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Non masqué.

Une fois nos commandes prêtes et payées, on finit par se diriger vers le skatepark qui n'est plus qu'à quelques mètres. Yanis a prit son skate avant qu'on ne sorte, il l'avait rangé dans son casier. Du coup, je le regarde rouler devant moi en essayant d'éviter les piétons, un sourire aux lèvres.

Depuis tout à l'heure, on n'a pas échangé quoi que ce soit. Du coup, mon visage se blase à nouveau. Je repense à Nassim, j'ai bien remarqué qu'il y a un problème avec lui pour que Yanis réagisse ainsi. Et je compte bien savoir quoi... Même si je ne m'inquiète pas vraiment, je sais qu'on peut discuter et c'est ce qui fait que ça se passe aussi bien entre nous deux.

Une fois arrivé, on se cale dans un coin en plein soleil. Bah ouais, faut pas qu'on meurt de froid non plus. Le bronzé s'assoit par terre et moi aussi, mon dos s'appuyant contre une grille de fer. Je lui passe sa commande et il s'empresse de croquer dans son sandwich au poulet. J'ai prit le même car j'ai pas de personnalité.

— Grave bon, je souffle après une première bouchée.

Je lance un coup d'œil vers le garçon à mes côtés et, je me rassure en voyant ses lèvres s'étirer dans un coin.

— Oui. C'est bon.
— J'peux en boire ?

J'ai pas prit de canette de Coca et maintenant, la sienne me nargue. Yanis hoche de la tête, ne se voyant pas refuser. Une fois décapsulée, je glisse une paille en carton dedans et sirote une gorgée. L'acide me brûle agréablement la gorge, je pourrais mourir pour du Coca bien que j'en bois pas si souvent que ça. C'est mauvais pour la santé et ça, ma mère tient bien à me le faire rappeler car elle n'en achète jamais. Vie de merde.

— T'as fait quoi ce matin ? je tente en contournant le vif du sujet. Ah mais c'est vrai, t'étais pas en cours.

Yanis glisse la paille que je viens d'utiliser entre ses douces lèvres, tout en regardant le sol.

— Rien... J'crois que je me suis endormi en maths, donc...

Je le fixe d'un air sérieux mais en réalité, ça m'amuse. En croisant mon regard, il se retient de rouler les yeux au ciel, comme un enfant que l'on s'apprête à gronder. Il me connait. Ah, mon coeur va se faire des loopings tout seul à force.

— Mathis n'était pas là pour te tenir éveillé ?
— Si mais... Je pense qu'il a eu de la peine pour moi donc, il m'a laissé.
— Ah ouais. Bah moi, j'aurai pas eu de peine tu vois.

Peine, mon œil. À mon avis, il devait tout aussi dormir. Je crois que je vois qui c'est sa prof en plus, soporifique à mort. C'est une torture de bon matin, mais on n'a pas vraiment le choix car on ne décide pas. C'est malheureux. Puis c'est le lycée, c'est comme ça. Après tout, c'est notre dernière année donc on est habitué aux horaires pouraves qu'on nous sort depuis le collège.

— T'as jamais de la peine pour moi, reprend le bronzé en me lançant un regard en biais.
— Arrête de faire ta drama queen... je soupire, lui volant à nouveau de sa boisson.

Il ne fait rien pour la reprendre car après tout, c'est moi qui décide. Puis non en vrai, ça ne le dérange pas de partager... Il me l'aurait clairement dit s'il ne voulait plus. Et ça me rendrait très triste. Voilà maintenant, il me fait réagir comme lui. Je vais devenir tout aussi un drama.

— Je fais pas.
— C'est vraiment ta seule défense ? je manque de rire.
— J'ai pas la force, d'accord ?
— Tu n'as surtout rien à dire pour me contredire, oui...

Sa tête me fait tellement marrer. Je suis vraiment un sorcier et pas très sympa, mais c'est drôle de l'embêter. Je n'arrêterai jamais, quoi qu'il dise, de toute façon plus les jours passent et plus je sais qu'il aime ces enfantillages. Je remarque à son visage qu'il s'est décrispé, enfin, depuis qu'on a commencé à reparler. Je préfère le voir ainsi mais ça me titille un peu, j'ai vraiment envie qu'on discute de ce qu'il s'est passé tout à l'heure... Je préfère qu'on soit clair maintenant plutôt que de laisser traîner ça encore longtemps.

Suite à mon silence, Yanis relève le regard en ma direction après s'être essuyé la bouche avec un mouchoir.

— Il y a un truc ?

Je dépose le reste de mon sandwich dans son sac à plastique dédié, décidant de le finir plus tard. Mon index vient gratter le haut de mon nez, ne sachant pas vraiment comment débuter cette conversation. En même temps, je n'ai pas envie de remettre ça sur le tas puisqu'il ne semble plus y penser mais j'aimerais savoir qu'est ce qu'il l'a poussé pour être aussi froid aujourd'hui dans ce cours de sport.

— Tu veux parler de tout à l'heure... dit-il alors, ne m'attendant pas à ce qu'il propose de lui-même.
— Ouais... ! Ouais, voilà. Je veux parler de... Bah je sais pas, de ce qu'il s'est passé au gymnase. T'avais l'air bizarre quand tu m'as vu avec Nassim.

Après qu'il me dise si je me trompe, mais bon. Ça m'étonne de lui qu'il ne soit pas venu me voir durant ces deux heures, le fait que je n'ai eu aucun regard de sa part. Après tout, c'est pas comme si Mathis, son meilleur ami, le tenait emprisonné avec lui au point de ne pas le laisser me parler une seconde.

— Oui... commence-t-il. C'est juste que je n'arrive pas avec Nassim.
— Pourquoi ?

Autant être direct. Je me doutais qu'il ne devait pas l'aimer mais ce n'est pas une raison suffisante. Son expression de visage change au tout pour tout, Yanis se mord rapidement la lèvre avant de lever les yeux au ciel, puis de regarder sur les côtés. Comme s'il voulait éviter de me fixer, moi. Qu'est ce qu'il a ? Je fronce un sourcil inconsciemment en me posant des questions plus sérieuses. Enfin, plus sérieuses dans le sens où il serait seulement pas un peu jaloux de ce Nassim puisque, d'une certaine façon, que je puisse m'intéresser à ce type.

