Précieux père.
— Tu sais, je t'ai déjà vu.
Sérieux, il fait son gêné alors qu'une pensée me revient d'hier. Faut dire que je m'en suis pas encore remit. Yanis est en train de chercher des fringues potables à mettre puisque c'est décidé, on sort. Je ne sais pas encore où mais on va pas squatter sa maison encore trop longtemps. De mon côté j'ai renfilé mes habits d'hier, en décidant quand même de passer chez moi pour me changer. Le bronzé n'a pas des vêtements à ma taille, c'est malheureux donc bon. Je n'ai pas le choix.
En un simple message, je préviens ma mère qui me répond très rapidement. Elle ne me dit rien par rapport à Yanis et ouais, elle a plutôt intérêt. Parce que je débarque avec lui qu'elle le veuille ou non.
— C'est bon, t'es prêt ?
— Oui. On y va.
— Aller.
J'empoigne mon sac de cours tandis que lui, ne prend que sa sacoche qu'il passe sur le dessus de son gilet orange. Avant d'ouvrir la porte de sa chambre, je m'arrête devant cette dernière en passant mon bras dans son dos.
Viens un peu.
Sous ce geste, je le fais se rapprocher de moi et mes lèvres s'échouent contre ses jumelles lui offrant ainsi un baiser sans arrière pensée, très chaste. Son sourire illumine déjà le début de mon samedi. Ou plutôt, notre samedi.
— T'es beau, je souffle sincèrement.
Mon compliment est juste, juste vrai. Pourtant, ce n'est pas comme s'il faisait des efforts considérables pour l'être autant. C'est ça qui me plaît aussi. Yanis l'est tout naturellement, il est simplement ainsi, simplement comment je le désire. Ses joues, quand il se gêne, gêne provoquée par mes propres soins... Il atteint son summum. C'est toujours dans ces moments-là que je le trouve parfait.
— Et moi ? Nan, j'suis trop moche là.
Je blague mais c'est vrai. Le fait de porter les mêmes tissus que la veille me dérangent absolument. Sa réflexion s'élance entre nos deux corps, encore liés par l'étreinte que j'exerce sur lui.
— Toi... Tu dis n'importe quoi.
— Je sais. Je rigole.
Je reprends après m'être tourné plus convenablement vers lui, mes deux mains rejoignant finalement son visage afin de l'attraper en coupe. Il est tout fin, mes doigts parviennent à atteindre presque les racines de ses boucles proprement soignées.
— Je suis toujours beau.
— Ouais, ouais.
— Quoi ?
Yanis se contente de baisser les yeux sur ma tenue, ses sourcils se haussant doucement comme pour contrôler les mots qui vont sortir de sa vilaine bouche. Je veux la marquer, serait-ce qu'un peu, d'en faire une simple bouchée.
— Feur.
Je soupire. Je veux plus. Y a que moi qui peut lui faire des blagues nulles. Vraiment... Son humour me désespère parfois même si je sais que ce n'est pas sérieux. Je prends un faux air déboussolé avant de taper faiblement sa joue, ce qui le fait râler. C'est ça, râles si tu veux.
— Bon, aller. J'dois encore me faire plus beau.
— Oui. Essayer du moins.
Il prend vachement la confiance ou c'est moi qui fait des idées ? Ça y est, il se sent plus depuis ce qu'on a fait hier. Mmm. Il s'est décoincé, un peu. De toute façon, c'est pas comme si ça ne me plaisait pas qu'il se comporte ainsi. Justement, ça m'amuse encore plus. Bon vraiment on y va maintenant. Sinon on est encore là jusqu'à midi.
Je scrute rapidement l'heure sur l'écran de mon iPhone que j'ai prit le temps de recharger ce matin. Il est presque 11:00 et c'est une vingtaines de minutes plus tard que j'arrive finalement chez moi. Avant de partir, je suis bien évidemment allé dire au revoir à Myriam ainsi qu'à Raphaël, le père. Noa dormait encore ce gosse, enfin, il s'était réveillé plus tôt mais la fatigue l'a vite rattrapé.
Une fois devant la devanture de ma maison, je croise un instant le regard stressé de mon copain. T'façon... C'est pas comme si je le laisserais une seconde seul avec ma mère. Hors de question. J'espère qu'elle ne va pas nous faire chier. Bref. Je rentre sans toquer, Yanis se tenant comme un petit chiot dans mon dos.
Rapidement on se voit accueillir par Rose, un torchon de cuisine entre ses doigts. Elle semble s'essuyer les mains tout en s'approchant de nous, mes épaules dégageant d'une façon rapide ma veste.
— Les garçons... Vous êtes arrivés tôt, nous sort-elle sans savoir quoi dire.
Je hoche légèrement de la tête tandis que le bronzé garde son gilet, n'enlevant que ses Adidas noires, plus par politesse qu'autre chose. La femme de la maison ne tarde pas à s'en aller, à notre plus grand bonheur. J'ai bien vu qu'elle a hésité de dire quelque chose mais elle s'est finalement retenue. Je ne sais pas si c'est pas plus mal ainsi, du coup. Au salon, mon père se tient accoudé contre la table du bureau, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur portable. Sûrement un de ses articles. Quand il remarque enfin notre présence, il se retourne en réajustant ses lunettes au passage. Je lui souris, jetant un coup d'oeil à Yanis qui en fait de même.
— Ah, bonjour Yanis. Tu... Vous restez ici aujourd'hui ? nous demande-t-il, enfin, surtout en me regardant.
— Non. Je passe juste prendre des habits de rechange, après on repart.
Soudainement, la voix de ma mère retentit comme un screamer dans nos dos. Avec Yanis, on se retourne bêtement comme deux accusés alors qu'il y a rien.
— Ton ami mange ici, Romain ?
Je ne tique pas sur le mot qu'elle vient d'employer, c'est pas grave. Le regard de Rose se fait plus insistant, cette dernière m'ordonnant presque une réponse immédiate. À la place, c'est mon petit-ami qui répond. Oui, petit. Voilà, c'est ça qu'elle a oublié. Le mot.
— Ah, non, non.
Je reprends suite aux paroles de Yanis, en rajoutant une couche.
— Ouais, non. On va manger dehors. Pas vrai ?
— Euh, oui...
Ce sera beaucoup mieux que dans cette ambiance. Je n'ose même pas imaginer, vaut mieux laisser tomber.
— D'accord, très bien. C'était seulement pour savoir si je devais prévoir plus.
Suite à ça, ma génitrice s'en va dans la pièce réchauffée par l'odeur de nourriture, agréable en passant. Tant pis, ce ne sera pas pour nous. Lorsque je croise le regard de mon père, il affiche une mine désolé. Alors, il se lève de la chaise pour venir nous faire face et Yanis se recule instinctivement, vu qu'il était un peu trop proche. Mon daron n'est pas plus grand que moi. C'est un homme de corpulence normale, bien qu'un peu maigrichon mais il a toujours été comme ça. J'ai prit sa bonne taille par contre, merci son 1m80.
— Ce serait mieux pour vous de manger en ville, oui... commence-t-il en contrôlant le ton de sa voix.
— Façon, j'veux pas là.
— J'entends bien, Romain. Je suis désolé mais tu sais que...
