T'habites où ?
Le soir même des vacances d'octobre.
Tard dans sa chambre, Vanessa m'offre une parfaite vue d'elle, une vue qu'elle ne m'avait jamais offert jusqu'à présent. Je me martyrise les lèvres, presque à sang quand j'la sens enfin me compléter. D'une façon charnelle.
Mes mains se baladent sur sa peau fébrile, cette dernière est chaude et une douce brûlure prend possession de l'entièreté de mon être quand je la caresse. Et ça ne fait que de commencer, doucement, ses soupirs s'intensifient au fur et à mesure des secondes qui passent. Je lui offre ce qu'elle désire depuis un moment, en retour elle m'offre ce que je voulais depuis bien trop longtemps.
Mes ongles courts agrippent ses hanches magnifiquement bien développées, mes doigts pinçant son épiderme, la tirant presque sauvagement. J'essaye de me contenir. Elle me rend faible. Vanessa ne fait pas les choses à moitié et quand je vois cette envie monter en elle, j'ai juste envie de lui prouver que tout ce que je lui donne, absolument tout ce que je lui donne est réciproque. J'avais envie d'elle. Ce serait mentir de dire le contraire. J'aime ce que je vois, et son corps...
Mon prénom, un simple murmure arrive jusqu'à mes oreilles c'est là que je décide de la tirer vers moi, sa poitrine recouverte encore de son soutien-gorge à dentelle rosée se collant contre la peau nue de mon torse. Mes avant-bras se croisent dans son dos et ses lèvres percutent les miennes comme si on ne s'était pas embrassé depuis cinq ans. Nos langues se cherchent et sans qu'elle ne s'y attende, elle se retrouve en dessous de moi, envahie et possédée par mon corps.
Vanessa reprend son souffle contre l'os de ma mâchoire tandis que je glisse mes doigts curieux sous son dernier sous-vêtement. Je vois tout toucher, tout voir. Je ne peux m'empêcher de râler suite aux baisers humides qu'elle m'offre, je continue mes mouvements en elle. Je ne sais toujours pas comment décrire ce moment, elle me rend juste fou. C'est la première fois qu'on fait l'amour et j'crois que j'ai jamais autant kiffé ça. C'est maladroit, j'suis peut-être pas son meilleur coup mais elle sait que je la comble d'amour. De désir. Ma copine sait comment s'y prendre et elle arrive à trouver les petits trucs qui me rendent sensibles. Elle me découvre autant que je la découvre
Puis lorsqu'elle me chuchote qu'elle m'aime, d'une voix déformée par ses faibles gémissements, j'ai envie de lui dire que moi aussi sauf que... Je décide de la faire taire. Ma bouche la guide et ce soir, j'ai décidé que la nuit nous appartienne.
Lorsque je me réveille le lendemain, je suis surpris de ne pas sentir Vanessa à mes côtés. Un grognement s'échappe de mes lèvres et je prends le temps de m'étirer. Putain. Je reste un moment à fixer le plafond des yeux, mon regard dans le flou. Ma main se repose contre la place vide à mes côtés, comme si pour vérifier à nouveau qu'elle n'est pas là. Vraiment pas. D'un coup j'trouve ça bizarre alors mon dos quitte d'un seul coup le confort du matelas, mes pieds se dirigeant hors de la chambre.
D'en haut, je peux déjà sentir une odeur de nourriture et quelques voix qui se parlent. Tout en empruntant les escaliers pour descendre dans la cuisine, c'est là que mon cœur se rassure quand je la vois discuter avec ma mère, des sourires collés sur le visage des deux femmes. Je m'avance pour leur alerter ma présence et quand ma petite amie me voit, elle vient enrouler amoureusement ses bras autour de ma taille, son menton se collant contre mon torse, son regard captant le mien. Je suis un peu gêné par cette action car les yeux de ma mère nous reluquent abusivement, je sais qu'elle est en train de sourire. J'embrasse Vanessa sur la joue là satisfaisant quand même, me lâchant doucement par la suite.
— Alors, mmm... Bien dormi mon ange ?
Ma mère se racle doucement la gorge suite à ses propos tandis que ma copine m'incite à m'installer à table.