Que je ne connais ni d'Adam, ni d'Ève.

Peut-être que c'est débile ce que je dis, mais j'ai jamais réellement vu Yanis jaloux. De toute façon, de qui ? C'est pas comme si je traînais avec tout le monde, surtout ces temps-ci où je ne suis collé qu'à lui. Puis même avec son groupe, quand il a su que Mallory était potentiellement intéressée par moi, il n'a rien dit. J'ai seulement remarqué que lorsque ma mère ressassait le sujet de Vanessa lorsqu'il était chez moi, là oui, d'accord, il l'a été un peu. Il me l'avait avoué. Mais sinon, jamais.

Alors que moi... Oui, je l'ai été avec ce Andrea qui lui tournait trop autour. À cette période en plus, je ne pouvais rien dire. Mais j'assume en disant que je l'ai été, surtout que ce mec est le genre à avoir un peu tout ce qu'il veut. Dans un sens où c'est un gars sympa, plaisant à voir, rien que ça, c'est déjà trop. Heureusement pour moi et tant pis pour lui, j'ai été celui qu'il a choisit.

— T'es jaloux alors, c'est la seule explication que je vois si ce n'est rien d'autre.

Il rougit, j'ai tapé dans le mille. Au final, ça me rassure que c'est ça et pas autre chose. Parce que si Nassim l'aurait fait chier d'une manière ou d'une autre, je ne pense pas que j'aurai attendu une seconde de plus pour lui rentrer dedans. Enfin, d'une manière pacifique et détendue, hein. Je suis pas un bourrin, je vais pas lui sauter dessus en l'insultant.

Ce serait juste une manière de me ridiculiser, un peu.

— Bon, si ce n'est que ça du coup... je reprends en voyant qu'il enlève un bout de salade de son sandwich, comme s'il ne savait pas quoi faire.

Je l'ai déjà dit, mais mon coeur ne risque pas de tenir si ça continue. Dans un sens c'est embêtant de savoir qu'il a pu ressentir de la jalousie alors que rien, je veux dire, je ne connais pas ce mec. Et dans un autre côté, je trouve ça mignon...

— C'est vraiment pour ça que tu ne l'aimes pas ? je continue, voulant le faire réagir.
— Bah, je sais pas ! Je sais, c'est con. Mais... J'ai oublié de te préciser que Nassim c'est aussi un des... Des mecs à Andrea.

Quoi ?! Je marque une pause comme pour voir si c'est pas une blague qu'il me sort. Comment ça « des » mecs ? Je crois que j'ai mal entendu. Mais lui, c'est vraiment n'importe quoi. Je savais qu'il était un peu dérangé sur les bords mais de là, à avoir plusieurs gars, c'est trop.

— Putain, mais comment ça ?
— Tu sais, j'ai revu le groupe y a quelques jours. Puis bien évidemment, il y avait Andrea et il nous a raconté à tous qu'il avait rencontré des gars sur des applis...
— Ouais, dont Nassim ?

Yanis hoche de la tête, reprenant son explication.

— Et... Ben sur le coup, Mallory a été, comme d'habitude, trop curieuse... Tu la connais. Et elle lui a demandé des photos, puis c'est là que j'ai vu Nassim mais c'est pas tout. Il ne se sont pas arrêté à ça, ils se sont aussi vu. Parfois, il passe par là mais pas souvent.
— Et bah, si j'pensais qu'il était sur les mecs lui. Il fait surtout très hétéro style Kévin, hein.
— C'est un refoulé, continue le bronzé. Enfin d'après ce que je sais, il s'assume pas... Tu sais quand je l'ai vu avec Andrea, ils avaient l'air normaux, ils se parlaient comme des potes, rien de suspect en soi.
— Ouais mais... Du coup, d'accord, Nassim. Mais les autres mecs ? C'est quoi cette histoire ?

Non mais parce que là, ça me choque. Enfin, ça va, ils font ce qu'ils veulent si chaque personne dans le truc est au courant et consentant mais si le mec c'est juste un connard qui sort avec plusieurs en même temps, là c'est autre chose.

— Eh bien après Nassim, il a continué de nous montrer ses plans qu'il trouvait sur une application... Tout le monde dans le groupe est au courant de ce qu'il fait mais personne n'ose lui dire... Surtout qu'on pensait qu'Andrea avait juste des plans d'un soir mais... Non. Il revoyait ces gars, il revoyait Nassim aussi... Il instaure des relations avec tous ces mecs. C'est... Bref. Hier d'après Naïm, ll trainait avec Juliette au café et il a vu Nassim avec Andrea. Puis cette fois-ci, ils étaient plus à l'aise puisqu'ils n'étaient pas vraiment près du lycée, qui allait les surprendre dans une table au coin, en train de flirter ?

Non mais, lui... Dire qu'il voulait Yanis dans son clan aussi, mais bordel, pourquoi il fait ça ? Je soupire, un peu désemparé. Bon sur le coup, je n'ai même plus envie qu'il traîne avec ce blond. Je sais bien que je ne peux lui interdire ça mais maintenant, je le trouve encore plus bizarre qu'avant.

— Et y'en a aucun dans votre groupe qui souhaite dire un truc ?
— Bah... On ose pas vraiment de toute façon, puis je me vois mal balancer tout ça à Nassim sans avoir de preuves, et même... C'est pas mon affaire, c'est malheureux mais j'ai pas envie de m'enfoncer dans leur merde.

Je suis d'accord sur le fait des preuves parce que personne ne l'a prit en photo avec ces mecs. Mallory, Naïm et Yanis ne sont que des témoins oculaires donc pourquoi ils les croiraient ? Et puis va retrouver tous ces gars... Bref, c'est n'importe quoi.

— Tu sais... Au début j'pensais que c'était un mec cool mais là, plus le temps passe et plus j'me dis qu'heureusement je ne le connais pas.

Le bronzé sourit, se décalant à même le sol pour s'asseoir plus près de moi. De façon à ce que nos jeans se frôlent, le dos de Yanis faisant bouger le grillage qui nous fait office de dossier. Ses doigts quant à eux, viennent comme marcher le long de mon bras, ma main étant posée contre ma cuisse. Malgré ma veste, je ressens son toucher et c'est apaisant.