— Ouais, ouais. Je sais qu'elle ne veut toujours pas me parler, quoi.
Mon daron soupire légèrement, remontant ses verres qui tombent involontairement sur le bout de son nez. Je vois Yanis se gratter faiblement la nuque en regardant sur le côté, un peu gêné d'être au beau milieu de cette conversation.
— Je fais de mon mieux pour gérer la situation avec ta mère. Mais... Voilà... C'est pas encore si facile, pour elle.
— Mmm.
— Bon... Aller, montez.
L'adulte secoue doucement le haut de mon bras, ses yeux marrons se posant sur Yanis qui sourit, mal à l'aise. Je sais qu'il n'a rien à craindre avec lui, il ne pense aucun mal du bronzé. Vu la longue discussion que j'ai eu avec mon daron il y a quelques jours, il accepte volontiers Yanis et notre relation sans problème. Tant que je suis heureux... Voilà ce qu'il m'avait dit.
Ouais. Tant que je suis heureux. Cette phrase se repasse en boucle dans ma tête et je l'idôlatre particulièrement puisqu'elle me touche, elle me fait plaisir, encore plus quand elle vient de l'homme en face de nous.
— Et enfin, Yanis... Tu sais, tu n'as pas à te sentir gêné avec moi. Tu seras toujours le bienvenue ici et je m'excuse à la place de Rose pour ce comportement. Dans le fond, elle t'apprécie. C'est seulement le temps qu'elle digère l'information... Et toute cette situation.
Je veux mourir, voir mon père parler de la sorte avec lui me fait chaud au cœur. Le bouclé vient lentement hocher de la tête en buvant ses paroles bienveillantes, ses lèvres se frottant entre elles. Je ne peux m'empêcher de les regarder, tous les deux.
— Bon... C'est bon, je vous laisse.
C'est sous ses derniers mots qu'on s'éloigne de lui, laissant Yanis passer devant moi. De toute façon il connaît la maison maintenant. Je lance un dernier regard qui veut tout dire à mon père qui se contente simplement de me sourire et j'ai juste envie lui dire que je l'aime.
Une fois à l'étage et en l'occurrence dans ma chambre, j'enlève mon haut sous les yeux du garçon présent dans la pièce qui... Et bien, ne se dérange absolument pas pour fixer mon corps. Il l'a vu il y a quelques heures mais c'est comme si ça lui manquait déjà. Alors, d'une démarche féline, je me rapproche de lui en balançant mon t-shirt sale entre mes deux mains, finissant par le jeter sur le matelas propre de mon lit. Suite à ça, Yanis se recule instinctivement de moi et comme prit dans un piège, son dos tape le bois de la porte, cognant par mégarde son talon dans un bruit sourd. Une grimace surgit sur son visage et ça me fait rire, il n'avait qu'à pas bouger non plus. Idiot... De mon index, je viens tapoter ses lèvres, elles me donnent sans le vouloir des idées.
J'crois que juste le fait d'être entre quatre murs à deux font ressortir en moi des pensées pas très catho. Mais passons les détails, je ne voudrais pas l'effrayer.
Je ne sais pas s'il sait autant que moi à quel point j'ai envie de le faire mien. Cette réflexion qui me trotte dans le cerveau depuis un moment... Sauf que je n'ai pas envie de brusquer Yanis. Surtout pas. J'ai envie qu'on soit sûr et qu'on décide des choses ensemble. Puis c'est pour ça qu'hier, lorsqu'il s'est offert de cette manière, ça m'a permit de comprendre qu'il a ouvert une porte, un passage. Doucement, je sens que tout ça s'installe entre nous. Je parle de notre désir, notre attirance commune, ce bouillonnement qui rappelle sans cesse nos deux corps, cette attractivité que nos deux âmes ne peuvent se permettre de ne pas se bousculer, se chercher, et de s'apprivoiser.
Je l'embrasse, ne pouvant résister aux jumelles de mes lèvres. Elles me tentent, sans un mot, sans parler, dans un silence plaisant. J'aime quand Yanis me tente, sans faire exprès. C'est débile de dire ça puisque je vis cette situation tout le temps, tous les jours, à chaque fois qu'il passe près de moi. Quand il est devant moi, derrière moi ou à côté de moi. Quand on est au lycée, dans la cour, au loin, nos regards, nos sourires, en classe à la place d'écouter une leçon ennuyante, son faciès qui hante mon faible esprit, complètement obsédé par lui. Je suis malade.
Il me fait penser à autre chose. Toujours. Et ça me fait du bien car mine de rien, j'oublie tous ces trucs de merde. J'oublie ma mère, le problème encore non résolu avec Andrea et cette histoire de numéro, je n'y pense juste plus. Tout se met en pause, je suis comme bloqué dans une faille, dans un gouffre lorsque j'embrasse Yanis, quand je le serre contre moi, c'est comme si le temps ne s'écoulait plus, comme si le temps n'existait tout simplement plus. Il couine contre ma bouche, bouche maître barrière de mes soupirs. Pourquoi faut-il qu'on ne réussisse pas à se contrôler, car j'en veux encore plus. Toujours. Encore et encore. Yanis étant marqué au fer rouge à l'intérieur de mon cerveau complètement matrixé par ces cinq lettres qui se suivent les unes après les autres. Les siennes.
— Romain...
Les miennes sonnent merveilleusement bien quand la tonalité de sa voix le prononce. C'est comme si tout d'un coup, mon simple prénom devenait celui de quelqu'un d'important. Mon ventre se contracte, l'effet que ce simple son, que cette mélodie provoque en moi est suffisant pour monter la barre d'un cran.
J'essaye quand même de prendre sur moi et lui sur soi pour la faire redescendre lentement. Là, tout redevient plus doux, plus sage, bien qu'encore intime. Je lui offre un baiser esquimau, mon nez se frottant doucement avec le sien, d'une légèreté fine et absolue, comme si cette partie de mon corps ne voulait qu'être une simple petite plume. Mon pouce traverse ses deux lèvres légèrement charnues, hydratées et puis imprégnées par ce liquide aqueux que produit nos langues en permanence.
— Tes... Tes habits.
Ouais. Mes habits, ouais. Yanis a un peu du mal à revenir sur Terre, bien que ses pieds arrivent encore à le faire tenir debout sur le sol de ma chambre. On se sépare, enfin, je me recule plutôt puisqu'il était bloqué contre ma personne. Dans un simple sourire, je retourne finalement vers cette armoire que j'avais laissé ouverte puis j'essaye de me concentrer sur des fringues potables à mettre.
Bon... C'est dur de faire chuter la tension qui s'est installée entre nous, même moi je n'ose plus parler. Je l'ai cherché, tu l'as cherché Romain. Je ne dis pas ça en regrettant, au contraire. Mais comment j'aurai kiffé me laisser de nouveau entrainer, me perdant volontairement dans ce chemin sans point de retour.
— Ah, putain... je râle en ne sachant quoi mettre.
Je veux mettre mon jean pourpre mais je ne le trouve pas. Je crois qu'il n'est pas lavé visiblement. J'opte donc pour un pull assez ample avec pour simple symbole le logo de la marque Nike ainsi qu'un jean bleu qui irait très bien avec mes Vans. C'est bien ça. Mon style est assez basique, en passant. Mais je ne cherche pas à me faire remarquer et je m'habille comme tout le monde, voilà, car c'est ce que j'aime aussi tout en essayant de suivre les modes quand elles sont raisonnables. Je déboutonne sans vraiment réfléchir le bouton de mon pantalon, voulant également ôter mon caleçon.