Quelques tartines se retrouvent dans mon assiette et malgré l'heure tardive, je commence à manger assez rapidement, sentant les mains de Vanessa se balader dans mes cheveux, son poids s'appuyant contre le dossier de la chaise.
— Ouais, ça va... Mais pourquoi tu me demandes ça de cette façon ? je lance tout en tournant ma tête vers ma génitrice, fronçant légèrement les sourcils. C'est chelou...
Elle met un temps d'arrêt et sourit légèrement à Vanessa. Je sais pas ce qu'elles ont pu se dire mais je sais déjà que ma mère adore ma copine. Voir un peu trop. Elle pense que c'est la femme de ma vie.
— Parce que ça se lit sur ton visage que tu es tout content, chuchote doucement la voix de ma blonde, ses doigts continuant leurs tracés entre mes mèches.
— Ah... Mais ouais, toujours après avoir eu la magnifique autorisation pour dormir avec sa copine après des jours de refus.
Ma mère soupire un peu plus fort dans la pièce, faisant rigoler Vanessa derrière moi.
— Je ne t'ai pas refusé, c'est toi qui n'a jamais demandé !
Puis elle s'avance de moi et pince ma joue comme si j'étais un gamin de quatre ans. Mais quoi, c'est vrai. Ça va faire deux mois que je suis avec ma copine et que je n'ai pas eu le droit de la faire venir ici. Elle ment, pour faire genre.
Après je sais que ma génitrice ne me laisse pas toutes les possibilités du monde car elle pense que j'en ferai qu'à ma tête mais d'un côté, je sais qu'elle sait que je suis quelqu'un de responsable.
Et puis... J'ai pas envie de rentrer dans les détails avec ma mère, c'est trop gênant mais je pense qu'elle s'en rend compte. J'espère. J'arrive pas à comprendre comment Vanessa fait pour ne pas être gênée, ça se trouve elle fait semblant aussi.
— Roh. Je suis juste heureuse de voir mon fils heureux avec une jolie fille !
— Vous allez me gêner madame... Oh la la.
Ah bah si, au final.
— Je t'en prie, tu dois m'appeler Rose maintenant ! Je déteste les « madame », je me sens vieille après ! s'exclame doucement ma mère tout en se dépêchant d'éteindre le four.
— Mmm... Au fait, il est où papa là ?
— Oh, dans le jardin. On a acheté des plantes d'hiver ce matin et il n'a pas pu s'empêcher d'aller les planter.
Après ma dernière bouchée, je décide de me lever et de rincer mon assiette avant de la glisser dans le lave-vaisselle.
Ma mère demande à Vanessa si elle souhaite manger avec nous mais cette dernière décline l'offre, elle doit rentrer chez elle début après midi. Alors, je l'accompagne dans ma chambre puis je commence à enfiler des vêtements de jour assez cosy, mon jogging Nike étant l'heureux élu.
Ma copine ramasse le chargeur de son portable, sa brosse à cheveux qui traînait sur ma commode de nuit et ses autres trucs, bouclant son sac par la suite. Vanessa se met en face de moi après avoir réussi à enfiler mon jogging, et j'enroule une mèche blonde autour de son doigt. Je la trouve tellement belle, c'est pas possible.
— Tu répondras à mes messages, hein ? Je pars en vacances avec une copine dès ce soir, je reviendrai dans une semaine en France.
Quoi ? Je fronce doucement mes sourcils suite à sa phrase et me recule légèrement d'elle, mes yeux scrutant son visage. Comment ça, une semaine ? J'pensais qu'elle allait pouvoir traîner avec moi pendant nos jours de vacances, elle même me l'avait dit. Enfin... Pour le coup, j'ai du mal à diriger l'information. Mes doigts se posent calmement sur la peau de son cou et je reprends, d'un ton léger.
— Ok mais... Tu me l'avais pas dit ça, non ?
Vanessa force un peu plus son sourire et ses lèvres se déposent contre les miennes. J'accepte son baiser mais j'attends toujours une réponse. Honnête, de préférence. Je sais que je dois afficher une mine blasée mais j'essaye au mieux de me contenir.