— Je sais que je ne devrais pas t'imposer quoi que ce soit, je reprends sous son silence. Mais juste, fais attention avec ce mec. Je refuse qu'il tente un truc envers toi, surtout que j'oublie pas qu'il s'intéresse à toi.
— Il tentera rien... soupire-t-il doucement. Je crois qu'il en marre de se prendre des vents de ma part.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Ouais, bah...

— J'aurai préféré qu'il se prenne des tornades, des mistrals même.
— Toujours plus avec toi...

Normal, toujours plus. Après ce que tu viens de me dire, me voilà pas rassuré. Mais bon... J'ai confiance en Yanis. J'ai beaucoup trop confiance en lui et je sais pertinemment qu'il ne se laissera pas faire. Quand je le vois comme ça avec moi, je me dis que c'est impossible qu'il puisse faire quelque chose qui me mettra mal. C'est juste... Magique dans un sens, ce qu'on vit nous deux. Je me découvre petit à petit et ce qui est génial, c'est qu'on le fait à deux. On est les premiers l'un pour l'autre.

— J'ai pas envie de bouger...

Une légère brise vient siffler dans nos oreilles. Des frissons m'attrapent, le soleil revenant timidement renvoyer ses rayons pour nous réchauffer ne serait-ce qu'un minimum. J'ai pas envie de bouger non plus. Je laisse Yanis s'installer plus confortablement, sa tête chutant contre mon épaule. Ses doigts caressent la peau des miens, tracent leur longueur et bien qu'ils ne soient pas aussi doux que les siens, j'imagine qu'il trouve ça agréable. Ma main finit par choper son index et son majeur, les coinçant avec moi. Je souhaite les faire fondre. Le skatepark n'est pas très animé, mais quand même. De toute manière... Les gens sont assez éloignés de nous et s'entraînent entre midi et deux à enchaîner des figures qui me donnent la boule au ventre.

Les mots ne nous parviennent pas, aucun de nous ne voulant briser ce moment de silence. J'apprécie... Puis mine de rien, sa main se voit réchauffée à l'aide de la mienne et je me délecte de ce contact qui nous lie. Je n'ai pas envie de le lâcher. Ses boucles marrons caressent sans faire exprès la peau de mon cou dont ma veste ne recouvre aucune parcelle de cette dernière. Tout compte fait, ça ne me dérange pas plus que ça. Il lui arrive de renifler plusieurs fois du nez, de toute façon c'est de saison. Même moi... On va se partager un rhume, à mon avis. Mais je m'en fiche, c'est pas comme si on était décidé de s'en aller.

De mon autre main, je prends le temps de regarder l'heure sur mon portable et je me réjouis de voir qu'il nous reste du temps avant de retourner en cours. J'avoue que j'aurai préféré ne pas y aller et qu'on sèche. Mais si je fais ça, je vais me faire défoncer et je pense que Yanis aussi.

— Je suis confort ? je tente doucement, fixant un point invisible devant moi.
— Ta veste amorti le truc.
— T'es sûr de toi ?

Mon épaule est très confortable, il ne veut juste pas l'assumer. Veste ou pas, il vient souvent caler sa tête à cet endroit donc à mon avis, c'est que ça lui plaît.

— Menteur, je soupire.

Finalement, c'est après quelques minutes qu'on discute de se lever pour commencer à nous rendre doucement devant le lycée. Flemme. On doit attendre un bus, qui normalement devrait arriver d'un instant à l'autre. Une fois dedans, je laisse Yanis s'installer à la place côté fenêtre. C'est vraiment sa préférée... Ça me fait chier car le bus est rempli de personnes bruyantes, enfin, surtout d'un groupe de collégien dans le fond qui ne peuvent s'empêcher d'écouter leur musique à travers une enceinte. À croire ça coûte plus cher que d'acheter une paire d'écouteurs, comme tout le monde.

Lorsqu'on descend à notre arrêt, c'est-à-dire devant le bahut, on retrouve des lycéens qui attendent la maudite sonnerie pour retourner en classe alors que juste, j'ai envie de dormir moi. Pourtant je ne me suis pas couché tard mais... Je sais pas. Je suis fatigué. Qu'on instaure le retour des siestes. Ce serait une bonne idée.

On voit Mathis et quelques personnes s'avancer vers nous, nous saluant seulement d'un signe de tête. Ce dernier est le seul qui nous adresse la parole, les autres se regroupant autour d'eux.

— Tu me l'as encore volé ! ne peut s'abstenir le châtain, un air un peu boudeur.
— T'avais qu'à nous rejoindre...

Bien sûr, je ne le pense pas sur le moment. 

— Hmm. Bah vous êtes parti trop vite pour moi ! Mais bon pas grave, j'ai pu manger avec les mecs derrière.
— Tu me passes ton feu ?

Mathis s'exécute, faisant glisser entre ses doigts un roulé. Il s'approche de Yanis et lui tend son briquet rouge puis, il me le prête aussi.

— Tu as révisé pour le contrôle de français ? continue celui à la casquette en direction de son meilleur ami.

Le bronzé hausse des épaules, tirant une taffe avant de recracher la fumée sur le côté, direction opposée de mon visage.

— Vu la tête que tu tires... Hé, on avait un contrôle, hein !
— Tu le savais ? je demande en me tournant vers Yanis.
— Ben... Non...
— Sérieux... Qu'est ce que je vais faire de lui... se lamente Mathis.
— Ça va, reprend le concerné, sûr de lui. Tu sais, au talent au pire.
— Quel talent ?

Son regard de biais suffit pour me glacer sur place mais bon, je me retiens de rire, glissant machinalement ma cigarette aux lèvres. Il me butte.

— C'était sur le livre qu'on a lu, celui de Victor Hugo.
— Ah, ouais...
— Me dis pas que tu l'as pas lu ? je continue, faisant soupirer Yanis, désespéré.
— Mais si, je l'ai lu ! Sauf que je l'ai pas fini...
— On a quand même eu un mois pour le faire ! s'exclame son ami. 

La sonnerie sonne ce qui instaure un coup de stress pour le bronzé. Ah, sérieux... Si je le savais, il l'aurait fini de force son livre. Tu parles, il préférait traîner avec son bad boy — moi — plutôt que de se concentrer sur Hugo... Il est moins charmant que moi, ceci dit. Au final, c'est compréhensif.

