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Tu me donnes des idées.

— Maman, j'ai un ami qui va venir aujourd'hui.
— Ah oui ? Et qui est-ce ?

Je regarde vaguement ce que ma mère fait sur l'écran de son ordinateur. Ça m'ennuie, je l'avoue. Même pendant le week-end elle ne peut s'empêcher d'aller vérifier sa boîte mail professionnelle afin de s'avancer dans son travail pour le début de la semaine. Les avant-bras posés contre le dossier de sa chaise, mes yeux restent un moment dans le flou avant que ma bouche se décide à parler. Rose continue de taper sur les touches du clavier, le regard rivé sur ce dernier. 

— Il s'appelle Yanis, c'est un pote. Je lui ai dit de venir genre, hier.
— Tu as rangé ta chambre ? continue ma mère, ne s'opposant visiblement pas à l'idée.

Puis même si elle s'y opposait, j'aurai trouvé une autre méthode pour voir le bronzé. Non parce que depuis hier soir, je m'ennuie, j'en ai marre. La soirée chez mon ami Kévin était sympa, j'vais pas dire le contraire. Ça m'a fait plaisir de jouer aux jeux vidéos avec les deux, de regarder un film. Ça faisait longtemps qu'on s'était pas fait quelque chose à trois, c'est vrai. Mais à côté, il y avait ce petit être qui ne semblait pas vouloir quitter mon esprit, ma tête. Je soupire un peu avant de venir ébouriffer mes cheveux.

— Ouais... Mais c'est bon ?
— Bien sûr, Romain. Tu peux inviter qui tu veux tant que vous ne faîtes pas de bêtises.

Ce n'est pas mon genre de toute façon. Ma mère veut rajouter quelque chose, se retournant doucement vers moi tandis que je m'éloigne calmement vers le canapé du salon. 

— Et ta copine Vanessa ? C'est quand que tu l'invites... J'ai l'impression que ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vu...!

Je prends place sur le sofa, près de mon père qui a les yeux rivés sur un bouquin, le son de télévision est allumé en fond, l'écran diffusant un documentaire Arte que personne n'écoute. Vanessa... Ça fait longtemps que personne n'a dit son nom à haute voix. En vrai, j'hésite à leur raconter tout là maintenant ou attendre comme un con qu'ils le découvrent, afin de ne pas me prendre une rafale de question. Je sais déjà que ma mère Rose va me demander pourquoi, qu'est ce qu'il s'est passé, elle va vouloir connaître toutes les raisons de notre séparation si soudaine. Mais bon. 

— M'man, j'suis plus avec Vanessa.
— Pardon ?! Comment ça ?

Je me retiens de lever les yeux au ciel, mes doigts balançant doucement mon téléphone entre les paumes de mes mains. Je m'en doutais, de toute façon. Je n'ose même pas regarder l'unique femme de la maison, me contentant de fixer ce qu'il se passe vaguement devant moi. Un vieux historien nous expliquant l'histoire d'une vieille statue datant de je ne sais quelle année, de je ne sais quelle époque. Je comprends rien à ce qu'il déballe. Je sens bien évidemment le regard de mon père sur ma personne, ce dernier ayant stoppé la lecture de son livre.

— Il s'est passé quelque chose ? ose demander David.

Je ne sais même pas pourquoi je l'ai sorti comme ça, je savais pertinemment que j'allais regretter. Mais c'est plus fort que moi, je vais pas continuer à faire comme si de rien n'était. Hier, c'était déjà assez dur avec Kévin et Léo. Ils étaient persuadés que je parlais avec mon ex-copine alors que cette dernière est juste inactive sur tous les réseaux sociaux, vraiment, ça fait flipper. Elle s'est mise en fantôme sur Snapchat, j'arrive même pas à savoir quand son téléphone a capté sa dernière connexion. Ouais, j'ai vérifié car ça m'inquiétait un peu. Et puis, ce n'est pas parce que je ne suis plus avec cette fille que je n'ai pas le droit de savoir si elle va bien, oui ou non. Je sais pas, au minium une story, une publication... Juste quelque chose quoi.

— Rien, je souffle. On a décidé de se séparer tous les deux parce que ça n'allait plus vraiment. C'est tout...
— Non, non... ajoute ma mère qui s'est relevé pour marcher vers moi. C'est impossible ! Tout allait très bien entre vous, je ne comprends pas ! Et puis, c'est arrivé quand cette histoire ?
— On s'est séparé mardi. Mardi soir, je réponds normalement.
— Mardi ?! Mais ça fait 5 jours, tu nous le dis que maintenant ?

Je hausse doucement les épaules, j'avais pas vraiment envie d'en parler. Je me voyais mal dire à mes parents le soir-même « Eh au fait, j'suis plus avec ma copine, c'est fini ! » Non, j'sais pas moi. J'avais besoin de me vider l'esprit et essayer d'y penser de moins en moins. 

— Rose... Ça va, rétorque David, les yeux se posant sur sa femme. Je pense pas que tu aies besoin de rajouter une couche. 
— Mais, enfin...! Je veux essayer de comprendre pourquoi mon fils n'est plus avec sa petite-amie... Après son anniversaire en plus ! Après son cadeau !
— M'man, je suis plus avec Vanessa et c'est tout ! Il y a rien à comprendre, c'est comme ça. Maintenant, arrête... Punaise, j'en étais sûr que tu allais réagir comme ça.

Je passe mes doigts sur mon front, arrivant à entendre le lourd soupir de ma mère suite à ma phrase. Je me suis exclamé assez fort mais clairement, ça me saoule. Je comprends pas tous ces gens qui posent des questions suite à une rupture, genre, laissez-nous en paix. C'est même pas vos affaires, je sais pas. Je décide de me lever, contournant Rose qui me regarde toujours, son visage exprimant une incompréhension totale. Mon père, lui, s'est concentré à nouveau sur son livre. Je pense qu'il s'en fiche pas mal, en réalité. 

— Romain, mon chéri...
— J'ai compris, t'inquiète. Je monte dans ma chambre, Yanis doit bientôt arriver.

Une fois dans cette dernière, je me laisse tomber sur mon lit. Bulle, mon chat, dort tranquillement entre mes deux coussins. Je la regarde, elle a légèrement ouvert les yeux vu que j'me suis laissé tomber comme une baleine. Je ne peux m'empêcher de glisser mes doigts derrières ses oreilles, frottant doucement son crâne. Elle ronronne et je vois ses griffes se planter un peu plus contre les draps, elle apprécie. Malheureusement, une notification fait vibrer mon portable et je dois la lâcher quelques instants. Puis quand je vois ce prénom, finalement, je souris un peu.

Yanis, 13H39
Je suis dans le bus, j'arrive

Yanis, 13H39
Romain je stresse 😫

Il est grave. Ce matin, quand je suis rentré de chez Kévin, il n'a pas pu s'empêcher de me dire qu'il flippait de voir mes parents parce qu'il n'était jamais habitué à rencontrer ceux des autres. Puis malgré le fait de lui avoir dit que mes darons sont loin d'être des personnes qui font peur, il ne m'écoute quand même pas.

Romain, 13H40
Mdrrrrr

Romain, 13H40
Déjà tu peux arreter de stresser parce que je pense pas qu'on restera chez moi 😴

Yanis, 13H41
Ah oui ? Pourquoi

Romain, 13H41
Pcq j'ai pas envie qu'on nous fasse chier, déjà ma mère a réussi là 😴

Romain, 13H41
Jsais que c'est à cause de moi mais bon bref

Yanis, 13H41
Tu as fait quoi ?

Romain, 13H41
R

Romain, 13H41
J'ai juste dit que je n'étais plus avec Vanessa puis tsais j't'avais dit que mes parents l'aimaient bien, surtout ma mère

Romain, 13H42
Du coup elle est deg 😴

Yanis, 13H42
Ah oui

Yanis, 13H42
Elle s'en remettra

Romain, 13H42
Bon tu viens quand ? 👀

Romain, 13H42
J'allais te dire un truc mais...

Romain, 13H42
Ça sonnz trop bizarre

Yanis, 13H43
J'arrive j'ai encore 2 arrêts avant le tien

Yanis, 13H43
C'est quoi ?