— C'est juste une petite semaine à Barcelone avec Samantha, je veux vraiment lui faire changer les idées. Tu sais que je t'en avais parlé, de sa rupture... Enfin bref, elle est au bout à cause d'un idiot et je voulais vraiment faire quelque chose pour elle. Je t'harcèlerai de photos de moi si tu veux, et des lieux qu'on va visiter. Ok ? Fais pas cette tête, il y aura bien une deuxième semaine à nous, non ?
Je sais pas comment elle réussit à me faire sourire mais c'est un exploit.
— Mmm. Ouais. T'as raison.
Elle veut faire les choses bien pour ses amies, parfois Vanessa s'occupe plus d'elles que d'elle même. C'est une personne en or, et je l'aime pour ça aussi.
— Donc, souris. Aller !
Oui, d'accord ! Elle gagne. Je porte son sac et je l'accompagne jusqu'à la porte. Elle enfile sa veste en cuir puis elle s'empresse de dire au revoir à ma mère et de la remercier pour l'accueil. Une fois dans le jardin, elle fait un signe de main vers mon père qui est occupé avec ses plantes. Mais ce dernier la remarque quand même et lui souhaite une bonne journée. On marche calmement jusqu'à sa Fiat 500 blanche, garée à quelques mètres de là.
— Si tu réponds pas à mes messages, je te jure que je serai très triste, lance-t-elle une dernière fois tout en prenant place sur le siège conducteur, laissant la portière ouverte pour que je m'appuie contre.
— Ouais, promis. J'te répondrai. Fais attention en rentrant.
Je me penche doucement vers ma copine et lui vole un dernier baiser. Elle chuchote contre mes lèvres qu'elle m'aime et je lui rends ses paroles.
Ouais.
Elle démarre ainsi le moteur lorsqu'on se sépare et je lui lance un signe de main après avoir fermé la portière. Je la regarde quitter mon lotissement jusqu'à ne plus apercevoir puis finit par pousser le portail de chez moi. Ce fut très bref, mais voilà.
Soudainement, des gants se retrouvent dans mes mains, les ayant attrapées en plein envol.
— Reflexe !
Je tourne ma tête vers mon père et j'aperçois son sourire, sa voix s'élevant dans l'air. Sérieusement...
— Dépêche toi d'enfiler un gilet et viens m'aider.
Après avoir bien pourri mes vêtements, je termine par les jeter dans le bac à habits sales, passant une main dans mes cheveux pour les envoyer vers l'arrière.
J'ai passé l'après-midi avec mes parents à jardiner et j'avoue que c'est pas le truc qui me branche le plus. Il est 18:21 quand je monte enfin dans ma chambre, ayant traîné devant une émission pourrie mais drôle avec mes darons, dans le salon.
Mon dos fini par rencontrer le matelas de mon lit défait. Putain... Faudrait que je change les draps. Quelques souvenirs de la nuit dernière viennent hanter mes pensées et mes doigts se posent sur mes paupières.
J'arrive pas à croire que je l'ai fait avec ma copine. Depuis le temps que j'attendais ce moment en plus. J'ai l'impression que je ne m'en suis pas encore remit, je sais pas, c'est comme si tout était normal et elle n'avait pas l'air d'en vouloir parler, le lendemain. Enfin bon, je suppose que c'est tranquille.
Je branche mes écouteurs à mon téléphone, ce dernier se retrouvant entre mes doigts. J'ai déjà des messages de Vanessa, c'était sûr de toute façon. Elle m'annonce qu'elle est bien rentrée chez elle et que sa valise est bientôt finie. J'ouvre ses photos Snapchat et je lui réponds, lui envoyant qu'une réponse avec mon magnifique plafond blanc. Je n'attends pas plus longtemps une quelconque notification de sa part et je déroule mes autres messages non lus.
J'avoue que depuis hier soir j'ai pas trop calculé mes potes, je voulais profiter au mieux de Vanessa et ça peut se comprendre. Je zieute mon mur, on s'absente une soirée et un tas de trucs — ou peu — se passent. C'est dingue, ça.
Kev, hier à 22:28
Yo, tu dort ? 🤔
Kev, hier à 22:55
Ok pg c bon
J'ouvre la conversation avec Kévin et je lui écris, c'est trop bizarre son truc.
Moi, 18:29
T'avais quoi mec ??