— Bon aller, bon courage les mecs.
— Merci Romain ! Mais dis plutôt ça à cet idiot... Je te jure...!
— Tu pouvais quand même me le rappeler, rajoute-t-il doucement en s'avançant en premier vers les grilles.

Je le regarde s'éloigner en solo, un léger sourire aux lèvres. Mes yeux ne peuvent pas s'empêcher de fixer autre chose, alors Mathis cogne son épaule contre la mienne pour me faire réagir.

— Il stresse, là.
— Je vois ça... je rajoute, tournant finalement ma tête vers le châtain.
— Je vais l'aider, il s'inquiète pour rien ! M. Roublard est vraiment tout aussi aveugle que sourd...

Ouais, c'est pas faux. Encore un qui ne veut pas partir à la retraite malgré la vieillesse. Je crois que d'une façon, ils veulent se persuader qu'ils sont encore jeunes et prêt à tenir le coup, mais bon... C'est pas trop ça, hein, quand tu vois comment ils sont conservés.

Je finis par quitter Mathis, me dirigeant vers un chemin opposé. Personnellement je reprends avec une heure d'espagnol, en soit on commence doucement... Je sors mon téléphone et je ne peux m'empêcher d'envoyer un message à Yanis, ce dernier étant parti comme un voleur. Je rêve.

Romain, 14:26
Tu vas y arriver 👀♥️

Romain, 14:26
On se voit tout à l'heure

J'arrive à mon rang, ma classe s'étant regroupé mais pas au complet. Je vois Kévin et Léo discuter au fond.

— Ah, voilà le lâche de retour...

Je lève mes yeux, prenant une mine surprise. Il parle de moi, hein. Mon dos vient se laisser tomber contre le mur jauni du couloir, écrasant en même temps mon sac qui ne contient qu'une trousse, deux manuels et un tas de feuilles.

— Tu voulais qu'on mange en tête-à-tête, Kévin ?
— Euh... Non mais...!
— Hé. Tu m'oublies moi, non.

Léo me lance un regard qui veut dire que je suis là aussi. Ça me fait sourire.

— C'est juste que tu traînes trop avec les autres, soupire le râleur.
— Qui ?
— Aller, fais pas semblant ! Avec Yanis et Mathis, abusé... T'es toujours avec eux, c'est dingue ça ! Léo, t'es pas d'accord avec moi ?

Ce dernier hoche vaguement de la tête mais il s'en fiche presque, de toute façon... C'est pas comme si c'était très grave, lui, ce qui l'intéresse à l'instant T, c'est Maël qui s'avance vers lui. Ou vers nous.

— J'suis juste allé manger dehors avec Yanis, ouais. Mais demain je mange avec vous. Surtout qu'il y a des frites à la cantoch...
— Pff, ouais ! C'est pas que j'te vois partir avec, demain ! Je commence à connaître le truc.
— Mais je te jure ! Je mange avec vous. Promis.

Kévin n'est pas très sûr que je dise la vérité mais pourtant, c'est vrai. Il me lance un regard de travers. J'avoue que je délaisse un peu les deux en ce moment mais ce n'est pas contre moi... Faut se plaindre à celui qui me capture !

Une deuxième sonnerie retentit et pile à ce moment là, notre professeure fringuée entièrement en Desigual nous ouvre la porte, les clés de cette dernière tapant contre le bois dans un bruit incessant.

Buenas tardes a todos !

Et c'est sous cette note que le début de notre après-midi commence. Kévin grimace en bredouillant un simple « Holà chica » ce qui manque de faire répliquer la professeure. Cette dernière, ne sachant quoi dire face cet élève qu'elle doit trouver insupportable — ce qui est vrai — me sourit à la place, saluant les autres élèves.

Les cours se passent normalement et la fin de la journée voit bientôt le bout. À la sortie, on se crame une dernière clope avec les gars puis on se sépare chacun de notre côté. Léo rentre en Audi, Kévin se fait chercher par sa mère — à son plus grand bonheur — puis moi, je rentre en bus. Trop cool. Je devrais peut-être demander à ma mère de m'inscrire au code... Ce serait super d'avoir une voiture, ne serait-ce que pour plus tard. Je veux dire, ça permettrait d'être un peu plus libre et indépendant. Mais bon, déjà je dois voir si elle accepte...

Une fois installé dans mon siège, je garde une place pour Yanis.

Romain, 17:47
Le bus va partir... 👀 Cours

Est-ce assez stressant ? Je suis diabolique. Puis lorsque je lève la tête, je vois le garçon trottiner vers les portes-avant le nez sur son portable, un peu essoufflé. Ses cheveux partent un peu dans tous les sens, il est adorable.

Lorsque nos regards se croisent, je ne peux plus m'empêcher de cacher mon sourire.

— Putain... Mais t'es vraiment chiant, soupire Yanis en se laissant tomber contre la place que je lui ai gardé.

Il glisse son skate à ses pieds, laissant tomber son Eastpak entre ses cuisses. Je le regarde sans aucune indiscrétion, le coude posé contre le rebord de la fenêtre. Il est beau, encore plus beau que ce matin même.

— J'en peux plus...

Je m'en veux de l'avoir fait courir alors que le bus n'est pas prêt de partir, le chauffeur étant en pleine concentration sur Candy Crush. Ce soir, j'ai décidé de me caler au fond du bus. Yanis ne me fait pas la remarque mais bon, je ne me mets presque jamais sur la banquette arrière. Ici, j'ai une vue sur le bus entier. C'est appréciable de voir qu'il n'est pas tant que ça rempli, bizarrement. Beaucoup de personnes finissent plus tôt, terminer une journée à 18:30 c'est vraiment pas juste pour nous.

— Ça va, ça s'est bien passé ?

Mon épaule se colle à celle de Yanis, baissant les yeux sur l'écran de son portable. Il textote à sa mère et je ne me gêne pas de lire. Cette dernière lui demande s'il est sur la route, car il doit garder son petit-frère ce soir. Seigneur, j'aurai pas pu faire du baby-sitting en rentrant des cours, quant bien même si c'est de la famille. J'ai besoin de mon moment pour respirer et pour être seul.