Romain, 13H43
Je te dirai après

Romain, 13H43
En face

Romain, 13H43
À face 👀

Yanis, 13H44
..🙄

Je souris un peu, laissant par la suite tomber mon téléphone contre mon torse. Ma mauvaise humeur s'est dissipée en même pas 3 minutes. Puis le fait que Yanis vienne chez moi me fait plaisir, même si je sais pas ce qu'on va faire tous les deux une fois qu'il sera ici. J'ai déjà mon idée, mais bon... Je parie par contre que ma mère n'arrêtera pas de lui poser des questions à sa venue, que mon père lui adressera la parole une fois sur deux comme pour faire genre d'être intéressé par sa personne alors que pas vraiment. Ah, sérieusement. Je glisse mon doigt sur le nez de Bulle, réfléchissant à quelque part où nous pouvons aller mais j'ai vraiment aucun endroit en tête. Je sais pas... Je sais juste que j'ai envie de le voir et puis... J'ouvre notre discussion, souriant comme un con suite à mes derniers messages. Je l'ai gêné, je le connais un peu maintenant. J'espère qu'il comprend mes allusions mais Yanis n'est pas con, il sait très bien ce dont j'ai envie de lui. C'est fou, hein. Mais j'peux pas contrôler cette envie, genre, j'veux qu'il soit là.

Ma mère me crie de descendre après quelques minutes. Je me lève rapidement, dégageant mes écouteurs de mes oreilles. J'avais commencé à passer l'album Television des 99 Neighbors, un de mes préférés. J'arrive au rez-de-chaussée de chaussée et je le vois, depuis les escaliers, discuter avec Rose dans le hall d'entrée. Il est là, la capuche de son anorak orange sur la tête qu'il enlève tranquillement, dévoilant ses boucles naturelles. Un jogging assez large recouvre ses jambes, noir et basique. Il porte une sacoche, se cachant sûrement un paquet de clopes et son porte-feuille. Yanis affiche un air gêné en voyant ma génitrice aussi enjouée, cette dernière étant bien moins calme que la sienne, Myriam.

— Tu es Yanis, c'est ça ? Oh, tu peux poser ta veste ici, donnes la moi... Mon fils va bientôt descendre... Ah, bah le voilà !

Quand j'apparais dans son champ de vision, il pose enfin ses yeux dorés sur moi. Je lui souris un peu tandis qu'il enlève rapidement ses Converses sous nos deux regards, ça doit le stresser de se sentir autant observé. J'ai oublié de dire à ma famille qu'il est timide vu que ma mère m'a saoulé. Rose finit par me fixer moi et en se rappelant sûrement de la scène de tout à l'heure, me reluquant d'un air désolé. Je l'ignore un peu, en fait.

— Ah tu peux laisser là, j'ajoute en parlant de ses chaussures. Tu viens ?
— Hum, Romain...
— Bonjour ! lance mon père qui est apparu de je ne sais où, une paire de lunettes sur le devant de ses yeux.
— Bonjour...
— On est content de t'accueillir chez nous. Fais comme chez toi. Au fait, moi c'est David.
— Exactement ! Et je suis Rose, je suis enchantée de te rencontrer mon garçon ! rajoute l'unique femme, intimidant encore plus mon ami. D'ailleurs, veux-tu quelque chose à boire, à manger ? N'hésitez pas si vous avez besoin de quelque chose les garçons... Hm ?
— Les présentations sont faites...? Aller, c'est bon. On monte, je dois montrer quelque chose à Yanis.

Mes darons ne disent plus rien et nous regardent nous échapper à l'étage. Yanis arrive à leur sortir un léger « merci » mais c'est plutôt moi qu'il devrait remercier, me remercier pour ne pas avoir eu à supporter l'interrogatoire de ma très chère mère, devant deux trois sucreries et un jus d'orange... J'ai déjà ma petite idée sur le remerciement, ceci dit. Je le laisse rentrer en premier dans ma chambre. Yanis n'a jamais mit pied dedans, c'est la première fois qu'il découvre ma pièce rien qu'à moi. C'est un peu bizarre, enfin... Je sais pas, je sais pas pourquoi je trouve ça un peu bizarre ! Peut-être parce que justement, j'ai des pensées bizarres et qui détruisent ce mot « ami » qui peut nous unit. Mais voilà, quand il est là... Quand il est là, depuis ce qu'il s'est passé toutes ces dernières fois, il est bien trop souvent dans mon esprit. Il l'embrouille, me perd, me déconcentre en cours. En histoire, je pense un peu à lui puis en maths, mes calculs ont du mal à se former car il est présent, inconsciemment. Du coup, j'lève la tête après avoir écrit n'importe quoi. Je soupire, je ferme les yeux et parfois, je me frotte les tempes pour que ça s'arrête. Kévin me regarde d'un air interrogateur, sûrement parce que j'ai balancé trop fort mon stylo sur la table. Dans sa tête, il doit penser que je me suis embrouillé avec Vanessa, mes amis pensent toujours que c'est elle, que quand j'regarde ce foutu iPhone de merde, que j'parle à elle. Souvent, c'est pas vraiment ça. Puis souvent aussi, c'est parce que je relis des trucs. Des messages, des longues discussions quand on ne se connaissait pas nos véritables identités derrière ce petit écran. Ouais, j'suis le genre de gars à relire des conversations parce que ça me rappelle des souvenirs, des trucs sympas, des trucs que j'ai envie de revivre, de refaire, de répéter et de mémoriser.

Quand je le regarde toucher un peu à tout, glisser le bout de ses doigts sur mes quelques affaires qui traînent par-ci par-là, s'exclamer un peu lorsqu'il rencontre Bulle pour la première fois, j'suis censé faire quoi ? Extérieurement, c'est sûr à 100% que je souris. Parce que je le remarque même pas, je le sens qu'après m'être demandé si je suis bel et bien en train de le faire ou pas. Yanis ne se rend pas compte de ce qu'il est en train de provoquer en moi. Je suis faible un peu, faible pour craquer aussi rapidement, faible pour passer un peu trop vite à autre chose, faible de ressentir les choses, ces choses, ces sentiments que les gens qui détestent l'amour, l'affection ainsi que leurs effets ne veulent connaître, je suis faible parce que même si j'comprends que dalle, même si c'est Yanis, même si c'est de moi dont il s'agit dans cette histoire, j'aime, on aime cette faiblesse à deux. J'espère.

— Bulle est vraiment trop mignonne, elle m'aime déjà on dirait. Tu penses pas, Romain ? Romain...

Je cligne des yeux pour me faire revenir à la réalité. Mon dieu, je pense qu'il m'a trouvé chelou à cet instant précis. Je veux même pas m'imaginer comment j'ai pu le reluquer, là, lui qui est assit sur mon lit, ses doigts grattant le crâne de mon chat avec une certaine douceur.

— T'es ailleurs, remarque-t-il.
— Hm, je retiens une remarque. Mais ouais, elle t'aime même trop.

« Parce que t'es là » était la réponse qui trottait dans ma tête. Mais je ne peux pas lui sortir des trucs comme ça, c'est Yanis et je le connais. J'ai pas envie de l'embarrasser avec mes répliques même si j'en meurs d'envie. Pas maintenant. Je m'approche doucement de mon lit, faisant grincer le matelas lorsque je m'assois dessus. Mes yeux marrons se promènent alors sur le garçon en face de moi puis il vient faire pareil, balançant doucement sa tête pour bouger ses mèches bouclées qui retombent sur son petit front. Le voir en face de moi me fait plaisir, je vais pas le nier. Je n'oublie pas le fait qu'on ne s'est pas vu depuis 5 jours et qu'il s'est daigné de venir me parler seulement qu'hier. On ne s'est pas croisé au lycée cette semaine alors c'est soit moi qui était ailleurs à cause de Vanessa soit c'est lui — avec l'aide de Mathis — qui m'ont évités pour x raison.

— Pourquoi tu me regardes comme ça...?
— Il faut vraiment que je trouve une raison ? je réponds presque au tac-au-tac.

Le bronzé secoue doucement de la tête, ses yeux se baissant sur mon chat qui est en train de vivre sa meilleure vie. Profite bien, toi. Bientôt, je te le pique et ce sera mon tour.

— Tu peux continuer, lâche-t-il tranquillement et j'ai envie de m'étouffer.

Mon regard vire de Bulle à lui, de lui à Bulle. Je suis vraiment... Pourquoi ce chat arrive à lui capter autant l'attention ? Sans qu'il ne le remarque vraiment, je décide de m'approcher un peu de lui. Une envie, comme ça. Mon genou droit frôle son genou gauche. C'est là qu'il me reluque enfin, ses doigts s'arrêtant dans leurs caresses. Je sens déjà qu'il regrette sa dernière phrase, ses joues prenant une couleur rose très douce, très légère.

— Tu me gênes, je sais pas...
— T'étais où toute cette semaine ? Pourquoi on ne s'est pas vu ?