Mes gestes se mettent en pause quand je sens Yanis derrière mon dos, sentant ses tendres lèvres se déposer sur le muscle arrière de mon épaule. Puisque de toute manière... Il est trop petit pour atteindre le sommet, voir mon cou, ma nuque vierge de marques à défaut de la sienne. Son baiser est rapide, comme pour m'indiquer sa présence. Je souris mais il ne le voit pas, décidant alors de me déshabiller totalement. Puis là, je ne me retourne pas pour ne pas le gêner bien que... Vous me connaissez. Je me retiens.
Après avoir enfilé un sous-vêtement propre, c'est là que je me permets. Je le laisse me toucher, me découvrir. Car c'est aussi à lui, tout ça. Tout. Quasi toutes et les moindres parcelles de mon corps. Pendant que je déplie mon haut qui était bien rangé et repassé, la pulpe de ses doigts rencontrent l'enveloppe et la sensation de ma peau, bien que les deux parties se connaissent désormais. Je louche sur sa petite main qui trace des parcours invisibles sur mon torse, la ligne entre mes pectoraux, puis le tout retombant contre mes abdominaux prédéfinis, travaillés rien qu'avec désinvolture et délicatesse. La nature a su me gâter, bien que le travail ne donne des résultats gratuitement.
Tout serait bien trop facile. Comme ne pas s'arrêter en si bon chemin.
— Tu te perds... je chuchote faiblement.
Rapidement, c'est comme s'il coupait court à ma contemplation. Yanis bredouille en me disant de m'habiller plus vite mais... C'est lui, hein. Pas moi. Je le laisse juste profiter, c'est tout... Je le fixe en me retenant de faire une remarque tandis qu'il s'éloigne de ma présence, prenant place sur mon lit. C'est alors qu'il appuie son coude contre sa fine cuisse, ses yeux se concentrant dès à présent sur l'écran illuminé de son téléphone. Cette petite coupure du monde me permet de mettre mes habits en quelques secondes, l'incitant donc à se relever alors qu'il n'était même pas bien installé.
— Aller, on descend.
En passant, je pique mon parfum qui est rangé contre l'étagère près de ma porte, venant en mettre sur mon doigt, l'étalant ensuite dans mon cou et sur la ligne de ma mâchoire. Un peu, comme ça.
— T'en veux ?
Il ne dit pas non. J'exerce les mêmes gestes sur Yanis puis quand je juge que c'est bon, on peut définitivement y aller cette fois-ci. En bas, on croise ma mère ainsi que mon père qui sont assit à la table de la salle à manger, un café devant eux. Ils étaient en train de parler de quelque chose parce que lorsque les yeux de Rose m'aperçoivent, elle se tait rapidement. Elle a un regard de coupable et je suis pas con, je capte que ma génitrice parlait de moi.
— On y va nous, je lance sans espérer recevoir une réponse.
— Bien...
— Ne rentres pas tard, Romain.
La dernière phrase de ma mère me bloque une seconde dans mon élan, la main sur la poignée de la porte. C'est ce qu'on verra. Sous un silence de ma part, c'est ainsi qu'on quitte la demeure, un peu plus léger lorsque l'air nous frappe au visage. J'attends Yanis qui n'a pas bien fait le lacet de sa chaussure puis, nous partons vers l'arrêt de bus.
— On va où, du coup ?
Son air content me fait immédiatement sentir de bonne humeur. Je sens que je vais passer une excellente journée, avec lui.
— Déjà, manger. Puis après j'sais pas, on ira se promener dans le centre si tu veux.
— Ouais. Ça me va.
— Mcdo ça te va toujours ?
Vu la tête qu'il tire, la réponse me paraît comme évidente.
— Ça fait longtemps que j'en ai pas mangé en plus.
— Moi non plus, j'crois.
Faut dire qu'en ce moment, on n'a plus le temps d'y aller avec les cours. Je me souviens que cet été, avec Kévin et Léo on faisait que de s'en commander genre tout le temps. Mais bon, je pense que mon corps m'a remercié quand la rentrée et les « bonnes » habitudes se sont mises en place.
On se raconte quelques anecdotes jusqu'à ce que notre ligne arrive. On monte alors dans ce bus et immédiatement, je prends place sur la banquette arrière vu qu'il n'y a personne. Yanis me rejoint et je me décale plus la droite pour lui laisser un endroit où s'asseoir.
— Voleur de place, râle-t-il.
— Hé, chacun son tour.
Toujours à la fenêtre, un peu à moi de profiter non.
— Fais la tête si tu veux, ça changera pas pour moi...
Mon doigt vient s'aventurer vers ses côtes et il redresse, lâchant un faible rire alors que...
— Wesh, j't'ai même pas touché.
— Mais tu sais que j'aime pas ça.
— Ah ouais ? je souris.
— Alors tu cesses.
— Mmm.
Si je veux déjà. Ce mec ne ferait même pas peur à une mouche, sans déconner. Le bus entreprend à faible allure son trajet, s'arrêtant par automatisme à tous les arrêtes demandés.
— Arrête de me fixer, soupire-t-il tout en pianotant sur son iPhone.
— J'ai plus le droit ?
— Si mais...
— Mais rien.
Non mais. Je tire doucement la manche de son gilet pour le faire s'intéresser à moi, bien qu'il soit têtu quand il s'y met. Le reste du trajet se fait silencieux malgré mes nombreuses tentatives pour l'embêter. Yanis avait finalement sorti ses écouteurs qui sont toujours planqués dans l'une des poches de sa veste, se plongeant dans le monde la musique. Il ne fallait pas plus de quelques secondes pour venir le rejoindre, m'approchant exagérément de lui. On descend après une quinzaine de minutes à notre arrêt, dans le centre.
Et c'est plus peuplé qu'en semaine. Beaucoup de jeunes se retrouvent, bien qu'on soit même pas encore en plein après-midi. Les vestes remontées jusqu'au cou, certains trouvent refuges dans des cafés ou des restaurants, vu que c'est l'heure de bouffer. Nous, notre fast-food américain nous attend. Une fois dans le Mcdo, on se dirige vers les bornes tactiles pour faire notre choix. Yanis ne sait pas quoi prendre alors que le menu n'est pas très varié, faut dire qu'il y a toujours les mêmes choses. Finalement, il prend un menu wrap poulet bacon et moi un McChicken, le tout accompagné de frites et de boissons sucrées. Après avoir payé à la caisse, l'employée nous demande de nous installer et qu'on viendra nous servir à table.
— J'ai faim... se plaint-il comme pour instaurer la discussion.
— Comme d'hab', non ?
— Non. C'est faux.
Je lui souris rapidement avant de reluquer une miette qui me stresse depuis tout à l'heure. Je shoote dedans, la saleté tombant au sol. Adios.
— Là, tu vas bien manger t'inquiète. Et après, on ira se promener...