Le bus démarre après quelques minutes, à mon plus grand bonheur. Yanis ne me donne aucune attention, alors je me fais chier. Je retiens des baillements, honnêtement, je vais pas faire long feu en rentrant à la maison. Sans rien dire, je laisse tomber ma tête sur son épaule. C'est bon. Je le sens se tendre un peu mais ça ne dure que deux secondes. Je pourrais m'endormir, juste accompagné des sensations ainsi que les bruits du bus. Je suis confortablement bien, j'aimerais rester plus longtemps dans cette position. Je sens son odeur, agréable et vanillée. Même après une entière journée, il sent bon ? J'aime ce détail.

Sans parler, mon nez vient caresser la peau de son cou qui frémit suite à mon passage. C'est doux. Sur le coup, je m'en fiche un peu qu'on nous regarde. Généralement les gens s'en fichent, ils sont perdus dans leur monde, à travers la musique avec les casques et les écouteurs sur les oreilles. Lentement, je trace quelques chemins invisibles dans cette zone, bien que mon esprit me supplie de tout marquer. J'en veux toujours plus, ça me connait. Je me retiens de l'embrasser mais étant trop faible face à l'effet que Yanis me procure, mes lèvres s'échouent malgré tout là où elles se doivent d'atterrir.

Ses cuisses se contractent légèrement, je le sens puisque ma main s'est faufilée sur l'une de ces dernières. Mes doigts de pianiste viennent pianoter sur le tissu de son jean ample sur les bords, contact qui ne laisse en aucun cas Yanis indifférent. Les quelques mèches de mes cheveux châtain clair viennent accompagner les caresses que ma bouche lui offre, des chatouillements multipliant ses sensations agréables. Mes baisers sont doux, simples et plutôt chastes. J'aimerais plus, beaucoup plus et même si je sais que nous sommes souvent sur la même longueur d'onde lui et moi, je finis par relever tout de même mon visage pour le regarder. 

Quel tableau s'offre à moi, un Yanis dont les joues sont empreintes d'une couleur rosée, contrastant faiblement avec son teint mat, tirant donc vers un léger bordeaux. Ses yeux marrons se plantent timidement dans les miens et comme s'il s'était brûlé, sa main se retrouve à comme « effacer » ce qu'il s'était passé plus tôt dans ces secondes, dans le creux de son cou.

— T'es...
— Quoi ? je chuchote, un peu amusé.

Comment ne pas le chercher en même temps, si c'est pour qu'il soit comme ça ? Mon pouce vient se déposer sur son menton puis... Il trace calmement, sans aucune pression, sa lèvre inférieure entrouverte. Elle est humide, comme s'il s'était mordu. Tout d'un coup, bien que la tension était déjà palpable dans l'atmosphère, cette dernière semble montrer d'un cran lorsque je le vois dans cet état. Le bus finit par freiner à un arrêt, ouvrant d'un bruit bruyant ses portes pour que quelques lycéens puissent sortir, brisant ainsi le léger silence qui nous faisait face jusqu'à maintenant.

Je romps ce contact avec lui, cette petite coupure du monde. Puis je me retourne d'une manière posée vers la fenêtre, me projetant ainsi le paysage de notre ville. Je ne dis rien lorsque je ressens une pression contre l'autre côté de mon corps. Un sourire inconscient collé aux lèvres, c'est comme ainsi qu'on reste jusqu'à qu'un de nous brise ce lien, ce fil invisible qui nous retenait.

Yanis est celui qui doit descendre en premier. Je le laisse m'échapper, mes doigts filant entre les siens d'une manière rapide. Quand il se retrouve à l'air libre, je le vois se retourner vers moi, posant un pied sur son skate. Son sourire réchauffe mon coeur rien qu'avec ça. Il lui faut que ça, presque rien pour me rendre heureux. C'est... Trop. Le bus reprend son itinéraire en laissant derrière lui, surtout derrière moi, un être qui est déjà en train de manquer.

Je suis trop sensible ! Ah, merde... J'avais vraiment pas envie qu'il parte. Puis si ça tenait qu'à moi, je serais descendu avec lui. Quitte à aller chez lui, à l'improviste. C'est pas comme s'il l'avait pas déjà fait, en plus... Sérieux, Yanis. 

Je passe la porte de chez moi après quelques minutes. En toute honnêtement, je ne me suis pas pressé pour rentrer. J'enlève mes baskets avec lassitude et ma veste est jetée contre le porte-manteau surchargé. Dans le salon, je croise ma mère posée dans le coin bureau. Une tasse de thé bouillant — je présume — aux mains, elle semble lire un mail qui fait une page entière. Elle me remarque que lorsque je suis suffisamment près d'elle.

— Ah, Romain ! Ça va mon chéri ?

Je hoche de la tête puis je me dirige vers la cuisine, la voix de ma génitrice se faisant plus haute pour que je puisse l'entendre. 

— Tu n'as pas invité ton ami, aujourd'hui ?

Je m'apprête à croquer dans une madeleine, mes sourcils se fronçant légèrement. Pourquoi elle me parle de Yanis tout d'un coup ? Comme s'il venait tous les jours à la maison. 

— Pourquoi tu me demandes ça ? je pose alors, prenant place sur un des fauteuils du salon.

La télé affiche une émission sur des légumes, enfin, sur des agriculteurs qui nous expliquent leur métier à la façon d'un reportage. Je regarde vaguement en attendant la réponse de ma mère.

— Et bien... Je ne sais pas, je demandais ! Comme ça. Tu as eu des bonnes notes ?

Ce changement de sujet manque de me faire rire. Pourquoi elle ne va juste pas droit au but ? Je veux dire, je connais ma mère. Je sens très bien qu'elle veut me parler de Yanis, je suis pas débile.

— Ouais, super.
— Comment ça, super ?
— J'ai pas eu de notes. On n'a eu aucun contrôle aujourd'hui.

Elle a tendance à me poser à chaque fois les mêmes questions. Je soupire, décidant de monter dans ma chambre. Je ne sais même pas pourquoi j'ai prit la peine de m'asseoir si c'est pour ne pas la supporter. Ces temps-ci... J'arrive plus. Surtout que je suis fatigué des cours, alors le fait que ma mère se comporte bizarrement avec moi n'arrange rien. 