Yanis ne comprend pas tout de suite pourquoi je lui pose ce genre de question genre, là, maintenant. Ses sourcils se froncent légèrement, ses yeux se plantant dans les miens. De mon côté, je ne peux m'empêcher d'afficher une mine sérieuse, j'ai envie de savoir si c'est rien ou si au contraire, il y a quelque chose me concernant.

— J'étais là... Mais mercredi j'ai dû passer un oral d'anglais-euro dans un autre lycée, celui de Mallory justement... Puis jeudi et vendredi, t'avais pas l'air de vouloir parler, s'explique-t-il d'un ton calme.
— Ça t'a empêché de venir me voir, de nous voir ?

Les pouces de Yanis se frôlent entre eux, je baisse le regard sur ses derniers puis remonte sur son visage lorsque ses mots s'échappent de sa bouche.

— Bah... Je sais pas, j'ai essayé de te lancer des regards mais tu étais un peu perdu puis même avec Léo et Kévin, tu étais assez distant ces derniers jours... Alors, j'ai voulu t'envoyer un message mais je n'ai pas osé, je sais c'est con... Mais toi non plus tu ne m'envoyais rien ! Du coup ouais, j'ai pensé que je devais te laisser tranquille. C'est quand je suis allé sur ton Instagram et que j'ai vu que tu avais changé ta photo, ton statut avec le prénom de ta copine que j'ai un peu fait le rapprochement... Alors hier, j'ai voulu savoir si c'était bien à cause de ça... Et puis je me suis senti bête, parce que je pensais à... Enfin, aux trucs qu'on fait, j'pensais que c'était à cause de ça, que ça t'avais dégoûté, des trucs du genre...

Le regard du bronzé me fuit par moment et moi, je n'arrive pas à le quitter des yeux. Je l'écoute, je l'écoute comme un idiot car c'est ce que je suis. Il a raison. J'ai fait que de penser et réfléchir à Vanessa puis tout ce qui était sous mes yeux, j'oubliais. Yanis, c'est vraiment pas à toi de te sentir bête. Mes mains se croisent entre elles en un poing, poing que je ramène contre mon front. Mes coudes s'appuient contre mes cuisses et je le sens me fixer. Il continue.

— Mais quand j'ai vu que tu répondais normalement à mes messages, j'me suis dit que c'était pas ça...
— Bah non Yanis, bien sûr que ça n'allait pas être ça. Tu n'as même pas le droit de penser une seule seconde que c'qu'on fait ces derniers temps peut réussir à me dégoûter. Sinon, je t'assure que je t'aurai même pas touché...
— Ouais, souffle-t-il en passant ses doigts dans ses boucles. Mais je sais pas... Je sais pas pourquoi j'me suis dit ça... C'est débile.
— Non mais, ouais... T'as raison, j'étais beaucoup trop perdu dans mes pensées. Je m'en suis même pas rendu compte. À cause de Vanessa, certes, elle ne me donne plus aucun signe de vie et ça me... Enfin bon. Et puis, y a pas que ça...

Je marque une pause, ayant peur de partir dans un monologue quasi sans fin. Mon dos se redresse doucement et je soupire, mon visage se tournant vers celui de Yanis. Je le regarde, il me regarde, on se regarde et j'ai même plus envie de virer mes yeux sur autre chose. J'étais sûr de moi mais alors là, j'en suis encore plus certain. La blonde n'était pas la seule dans mes pensées. C'est bel et bien à lui que je pensais, pendant ces longues heures en cours, je me répète ouais, mais c'est juste au p@#ta&¿@!in de Yanis que je pensais. Et cet idiot était devant moi, comme là maintenant, il me fixait, il réfléchissait, il se demandait certainement ce que j'avais, quand j'allais le remarquer, lui sourire et... Et il s'est imaginé des trucs. Des trucs cons, à cause de moi.

— Il n'y a vraiment pas que ça, Yanis.
— Tu étais le premier à me dire qu'il fallait qu'on parle, tu sais.

Pour ça, il a raison. Je me rappelle très bien de lui avoir dit qu'on communique si quelque chose ne lui plaît pas nous concernant, je m'en rappelle car loin de moi l'idée qu'il trouve tout ça bizarre ou je ne sais quelle autre connerie qui pourrait me blesser le cœur. Je lâche un autre soupir, mes doigts venant frotter énergiquement mon front. Je ne sais même plus quoi dire, je ne sais pas sur quelle pente je suis en train de glisser.

— Ouais... Ouais, je sais bien.
— Romain...
— Non mais, c'est pas de ta faute tu sais. Je sais pas, depuis hier j'avais qu'une seule envie c'est de te voir, merde... Tes messages, ta photo là... Limite j'aurai voulu qu'on se voit le soir même et j'm'serai démerder pour trouver une excuse de merde à raconter à mes potes puis... Là t'es là, j'suis content mais genre au téléphone c'est pas pareil, je me rendais pas compte à quel point... Bah à quel point j'avais envie que tu sois près de moi. Sérieusement...

Je me retiens de me lever hors du lit, d'aller prendre une clope, d'ouvrir la fenêtre, d'oublier un instant qu'il soit là. C'est si facile d'y penser quand je suis tout seul, de me rendre compte que Yanis est devenu en un rien de temps important pour moi. Mais quand j'dois exprimer tout ça devant lui, devant ses yeux qui ne cessent de me fixer... Je ne sais pas faire. Il me perturbe, genre, il réussit à me perturber mais tellement, tellement fort. Je fais tout pour rien paraitre en plus. Je veux qu'il dise quelque chose, sérieusement, dis un truc maintenant.

Sauf qu'il ne dit rien. Et ne dira rien. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou une mauvaise. Je lui livre un peu ce que je contiens à l'intérieur puis lui... Lui, il préfère me faire ça. Et merde quoi, j'dis pas non. Je ne dis pas au non, je ne dirai au grand jamais non si Yanis est décidé à venir m'embrasser. Il le fait mieux de jour en jour, ses lèvres se posent sur les miennes plutôt timidement, comme si c'était la première fois, la paume de sa main s'étant glissé le long de ma joue. J'étais tellement perdu dans mes pensées que je ne l'avais même remarqué, remarqué le fait qu'il se soit autant rapproché. Je réponds à son baiser. Il est mignon. Son baiser. Son baiser et lui aussi. J'ai jamais trouvé un gars mignon. Mais lui, alors lui, fallait que je le découvre, qu'on se découvre sous cet angle pour que je me rende compte que c'est comme ça que je le vois réellement, sa timidité que j'apprécie et que les autres aiment moins. Ouvrez les yeux, les gens. Vous savez pas ce que vous ratez. J'adore. Son soupir se mélange au mien, nos bouches se perdent, s'enflamment un peu, se mouillent, s'embrassent, se mordent parce qu'il a commencé à me taquiner en premier, elles s'embrassent encore, elles ne se font plus guider, elles y vont à fond, à fond, à fond parce que nos deux êtres ne contrôlent même plus ce qui nous lie, nous relie, nous retient, nous fait vivre, nous passionne... En tout cas... Moi, je n'y arrive plus. Mes doigts, eux, se glissent dans ses cheveux. J'arrive à sentir l'odeur de son shampoing d'ici, ça sent bon, ça sent l'été on dirait, ça sent... Yanis. Mes ongles finissent sur le long de sa nuque que je masse, que je caresse, que je touche et que je sens frémir. Sa peau frémit, il frissonne et c'est à mon tour quand il chuchote mon prénom. Ro-main, il sépare les deux parties de mon prénom entre deux baisers, j'aime trop, je veux qu'il le fasse encore, qu'il le dise encore. Ça m'attendrit. Quand nous nous séparons mutuellement, on est essoufflés comme des cons. Essoufflés et roses, les yeux dans le flou. Perdu dans notre monde, nos esprits paumés dans un tourbillon d'émotions, de sensations et de sentiments tout aussi indéfinissables, inouïs les uns que les autres.

— Yanis, t'es... En fait, j'ai pas les mots, là, tout de suite.

Il sourit, mes lèvres collent ce sourire discret. Je ne compte même plus tous les baisers que je lui offre, qu'on s'offre, je compte plus rien, je ne gère plus rien quand on est que tous les deux. On est enfermé dans une petite bulle — aucune référence à mon chat qui doit nous regarder depuis tout à l'heure... — que je n'ai pas envie de briser, qu'on brise, qu'elle se fasse briser. Je le fixe, de mes yeux attentifs, j'aime fixer et comprendre ses petites réactions qui le prennent de court.