On discute des endroits où il voudrait aller et en le reluquant ses cheveux, je me dis qu'il faudrait p't'être que je lui achète son bonnet puisque c'est de ma faute s'il l'avait perdu la dernière fois quand on est allé dans ce parc la nuit. En plus, il le kiffait ce bonnet, il le mettait tout le temps.
Nos menus arrivent et on se dépêche de déchirer nos petits paquets de sauce. Pour le faire chier, je lui pique une frite au lieu d'en prendre dans les miennes. Relou jusqu'au bout.
— Non ! Un mcdo, ça se partage pas.
Sa remarque me fait rire, comment ça se partage pas ? Bien sûr que oui, et surtout avec moi. Finalement, je lui laisse empoigner deux frites de mon plateau, ouais, je me suis fait arnaqué pour le coup mais je m'en fiche. Si c'est pour voir son sourire, qu'il le fasse plusieurs fois.
Je suis fou mais c'est normal.
On mange tranquillement et je me délecte de notre repas de luxe, franchement, qui n'aime pas ? Ça faisait si longtemps que je n'avais pas croqué dans un hamburger de cette qualité, de la signature Mcdo. Un délice et Yanis en pense pareil vu comment il adore. Son téléphone s'allume sur une notification ce qui me fait baisser les yeux sur son iPhone. D'un coup d'œil, il fixe puis met son écran en noir. J'ai vu que c'était un message, car la petite icône était verte. Je me demande qui c'est car bien sûr, je suis curieux mais je ne préfère pas demander. Ses yeux finissent par s'intéresser rien qu'à moi durant le reste du repas.
À la sortie, je m'empresse de refermer d'un coup sec ma veste. Putain, changement de température directe là. C'est pas grave, on va marcher et ça va aller mieux. Oui, faut bien digérer tout ça. Une fois Yanis à mes côtés, mes doigts viennent frôler la manche de son gilet pour l'attirer d'un geste brusque vers moi. Il manque de jurer puisqu'il perd un peu l'équilibre ce qui le fait sournoisement bousculer mon épaule.
— Romain !
— Mais quoi ?
— T'es chiant. Tu me pousses.
Un peu. Toujours avec lui. Mais c'est parce qu'il est mignon du coup, voilà. Façon à ce stade je n'ai même plus d'explication à donner. Il le sait, on le sait très bien tous les deux. Tandis qu'on marche dans ces ruelles bordées de magasins, de cafés, de bars en tout genre, je ne peux m'empêcher de lâcher un petit soupir d'aise. Je suis bien. Je suis vraiment bien là. Avec lui, en train de nous diriger je ne sais où. Le bruit ambiant, les gens qui parlent autour de nous sans même avoir idée de qui on est, on se perd dans cette foule en croisant des têtes qu'on ne reverra certainement plus jamais, qu'on aura oublié.
C'est là que... Discrètement, c'est ses doigts que j'attrape. Furtivement et rapidement, je les serre entre les miens plus longs que les siens. Sans nous regarder, sans nous parler, je devine déjà l'expression de son visage. Un bonheur indescriptible me prend part lorsque ce faible contact nous lie, réussissant en une fraction de seconde à réchauffer l'intégralité de mon corps, mon âme devenant légère, mon coeur suivant un ou deux battement qu'il n'a pas vu arriver.
— Viens. J'aime bien ce magasin.
Je le suis, entrant donc dans ce petit lieu qu'il semble aimer puisque visiblement, ce n'est pas la première fois qu'il vient ici. En passant la barrière des anti-vols, nos doigts se lâchent mais ce n'est pas grave puisque ce n'est pas la dernière fois aujourd'hui que j'en profiterai...
Là, je suis comme un petit chiot en le suivant dans les rayons. Je n'ai jamais fait autant attention quand je choisis mes fringues dans les boutiques, j'veux dire... Yanis a son style, et ses tenues sont différentes, les couleurs qu'il choisit sont jamais celles que je me verrais bien porter. Rien qu'aujourd'hui, il assorti l'orange et le noir à la perfection. Bon, en soit... Ses mains viennent se promener sur les tissus qu'il regarde, me lançant par moment quelques coups d'œil pour me demander silencieusement si ça me plaît. Je lui dis, toujours.
— Sur toi, oui.
C'est vrai, je suis sûr que ça lui irait bien. Pas comme si je l'avais vu un seul jour de ma vie fringué comme une merde. Non, vraiment. J'aime cette partie vestimentaire qui complète Yanis. Puis finalement on sort de ce magasin sans avoir rien acheté puisqu'il a dit que la nouvelle collection ne lui plaisait pas tant que ça. Bien que le vendeur a essayé de l'en dissuader et d'au moins acheter un des cargos qui était faussement tagué. Il a refusé poliment puis on est parti. Mais ça me fait tellement sourire comment il parle aux gens, il est si différent et beaucoup plus timide, comme s'il ne voulait pas trop les déranger. Alors que... Tu déranges personne. Tu t'es vu ?
— T'aurais pu essayer... je lance en passant les portes vitrées.
— Non, j'aimais pas que ce soit autant coloré.
— La blague. C'est pas comme si tu portais pas du orange, là.
— Oui mais... Laisse, j'aimais juste pas.
Compliqué. C'est lui qui décide, de toute façon ! Suite à ça, on s'arrête cette fois-ci pour contempler des baskets exposées en vitrines. Yanis craque pour des Puma RS ici présentes en noir profond. Je lui dis qu'elles sont belles mais il boude quand il voit le prix. Il ne veut pas dépenser maintenant tout son argent de poche bien c'est un prix normal pour des sneakers, en passant. Elles sont en promo.
— Tu les veux ?
Suite à ma question, il me regarde comme s'il comprenait qu'est ce que je m'apprêtais à faire. M'en fou, je sais que je suis assez rincé et que ma mère ne me donne plus rien, mon père seulement pour des clopes de tant en tant mais... J'ai quand même envie de les lui offrir sauf que sa réponse se fait immédiate.
— Non ! Surtout pas.
Il me fait sourire, j'admire le profil de son faciès qui s'est retourné de nouveau vers les chaussures exposées.
— Pourtant, elles te plaisent.
Yanis soupire légèrement avant de se reculer, me faisant un signe de tête pour qu'on avance.
— Aller.
— T'es sûr de toi ? je propose, une dernière fois.
— Oui, aller viens.
Je hausse rapidement les épaules avant de jeter un dernier regard à cette paire. Je note dans un coin de ma tête, de toute manière... C'est pas comme si l'anniversaire de Yanis n'approchait pas à grand pas. C'est fin de ce mois et... Visiblement, il n'en parle pas trop mais moi je sais. Du coup, qu'il le veuille ou non, je sais déjà ce que je vais lui offrir.
— Ça va ? je lui demande alors, les mains dans les poches.
— Tu connais la réponse.
Oh, le relou. Quand c'est pas un, c'est l'autre. Je veux qu'il me réponde mais son sourire traduit toutes ses pensées. Ouais. Moi aussi. Je suis content d'être avec toi.
Puis finalement, les heures passent et on est passé dans d'autres boutiques, les suivant à la chaîne presque. J'ai pu lui acheter son bonnet cette fois-ci, et oui, ça il n'allait pas me le refuser par contre. En sortant, je déchire l'étiquette et je le lui enfonce sur ses boucles marrons. Il m'insulte parce que les rebords du tissu recouvrent aveuglément ses yeux et dans un râlement, il le réajuste comme il se doit.
