra plus fortement la taille de Jungkook de ses doigts, faufilant même ses mains sous son pull pour avoir encore une fois la sensation de toucher de la soie.

-Jungkook, il n'y a que toi qui peut définir ce que Romance représente pour toi. Tu peux changer ta manière de le voir, nous le savons très bien tous les deux.

Le message que voulait faire passer Taehyung était bien arrivé jusqu'à l'esprit du brun.

Il ne dépendait que de lui de choisir sa version de Romance.

De choisir ce qui représenterait ce deuxième mouvement.

L'heure était venue qu'il se l'approprie.

Les deux hommes se dévisagèrent, le regard ancré dans celui de l'autre tellement longuement que Jungkook eut l'impression qu'il avait fusionné avec la vision du bouclé. Il ne savait plus s'il voyait ce regard sombre ou lui-même.

-Il y a deux manières de vivre. C'est aussi simple qu'un parc d'attractions.

À chaque parole, le souffle chaud du chef d'orchestre se répercutait sur les lèvres humides de Jungkook, comme une légère brise.

Taehyung s'apprêtait à prononcer les paroles qui avaient la capacité de bouger le monde du plus jeune.

Tout dépendrait de sa réaction.

Une simple question, un choix à prendre.

-Certains misent sur la sécurité du carrousel, d'autres veulent l'adrénaline des montagnes russes. Que choisis-tu, Jungkook ?

Ce qui voulait dire : « Es-tu prêt à franchir le pas, à oser ? Ou ne cesseras-tu jamais de te complaire dans cette situation qui t'échappe et t'asservis ? »

La respiration du plus jeune se coupa quelques instants avant que son coeur ne se remette à battre à une allure folle. La question fusait dans sa tête et face à lui, le chef d'orchestre le dévisageait en attendant patiemment sa réponse.

Romance.

Qu'était Romance pour lui ?

Qu'est-ce qu'il pouvait devenir ?

Qu'est-ce qui pouvait tout bouleverser ?

Tout était si clair et pourtant si confus.

La réponse lui semblait aussi évidente qu'elle lui paraissait impensable.

Et Taehyung le scrutait, encore et encore de ce regard.

Ce regard qui lui hurlait pourtant qu'il avait la bonne réponse.

Il l'avait et celle-ci le narguait comme si elle dansait sans honte devant ses yeux.

Jungkook baissa le regard et son ventre se retourna de même que son coeur.

Ce qu'il voyait était légèrement rose et n'attendait que lui.

Se languissait de sa jumelle.

Sa vision ne semblait plus qu'être un kaléidoscope aveuglant de couleurs vives, ses pensées, un capharnaüm sans nom et tout son être lui chantait d'agir sans qu'il ne puisse pourtant être capable de bouger le moindre de ses membres, comme si ses muscles étaient engourdis.

Mais Taehyung était là, face à lui, et Jungkook repensa à une autre question qu'il lui avait posée.

Croyait-il au destin ?

Après ce que le bouclé lui avait raconté, aucune réponse ne lui avait jamais paru aussi claire qu'à ce moment précis.

Elle était aussi limpide que de l'eau de roche et en y réfléchissant juste un instant de plus, Jungkook eut la réponse à la deuxième question.

Parce qu'il n'était plus l'heure d'hésiter, de se torturer ou d'avoir peur.

Mais qu'il était enfin venue le moment pour lui d'hurler à la vie.

Alors Jungkook n'hésita plus.

La bonne réponse, c'était bien celle-ci.

C'était ce geste, cette action qui fit trembler le monde.

C'était finalement l'adrénaline des montagnes russes.

Le violoniste avait écrasé ses lèvres avec hâte sur celles de Taehyung qui avait tant attendu ce moment qu'il laissa échapper un gémissement de bien-être. Ses ongles s'étaient plantés dans sa peau, leurs lippes s'étaient rencontrés et ils avaient enfin la sensation d'être pleinement complet. La frustration de Taehyung avait disparue et le bonheur avait enfin renoué contact avec Jungkook.

Après tant d'années.

C'était hésitant, maladroit, mais si beau, si dévastateur que le plus jeune laissa une larme couler le long de sa joue. Plusieurs suivirent très vite, venant se mélanger à la douceur de leurs lèvres, donnant à leur baiser ce goût salé mais pourtant si unique.