— Arrête... Tes parents... lâche-t-il après avoir laissé tomber son dos sur mon matelas.
— Tu veux que j'arrête de t'embrasser ? Dis le moi encore une fois et promis, j'arrête...

Je me rapproche de lui, de son corps, je suis allongé à côté de lui. Mon bras le retient au niveau de la taille afin de lui laisser le choix de s'enfuir ou pas, et puis mon visage surplomble le sien. J'ai toujours un petit mot pour décrire le bronzé mais là, rien ne me vient. Je ne sais plus quoi dire car... Il est tout. Il est tout. D'une voix légère et gênée, il me répond.

— Oui, non...
— Je n'ai pas de serrure dans la porte de ma chambre. Et aussi, ma mère est du type à rentrer sans toquer, sans m'avertir, elle nous verrait comme ça... Mon ami et moi. Que dira-t-elle... ?

Il ferme les yeux, je fixe ses longs cils avant de le recopier, ma bouche descendant contre l'os de sa mâchoire. Fine et tracée que je m'amuse à frôler, frayant contre un chemin de baisers. Le temps qu'il me réponde, sa réponse qui tarde... Lui et lui seul a le pouvoir d'arrêter mes gestes sur lui. J'aimerai savoir ce qu'il pense, ce qu'il veut, ce qu'il s'imagine de moi... Je le saurai peut-être un jour, peut-être jamais.

— Elle va faire une crise cardiaque en voyant son fils adoré en train d'embrasser un garçon... Son ami...
— Tu penses ? Moi aussi...

Je sais pas pourquoi mais ça me fait sourire. Si ma mère débarque genre, maintenant et qu'elle me voit, nous voit... Je ne préfère pas mesurer le degré de gênance pour Yanis mais également celui de Rose. Je sais pas quelle serait sa réaction, elle sera choquée très certainement, hurlera, criera au démon — j'abuse peut-être — mais qu'est ce que je m'en fiche. Parce qu'elle le découvrira d'une façon ou d'une autre. D'une bonne ou d'une mauvaise. Comme avec Vanessa. Car je ne peux rien cacher. Je ne peux pas.

— Romain... On devrait quand même arrêter je–, j'ai un peu mal au ventre, ça me stresse cette situation...

J'avoue qu'on est tout les deux dans une position assez suspecte, assez proche et j'arrive à comprendre ce que ressent Yanis. Il n'est pas chez lui, on est chez moi, mes parents sont en bas, ma génitrice pourrait débarquer juste pour nous demander si on veut de l'eau, je dois me relever. C'est compliqué car j'en veux encore. Un peu. Un peu, juste un peu... Yanis dans ma chambre, ce n'est pas une bonne idée. Mince, pourquoi je me sens comme ça...

— Je-, je suis rouge, pas vrai ? me demande-t-il tout en reprenant une position assise normale, l'ayant laissé s'échapper.
— Hm... Un peu. Mais ça va.

Cette fois-ci, je me redresse vraiment de ce lit. J'ai besoin de respirer, de prendre l'air parce que là... C'était beaucoup trop. Je me demande ce que je lui aurait fait s'il n'y avait pas cette histoire de parents. Maman, papa, vous voulez pas partir qu'on recommence la scène ?

— Aller... Viens.

J'ouvre la fenêtre de ma chambre et viens me cramer une cigarette. Yanis, un peu plus sonné que moi, met du temps à me rejoindre. Il m'en pique une dans mon paquet et se pose près de moi, essayant de se faire tout petit. Je lui jette un coup d'oeil, je souris. Bordel, quoi. 

— Vraiment... soupire-t-il après avoir tiré une taffe.
— Ouais ?
— Rien, rien... Je parle tout seul.

Je laisse passer un léger rire, mon coude venant doucement toucher le sien. Yanis ne dit rien mais il sent bien la petite pression que j'exerce pour lui attirer l'attention. 

— Tu parles tout seul, hein... Tu me regardes ?
— Pourquoi... chuchote-t-il presque, le regard rivé sur le paysage en face de nous.
— Juste, regarde moi. Aller, regarde moi...

Yanis lâche un soupir avant de tourner son visage vers le mien. La fumée de sa cigarette s'échappe tranquillement de sa bouche et j'attends quelques secondes pour faire ce que j'ai envie de lui faire.

Oui. Je lui vole un baiser.

Et il ne s'y attendait visiblement pas, à ce baiser... volé. Sa main vient pousser mon épaule pour me dégager doucement. Je pince mes lèvres pour ne pas rire.

— Ah, tu peux arrêter...
— J'avais envie. Mais d'accord, j'arrête vraiment cette fois-ci.
— Ouais...! Tu arrêtes ! Putain, Romain...

Yanis ne sait même plus quoi dire, il cherche ses mots mais finit par râler en voyant qu'ils ne sortent pas. Et ça fait que d'accentuer ce côté que je préfère chez lui, franchement, faudrait qu'il se regarde un peu pour s'en rendre compte.

— J'en peux plus... je lance après un silence, tapotant sur ma Winston afin de faire tomber les cendres dans le cendrier.
— Toi aussi, tu parles tout seul.
— Ah. Ouais, t'as raison.

On termine nos clopes en silence. Ce moment dure quelques minutes avant que je referme les fenêtres, d'un coup. Yanis revient s'asseoir contre le matelas de mon lit et je reprends place à ses côtés. Il fait tout pour ne pas regarder, c'est fou, il y pense encore ou quoi ? Bon, j'avoue que moi aussi... Ah, ça fait chier ! 

— Romain... ? me demande alors le bronzé d'un souffle, relevant finalement son visage vers le mien.
— Dis moi.

Ses doigts s'entremêlent doucement et je le vois froncer ses lèvres. J'attends qu'il parle, surtout que ça a l'air de le préoccuper vu la tête qu'il tire.

— Tu sais... J'aime bien ce qu'on fait tous les deux, hein. Je sais pas pourquoi mais, j'aime bien... Et puis, pour te répondre à tout l'heure. Moi aussi. J'aurai voulu qu'on se voit plus tôt, je me sens senti... Bizarre, ces derniers jours. Hm... Voilà, je crois que c'est tout, finit-il en glissant ses doigts sur sa joue.

Yanis plante ses yeux dorés dans les miens, j'ai envie de toucher ses cheveux, Seigneur, je veux trop de trucs en fait. Je viens ébouriffer ma tignasse dorée, envoyant valser mes mèches dans tous les sens. Tout explose.  

— Comment j'suis censé ne pas t'embrasser quand tu m'sors des trucs comme ça...

Je chuchote presque pour moi-même. Ma question lui fait tourner la tête de l'autre côté puis personnellement, j'ai qu'une seule envie, c'est qu'il me regarde. Car là, il se rend pas compte de ce qu'il dit, ce qu'il me dit... Il ne se rend pas compte de ce que ça fait à l'intérieur de moi. Tous ces petits mots, ces baisers, ces regards, ça devient trop, trop, trop.

— Hein ? Je fais comment ? Vraiment...
— Je sais pas...

Je passe mes mains sur mon visage deux minutes, essayant de résumer cette situation. Il vient de me dire que lui aussi voulait me voir plus tôt ce jour-là, qu'il se sentait bizarre. Tout ce qu'on vit ça commence vraiment à me... Juste, à me rendre fou. Pourquoi ? Parce que ce qu'il se passe là, ce qui est en train de se passer... C'est sérieux. Je ne peux le nier. Je crois qu'on perd le contrôle. On l'a perdu, en fait. Depuis la soirée d'Halloween. Depuis cette soirée. Sûrement la meilleure et la pire en même temps, je sais pas... Depuis cette fois où il m'a demandé si j'avais déjà embrassé un garçon, depuis cette fois où je lui ai demandé s'il voulait qu'on essaye. C'est depuis là que c'est littéralement parti en couille. Comme ça. Et... Ouais ! Je kiffe, j'adore, j'aime, j'en veux encore ! Mais je sais pas, je sais pas... Yanis est encore plus perdu que moi. Je le sens. J'ai peur de faire n'importe quoi avec lui. C'est un mec bien. Je suis un mec qui vient de rompre. J'flippe un peu de lui faire du mal sans même m'en rendre compte, je sais que je m'en mordrais les doigts. Car si un jour ça devrait arriver, je pense que je n'arriverai même plus à le regarder droit dans les yeux tellement je me sentirai juste débile. Et con. Surtout con, en fait.