— La tronche.
— Il me va bien ?
Quelle question. D'un pas, je me rapproche de lui et immédiatement, je le sens se raidir suite à ce contact si soudain. Ma bouche est proche de son oreille, bien que j'essaye de garder ces maigres centimètres pour une simple marge de contrôle.
— Même très bien.
Lorsque je me recule, ses joues rougissent et ce n'est pas parce qu'il fait froid, bien le contraire. Le blanc de son bonnet fait ressortir ses couleurs, sa peau et tous ses vêtements. Il est beau, tous les regards de ses filles qui se posent sur lui ne se font pas par hasard.
— Merci... De m'avoir acheté, souffle-t-il alors.
— C'est normal. J'te rappelle que c'est à cause de moi que tu l'as perdu...
Suite à ma remarque, on reprend notre marche et Yanis rigole en se souvenant parfaitement de la scène qui s'est passée il y a quelques jours.
— Hé ! Restez là ! Vous ! recopie-t-il en utilisant exactement le même ton de l'autre bonhomme qui nous a poursuivi.
Je ne cache pas mon rire, le reluquant d'un sourire lorsqu'il continue de s'exprimer. Pff.
— Plus jamais je te suis dans ce parc. Plus jamais. C'est mort.
Biche. Heureusement que j'étais là pour le trimballer, bien que son temps de réaction a été tout de même assez bon.
— Mais avoues que c'était marrant quand même.
Le bouclé me lance un regard de travers, affichant désormais une mine blasée.
— Aller ! Même toi tu ris quand tu me racontes ça.
— Romain, mais plus jamais je te suis dans un parc la nuit. Terminé.
Je bouscule sans faire exprès son épaule, la trajectoire de mes pas se perdant vers les siens.
— Même pour des bêtises ?
Je hausse un sourcil, attendant sagement sa réponse. Il semble réfléchir à quelque chose mais moi, je la connais déjà. Car c'est évident qu'il ne pourrait pas me résister.
— Mmm.
— C'est pas une réponse, je poursuis directement.
— C'est ma réponse en tout cas.
— Non, je connais ta vrai réponse.
Je lui offre une pichenette bien placée ce qui le fait se stopper dans sa marche. Il se frotte la tempe avant de me rattraper, trottinant pour me rejoindre à côté.
— Si tu la connais, pourquoi tu me demandes alors...
— Parce que ça m'amuse de te faire chier. Tu le sais.
— Je le mérite ?
— Ouais. Bien sûr que ouais.
Il mérite mon attention en tout cas.
— Et tu sais aussi que t'es le seul.
— Que tu fais chier ?
Je hoche de la tête. Évidemment.
— Et ça te plaît.
Ça lui plaît même beaucoup.
— Parce que tu me kiffes encore plus que j'te fais chier.
Il ne répond à aucune de mes phrases mais je me régale simplement en le regardant. Il réajuste comme s'il ne savait pas quoi faire son bonnet, caresse la paupière de son œil, puis gratte son sourcil... Toutes ses mimiques et ses gestes que je connais par coeur maintenant. Toutes ces petites choses qui fait de lui un livre ouvert.
— Tu veux qu'on s'pose ?
Après ces longues minutes dans les boutiques, j'avais même pas remarqué que le temps avait aussi vite défilé. Ça fait presque deux heures qu'on traîne et pourtant c'est passé si vite. Lorsqu'on s'arrête dans ce café, on commande deux chocolats chauds histoire d'être dans le mood. Je lui souris rapidement quand je vois de la mousse sur ses lèvres, je le lui fais remarquer et il s'essuie comme si c'était quelque chose de grave. Ça arrive, ce n'est rien. Nos discussions virent dans un autre contexte, il me raconte qu'il a un travail à faire avec Mathis dans la semaine, une sorte d'exposé. Ce dernier voulait le voir aujourd'hui pour commencer à avancer mais le bronzé a refusé, expliquant qu'il était de sortie avec moi.
— Sinon, pas grave. Tu peux lui dire demain. Tant qu'aujourd'hui, tu restes avec moi.
Yanis hoche légèrement de la tête, ne sachant quoi dire. Je sais que je lui avais dit qu'on allait rester ensemble tout le week-end mais s'il doit préparer quelque chose d'important... Façon, ça me dérange pas de l'abandonner à Mathis. C'est un gars sûr et ce n'est pas pour rien qu'il sont meilleurs amis. À deux, ils s'entendent à merveille et sur tout.
Et c'est l'unique exception. Je ne pourrais jamais éprouver une certaine jalousie puisqu'ils sont meilleurs potes depuis le collège, je me souviens encore de quand ils traînaient ensemble. De vrais fous, bien que j'étais pas mieux. Un brin de nostalgie s'empare de moi et je le lance sur ce sujet.
— Tu te rappelles... C'était en cinquième qu'on était dans la même classe, non ?
— Oui... Oui, en cinquième.
Je souris en louchant sur le reste de mon chocolat chaud, un souvenir me refaisant surface.
— Tu te souviens... Notre prof de français, Mme Bouvier ? Le caniche, qu'on l'appelait.
— Oui ! Putain, ouais. Je l'aimais pas... Avec ses dictées horribles.
— Mmm. Ben, j'sais pas si tu t'en rappelles mais on était assis à côté dans son cours. J'sais qu'il y avait un Dylan devant nous, un anglais.
Il acquiesce et je poursuis, ne retenant pas mon sourire.
— Puis un jour... J'étais arrivé avec ma nouvelle doudoune en cours. Je faisais trop le beau, et tout, grave fier. Et là tu m'avais dit que je ressemblais à une poubelle du coup, je l'ai plus jamais remise ensuite. Ça m'avait vexé, wesh. Tu m'as vite fait redescendre.
Aucune idée de pourquoi se souvenir de Yanis me revient en tête sauf qu'on dirait qu'il a complètement oublie vu la tête qu'il tire. Ah la la...
— Quoi ? Mais moi je t'avais dit ça ? reprend-t-il en essayant de ne pas pouffer.
— Ouais, toi ! Putain en plus je la kiffais trop cette veste, j'avais forcé pour que ma mère me l'achète à Décathlon. Même elle, elle n'a pas osé...
— Pour au final, ne plus jamais la remettre... Oh non, quel con.
— J'te jure. Je l'avais tellement mal prit, je m'en souviens comme si c'était hier maintenant.
On rigole comme deux idiots avant qu'il sorte une excuse, les joues un peu rouges.
— Même si c'était déjà il y a six ans, je m'excuse d'avoir dit que tu ressemblais à une poubelle...
Je croise mes avant-bras sur la surface de ma table alors, mon regard changeant au tout pour tout. Ouais justement, c'est bien parce que les choses ont changées en six ans qu'une autre idée me vient.
— Je veux que tu t'excuse d'une autre façon.
— Comment, alors ?
Quand on se fixe, c'est comme si pour lui ça devenait une évidence. Oui. Il a comprit. Puis c'est pas comme si ça n'allait pas être plus agréable, de cette façon...
— J'ai capté, je pense...
— Hé, les mecs !