Jungkook n'aurait pas imaginé un seul instant que la réponse puisse être aussi délectable, mais c'était le cas. Les mains de Taehyung sur sa peau et ses lèvres expertes qui guidaient les siennes le propulsèrent dans un monde de douceur, d'amour et de promesses silencieuses.

Tout irait bien, maintenant.

C'était ce que sa conscience lui chuchotait.

Taehyung nageait sur un nuage. Les lèvres de Jungkook étaient aussi douces que la parcelle de peau qu'il avait sous les doigts. Aussi lisse qu'une pétale de rose et aussi agréable que du coton. Et comme s'il goûtait au fruit défendu, il en désira plus. D'un mouvement maîtrisé il allongea Jungkook sur le canapé avant de le surplomber, le regard assombri.

Il prit quelque temps pour détailler le visage de son étoile, s'arrêtant sur son regard brillant, ses joues humides et ses lèvres qui l'appelaient irrémédiablement.

Alors qu'il était pris dans sa contemplation, étant certain qu'il avait face à lui l'une des plus belles créatures façonnées par Dieu, Jungkook tendit sa main et caressa doucement sa joue.

Parce qu'il croyait rêver et avait du mal à se rendre compte que cet adonis l'embrassait. Qu'il partageait un geste aussi puissant avec le maestro. Il avait l'impression que c'était trop beau.

Mais Taehyung lui fit comprendre que c'était bien la réalité. Doucement, le bouclé prit le poignet du plus jeune et le serra de sa main avant d'embrasser la paume de son étoile avec ses lèvres, caressant au passage délicatement son poignet de l'arête de son nez.

Et ce fut Jungkook qui creva littéralement d'envie.

Il croisa ses bras derrière la nuque de Taehyung et l'attira à lui dans un baiser bien plus profond, bien plus intense que le précédent mais tout aussi amoureux.

Leurs langues se découvraient pour la première fois et si le plus jeune avait tant hésité à ouvrir la bouche, n'ayant jamais fait ça auparavant, il se laissa vite porter par la fougue de Taehyung. C'était comme s'il se faisait porter par un courant violent, déchaîné, impétueux. Il était incapable d'aller à son encontre, seulement apte à se laisser porter.

Et la lune les éclairait tous les deux, cette fois-ci. Malgré les rayons froids qu'elle projetait dans la pièce, l'atmosphère autour d'eux était pleine de chaleur.

Taehyung aurait pu l'embrasser encore et encore, jusqu'à ce que ses lèvres ne se gercent et que sa langue se paralyse. Mais il y avait une fin pour tout et ce n'était que le commencement.

Avec un dernier baiser sur les lèvres rougies de son petit protégé et un plus doux sur son front, Taehyung se releva légèrement.

Face à lui, les joues de Jungkook étaient devenues ce champ de coquelicots qu'il aimait tant. Ses yeux étaient hagards, comme s'il venait d'être réveillé d'un doux rêve. Et c'était exactement le cas. Sa respiration était hachée, plus que celle de Taehyung, et le chef d'orchestre lui laissa alors un peu de temps pour reprendre ses esprits.

Le maestro, ses deux bras emprisonnant chaque côté du buste de Jungkook et ses boucles sombres caressant ses yeux noirs rendaient Jungkook tout timide. Une fois sa respiration calmée et assimilant tout ce qu'il venait de se passer, il ne pouvait que remarquer le chef d'orchestre qui se trouvait au-dessus de lui avec toute sa prestance et son charisme. Le petit violoniste avait la sensation que Taehyung l'aurait mangé tout cru s'il avait pu.

Timidement, il joua avec les pans de son pull et offrit un regard hésitant à Taehyung avec ses grands yeux de biches.

Le chef d'orchestre, attendri, sourit somptueusement face à ce tableau.

Parce que, désormais, Jungkook n'aurait plus jamais peur d'affronter le monde. Le temps de ses douleurs était désormais révolu. Et parce qu'à partir de ce moment précis, Taehyung lui appartenait, le petit violoniste n'aurait plus à craindre ses démons de nouveau.

Parce qu'avec ce baiser, certains s'étaient embrasés. Parce qu'avec l'ultime conviction que tout irait mieux, d'autres avaient pâli.

Et parce qu'il serait désormais capable de surpasser ce deuxième mouvement, le reste avait tremblé.

Il est important de laisser certaines choses disparaître.

De s'en défaire. De s'en libérer.