Juste, quand je le regarde. Genre, comme là. Une des principales envie qui me vient, c'est de l'embrasser. C'est ça. Il a un effet sur moi. Il a de l'effet sur moi. Cet effet. Littéralement. Ça vient, cette envie irrésistible de l'avoir, de le tenir, de le... Hum. Voilà. Je veux tout et trop de choses à la fois, je me perds un peu et je déteste vouloir foncer dans le tas, comme ça. Je déteste me sentir ainsi.

— Tu m'en donnes l'autorisation ? je relance doucement, me rapprochant de lui.

Le garçon hoche doucement de la tête et comment résister encore une fois, comme résister ? Après tout ce que j'ai pu m'imaginer, tout ce que j'ai pu dire... Ses lèvres rejoignent les miennes, elles sont légèrement humides, sûrement parce qu'il fait que de les mordre sans même sans rendre compte. Ne te fais pas mal, quand même. On y va doucement, sa bouche se met à suivre les mouvements qu'impose la mienne. Comme tout à l'heure, on s'embrasse mais... On finit par accélérer. On passe la quatrième vitesse, ça coule tout seul. Encore plus fort, plus vite, comme si ça faisait un mois qu'on n'avait rien fait, comme si... Il me fait perdre mes mots. Mes doigts l'attrapent. Ça le surprend. Je l'entends. Ça l'étonne de se retrouver en même pas deux trois mouvements sur mes cuisses. Pourtant... Ça semble le satisfaire. Je le sens mieux, plus proche, c'est tout ce que je voulais... Il ne pèse pas plus lourd qu'une plume, il est si léger. Mes mains se glissent contre ce sweat blanc qu'il porte, cette couleur qui fait ressortir le teint de sa peau bronzée, je le trouve beau. Habillé ainsi et tout le temps. Yanis ne s'y attend pas et il se tord doucement, sûrement chatouilleux lorsque mes doigts longent les courbes de son corps. Sérieusement... Je craque encore plus quand ses avant-bras s'enroulent autour de ma nuque, me rapprochant ainsi plus de lui. Je fonds, je dégouline, mon cœur bat fort, je respire fort, j'ai l'air idiot, mes oreilles n'entendent plus que nos respirations et le bruit de nos baisers qui font doucement écho entre les quatre murs de ma chambre... Je sais même plus ce que je ressens d'autre... C'est inexplicable, ouais. C'est le mot qui correspond ce qu'on est en train de faire. Inexplicablement bon.

— Tu te rends pas compte de ce que tu es en train de me faire, Yanis... je lâche entre deux baisers, les lèvres justes gonflées, aimées, mouillées, adorées.
— Ne dis pas mon prénom avec cette voix...
— Pourquoi ? J'ai l'impression que tu aimes bien...

Seigneur. Il va me rendre dingue.

— Hein, Yanis...?

J'ouvre un œil, voulant jeter un regard à ce visage que je kiffe tant observer. Comme je pensais, il est rouge. Même bordeaux, pour être plus précis mais... Merde. J'ai envie de promener mes lèvres un peu partout maintenant. Je veux tout découvrir. Tout, tout, tout... Même si ce n'est pas à moi, je veux tout... Pourquoi il est comme ça ? J'aime cette façon naturelle qu'il a pour réagir à tout ce que je lui fais, tout ce que je lui procure, qu'on se procure... J'aime trop sa voix, j'aime trop sa bouche, j'aime trop ses cheveux, ses grains de beauté qu'on remarque seulement quand on est près, j'aime trop tout le reste, j'aime trop son visage, ses mimiques, ses manières qu'il a pour hausser la voix quand je l'embête, j'aime trop quand il fume, il est vraiment beau, j'aime trop quand ses sourcils se froncent quand il ne capte pas, j'aime trop sa bouche qu'il pince quand il n'est pas d'accord avec quelque chose, j'aime trop quand il attrape le bout de son nez quand il s'impatiente puis quand je l'embête, j'aime trop quand il me contemple puis j'aime tout ce qu'il fait, j'aime tout, tout, tout, tout... Ça me fout un tas de chose. N'empêche qu'on s'est vachement bien piégés. Tous les deux. On n'a pas su gérer ce qui est en train de s'emparer de nous, ce truc qui nous guide, ce truc qui compresse tout mon — notre — intérieur, mon cœur, ce truc qui fait vibrer mon ventre, qui me fait mal, qui me tord mais que j'essaye de comprendre puis, que je finis par aimer. Par kiffer, adorer, demander encore, encore une fois et plein de fois.

Sa voix ne me répond pas. Ses gestes, oui. Je ne m'en plains pas et au contraire, mon corps semble demander que ça. Me demander moi. Complètement embrouillé, je mets du temps à comprendre ce qu'on est en train de foutre. Je mets du temps à m'apercevoir que mes doigts traversent une barrière interdite, qu'ils ne devraient même pas se trouver ici, qu'ils ne devraient même pas avoir eu le droit de traverser l'obstacle que sont ses vêtements, mes ongles découvrent sa peau hâlée, j'la touche, les siens traversent le col de mon t-shirt et je sens qu'il frôle les os de mes cervicales qui ressortent un peu, je frissonne, sensations totalement invincibles. Ses caresses sont aériennes, agréables et puis appréhensives car je le sens se retenir, se maîtriser pour ne pas aller toucher mon dos, dos qui arrive déjà à imaginer Yanis manipuler et explorer cette zone de mon corps. Son allure timide, ses démonstrations affectueuses à mon égard me font craquer, m'adoucisse.... Je ne me sens plus vraiment.

Puis j'ai jamais pensé que le retour à la réalité pouvait être aussi brutal, comme quand on se réveille d'un cauchemar de merde ou d'un rêve assez bizarroïde, ce moment où l'on se redresse abruptement, complètement à l'ouest, l'esprit embrumé comme jamais. Ce moment où l'on se demande « Qu'est ce qu'il vient de se passer ? », ce moment où notre âme reprend possession de son corps à elle, qu'elle reprend le contrôle et qu'elle nous crie de tout lâcher.

— Les garçons ?!

Un geignement s'échappe de la bouche de Yanis quand on s'abandonne, ses cuisses se relevant d'un coup des miennes, me libérant de cette étreinte chaude et moelleuse que j'appréciais. Fuck off ! Un cognement contre la porte de ma chambre, pas un mais deux et trois à la suite. Je me relève sans manquer de me casser la gueule, m'étant prit le pied dans le tapis qui est gentiment posé au pied de mon lit. Sans lancer un regard de plus au bronzé qui doit sûrement en train d'être tourné vers la fenêtre afin de revenir sur Terre, il va même pas assumer le regard de ma mère qui se tient à même pas quelques mètres de nous, cachée derrière un ridicule morceau de bois. Je m'arrange les cheveux d'un geste de main puis ouvre ce qui nous sépare, tombant sur Rose qui se tient tout sourire, ses yeux cherchant l'invité dans ma pièce.

— Vous êtes bien silencieux... remarque-t-elle vu l'ambiance qu'il y a dans ma piaule.
— Hum, je toussote rapidement, mon poing tapant légèrement mon buste. Qu'est ce qu'il y a...?
— Ah ! Oui, je suis venu vous demander si vous ne voulez vraiment pas quelque chose, je n'ai rien proposé à ton ami Yanis, au moins quelque chose à boire...

Je regarde rapidement Yanis et le voit en train de cacher la moitié de son visage, ses yeux se perdant sur l'écran de son téléphone. Quand il remarque le silence qui nous entoure, il finit par nous fixer et son expression est neutre, bien qu'il réussit à lancer un sourire à ma génitrice.

— Moi ça va, je n'ai besoin de rien... arrive-t-il à dire, faisant hocher Rose de la tête.
— Ouais, je continue directement après lui. On a vraiment besoin de rien, m'man. Donc, bye...

Je commence doucement à refermer la porte sous son nez mais ma mère m'en empêche, la bloquant d'un pied.

— Mais qu'est ce que vous faîtes ?
— T'as encore des questions à nous poser, ou c'est bon... J'allais juste mettre un film sur mon ordinateur.
— Romain, ton père utilise ton Asus dans le salon, il t'avait demandé si tu pouvais le lui emprunter pour quelques recherches... raconte la femme de la maison, ses sourcils se fronçant doucement.
— Ouais, bah...
— Aller, venez descendre ! Romain, j'ai bien envie de connaître ton ami ! C'est la moindre des choses.

Rose lance un gigantesque sourire à Yanis qui lui, lui en lance un complètement forcé. Pourquoi j'ai une mère comme ça... Pourquoi ? Elle est beaucoup trop enjouée, je comprends pas, sûrement parce que c'est rare que je ramène des potes à la maison. Je frôle mes lèvres, lèvres encore humides.