Qui est la personne qui vient de briser notre moment là ? D'une manière rapide, notre contact visuel se brise et automatiquement, on met une image sur la voix de la fille qui vient de nous appeler. C'est juste... Mallory. Tiens.
Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas croisé. Cette dernière est accompagnée d'un mec que je ne connais pas et elle a l'air très proche de lui, vu comment ils se tiennent. Ce dernier nous adresse un sourire franc, retenant la brune proche de lui.
— Salut Mallory, commence Yanis tandis qu'elle se penche un peu pour lui faire la bise.
— Hey, coucou ! Ça va ? Et toi, Romain ?
Sa joue se colle contre la mienne avant de venir se reculer, reprenant une distance normale entre nous.
— Ça va, tranquille.
— Vous faites quoi ensemble ?
Ben, à son avis. On sort quoi, normal. Son sourire s'élargit un peu plus avant de passer directement à un autre sujet, oubliant la réponse.
— Ah ! Je vous avais pas présenté mon mec, j'crois non... ?
— Salut, rajoute-t-il d'un léger signe de main.
— Du coup voici Théo, et Théo voici Yanis et Romain, deux de mes amis.
Je jette un coup d'oeil à mon gars à moi, ce dernier ne semble pas le connaître. Ça doit être tout récent, dans ce cas.
— Ravi d'vous connaître.
— Oui... Ça va faire quelques jours qu'on est ensemble mais on voulait pas trop se montrer, pour des raisons perso...
Mallory se perd dans le regard de ce Théo, leurs deux visages ornant des sourires plus que niais. Alors eux, s'ils sont pas piqués je comprends pas. Je remarque qu'il est du style skateur aussi, vu ses fringues larges et sa casquette à l'envers sur sa tête. Il porte un piercing au nez, sur le côté, un petit anneau de couleur argenté. Il est châtain qui tire vers le blond comme moi, des yeux marrons et une peau plutôt pâle. Il est bref, banal mais mignon dans son genre.
— Bon... Et ben ! On va vous laisser du coup. On passait seulement, je vous ai vu à travers les vitres.
— Ah ok, je réponds seulement d'un sourire. Non mais c'est cool de se voir, je pensais que t'étais morte.
— Pas du tout... Seulement en ce moment, y a que des exams et là je vais bientôt devoir partir en stage avant Noël.
— Quand ? demande Yanis.
— Pas ce lundi là, mais l'autre. Du coup on pourra plus se voir, l'année prochaine seulement ! Vous imaginez...
— Ah bah...
C'est la vie, hein. Après quelques banalités, on salue Mallory qui repart avec son mec, nous souhaitant une bonne journée. Avant qu'elle ne parte, j'avais évoqué le sujet d'Andrea et ça l'avait un peu surprise que je lui parle de lui mais je voulais absolument savoir ce qu'il faisait, enfin, s'il allait bien quoi. Elle est proche de lui d'après Yanis alors bien sûr que j'en ai profité. Je n'ai pas oublié cette histoire. Mais bref... Du coup la brune m'avait dit qu'il va très bien mais que lui aussi était débordé par les contrôles et qu'il n'avait toujours pas trouvé de stage pour le moment du coup, il est en pleine recherche. Je me demande comment un mec en « pleine recherche » d'un stage se permet de gaspiller son temps avec ce genre de trucs. Je sais pas.
— Fais pas cette tête...
Je lève les yeux sur lui, retenant mon menton à l'aide de ma main. Ouais.
— Je peux pas m'en empêcher.
— Pourquoi on irait pas seulement lui parler ?
Lui parler, pas sûr que j'en ai vraiment envie. Déjà qu'on ne s'entend pas très bien après la fois ou il m'avait saoulé avec Yanis, ben... Non, j'ai la flemme de me retrouver en face de sa gueule. Mais je sais bien que je vais devoir m'y confronter dans tous les cas. J'aimerais des explications brèves et simples. Comment il a eu le numéro de ma mère, pourquoi il a voulu faire ça ?
Pour me faire du mal ? À moi, ou à nous ? Bref, je devrais arrêter sinon ça va me plomber le moral.
— Je vais lui parler Romain, t'en fais pas.
— Non. Tu vas pas lui parler.
Ma réponse est froide, franche et directe. Ça surprend Yanis mais je m'explique.
— Je veux pas que tu parles à ce mec, surtout depuis qu'on a apprit cette histoire avec ses gars là... Tant que ce n'est pas clair, j'veux pas que tu le vois.
Parce que j'ai pas envie qu'il lui fasse quelque chose et aussi, parce que je suis jaloux d'Andrea. Je sais qu'il ne rivalise pas avec moi mais... Je sais pas. J'ai l'impression que c'est le genre de type à tout faire pour arriver à ses fins. Je n'arrive pas à le cerner, il est si loin des autres. Je l'ai directement ressenti au début, quand je l'ai vu pour la première fois. Je ne disais rien parce que justement, je ne le connaissais pas mais... Au fur et à mesure des choses, quand j'ai compris aussi par rapport à Yanis, je me disais qu'un truc n'allait pas.
— D'accord. Je n'irais pas le voir, alors.
— Non mais... Je dis ça pour toi, aussi.
J'ai pas envie qu'il se vexe parce que j'ai dit ça. Mais en même temps, je vais pas lui dire d'aller rencontrer ce gars ! Hors de question, ou au pire je prends sur moi et je l'accompagne. Mais pas tout seul. J'ai pas confiance en ce blond, c'est un truc de dingue comment je me le saque pas.
— J'ai compris Romain, t'en fais pas. Puis... C'est pas si j'avais envie de le voir. J'ai remarqué que même avec les autres, il ne leur parle plus.
— C'est vrai ?
— Mm. Je sais pas. Ils me disent qu'il ne traîne plus trop avec eux, au skatepark et aux soirées.
Il doit être occupé avec ses mecs, alors. Une pensée me revient pour ce Nassim. Comment j'arrive pas à le voir avec Andrea. Genre Nassim c'est le mec style Kévin, mais pas tout à fait. Ce que je veux dire, c'est qu'il n'est pas le gars que je verrais sortir avec un mec comme Andrea, quoi. Ça me semble inconcevable mais j'sais pas. Peut-être bien après. Je le connais pas.
On finit par quitter le café après quelques longues minutes de discussion. À ce moment-là, on juge que c'est le bon moment pour rentrer puisqu'il est déjà tard. Enfin, tard est un grand mot... Dans le bus, on se partage comme d'habitude ses écouteurs et ça me fait du bien d'écouter les musiques qu'il met. Cette fois-ci, je suis le premier à descendre. Bien avant que le car s'arrête à mon arrêt, je viens caresser les doigts du bronzé, discrètement. Dans ses yeux, je vois bien qu'il n'a pas envie de me quitter et je me retiens de ne pas l'entraîner avec moi. On se dit au revoir puis il me tient au contact pour demain. Il n'est pas sûr d'aller chez Mathis alors, p't'être qu'on se reverra. J'espère.
Yanis me sourit et je me retiens pour ne pas embrasser son sourire dans ce putain de bus bondé. On a eu du mal à trouver des places assises, bien qu'au final je dois céder la mienne à une fille qui s'est empressée de la prendre tandis que je me lève pour partir.