Il n'était pas le premier à avoir perdu la lumière et la vie à la fois.

Quels qu'aient été les malheurs, tout s'apaise. Retourner au bonheur d'autrefois est impossible. On espère, mais cette illusion demeure une idée, une chimère, un mensonge, la nostalgie, une impasse. Rien n'est ni ne reviendra comme avant.

Alors le temps de clore un cycle était venu.

Celui de cessez de survivre, mais de réapprendre à vivre.

-Maintenant tu l'as, Romance.

Jamais Taehyung n'eut le temps de remercier Ha-neul pour ce qu'elle avait accomplie, mais le destin avait fait en sorte qu'il trouve inconsciemment le moyen de le faire ce soir-là, dans cette bouche de métro. Il lui avait finalement rendu la pareille en colorant la vie de son fils à son tour.

Parce que cette histoire, c'était une ode aux rencontres qui sauvent. Celles qui nous font passer des ténèbres à la lumière.

Et cette nuit-là, alors qu'ils avaient uni leurs cœurs pour la première fois, deux étoiles brillèrent plus distinctement dans la voûte céleste.

Mais ni le violoniste, ni le chef d'orchestre le remarquèrent.

Car y avaient celles qui brillaient dans leurs yeux et qu'ils ne contemplaient que ça.

Jungkook émergea doucement, papillonnant des yeux, les vestiges de ses songes devenant alors poussière. Se reconnectant à la réalité, son rêve s'était embrasé et le petit violoniste constata une fois de plus qu'il était dans l'incapacité de se remémorer ce qui l'avait transporté durant la nuit.

Comme beaucoup d'entre nous, finalement. Les mondes imaginaires finissent par devenir flous, comme si nous ne méritions pas de nous en souvenir. Ne reste alors que l'effleurement d'un bonheur mort trop brusquement, comme la fin d'une vie sur terre, et les bribes incohérentes qui cogitent dans notre tête, sans que nous comprenions leurs sens ni leurs valeurs.

Mais cela avait-il une importance lorsque la première chose que ses mirettes voyaient était le visage endormi et apaisé du chef d'orchestre ?

Ses boucles sombres éparpillées autour de son visage, sa respiration lente et ses yeux clos charmèrent Jungkook qui se contenta de l'observer longuement. Collés, leurs torses se touchant, leurs pieds s'emmêlant et leurs cœurs résolument liés, le plus jeune se demanda si son rêve en avait vraiment valu la peine face à ce tableau. Taehyung avait passé un bras autour de la taille du brun dont la prise avait sûrement dû être serrée au début de la nuit avant de finir pas pendre paresseusement.

Le chef d'orchestre enveloppait le plus jeune comme s'il volait le protéger ou fusionner avec. Car rien en ce bas monde ne serait jamais trop ou peu lorsqu'il serait question de lui.

Doucement, Jungkook se redressa à l'aide de son coude et observa Taehyung. Ses yeux s'imprégnaient de ses traits comme s'il était face à une oeuvre d'art. C'était renversant.

Mais il se fit la réflexion que cette oeuvre d'art, il pouvait la toucher. Elle n'était pas enfermée dans un musée, prisonnière d'une cage de verre ou d'un cordon de velours rouge. Elle était là, à portée de mains. Et peut-être est-ce précisément parce que Taehyung paraissait aussi accessible, qu'il ne possédait aucune barrière physique le protégeant des yeux admiratifs et des mains envieuses, qu'il était finalement intouchable. Une oeuvre d'art comme celle-là, bien vivante, faisait prendre conscience que même en étant proche d'elle, on ne pouvait jamais totalement se l'approprier.

Doucement, Jungkook avança sa main et dégagea son front de quelques mèches folles avant de faire courir son index tout autour de son visage dans une caresse légère et enivrante. Il cajolait la peau de cet être extraordinaire qu'il aimait tant.

Se remémorant la soirée de la veille, Jungkook prit conscience que si sa mère avait bouleversé la vie de Mee-yon, Taehyung, lui, était semblable à un puissant zéphyr dans la sienne.

En dormant de manière aussi paisible, se rendait-il seulement compte d'à quel point il avait embelli son monde en si peu de temps ? Comment un être humain pouvait-il être capable d'une telle chose ? De le faire passer des ténèbres à la lumière comme s'il s'agissait d'une évidence.