— M'man, sérieusement...
— Hé, chuchote-t-elle doucement à mon égard. Ne sois pas comme ça. Sortez donc de cette chambre un peu...! D'ailleurs, va te passer de l'eau sur ton visage, tu es rouge mon Dieu ! Il fait beaucoup trop chaud ici !

Je ne retiens pas de lever les yeux au ciel, il manquait vraiment que ça. Qu'elle nous dérange. Je lance un regard désolé au bronzé, je vois bien qu'il ne m'en veut pas. Une fois arrivé dans le salon, mon père se décale légèrement pour nous laisser la place sur le canapé. Mon daron est en train d'écrire quelque chose sur mon ordinateur portable, des pages Google étant ouvertes sur des journaux numériques. Il travaille dans une grande bibliothèque de la ville puis son passe-temps à lui c'est d'écrire des articles sur tout ce qui est en train de se passer dans le monde, les publiant ensuite sur une plateforme dédié à ça. Son HP a lâché la semaine dernière, ce dernier étant vieux et le temps qu'il s'en achète un à lui, il pique le mien.

— Alors, Yanis... ! Tu es dans la classe avec Romain, c'est ça ? demande ma mère en arrivant avec un plateau de biscuits, de jus.

Elle avait déjà tout préparé en plus. Elle abuse et, je retiens un soupir amenant mes doigts sur l'arrête de mon nez.

— Non, on n'est pas dans la même classe... Mais on était dans le même collège !
— Mistral ? continue Rose, évoquant le nom de ce dernier.
— Oui, c'est ça...
— Et tu sais où tu veux aller l'année prochaine ?

Franchement... J'ai qu'une seule envie actuellement, c'est qu'on retourne dans ma chambre. Et de ne pas avoir de parents dans la maison. Je louche sur le clavier de mon ordinateur, regardant les doigts de mon père tapant à une vitesse folle sur les touches.

— Non... Je dois encore y réfléchir.
— Oui, vous avez encore le temps... Romain doit aussi y réfléchir ! Pas vrai, mon chéri ?
— Ouais, ouais... J'y réfléchis aussi. Génial.

Yanis me lance un regard puis me sourit gentiment. Ce qui ne manque pas à ma mère qui nous fixe rapidement avant de reprendre.

— Yanis, tu as des origines ?
— Maman... je souffle, mes doigts tapotant mes cuisses.
— Eh bien...! Je demande, c'est tout !
— Ça va, ça me dérange pas... J'ai des racines espagnoles, mes grands-parents vivent à Salamanque, près du Portugal. Mes parents ont vécut un peu là-bas, d'ailleurs...
— Tu es né en France, alors ?
— Oui, oui. Je suis né en France...
— D'accord, d'accord...! C'est bien !

Ma génitrice se penche un peu plus pour attraper un biscuit entre ses doigts et nous fait signe de nous servir. Ce qu'on ne fait pas. Je sais pas, ça me gêne là. Je veux me lever de ce canapé mais je n'ai pas envie d'abandonner Yanis avec Rose, ni avec mon père qui est aussi muet qu'une tombe. Enfin, il est juste perdu dans sa concentration mais quand même... Un minimum quoi.

— Et toi alors, tu dois avoir une petite-amie ? Tu es vraiment très beau...! Tes yeux sont magnifiques !
— Haha, non... J'ai pas de copine, non. Mais, merci...

Yanis joue avec ses pouces, ses lèvres ne pouvant s'empêcher de dessiner un sourire gêné suite à la tête de ma mère qui ne comprend pas pourquoi.

— Ah bon ?! Mais comment ça se fait ? rétorque-t-elle, les yeux grands ouverts.
— Bah... Je sais pas moi, madame. Je ne suis pas dans leur tête.
— Mais enfin, à l'époque je me rappelle que ce n'était pas aussi compliqué... ! Vous les jeunes d'aujourd'hui, c'est presque une épreuve d'avoir une copine...
— Peut-être parce qu'on ne veut juste pas, je réponds tranquillement, m'incrustant dans cette conversation à la con.
— Oui, bon... Mon chéri, ce n'est pas que tu veux pas, c'est que tu ne sais pas encore comment te comporter avec une femme, voilà tout.
— Si tu le dis... je soupire alors, me penchant pour attraper un verre rempli de jus de pomme.
— Bien sûr ! Je suis sa mère, reprend Rose en s'adressant à Yanis. Je connais très bien mon fils, je le connais encore mieux que lui ! D'ailleurs toi, tu savais que mon fils avait une petite-amie ?

Bon, là c'est un peu trop. Je veux couper ma mère mais elle continue, Yanis promène son regard sur le sol après avoir entendu le mot du démon. « Petite-amie. » Je n'ai même plus de petite-amie ! Et surtout pas après... Ce qu'il s'est passé en haut.

— Oui, je le sais... Enfin...
— Mais oui, c'est sûr que tu dois la connaître ! Romain doit souvent en parler... roucoule-t-elle, amenant son verre de thé aux lèvres. Vanessa... Je l'aime vraiment cette fille ! Elle est superbe, et très intelligente.
— Ouais ouais... Sauf que je ne suis plus avec Vanessa. Maintenant tu peux changer de sujet maman, c'est assez gênant comme ça...

Je ne manque pas de me faire foudroyer du regard, j'avoue qu'elle me fait assez peur à cet instant-même. Mais je ne comprends vraiment pas pourquoi elle en parle devant Yanis, elle essaye peut-être de se venter en m'utilisant mais ça ne marchera pas vraiment sur l'invité. D'ailleurs, ce dernier a hésité de dire quoi que ce soit sur ma relation actuelle avec la blonde, sûrement par peur de se faire harceler de questions. Une fois que ma mère est lancée, elle ne s'arrête pas...

— Ah ! Vous, les garçons... lâche Rose après avoir soupiré, déposant sa tasse contre la table basse.
— Je vais aller aux toilettes... Romain, tu peux me montrer où c'est ?

Je hoche rapidement de la tête puis me relève en même temps que Yanis. Ma daronne nous laisse passer, rangeant ses pieds un peu plus sous le sofa. Je ne sais pas si c'est une technique pour nous échapper mais si c'est ça, chapeau. Non parce que, ça devenait relou là, puis embarrassant... Les toilettes sont à l'étage. On monte puis je lui montre quand même là où elles sont car à l'avenir — peut-être — il le saura sans me demander. Le bronzé sourit doucement tout en restant avec moi, dans ce couloir. Il fait sombre un peu. Sans que je fasse quoi que ce soit, ses doigts rejoignent le col de mon haut, je sais pas trop pourquoi. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il attend de moi à cet instant précis. On se regarde rapidement et j'en ai encore envie...

— Ta mère est gentille mais je n'aime pas vraiment quand elle parle de ton ex-copine...

Yanis appuie bien sur le « ex », contrôlant doucement sa voix pour ne pas se faire entendre.

— C'est vrai, ça ? je demande, cachant un sourire.
— Un peu, mais bon.
— Viens, on sort.
— Comment... De quoi, on sort ? Yanis cligne un peu des yeux.
— J'sais pas. J'en ai marre de rester ici...

Je lui fais un signe de tête pour savoir s'il est d'accord avec moi. Et il l'est. Alors, il ne faut pas plus longtemps pour nous deux d'aller enfiler nos chaussures, sous le regard interloqué de ma mère qui nous demande où nous nous échappons. Je lui réponds que je ne rentre pas tard même si ça ne semble pas vraiment la convaincre...








Je ne sais pas quelle heure il est lorsqu'on se pose finalement sur un banc, celui du grand parc central. Il doit être aux alentours de 17H, franchement, j'en sais trop rien car je n'ai pas prit la peine de regarder mon téléphone portable. On a passé toute l'après-midi à marcher en ville avec Yanis, à rigoler comme des cons et à parler de tout, des cours parfois, de ses potes, des trucs qui l'énervent et on s'est raconté des anecdotes assez stupides pour certaines, des choses comme quand je lui parlais derrière l'écran. Alors ouais, ça m'a rappelé des trucs et ça m'a fait plaisir de le voir aussi heureux d'apprendre des nouvelles choses sur moi. Puis entre nous, c'est pareil pour lui. Je soupire doucement en levant les yeux vers l'horizon, les bras tombant derrière le dossier de ce banc. Bizarrement, ça me rappelle il y a quelques jours, c'est l'endroit même où j'ai rompu avec Vanessa. J'y pense sans même le faire exprès, c'est plus fort que moi. Je sais que c'est débile et que je dois arrêter mais je n'y arrive pas. C'est encore trop frais pour que je puisse compléter oublier sa tête blonde.