Je veux la contourner sauf qu'elle m'en empêche. À ses yeux, je vois qu'elle a quelque chose à me dire et qu'elle est sur le point de m'en faire part. Je l'interroge alors du regard, l'incitant à parler. 

— Bon sérieux, qu'est ce qu'il se passe maman ?
— Tiens, regarde ça...

Elle me tend son téléphone portable. J'affiche une mine curieuse, mes sourcils se fronçant légèrement. L'écran s'affiche sur une discussion via messagerie et... Lorsque je vois le nom du contact, c'est comme si mon ventre me prenait d'une sensation très désagréable, mon sang ne faisant qu'un tour. 

— Mais pourquoi t'as encore ce numéro !
— Écoutes... Je... ! Romain, tu sais...

J'attrape d'un geste brusque son Samsung. Quand je lui fais dos pour commencer à lire les phrases numériques, la main de ma mère se dépose sur mon épaule et elle me retourne pour que je puisse être de nouveau en face d'elle. À vrai dire je me laisse faire, étant maintenant concentré sur ma lecture. Putain...

— Je sais mon chéri, je t'avais dit que je ne voulais pas forcer les choses mais...

Je lève ma main, signe pour qu'elle arrête de parler. C'est vraiment trop. Je suis énervé. J'arrive pas à décrire ce que je ressens. Il n'en fallait pas plus pour me mettre en colère, vraiment. Dans la vie, dans la liste des choses que je déteste le plus, c'est qu'on se mêle des affaires des autres. Parents ou pas ! Parfois, ça va trop loin. Et je ne suis pas prêt de pardonner ce qui est en train de se passer, décidément...

— Putain, j'arrive pas à croire que t'as fait ça.

Elle me coupe la parole, essayant de reprendre dans un monologue. Son chignon est complètement décoiffé et sa tenue est à rire. C'est comme si elle avait traîné toute la journée en pyjama.

— Je suis désolé ! Je ne sais pas pourquoi je l'ai recontactée, je voulais seulement... Je ne sais pas, tu m'effraies Romain ces temps-ci, voilà tout !
— Mais ! En quoi je t'effraie, merde ?

Je vais pas me mentir, mais le mot qu'elle a employé me blesse. Je fais genre de rien pour le moment, essayant de garder la tête froide même si je sais que je risque de lui crier dessus à tout moment, bien que ce n'est pas dans mes habitudes.

— C'est juste... Juste...
— C'est juste quoi ? je raconte sous son silence, ma mère n'arrivant plus à trouver ses mots.
— J'ai juste l'impression que tu changes ces temps-ci, surtout avec... Avec ce garçon, voilà, je l'ai dit ! Seigneur...

Ma génitrice lève ses bras de désespoir quand elle prononce le mot « garçon » comme si c'était la fin du monde. Je traduis ce mot par Yanis, automatiquement. Maintenant je sens que mes doutes s'envolent, clairement, on a dépassé ce stade. Ma mère pense vraiment qu'on est plus. Même si dans le fond, je me retiens de dire qu'elle n'a pas tort...

— Je ne dis pas que c'est un mauvais garçon, loin de là... Mais j'ai peur qu'il t'entraîne dans des choses que tu ne veux pas !

Je jette son téléphone sur le canapé, mes mains passant sur mon visage, sachant parfaitement qu'elle n'a pas terminé son speech à deux balles.

— En ce moment, tu rentres tard... Tu ne nous parles plus avec ton père... Tu quittes Vanessa et puis tu nous présentes ce garçon à la maison, tu dors avec lui, et tu... Tu sais, Romain. On m'a dit ce qu'il se passait entre vous. Et... Je ne sais pas si c'est une mauvaise blague, ou si quelqu'un veut s'en prendre à toi mais...

Pause. Comment ça « on m'a dit » ? Je n'écoute même plus ce que ma daronne me raconte, perdu dans mes pensées. Comment ça « on m'a dit » ?! Je laisse passer un petit soupir, essayant de reprendre mes esprits et surtout mon calme. Je n'arrive pas à croire que quelqu'un a pu se mêler à tout ça. Je ne sais pas. C'est pas comme si on l'avait dit aux autres, mais en creusant... 

— Voilà, c'est seulement ce que j'essaye de te dire tu sais...-
— Maman, juste. Attends.

Un peu surprise que je l'arrête dans son truc, elle me regarde de ses yeux brillants, yeux qui ressemblent comme deux gouttes d'eau aux miens. 

— Qui t'a parlé de... De cette histoire, là. De Yanis et moi.
— Hm... J'ai... J'ai juste reçu ce message, regarde. C'était ce matin, après que tu sois parti au lycée... J'ai voulu t'appeler en pensant que c'était une blague, une menace mais...

Je lis ce qu'elle me montre, Rose s'étant précipité pour récupérer son portable que j'ai envoyé valser. L'idiot ou l'idiote qui lui a envoyé ça n'a pas fait attention pour mettre son numéro en masqué... Je décide de m'envoyer un message à moi-même à partir de ce téléphone, recopiant exactement les chiffres à la suite. Mes doigts tremblent un peu de colère.

— Qu'est ce que tu fais... ?
— Je vais vite savoir qui t'as envoyé ça.

Je vérifie au moins deux fois que je ne me suis pas trompé puis, rend l'appareil à ma mère. Je décide donc de la laisser ici, en plan, attrapant la lanière de mon sac que j'ai jeté à l'entrée puis, me dirige à grandes enjambées dans ma chambre.

— Romain !
— Quoi, maman ?

Je marque une pause. La seule femme de la maison cherche ses mots avant de me faire un signe de main dans le vent, me laissant m'échapper une bonne fois pour toute. Bon. J'ai jamais monté aussi vite les escaliers pour arriver à l'étage. Une fois entre mes quatre murs, je textote rapidement Yanis. J'ai envie de l'appeler mais j'ai peur qu'il soit occupé. Tant pis.

Romain, 19:39
+33 x xx xx xx xx 

Romain, 19:39
Ce numéro te dit qqch ?

J'attends sa réponse, un peu trop longtemps à mon goût. Elle arrive après quelques petites minutes et c'est ce que je craignais.

Yanis, 19:51
C'est le numéro d'Andrea

Yanis, 19:51
Comment tu l'as eu ?