Jungkook remarqua très vite qu'il ne ressentait plus cette douleur omniprésente qui comprimait sa cage thoracique habituellement. Là il n'y avait que de l'excitation, de la joie, de l'amour et de l'appréhension.

De l'appréhension.

Il savait très bien d'où venait cette appréhension.

Après la pluie il y avait le soleil, mais entre les deux il y avait les nuages. Ceux-là même qui s'étaient éclaircis durant la nuit. Comme il y a la naissance, puis la mort, mais a leurs côtés il y a aussi la vie, celle qu'il faut chérir.

Jungkook se pencha sur Taehyung et, doucement, posa ses lèvres sur son front dans un baiser timide. Parce que celui-ci était endormi et qu'il en avait ressenti le besoin urgent alors même que son coeur était à deux doigts d'éclater.

Lentement et minutieusement, le plus jeune se sépara de la prise de Taehyung avant de se relever. Au bord du lit, il se tourna légèrement en direction du chef d'orchestre qui dormait toujours aussi paisiblement. Il ne pensait pas vivre un jour un de ces moments simples, anodins, mais pourtant si précieux. Celui de se réveiller aux côtés de la personne que l'on rencontrait au milieu de notre chemin et qui partagerait le reste de notre destinée.

Ça existait réellement, alors.

Il était encore tôt lorsque Jungkook descendit les escaliers menant au salon. La dernière fois qu'il y avait été, les éclats de la lune l'éclairaient, mais là, l'aurore épousait les murs, les contours de chaque meuble d'une lumière chaude et timide.

Il posa un regard incertain sur l'étui de son violon, toujours posé près de la porte d'entrée. Il ne saurait l'expliquer, mais en se réveillant, il avait eu l'irrépressible envie de retrouver Miyu et de finalement aimer Romance.

Parce que oui, après la pluie vient finalement le beau temps.

L'heure de fusionner avec Romance était venue.

Alors, avec la détermination ébranlant son coeur, l'émotion chantant dans son âme et l'espoir guidant ses doigts, Jungkook se munit de sa meilleure amie.

Avant de commencer, il l'observa longuement. Ce violon, c'était quand même quelque chose. C'était un rassemblement des fils du destin étroitement liés. C'était autant de bonheur que de douleur. C'était tellement plus qu'un simple instrument, c'était comme une partie de son âme.

Il prit une profonde inspiration, apaisé, avant de faire résonner les premières notes de Romance. Et c'était si beau, si pur, que la lumière du jour brilla un peu plus, comme si le soleil était pressé d'assister à cela. D'assister à sa renaissance. Car la lune avait emporté son malheur mais que l'astre du jour, elle, apportait toutes les promesses d'un avenir radieux.

Romance ne sonnerait plus jamais comme auparavant. À partir de maintenant ce serait ça, le deuxième mouvement : une déferlante d'émotions aussi satinées que puissantes.

Et Taehyung l'avait entendu.

Le chef d'orchestre était sûr qu'il n'avait jamais eu un plus beau réveil auparavant que celui-ci. Sa gorge se noua sous l'émotion et la surprise. Parce que ce morceau avait tant hanté le violoniste mais que, désormais, il le jouait d'une façon si bouleversante que ça le laissa stupéfait.

Le rejoignant à son tour, Taehyung ne put que remarquer la douce lumière orangée qui baignait le violoniste d'une aura enchanteresse. Romance s'était métamorphosé, de même que son petit protégé. Attendri, heureux et profondément amoureux, Taehyung s'accouda contre le mur face à son étoile et l'admira. Parce qu'il n'y avait que ça à faire et qu'il était impossible qu'il en soit autrement tant son magnétisme fût intense. Alors que le brun avait les yeux fermés, faisant vivre Romance, Taehyung l'observa sagement, le regard aussi brillant que semblait l'être le plus jeune. Parce qu'il était éclatant.

Jungkook avait finalement trouvé Romance. Parce que le passé doit rester le passé, il avait cessé de l'affiliée à cet événement qui l'avait brisé, réduit en petits morceaux. Son propre Romance c'était le chemin qu'il avait parcouru depuis sa rencontre avec Taehyung. Romance c'était Jimin, Seokjin et Yoongi. C'était l'orchestre. C'était le quotidien qu'il avait eu jusqu'ici. Mais plus important encore, Romance c'était Taehyung.

C'était eux.

C'était devenu un « nous ».