C'est là que je regarde tout son contraire. Ouais, Yanis est vraiment son contraire absolu. Vanessa est extravertie, voir même trop. Yanis est plutôt introverti, timide, Vanessa n'est pas du tout comme ça. De très grandes différences les séparent et ce serait mentir de dire que je n'ai pas mes préférences. J'en ai, c'est vrai, et je pense que c'est inutile de dire laquelle est celle que je juge meilleure. Laquelle est la celle avec qui je me sens le mieux, avec qui je me sens moi-même. Je me dis parfois que sans cet outil qu'est internet, j'aurai peut-être raté une mini chance avec lui. J'l'aurai sûrement pas remarqué, et lui non plus. Je sais pas mais avec Yanis, ça a marché direct. Alors que les trucs virtuels, parler par message à quelqu'un toute la journée sans rien savoir de ce dernier... Ce n'est pas pour moi. J'ai besoin de physique, j'ai besoin de ressentir des émotions quand je parle à une personne. Puis pourtant, avec le bronzé... Je sais que j'aurai pu continuer. J'aurai pu continuer car ce qui se cachait derrière en valait la peine, au final. Je le dis sincèrement.

— Tout va bien ?

Je hoche doucement de la tête avant de regarder droit devant moi, je me suis encore fait surprendre... Il doit vraiment me trouver bizarre à force de le fixer ainsi mais je peux pas faire autrement. A chaque fois que je l'observe, mes pensées divaguent.

— Ça va... Juste que demain on a cours et ça me fait chier, je lâche tout en venant chercher mes clopes de ma poche.
— Ouais, soupire Yanis. J'ai pas envie d'y aller... J'ai que des contrôles.
— Et t'as révisé ?
— Pas vraiment.
— Et pourquoi ? je redemande, le faisant râler un peu.
— Parce que...! Je réviserai ce soir, c'est pas grave. C'pas important.

J'ai envie de rajouter autre chose mais je me retiens. Le bronzé sort son tabac de sa sacoche et vient s'en rouler une, coinçant un filtre entre ses lèvres.

— D'ailleurs, j'y repense. Désolé pour ma mère, c'est juste que... Elle est vachement chiante quand elle rencontre mes potes.
— C'était pas aussi pire que je me l'imaginais. Tu sais, ceux de Mathis m'ont mit encore plus mal à l'aise. J'te jure...

J'ai jamais ne serait-ce qu'une seule fois de ma vie vu les darons à son meilleur ami, alors je ne peux pas juger. Mais, s'il le dit...

— Il est vraiment sympa Mathis, je lance et ça fait sourire le garçon à mes côtés.
— Vraiment... C'est pas mon frère pour rien. Mon meilleur pote, quoi.

Mes sourcils se lèvent un instant, comprenant parfaitement ce qu'il veut me dire. C'est un peu comme Kévin et Léo, je les apprécie vraiment. Même si on se comprend pas tout le temps, ils savent que je serai là pour n'importe quoi. Les vrais amis de nos jours se font rares, les gens essayent de tirer un max de bénéfices les uns des autres, c'est triste mais c'est comme ça maintenant. Je tire une latte sur la Winston que je viens d'allumer, le regard au loin. La température n'est pas à plaindre aujourd'hui, en plus. J'apprécie tout, le moment, le temps, vraiment tout.

— Tu... Tu veux que j'te raccompagne chez toi ?

Je sais pas pourquoi j'ai sorti ça maintenant, surtout que Yanis a l'air bien trop posé pour bouger. Son roulé coincé entre ses deux doigts, il fronce légèrement les sourcils avant de faire un signe de la tête.

— Ouais... Enfin, t'embête pas. J'vais prendre le bus...

Ça ne m'embête absolument pas. Je passe une main dans mes cheveux, ne sachant quoi dire de plus. C'est vrai que ce silence entre nous me stresse un petit peu, enfin, c'est bizarre, j'ai l'impression qu'on a plus rien à se dire. C'est un peu le cas mais j'aurai préféré qu'on discute encore.

— Toi, tu penses vraiment à quelque chose.

La réponse que je veux lui dire n'arrive pas à passer la barrière de mes lèvres. C'est vrai, je ne cesse de penser à cette journée. C'était particulier mais bien. Je pense à lui, j'vais pas dire le contraire, je repense à ce qu'il s'est passé un plus tôt dans ma chambre, à cette balade tranquille, à ses mots, à ses gestes et à tout. Juste... Je me sens bien avec lui. Quand je suis avec lui, j'aime beaucoup. Et je sais qu'il penserait la même chose si je lui pose la question pour m'en assurer.

— Ouais. Mais je pense plutôt à quelqu'un, je finis par dire, redressant un peu plus mon dos contre le banc.
— À qui ?
— Hm... C'est pas comme si tu savais pas déjà.

Je fixe la clope qui est en train de se consumer calmement après chaque latte. À lui.

— Et toi ? je pose. Toi aussi, t'as l'air de penser à quelque chose.
— Moi... Pas vraiment.
— C'est quoi « pas vraiment » ?
— Bah... J'sais pas moi.
— Tu penses à moi toi aussi ?

J'avais envie de le prendre de court. Alors, mon visage se tourne vers le sien et je ne regrette absolument pas ce que je viens de dire. Yanis passe ses doigts sur sa joue, je pensais qu'il allait fuir mes yeux mais non, il me fixe. J'ai envie de me rapprocher un peu plus de lui à cet instant précis, de venir goûter sa bouche, comme tout à l'heure, mais avec un peu plus d'envie. Je sais très bien qu'il pense à moi aussi. Son regard ne trompe pas.

— T'es vraiment perturbant, me répond-il tout en fumant sa cigarette. C'est quoi ce genre de question...
— Tout à l'heure tu disais que ça te faisait chier quand on parlait de mon ex-copine puis maintenant, t'es pas capable d'avouer que tu penses à moi...
— Oui mais...! Tu me demandes ça comme ça, je m'y attends pas moi...
— Je m'y attendais pas non plus, tout à l'heure.

Je lui souris et il lève les yeux au ciel. Je l'embête et j'aime bien. Il est trop drôle à embêter, j'avoue que ça m'amuse et j'vais pas m'arrêter pour ses beaux yeux.

— Je sais pas... J'ai peur que ça fasse trop bizarre si je te dis que oui.
— Yanis, au point où on en est.

J'arrive à lui décrocher un sourire, sourire un peu gêné et coincé, certes, mais un sourire quand même.

— On s'est presque sauté dessus aujourd'hui alors personnellement, j'ai pas « peur » que ta réponse soit « bizarre », comme tu dis.
— Hum... Ouais.

Je sais que j'ai raison. J'ai pas envie que Yanis se complique à me chercher des réponses quand il est avec moi. Je veux qu'il me dise ce qu'il pense réellement, comme moi avec lui. Après, je peux très bien comprendre qu'il soit mal à l'aise mais genre moi de mon côté, je ne me contrôle pas vraiment. Je sais pas comment expliquer. Je lui sors les phrases cash, comme ça.

— Je- Désolé, lâche-t-il subitement. C'est juste que je n'ai pas encore l'habitude de... ce qu'on fait. Je sais pas, j'ai pas envie de te sortir des trucs n'importe comment pour pourrir l'ambiance, enfin...
— Dis moi juste ce que toi, tu as envie de dire. Tu sais quoi, te forces pas. Ça ne sert à rien, je marque une légère pause. Vraiment. J'avoue que j'aime bien t'embêter mais tu peux très bien me dire si ça ne te va pas. Je m'en voudrais vraiment si je fais un truc qui ne te plaît pas.

Plus sérieusement, je me tourne vers lui. Je sens très bien qu'il a un peu plus de mal que moi, peut-être que c'est parce que c'est moi justement ou parce que Yanis n'a jamais vraiment vécu de relation. Je le sais car il me la dit, tout à l'heure, en marchant. Puis de toute façon, c'est pas comme si je pensais le contraire mais... Ça peut expliquer. Je n'ai pas envie de parler de « relation » pour décrire ce qu'on en train de vivre, enfin, dans le sens ou lui et moi nous ne sommes pas engagés dans ça. Je n'ai pas vraiment de mot pour décrire tout ce bazar, d'autres considèrent ça comme du flirt et en soit, l'idée du flirt nous va parfaitement. Tous nos baisers, nos regards, pour moi ce n'est pas du jeu, ce n'est pas rien. Ça signifie quelque chose, je ne l'embrasse pas que par pur plaisir, non, on s'embrasse parce que j'en deviens presque dépendant, moi. Oui, c'est grave. Oui, ça l'est. Mais honnêtement, c'est impossible à renier.