J'attends que le véhicule reparte avant de me casser d'ici. Soudainement, je me sens tout vide. Quelque chose manque mais bon. C'est normal, je suis habitué. On s'y fait. Je m'avance vers chez moi en ne sachant quelle surprise allait se présenter une fois à ma porte.
C'est comme si tout d'un coup, je me réveillais dans une certaine réalité puisque j'étais vachement perdu dans mes pensées. Je dois rêver, ouais. Il y a un problème, ou je vois mal. Je me répète la question « Mais qu'est ce qu'il fout là ? » une multitude de fois quand j'aperçois cette tête blonde, blond particulièrement glacial et froid comme l'âme de celui qui porte ces mèches faussement colorées. Là, ses lèvres souriantes retiennent une cigarette presque consumée, son dos s'appuyant d'une façon nonchalante sur la façade de notre maison. Tout en passant le portillon, tout en traversant l'allée qui relie ce dernier à la porte, nos regards ne se sont en aucun cas évadés sur le côté, sur autre chose. On se fixe presque durement.
— Hé salut mec, ose-t-il me lancer lorsqu'il juge qu'on est à bonne distance.
Mes sourcils se froncent légèrement, ne voulant pas rentrer dans une sympathie avec lui.
— Tu fous quoi chez moi ?
J'essaye de bien doser le ton de ma voix mais c'est plutôt compliqué. Ma gorge me serre un peu, surtout lorsque son sourire s'agrandit davantage. Comme s'il savait exactement ce que j'allais lui demander, bien que ce soit logique. Sous l'attente d'une certaine réponse, la porte que je m'apprêtais à prendre plus tôt s'ouvre sous des rires de dindes. Là, je vois ma daronne et une autre rigoler tout en discutant franchement de trucs dont je n'ai pas la moindre idée.
Ok, je crois que je commence à comprendre maintenant. Il m'a fallu d'une simple scène pour comprendre ce qui est en train de se passer, ce qu'il s'est passé. Mon regard divague de lui à ces femmes, ne sachant quoi dire de plus.
— Ah... ! Romain... ! me remarque finalement ma daronne, redevenant plus sérieuse. Tu es rentré tôt, je ne m'y attendais pas... Décidément...
— Oh oui, c'est donc ton fils, Rose ? Bonjour mon garçon, je suis la maman d'Andrea ! Je crois que vous... Vous connaissez, non ?
Sa main simplement manucurée de rouge se tend en ma direction et j'ai comme l'impression ne pas avoir le choix. Je l'attrape donc, puis elle se serre tandis que je jette un regard en biais envers Andrea qui fume tranquillement.
Je prends un instant pour remarquer la ressemblance entre les deux membres de cette famille. Elle a les mêmes yeux que lui, le même nez, la même bouche à défaut des cheveux qui sont d'une couleur naturelle, un simple châtain, coupés en un carré lisse. Aucune mèche ne dépasse, ça me paraît d'être une femme très sérieuse, rien qu'avec ses habits... Elle a la classe, contrairement à Andrea qui ressemble à un ado avec son t-shirt Pink Floyd, jean troué et Vans déchirées aux pieds.
— Bonjour, je réponds seulement d'une façon qui se veut polie.
La dame me sourit avant de relâcher mes doigts, enfin. Elle doit me trouver chelou vu que je n'ai pas répondu à sa question, mais j'en ai rien à foutre.
— Bon et bien... C'est un plaisir de te connaître Romain. Je suis Cathérine, une amie de longue date de ta maman, on est simplement rendre une petite visite de courtoisie... Ça faisait si longtemps qu'on s'était pas vues, n'est-ce-pas ?
Ma mère acquiesce, s'appuyant contre le bois de la porte. Bulle, mon chat, s'échappe de la maison en passant entre nos jambes, courant vers le jardin dont l'herbe a été fraîchement coupé. Ça se sent.
— Aller, on va y aller nous... Et encore une fois... Merci Rose pour prendre Andrea avec toi. Tu ne sais pas comment c'est compliqué de lui trouver un stage dans ce domaine... ! C'est dingue ça, aucun n'accepte ces jeunes pour quelques semaines !
Elle me lance cette phrase en me regardant, complètement désemparée. Ok, je crois que j'ai envie me tuer en fait.
— Ça me fait plaisir, Catty. Mais quand même, tu aurais pu me le demander depuis le début, tu sais bien que j'aurai accepté.
— Oui mais bon... Andrea voulait vraiment trouver un stage dans la photographie animale, chuchote-t-elle alors qu'on l'entend très bien.
— Oui mais bon, enfin ! Il s'amusera plus chez nous. Hein ?
Ma daronne s'adresse au blond qui, je crois, n'en a rien à foutre. Ben putain, même pas reconnaissant que sa mère lui trouve un stage à défaut de se bouger le cul. Désolé mais je crois que c'est ma colère qui parle à ma place.
— Euh, ouais ouais. C'est clair.
Ses yeux bleus se lèvent de l'écran de son téléphone, croisant les miens avant de sourire à Rose.
— Aller, c'est parfait. Du coup, la semaine prochaine c'est ça le début ?
— Oui, voilà. Le 22.
Je n'écoute plus ce qu'elle se racontent, voulant simplement rentrer dans ma chambre mais elles me bloquent l'entrée malheureusement. Du coup... Andrea en profite pour se rapprocher de moi pour me parler. Mon regard mauvais pourrait le stopper mais il en a vraiment rien à cirer.
— Ça fait longtemps Romain.
— C'est jamais longtemps, je réponds au tac-au-tac.
Bien sûr, ça le fait rire du nez. Il enlève ses écouteurs, bien qu'il n'avait pas de musique.
— Mec, c'est quoi le problème ? On est amis non, toi et moi.
Il se fout de moi, c'est clair. Il le fait exprès alors je n'ai pas envie de rentrer dans son jeu enfantin. Je fais rouler mes épaules, essayant de me détendre bien qu'un soupir s'échappe de mes narines.
— En tout cas, c'est trop cool que ta mère a accepté de me prendre dans son entreprise. J'préfère bosser avec Rose plutôt que de faire la plonge à la cantine.
— T'aurais dû, je lâche froidement en faisant genre d'intéresser à mon téléphone.
— Roh, ça va. Tu pourrais être content pour moi. D'ailleurs, c'est quand que tu te ramènes ?
Il poursuit alors que je veux juste l'ignorer.
— Tu viens plus avec nous. Enfin... Vous venez plus quoi.
Andrea s'allume une deuxième clope et j'ai juste envie de la lui prendre et de la broyer dans ma main. Il a bien insisté sur le « vous » comme pour me faire chier. Il fait genre, car d'après le dire de tous les autres, c'est bien lui qui n'est plus avec eux...
— Et donc ?
— Andrea ! Aller, on y va. On ne va pas plus rester.
Sans même me répondre, il se contente d'afficher son foutu sourire continuel avant de me contourner pour rejoindre sa mère qui s'est avancée jusqu'au petit portillon. Je sens son épaule se frôler exprès contre la mienne et je me retiens de ne pas le pousser. Putain... Je reste calme, je garde mon sang-froid face à cette petite provocation.
— Merci encore une fois, Rose ! On se revoit bientôt.
— Je vous en prie. Au revoir ! Au revoir Andrea, à la semaine prochaine.