Parce que sa mère était un fantôme du passé, son père un mirage du futur, mais que Taehyung, lui, était le halo du présent.

Et qu'il s'y accrochait désespérément.

C'était le point d'ancrage qui l'avait fait remonter à la surface d'une eau brumeuse qui l'avait étouffé et noyé durant de si nombreuses années.

Il en avait eu, de la chance.

Il y a des êtres qui se rencontrent, d'autres qui se ratent. Certains qui se trouvent et se perdent. Quelques-uns qui ne parviennent jamais à se détacher entièrement de ce qu'ils ont vécu, et surtout de la douleur qu'ils s'infligent à eux-mêmes.

Ce n'était pas son cas.

Il savait que sa rencontre avec Taehyung était rarissime. Un de ces rencontres qui émeuvent. Celles qui transforment et tracent une frontière sur le temps pour qu'il y ait un avant et un après. Qui aurait pu croire que la vie était aussi changeante. Comme il suffit de peu pour nous perdre ou nous sauver.

Il ne voulait désormais collectionner que les moments de bonheur.

Taehyung, lui, le voyait. Il l'entendait aussi. Et dans quelques semaines, ce seraient les autres qui le découvriraient exactement de la même façon qu'il le voyait en ce doux matin. Le chef d'orchestre voulait montrer aux yeux du monde à quel point Jeon Jungkook était merveilleux, incroyable, scandaleusement beau. Il voulait le montrer à l'univers, le temps d'un éclair, puis l'enfermer avec lui, seul, et l'admirer pour l'éternité.

Cette pensée le déstabilisa le temps d'un battement de cils. Et durant ce battement de cils, Romance mourut de même que la lueur du jour avait atteint son apogée. Son visage n'était plus baigné d'une lueur orangée, mais d'une lumière claire et translucide qui caressait sa peau comme s'il captait tous les rayons du soleil.

Et Taehyung se figea.

Parce qu'il espérait vraiment que ce matin-là, ce rêve éveillé qu'il vivait, n'était pas spécial, exceptionnel ou exclusif, mais que ça deviendrait une habitude. Que d'autres matins viendraient après celui-ci. Qu'il y en aurait tant, qu'un jour, il en oublierait le nombre tout en étant sûr que l'effet resterait le même.

Pour ce simple sourire.

Cette courbure, ce craquèlement de peau, cette action qui avait figé le temps mais aussi le coeur du chef d'orchestre. C'était éblouissant. Parce que Jungkook avait interprété Romance merveilleusement et que la première chose qu'il avait vu en ouvrant les yeux était Taehyung, il avait simplement souri, infiniment heureux. Peut-être qu'il ne s'en rendait pas compte, mais le bouclé ne voyait que ça, lui.

-Taehyung, j'ai réussi, s'exclama joyeusement le plus jeune.

Le coeur de Taehyung avait cessé de battre pour finalement reprendre une course effrénée. Jungkook, face à lui et violon en main, était aussi guilleret qu'un enfant. Toute l'innocence et la candeur criaient sur les traits de son visage et le chef d'orchestre n'avait jamais vu cela sur son étoile.

Jungkook, remarquant que son homologue ne réagissait pas, perdit son sourire et fronça les sourcils, inquiet. C'était comme si le plus âgé s'était perdu dans un monde inaccessible.

Mais le maestro reprit bien vite ses esprits en voyant que le sourire du plus jeune s'était évaporé. Ça l'affola. Il s'avança brusquement dans sa direction d'un pas rapide avant deux prendre ses deux joues de soie dans ses mains, l'obligeant à le regarder.

-Encore. Je veux le revoir, chuchota-t-il.

Jungkook ne comprit pas au début. Il dévisageait Taehyung dont le regard était peint de mille émotions tempétueuses. Il ne comprenait pas la supplique de sa voix, ses yeux un peu plus grands, comme s'il goûtait l'extraordinaire pour la première fois alors qu'il était pourtant lui-même un être mirifique.

Alors Taehyung vint cueillir ses lèvres furtivement.

Une fois.

Deux fois.

Trois fois.

Tant de fois.

Il l'assaillait de baisers papillon, éphémères, et Jungkook, bien que surpris, fini par rigoler. Il gloussait adorablement et Taehyung se stoppa dans son action, juste le temps de vivre pleinement ce moment en le gravant dans sa rétine. C'était un rire clair et cristallin, et là aussi, Taehyung le voyait et l'entendait pour la première fois.