— On est d'accord, hein ? je poursuis, le voyant un peu perdu dans ses pensées.
— Oui. On est d'accord. Merci Romain.

Je me relève doucement du banc, le bronzé me suit dans mes mouvements. Je crois qu'il est temps pour nous de rentrer, le ciel commence peu à peu à prendre une couleur orangée et mine de rien, je suis un peu fatigué. Je veux juste... Aller dans mon lit et rien faire.

— Pourquoi tu me remercies ?

Nous commençons à marcher à travers le parc, les mains dans les poches. Le bras de Yanis me frôle par moment et ça ne me dérange pas vraiment. J'aime bien.

— Parce que tu essayes de me comprendre... Tu sais, c'est vraiment nouveau pour moi ce genre de truc. Et en plus, avec toi, un garçon... Je veux juste y aller doucement.

J'ai envie de le manger. Sa dernière phrase se termine dans un murmure et je ne peux m'empêcher de le trouver adorable sur les bords. Ses envies sont tout à fait normales. Moi aussi.

— Tu comprends ? finit-il, son visage se tournant en ma direction.
— Je comprends. Et j't'assure, c'est pareil pour moi. Juste, laissons-faire les choses. Ok ?

Sous quelques autres paroles rassurantes, on se quitte à son arrêt de bus. J'ai un peu du mal à le laisser partir, si ça ne tenait qu'à moi, je rentrerai avec lui et j'sais pas vraiment où on irait mais... On irait. Le bronzé me fait un léger signe de la main derrière la vitre de la navette, après s'être engouffré dedans. Je le lui rends, je suis comme un niais actuellement mais je m'en fiche pas mal. J'attends qu'il parte pour m'en aller, tranquillement. C'est perdu dans mes pensées, Yanis les occupant pleinement que je fais le chemin du retour sans lui à mes côtés.














Je me réveille les écouteurs dans les oreilles et Netflix allumé sur mon ordinateur, ce dernier posé sur mes cuisses. Mon dieu... Mais comment j'ai fait pour m'endormir dans cette position de merde ? Je râle un peu, fermant un œil suite à la luminosité puissante de mon écran. Merde. L'heure affiche 1H33. Ah ouais. On est lundi matin, logiquement. Et j'étais en train de regarder Quelqu'un doit mourir sauf que j'étais tellement fatigué que j'ai réussi à m'assoupir devant. D'une main, je ferme mon Asus et le pose par terre, les os de mon dos craquant légèrement suite à mon mouvement. Punaise... Je suis vraiment claqué. Je sens que je vais pas tarder à me rendormir mais... Je ne me retiens pas de jeter un coup d'œil à mon iPhone qui est posé sur l'un de mes coussins. Je l'attrape et mes sourcils se froncent encore plus quand je vois des messages qui datent genre, d'il y a même pas dix minutes. Je lis pas très bien le prénom, un peu dans les vapes. C'est lorsque la conversation apparaît que je viens frotter mes paupières lourdes, les forçant de rester un minimum ouvertes pour pouvoir lire. Yanis ?

Yanis, 01:27
Tu dors ?

Yanis, 01:27
J'arrive pas moi...

Mais pourquoi ? Je sais même pas quoi répondre, oui je dormais ! Mes doigts tournent sur le dessus de mon tactile avant d'appuyer sur le clavier numérique.

Romain, 01:35
Jz dors paq

Romain, 01:35
Pq?

Mon portable vibre contre ma main.

Yanis, 01:35
T'es bourré ? 😭

Romain, 01:35
Mdreerre

Romain, 01:35
Nn

Romain, 01:35
Just je viens de me rebeiller

Romain, 01:36
Je m'etais endormi 😴

Yanis, 01:36
Je t'ai pas réveillé j'espère

Yanis, 01:36
Désolé, retourne dormir.

Je rêve où il vient de me mettre un point ? Je rapproche un peu plus mon écran de mes yeux.

Romain, 01:36
Tu as quoi

Romain, 01:36
Pk t'arrive pas à dormir 😴

Yanis, 01:37
Hum c'est vraiment rien tqt

Yanis, 01:37
Juste je pense à beaucoup de choses je crois et ça m'empêche

Romain, 01:37
A moi ?

Le message du bronzé tarde un peu et j'ai peur de finir par m'endormir.

Romain, 01:39
Ça va pas ?

Romain. 01:39
Parle moi

Yanis, 01:40
Oui à toi

Mon coeur se compresse un peu suite à ce que je viens de lire. Seigneur, faut pas jouer avec la nuit tard comme ça, je vais pas pouvoir tenir sinon... Je suis faible physiquement et mentalement, puis j'avoue aussi que je l'ai cherché alors c'est un peu de ma faute. Seulement, je pensais pas qu'il allait y répondre comme ça. Mon envie de dormir va commencer à se dissiper peu à peu, je le sens déjà. J'écris quelque chose de très con.

Romain, 01:41
Pk?

Yanis, 01:41
Je sais pas... J'en ai marre

Yanis, 01:41
J'ai envie de dormir mais je n'arrête pas de penser à tout l'heure...

Je jure que je ne sais même plus si je suis en train de respirer ou pas. Je passe mon bras sur mon front, dégageant les mèches de mes cheveux qui retombent puis reprend.

Romain, 01:42
Ce que je t'ai dit ? 🤔

Yanis, 01:43
Non

Yanis, 01:43
Quand on était dans ta chambre

Je respire plus. Mais pourquoi il y pense genre, maintenant...

Romain, 01:43
Et ça te fait quoi..?

Yanis, 01:43
Jsp

Yanis, 01:44
J'ai envie d'être avec toi

Je lâche mon portable, deux minutes. Mes doigts passent sur mon front, venant le masser calmement. J'ai envie d'être avec toi... Pourquoi cette simple phrase me fait autant d'effet.

Yanis, 01:45
Je vais dormir

Romain, 01:46
Mtn c'est toi qui réussit à me perturber

Romain, 01:46
Mais j'suis pas contre l'idée

Yanis, 01:46
Oups

Yanis, 01:46
J'espère que j'ai pas tout gâché... 😔

Romain, 01:46
Tu gaches rien, au contraire

Romain, 01:47
Arrête de penser ça, ça rend fou

Romain, 01:47
Moi aussi j'aimerai être avec toi, c'était vraiment cool aujourd'hui

Romain, 01:47
Puis j'suis pas encore satisfait 😴

Yanis, 01:48
Heureusement que tu peux pas me voir

Yanis, 01:48
De ?

Romain, 01:48
Jtaurai appelé en facetime en plein milieu de la nuit mais ma tête risquerait de te faire fuir, t'as de la chance 😴

Romain, 01:48
Bah t'es parti trop rapidement

Yanis, 01:49
Mdrr et la mienne alors... N'importe quoi 🙄

Yanis, 01:49
Tu n'as pas cherché à me retenir

Romain, 01:49
Tu veux que je le fasse la prochaine fois ?

Romain, 01:51
Omg

Romain, 01:51
Arrête de réfléchir tsais y'a pas de mauvaise réponses

Romain, 01:54
T'es chiant 😴

Il est long. J'vais vraiment m'endormir...

Yanis, 01:55
Oui retiens moi

Romain, 01:55
Ah ouais, c'est ce que je voulais lire

Romain, 01:55
L'entendre aurait été mieux mais... On va dire que ça me va là

Romain, 01:55
Je vais pouvoir dormir tranquillement

Yanis, 01:56
Oui, bye..Bonne nuit

Romain, 01:56
Bonne nuit Yanis

Romain, 02:01
Et à demain

Yanis, 02:03
À demain...




NOTES, enregistré à 02:15

Je deviens fou, mais ce n'est pas depuis hier.

Je sais pas combien de temps moi et mon petit cœur vont réussir à supporter tout ça. Au fil des jours, t'es de plus en plus... Toi. On est arrivé à un point où nous ne pouvons plus nous lâcher l'un de l'autre. Ça fait flipper. Ouais. Ça me fait trop flipper de voir à quel point je m'attache à ça, à nous, t'es vraiment quelque chose toi. Le pire c'est que tu dois encore plus flipper, du coup, ça m'rassure de pas être le seul. Mais bon. Le plus beau quand même c'est que demain est une autre journée et tu viens déjà d'embellir sa matinée.

Oui, je sais même pas pourquoi j'avais envie d'écrire. Mais c'est cool, ma dernière phrase c'est une rime alors j'vais pas effacer. Je suis vraiment trop fier de moi.

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