Puis mon pouce appuie sur le bouton retour, affichant désormais toutes mes conversations récentes. Mon doigt défile doucement sur ces dernières, même si j'en ai pas des milliards non plus. Le prénom de Yanis m'interpelle et je fronce les sourcils quand je vois que notre dernier message date d'avant-hier.
C'est vrai que maintenant il sait qui je suis et j'sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que c'est chelou ? Depuis qu'on se connait, on parle tous les jours alors c'est trop bizarre ce changement.
Enfin bon, je préfère envoyer un message. J'espère qu'il me répondra assez vite car je me demande ce qu'il fait.
Romain, 18:32
Le vrai Romain te fout la trouille ou bien ? 😒
Je n'ai pas plus réfléchi quand j'ai appuyé sur le bouton envoyer, je me demande ce qu'il va me dire. Je laisse tomber mon téléphone sur mon coussin qui possède encore l'odeur de Vanessa et je me perds dans mes pensées. Je me rappelle très bien du visage de Yanis quand je lui ai dit que c'était bien moi, que j'étais le Romain qu'il connaissait et pas un autre. J'avoue que j'ai été moins surpris que lui car de mon côté, je m'en étais douté. Mais ouais, peut-être qu'il a besoin de temps pour diriger le truc, je sais que ça peut paraître bizarre surtout qu'on s'est dit des trucs assez personnels, des trucs qu'on se serait peut-être pas avoué à quelqu'un proche de notre entourage, m'enfin, je sais pas trop comment expliquer ce truc.
Je ne peux m'empêcher d'ouvrir nos conversations Discord, dire que j'ai RP avec ce mec. Avec Yanis. Il écrit grave bien, ce n'est que maintenant que je le remarque vraiment. Je me demande pourquoi j'suis en train de relire nos anciens messages, c'est débile. En attendant, ça m'occupe. C'est fou parce qu'il est mignon en message, je n'aurai jamais pensé que Yanis pouvait se cacher derrière cette personne.
Puis, je retrouve cette conversation qui date de quelques jours après notre rencontre.
y1990, 24/09/2019
Tu as une copine ou quelqu'un dans ta vie ? Désolé si tu veux pas répondre, j'comprendrais.
Romain, 24/09/2019
Pq tu penses que j'veux pas répondre? ça me dérange pas 😂
Sinon ouais, j'ai une copine
Romain, 24/09/2019
Ça fait pas longtemps mais bon
Toi?
y1990, 24/09/2019
Mais bon...? 🤔
y1990, 24/09/2019
Je n'ai personne moi, je pense que j'veux pas me caser en réalité
Romain, 24/09/2019
Bah jsp, c'est le début quoi mais j'ai pas l'impression de l'aimer comme il faudrait tu vois? Pourtant elle est superbe, géniale et tout. Peut-être qu'il me faut du tmps pour que je tombe amoureux.
Romain, 24/09/2019
T'as raison, parfois les filles sont chiantes 😭 Mais faut trouver juste la bonne
y1990, 24/09/2019
En tout cas, ne presse pas les choses si tu ne le sens pas puis prends ton temps. Désolé de mon conseil tout pété. Mais je ne suis pas le meilleur placé pour te parler sur ce genre de choses... 😭
y1990, 24/09/2019
Je crois qu'on l'est tout aussi que les filles, parfois mdrrr 😂
Romain, 24/09/2019
Tqt bro, façon je verrais bien mais pour l'instant je me sens bien avec elle
Romain, 24/09/2019
🤔 Mais mec je suis une exception moi
y1990, 24/09/2019
T'es sûr ? 😂
Romain, 24/09/2019
C'est bon tu peux assumer et dire qu'en vrai tu me kiffes bien 😏
y1990, 24/09/2019
T'es chiant 🙄
y1990, 24/09/2019
Toi qui te disait une « exception », tiens
Romain, 24/09/2019
Ça compte pas vrm vraiment pcq tu mens
y1990, 24/09/2019
Alors c'est vrai, tu as peut-être raison 🙄
Romain, 24/09/2019
Tropmignon
y1990, 24/09/2019
Non 🙄
Romain, 24/09/2019
Nn ok désolé
Romain, 24/09/2019
Mais sur le coup ça t'allait bien
y1990, 24/09/2019
Tu t'enfonces 🙄
Romain, 24/09/2019
Omg Okok 😐
Romain, 24/09/2019
Tu sais quoi ?