Mon dos se laisse tomber contre mon matelas, une légère grimace se formant sur mon visage. Andrea. Putain... C'est flippant. Je me dépêche de lui écrire, le son des touches résonnant dans le silence de ma piaule. 

Romain, 19:52
Ce connard a envoyé un message à ma mère

Romain, 19:52
Jsp comment il l'a trouvé, ptn...

Yanis, 19:52
Quoi ?? Comment

Romain, 19:52
Att je t'appelle

C'est mieux d'expliquer oralement plutôt que par écrit... Heureusement, il décroche rapidement et j'arrive à entendre son petit frère parler en arrière-plan mais ce n'est pas gênant.

Allô...
— J'te dérange pas, j'espère.
Non non, j'ai fini de faire quelque chose pour Noa.

C'est trop mignon comment il s'occupe de son frère. Je le laisse continuer.

Puis là je l'ai mit devant Pat Patrouille, alors ça va... Bref, racontes moi...

Mes yeux se baladent sur le plafond blanchâtre de ma chambre, mon iPhone coincé contre mon oreille droite. Sa voix m'apaise, bizarrement, je me sens un peu plus calme.

— Ouais, bah... Voilà, je rentre chez moi et là ma mère commence à me prendre la tête concernant Vanessa. Elle lui a envoyé des messages, la pauvre, en lui demandant si elle savait quoi que ce soit nous concernant. Alors déjà, ça m'a énervé parce qu'elle va emmerder Vanessa alors qu'on ne se parle même plus, elle ne te connaît ni d'Adam ni D'Ève donc...
C'est clair...
— Voilà. Et après quoi... Ouais, je lui demande comment elle sait ce qu'il se passe entre nous. Elle part dans un monologue, je te raconte pas... Puis elle me montre un message qu'elle a reçu ce matin du coup, on était en cours à cette heure là. Ça disait en gros... Putain, en y pensant ça me fait rire tellement c'est ridicule... Bref, c'était quelque chose comme « Méfiez-vous de votre fils et de son ami Yanis, un truc de pas net se passe entre eux, ils sont plutôt proches » et après je sais plus comment il a tourné sa dernière phrase mais ouais, en gros ils sont ensemble quoi. Puis c'est là que j'ai vu que, du coup, Andrea, n'avait même pas envoyé ça sous un numéro masqué. Mais... Merde, il est aussi débile que ça ce mec ? Il n'a rien d'autre à foutre ?

Je laisse passer un soupir de rage, passant mes doigts sur mon front. Putain, ça m'énerve mais tellement fort ! Je laisse Yanis parler.

Je sais pas quoi dire... Je pensais pas qu'il était capable d'aller aussi loin... Puis déjà, comment il a eu le numéro de ta mère... Personne l'a dans le groupe, enfin je pense. À mon avis ça doit être quelqu'un de l'extérieur qu'il lui a donné.
— Ouais, mais qui ? J'veux dire, j'crois que personne n'a le numéro de ma daronne, wesh. Qui l'aurait même ? Putain, ça m'emmerde Yanis...

Le bronzé marque un silence et je l'entends lui aussi soupirer, un peu déboussolé de cette situation. J'essaie de réfléchir. Cette histoire de numéro me met mal à l'aise, je sais pas, c'est hyper personnel. Je sais pas vraiment quoi faire sur ce coup. 

Je peux essayer de parler à Andrea... tente-t-il.
— J'ai pas envie que tu lui parles...

Pour plusieurs raisons. Ce mec va trop loin, et dans tout ce qu'il entreprend. Il gâche tout.

Peut-être à Mallory... ? Mais bon, faudrait lui expliquer...
— Ouais, mais même. Elle ferait quoi ?
Elle est proche d'Andrea. Plus que moi, en tout cas.
— C'est pas très rassurant qu'elle soit proche de lui, alors.

Ça se trouve elle est au courant de ce qu'il manigance, va savoir. Ça me saoule tout ça. Je suis impuissant et j'ai pas envie de faire confiance aux autres.

Je ne pense pas qu'elle nous ferait un coup de pute, Romain... Mallory est celle en qui j'ai le plus confiance dans le groupe. Elle a un coeur en or, elle ne voudrait pas qu'une chose comme ça se passe.
— Hm... je réfléchis, perdu dans mes pensées.

Que faire ? Je sais pas trop. Je ne la connais pas assez. D'une part, j'ai confiance en Yanis et s'il me dit ça, c'est qu'il le pense vraiment. Lui même ne gâcherait encore plus cette situation. 

— Romain ? Chéri, je peux rentrer... ?

Je tourne ma tête vers ma porte, cette dernière étant fermée. Super.

— Bon, je dois te laisser. Ma mère veut me parler. On se parle plus tard, si tu veux.
D'accord... Ça marche.
— Salut.

Je termine l'appel comme ça. C'était un peu froid, mais bon. J'évite de prononcer son prénom, pas envie que ma daronne sache à qui je parle en plus. Même si elle est loin d'être conne, elle doit se douter que ce soit lui... 

— Vas-y rentre, maman.

Elle ne se fait pas prier pour finalement ouvrir ma porte. Je la vois la refermer avec soin avant de se diriger vers mon lit, prenant place sur le coin du matelas. Moi, je reste allongé comme si sa présence était qu'invisible. Le téléphone au dessus de mon visage, je ne fais pas attention à l'expression de son faciès.

— Romain... Tu sais si cette histoire est vraie...
— Bon. Désolé, je te coupe avant que tu commences à me faire la morale.

Je prends une inspiration, laissant tomber mon iPhone sur un de mes coussins. Je me relève ensuite, laissant mon dos butter contre la tête de mon lit.

— Mais... Ouais. C'est vrai, cette histoire. À ce stade d'toute façon, j'ai plus rien à cacher. Tout est dit.

Je tente un regard vers Rose, ses yeux brillent et sont un peu rougis. Je présume qu'elle a un peu pleuré, dans le salon. C'est une personne sensible, il n'y a rien à dire là dessus. Mais parfois, elle l'est un peu trop. Je ne sais pas ce qu'elle peut ressentir, je ne sais pas ce qu'elle est en train de s'imaginer mais c'est pas comme si tout ça était grave... Non ? Merde, quoi.