Alors, charmé, il déposa ses lèvres un peu partout sur son visage. Sur ses deux joues rondes à la couleur des cerises, sur son front dans un baiser affectueux, sur le bout de son nez et sur ses paupières qui se fermèrent automatiquement au passage de ses lèvres veloutées. Partout sur son visage. Mais partout ce n'était pas assez vaste. Il désirait plus tout en sachant que c'était déraisonnable. Alors il se contentait de sa bouille et pour aujourd'hui, ça lui convenait.

Et Jungkook gloussait et riait sous cet assaut délicieux.

S'arrêtant doucement, dans un dernier baiser, Taehyung lui sourit à son tour et colla son front contre le sien.

-C'est ça que je voulais voir. Sais-tu combien de temps je l'ai attendu ?

Tout en chuchotant ses paroles, Taehyung caressait doucement la bouche du plus jeune de son pouce, retraçant ses courbes. Les lèvres de Jungkook se fermèrent en un sourire timide et il baissa légèrement le regard, gêné.

-Ça faisait longtemps...

-Je sais, le coupa Taehyung. Comment l'univers a-t-il pu continuer d'être ce qu'il est tout en étant privé d'une de ses plus belles lumières ?

Jungkook releva vivement le regard et dévisagea le bouclé, surpris. Il n'arrivait pas à croire que le chef d'orchestre ait pu sortir une chose pareille. En voyant le sourire grandissant de Taehyung, il comprit que celui-ci se rendait sûrement compte d'à quel point ses paroles mielleuses étaient embarrassantes. Le violoniste lui frappa l'épaule et se dégagea de sa prise.

-Franchement, comment tu peux dire ça ?

Taehyung explosa de rire avant d'attraper son poignet et de le ramener vers lui. Une main posée sur sa joue et l'autre sur sa taille, il frotta affectueusement son nez contre le sien.

-Et si je te disais que ton sourire était la lumière de mon univers ?

Jungkook détourna le regard et grommela des paroles inaudibles, contestant comme quoi c'était ridicule et mièvre au possible.

Mais il était heureux.

Ils étaient heureux.

Et alors que Taehyung berçait doucement le plus jeune dans ses bras, sa joue collée sur le haut de sa tête, là où ses jolis cheveux caressaient sa peau, il se souvint d'une chose.

-Tu as redonné un souffle de vie à Romance, tu sais ?

Jungkook était fin prêt pour le concerto maintenant, Taehyung n'avait aucun doute là-dessus.

-Nous lui avons redonné un souffle de vie, murmura maladroitement Jungkook.

Il n'aurait jamais pu y arriver sans le bouclé. Celui-ci avait réussi à trouver la clé de cette porte lourdement cadenassée, presque imprenable. La clé faite d'espoir, de rêves, de promesses et d'amour, qui avaient fait succomber ses démons, irradiant son être de clarté.

Taehyung, attendri, baissa légèrement la tête pour enfouir son nez dans le cou de son étoile, respirant son odeur aux effluves nostalgiques du printemps, là où le monde semblait léger et doux et que l'impossible paraissait possible le temps d'une brise.

-Je crois que je suis complètement dingue de toi. Ça te paraît fou ?

Jungkook se figea, les joues rougies. Son coeur semblait vouloir sortir de sa cage thoracique pour chanter une sérénade au bouclé. Il réfléchit alors l'espace d'un instant, un moment fugace, parce qu'il n'y avait pas grande réflexion à avoir lorsque tout était évident.

-Est-ce que moi j'ai l'air fou ? chuchota doucement le brun.

Taehyung écarquilla les yeux à ses paroles.

Et ce matin des premières fois, il l'avait chéri comme si c'était la dernière chose qu'il lui aurait été donné de vivre avant son trépas.

Oui, s'il avait le choix, ce serait avec ce moment précis qu'il partirait.

Et de nombreuses années plus tard, le moment venu où le temps nous rattrape et finit par causer des dommages au-delà du physique, peut-être que ce serait finalement bien avec ce matin-là en mémoire qu'il s'en irait.

Mais comme évoqué, il y a la naissance.

La mort.

Et la vie entre les deux.

Un matin après l'autre. Un oubli après l'autre. Un mot sur le suivant. Ils vivraient. Avec le ciel et sans les dieux.

Tous les deux.

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