Jvais dormir, fais de même alors bonne nuit
y1990, 24/09/2019
D'accord... Bonne nuit à toi
Ah... J'avais oublié ce genre de détail, vraiment, parfois j'me demande ce qu'il me passe par la tête pour avoir envoyé des trucs comme ça. Le pire c'est que j'me rappelle même plus de cette soirée mais j'devais sûrement avoir fumé.
Après ces quelques minutes de silence, il me répond enfin. J'étais à deux doigts de le relancer, d'habitude il me répond vite ce qui n'est pas le cas d'aujourd'hui. Il doit avoir des trucs à faire, après tout ce sont les vacances et on sort un peu plus.
Yanis, 18H48
Non, pourquoi ça ?
Romain, 18H49
J'ai pas de msg depuis 2j, je me demandais 😴
Yanis, 18H50
Tu attendais un message alors ?
Ben... Je fronce les sourcils devant mon écran. C'est quoi cette question ? Bien sûr, on parlait tous les jours, une routine s'était installée entre nous, j'sais pas ce qu'il imagine lui mais moi j'trouve ça bizarre.
Romain, 18H51
Je peux t'appeler????
Sans réfléchir, je coupe la musique qui était entrain de jouer dans mes oreilles et mon pouce hésite à appuyer sur le petit bouton en forme de téléphone. Je n'attends pas plus longtemps sa réponse, impatient. Du coup, je ne pensais pas qu'il allait me répondre surtout à la première sonnerie. Je frotte légèrement mes lèvres entre elles tandis que j'entends sa petite voix à travers mes écouteurs.
— Hey...
— Salut. Euh, désolé si je te dérange, en fait.
— ... Tu ne m'as pas tellement laissé le choix, je tiens à le dire.
Pas faux, ça. Il ne peut pas le voir mais je ne peux m'empêcher de rouler les yeux au ciel. C'est vrai mais... Je m'ennuie et je crois que j'avais envie de lui parler, autrement que par écrit.
— J'm'ennuie du coup. Tu fais quoi, toi ?
— Rien... Sur Netflix. J'regarde You. Le mec me fait flipper.
— Ah ouais, je vois. Moi j'ai bien aimé, ça fait longtemps que j'ai regardé.
— On me l'a conseillé mais j'avais la flemme de commencer en vrai... Puis du coup c'est vraiment cool, je finis bientôt la saison une.
Mes doigts jouent avec le fil de mes écouteurs et je laisse un blanc s'installer entre nous. Je l'appelle mais je ne sais pas quoi lui dire, t'es trop bizarre Romain, sérieux.
— Hum, ouais. Enfin, j'voulais juste m'assurer que rien n'allait être bizarre entre nous depuis la dernière fois. Vu que tu ne m'avais pas envoyé de message, j'voulais juste savoir s'il y avait un truc.
C'est au tour de Yanis de laisser planer un silence, j'avoue j'sais pas trop à quoi m'attendre comme réponse.
— Non, non... Ça va. Ça ne me dérange pas, de toute façon toi même tu as dit que ça ne changeait rien.
— Ouais. Enfin voilà, c'est bon si on est clair maintenant. Parce qu'honnêtement... J'ai pas envie que ça change quelque chose. Puis même tout ce que j'ai pu te dire, tu sais... Et inversement. Fin, j'dirais rien quoi.
Je m'embrouille un peu dans mes mots mais il voit ce que je souhaite lui dire. J'entends un léger rire à travers mes écouteurs et la voix de Yanis s'élève une nouvelle fois. Je crois que je l'ai gêné mais je n'ai pas fait exprès.
— Je sais bien que tu ne diras rien...
— Désolé, hein. C'est un peu chelou comme conversation mais j'devais t'en parler, pour qu'on soit fixé t'as capté.
Mon dos s'enfonce un peu plus contre les quelques coussins empilés sous ma nuque, remontant légèrement mon sweat sur mon nez.
— C'est pas chelou, ça me fait plaisir que tu... m'appelles.
Je meurs. J'avoue que je m'attendais pas à ce genre de réponse alors je ferme légèrement mes yeux, recevant cette avalanche de sensation qui me prend subitement, réfléchissant à une quelconque phrase à dire. C'est quoi ça...