Enfin. Je n'attends pas plus pour rentrer, me faisant choper par ma daronne qui m'a rattrapé dans mon dos, pendant que je ôte ma veste. Je ferme les yeux en attendant qu'elle m'engueule, comme depuis une semaine.
— Romain ! Qu'est ce que c'était cette impolitesse ?! Ils t'ont dit au revoir mais tu es rentré comme un sauvage !
J'ai même pas entendu pour être franc. Qu'elle me lâche c'est bon, c'est pas la mort non plus. J'enlève rapidement mes chaussures, me dépêchant pour m'engouffrer dans ma chambre.
— Hé, je te parle !
Vaut mieux tout ignorer, là maintenant. J'ai pas envie d'en parler et ce manque de réaction enrage d'autant plus ma mère. Ça y est, c'est reparti.
— Je comprends pas qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça, hein ! Je ne te comprends pas, mais qu'est ce qu'il t'arrive bon sang ? Je suis sûre que c'est à cause de ce Yanis, tu as encore traîner avec lui toute la journée ! Oh, tu m'écoutes quand je te cause Romain ?!
— Qu'est ce qu'il se passe, ici...
Pas la peine de lever les yeux pour entendre la voix de mon père s'élever, ce dernier descendant de l'étage, ses pantoufles tapant le sol.
— David... Je rappelle à Romain qu'il se comporte comme un imbécile avec les gens !
Rien à voir. Elle m'engueulait pas rapport à Yanis tout juste maintenant, pourquoi elle change du sujet subitement ? Mon daron soupire, venant déposer une tasse à café vide contre la table de la cuisine à même pas un mètre.
— Bon, aller... Arrête de le disputer.
— Mais tu n'as pas vu comment il s'est comporté ! Même pas un au revoir, impoli comme ça je ne veux pas.
— Rose, c'est bon. Laisse le.
Maintenant, ils vont se disputer à cause de moi. Pour un putain d'au revoir bien que je sais que ce n'est pas la simple raison pour qu'elle soit en colère à ce point.
— Et tu t'en fiches, comme d'habitude ! Tu penses un peu à notre fils, ou quoi ?
— Mais... Bien sûr chérie, qu'est ce que tu racontes ?
— Bah alors !
— Non mais... Je pense que ça sert à rien de l'engueuler, il n'a rien fait de grave enfin chérie...
Je ne sais pas où me placer à chaque fois qu'elle hausse la voix à ce point envers moi. Je préfère ne rien dire pour ne pas l'énerver encore plus, après elle ne s'arrête plus. Ma mère renifle de colère, se dégageant brutalement de l'emprise qu'exerce son mari sur elle. De son index, elle me désigne et je louche sur ce dernier avant de faire genre que je m'intéresse au mur à côté.
— Je... Je veux pas te voir ce soir. Ça suffit, j'en ai marre de cette situation.
— Chérie...
— Toi, ne me coupe pas quand je parle à mon fils !
Son visage s'est à moitié tourné vers David pour lui cracher ces quelques mots, avant de reprendre en ma direction.
— Tu... Tu vas faire tes devoirs ! Et aussi, tu vas me donner ton téléphone.
— Mais, maman... ! je commence en trouvant cela abusé.
— Aller, donne moi ton téléphone ! Sinon tu vas parler avec... Je te connais.
Je peux pas lui donner mon iPhone, elle a craqué ou quoi ?!
— Rose... reprend mon père en la faisant reculer de moi. Arrête, c'est bon.
— Ecoute David, j'ai décidé. C'est pour son bien, ça suffit de fermer les yeux sur ce qu'il se passe. Tu sais, on m'a ouvert les yeux aujourd'hui et j'ai décidé de ne plus laisser passer ça.
— Ma parole mais de quoi tu parles... ? souffle mon géniteur, la ramenant vers la cuisine. Mais tu t'entends parler ?!
Je soupire discrètement, écarquillant les yeux lorsque la voix de mon père monte subitement dans les tons. Bon...
— Mais... Mais... David ! Tu ne comprends pas, ou je dois te réexpliquer !
— C'est toi que je n'arrive plus à comprendre ! Comment tu peux interdire à notre fils de parler au téléphone !
— Mais enfin... Parce qu'il va parler avec... Avec... Voyons, on en a parlé David ! Plusieurs fois, même !
Je crois que je vais profiter de ce moment pour m'éclipser, hein... De pas silencieux, je me mords les lèvres en me dirigeant vers les escaliers pour les monter à la vitesse de la lumière. De là-haut encore, j'arrive à entendre leur engueulade.
— Moi, je l'autorise à parler avec ce garçon. Tu es complètement folle à réagir ainsi. Et tu n'es pas la seule à décider, je te rappelle que je suis son père.
— Tu es... Tu es simplement fou, mon pauvre... ! Tu vas voir ce qu'il va nous arriver. Bien... Si tu ne veux pas t'en rendre compte... !
Ça suffit, tout ça me casse les couilles. Dans un sens, je me sens extrêmement mal à l'aise qu'ils s'engueulent à cause de moi. J'en ai marre. Et c'est comme ça depuis quelques jours, bien que j'ai l'impression que ma mère réagit de pire en pire.
Et si ça ne s'arrangeait pas ? Qu'est ce qu'on va faire ? J'veux dire, notre famille. Mes doigts tremblent légèrement lorsque je cherche mes mots pour envoyer un message à Yanis. Est-ce que... Est-ce que je vais le déranger avec ça ? Il connaît très bien la situation mais je sais pas quoi faire, je sais plus quoi faire... J'ai l'impression d'arriver à saturation, j'ai envie de me casser. Si je savais que ça allait se finir comme ça, j'serai parti chez lui. Oui. Là-bas au moins il n'y a pas de dispute, ses parents sont des anges et si gentils. Mais bon... Je ne veux pas parler trop vite, eux ils ne savent pas ce qu'ils se passent entre nous. Non, ils ne savent pas. Mais au moins, on peut être tranquille sans recevoir un regard mal placé, voir même une critique. Puis il me manque, encore plus maintenant après ce qu'il vient de se passer. Même si je veux être tout seul, je sais que ce sera mieux d'être seul avec lui. Je retiens mes larmes, me redressant de mon lit pour venir ouvrir ma fenêtre.
Ils semblent s'être calmés puisque je n'entends plus rien. Une porte a claqué, celle de l'entrée. Je ne sais pas qui est parti, je ne veux pas savoir. La personne qui toque à la mienne par contre, ça non plus je ne veux pas savoir. Enfin. Jusqu'à ce que j'entende la voix de mon père à travers cette dernière. J'écrase la clope que j'étais en train de fumer, venant fermer par la suite ma vitre.
Puis là, quand je le vois en face de moi, je me retiens pour ne pas le prendre dans mes bras. Il hausse les épaules avant de m'attirer vers lui contre toute attente, son bras enroulant ma nuque. Je regarde le couloir, derrière lui, la maison étant plongée dans un vide presque agréable. Je me sens bizarre, mon ventre me serrant tandis que ma gorge est comme nouée.
— Ça va aller...
Ça va aller. Est-ce que je peux avoir confiance en ces simples mots qu'il me confie, dans le creux de mon oreille ?
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