Bah du coup, moi aussi ça me fait plaisir ? Il m'a prit de court, je déteste perdre mes mots. Heureusement, il reprend.
— Au fait, tu fais quelque chose ce soir ?
À part glander dans mon lit, j'vois pas trop ce que je pourrais faire. J'me demande ce que font Léo et Kévin, du coup.
— Rien de prévu... Pourquoi ?
— Moi non plus.
Je laisse un léger soupir passer la barrière de ma bouche, ma main grattant mon front.
— Tu ne réponds pas à ma question...
— ... Je pensais que je pouvais organiser un truc mais j'ai pas d'idées. Puis j'crois que mes parents ne voudront pas de bruit à la maison.
— Pourquoi forcément chez toi alors ?
J'entends quelques bruits en fond, je suppose que c'est le son de sa série. J'ai l'impression qu'une porte se claque et sa voix reprend, un peu plus doucement.
— Je sais pas... Arh, laisse tomber, oublies.
— Tu... Tu veux qu'on se voit avec les autres ou pas ? On peut demander à Andrea, d'ailleurs la dernière fois il m'a donné son numéro.
— Hm... Si tu veux. Mais j'voulais un truc plus chill.
Ah ouais ?
— Bah c'est quoi un truc plus chill pour toi ? je demande, mes doigts tapant sur les lettres virtuelles du clavier.
— Pas un truc avec les autres en tout cas.
Mmm.
— Tu veux qu'on se voit ou quoi ?
— ... C'est ennuyant de regarder une série tout seul, j'crois.
Un sourire se trace sur mes lèvres, mon corps se redressant légèrement. Lorsque je pose pied à terre, je commence à me diriger vers mon sac de cours pour en sortir mon paquet de clopes et avec un briquet aux doigts, j'allume une cigarette une fois ma fenêtre ouverte. La nuit est déjà entrain de tomber et l'air frais fait frissonner ma peau. J'adore les couchers de soleil. Je trouve ça agréable, puis c'est beau à regarder.
— C'est ennuyant de regarder une série une deuxième fois, je soupire après avoir tiré une taffe.
— Je peux changer. De toute façon tu dois sauver mon ennui.
— T'es désespéré ?
— Oui.
— J'arrive, si tu veux. Mais Yanis, tu dois me dire où t'habites.
J'attends sa réponse mais je suppose qu'il est en train de m'écrire un message. Mon index tapote doucement ma cigarette, en faisant tomber les cendres dans le cendrier posé contre le rebord de mes vitres. Une vibration s'effectue à mon oreille et je suppose que c'est lui.
— J'dois trouver un bus maintenant. Ah ouais, on est pas super loin en fait, je lance, lisant son adresse.
Puis après quelques mots, Yanis décide de raccrocher en me disant qu'il m'attend. Je relis l'adresse tout en enfilant ma veste, j'ai la flemme de changer de vêtements en fait. Je passe, façon. Je me regarde dans le miroir de la salle de bain avant de descendre en bas, j'me trouve assez potable, ouais.
Je viens rapidement frotter ma tignasse mi-blonde mi-châtain pour paraître un peu plus passable, j'aime bien ma tronche quand j'ai les cheveux décoiffés. Je ne peux pas l'expliquer, c'est juste le style. Dans le salon, mes parents sont assez surprit de me voir partir en direction de la porte, m'abaissant alors pour enfiler mes baskets préférées.
— Hé ! Romain... Mais où est-ce que tu vas comme ça ?
— Je vais chez un pote. J'sais pas si je rentre tard ou pas. Alors m'attendez pas trop.
J'allume une application pour voir si j'peux encore choper un bus, vu qu'il est encore assez tôt, j'ai de la chance.
— Mais... Bon et bien... D'accord.
— Bye !
Après un dernier signe de main, je sors de ma maison, glissant les clés de cette dernière derrière un vase à l'entrée, au cas où.
Écouteurs visés dans les oreilles, je me dirige sans trop savoir ce qu'il va se passer vers l'arrêt de bus. Une soirée chill entre potes, mmm. Rien de plus banal. On dirait que l'ennui a bien fait de nous rassembler lui et moi, ce soir.
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