Ma génitrice a son regard rivé au sol, ses mains sont croisées entre elles. Elle semble perdue, ne sachant quoi dire. De toute façon, c'est pas s'il y avait quelque chose à raconter... 

— Romain... J'ai besoin de réfléchir à tout ça. J'y ai pensé toute la journée, en me demandant si c'était une blague mais... Au fond, je ne le pensais pas vraiment. Tu sais, si c'est quelqu'un qui veut te faire du mal... Tu dois me le dire ! Tu dois me le dire, Romain. Je refuse que quelqu'un s'en prenne à toi de cette façon.

Je mords l'intérieur de ma joue, ma gorge se resserrant un peu. Ses derniers mots me font quelque chose, c'est pas rien ce qu'elle me sort. 

— Si tu connais cette personne... Je vais aller à ton lycée pour me plaindre. Je ne tolère pas ce genre de comportement.
— Mais... Ça sert à rien, maman. Cette personne n'est même pas au bahut.
— Alors c'est qui ?

Je vois bien qu'elle force pour savoir, mais même si elle le saurait ça ne changerait rien. C'est qu'un connard, c'est tout. Il n'a rien d'autre à foutre que de gâcher le bonheur des autres, vu qu'il ne connaît pas la réelle signification de ce mot.

— C'est... C'est quelqu'un que je connais vite fait. Il est dans un autre lycée...
— Je vais aller les voir, moi ! Lequel, Degaulle alors ?

J'ai parlé trop vite. De toute façon, tant qu'elle n'a pas le prénom exact elle n'ira pas voir leur lycée. J'espère pas. Mais je la connais. Sans concrète preuves, elle ne peut rien faire même si elle contacte le directeur ou qui sais-je encore.

— Bref... J'ai besoin de respirer là, maman.

Je lui lance un regard qui en dit long puis après quelques secondes, elle finit par se relever. Au moins, elle comprend. Son air triste sera collée au visage durant toute la soirée, et même à table. J'ai à peine manger, ce soir. C'est comme si ces frites maison n'avaient aucun goût, qu'elles étaient fades. Pourtant j'adore ça. Je plains ce pauvre morceau de viande, dur et assez difficile à mâcher. Mon père sonde nos mines comme pour savoir ce qu'il se passe et à mon avis, une fois que je serai monté en haut, ma mère s'empressera de tout lui raconter. De A à Z. C'est toujours ce qu'elle fait. Malgré que je ne parle pas vraiment à mon père, ce dernier sait tout des moindres faits. Car au final, ma génitrice est au courant de tout.

Une fois lavé et dans mon lit, j'ai du mal à trouver le sommeil. C'est comme s'il m'échappait, qu'il ne voulait pas venir à moi. La couette remontée jusqu'au nez, j'essaye de me fabriquer comme un cocon de chaleur pour m'endormir plus vite. J'arrête de forcer mes yeux, ça ne marche pas. À la place, je préfère contacter Yanis. J'ai envie de l'appeler. Puis, on avait dit qu'on reparlerait. C'est le seul avec qui j'ai envie d'être à ce moment même. C'est comme si mes parents ne faisaient qu'acte de présence, c'est comme si ma mère n'avait plus envie de me regarder dans les yeux. Elle est perdue, et je sais qu'au fond elle ne veut juste rien dire de travers. À cause d'un connard qui a parlé à ma place, qui a parlé trop tôt en me balançant sans émotion, je dégrade un peu plus ma relation avec ma mère. 

Yanis, 23:20
Mais sois pas triste... 😔 T'inquiète, il va pas s'en sortir comme ça tu sais

Yanis, 23:21
Puis comme tu dis, je pense que ta mère a juste besoin de réfléchir à tout ça et c'est déjà bon signe qu'elle est revenue vers toi ce soir, pour essayer d'en parler...

Yanis, 23:22
Ça va s'arranger 

Romain, 23:22
J'espère, ouais...

Romain, 23:23
Demain vendredi en plus, j'ai même pas envie d'y aller tlm je suis saoulé

Romain, 23:23
Mais bon 😐

Romain, 23:24
C'est pas comme si j'avais envie de rester à la maison aussi mdr

Yanis, 23:25
Si viens

Yanis, 23:25
On se verra au moins...

Yanis, 23:26
En plus, je suis en train de préparer une playlist pour demain dans le bus

Yanis, 23:26
Je pense tu vas aimer

Romain, 23:27
Ohh, bien

Romain, 23:27
Bien sur que je vais aimer, tu crois quoi

Romain, 23:28
Je vais surtout aimer ta présence ouais

Yanis, 23:29
C'est vrai ça ?

Romain, 23:29
Bah oui 😏

Romain, 23:31
J'aimerais te serrer dans mes bras maintenant 😩

Yanis, 23:31
🥺

Romain, 23:31
J'ai besoin de rien d'autre, juste toi. 

Romain, 23:31
Pff c'est pas si compliqué nn ? 😒😒

Yanis, 23:32
Moi aussi je te voudrais... dans mon petit lit

Romain, 23:33
Petit 👀

Romain, 23:33
Lit 😏

Romain, 23:33
😩😩

Yanis, 23:33
😭😭

Yanis, 23:34
Ben oui, tu l'as déjà vu de toute manière...

Romain, 23:34
Mais jamais testé 👀

Romain, 23:34
Je veux te voir dedans

Yanis, 23:35
Comment dedans ?

Romain, 23:35
Snap 👀

Yanis, 23:35
Arrête avec tes yeux déjà...

Romain, 23:36
Pfff

Romain, 23:36
T'es trop nul

Romain, 23:36
Pour la peine je vais m'endormir sans snap voilà 😒

Yanis, 23:36
Omg mais

Yanis, 23:36
T'es chiant hein 😭

Romain, 23:37
Je sais... 

Yanis🖖🏽 vous a envoyé un snap ! 

Romain, 23:39
Intéressant 👀

Yanis, 23:40
C'est bon, tu peux dormir en paix ?

Romain, 23:40
Non

Romain, 23:40
Encore

Romain, 23:40
Je veux 100000 snaps 🤤

Yanis, 23:41
Omg 😭

Yanis, 23:41
Ben moi je dors, adieu

Romain, 23:42
Tu sers à rien

Yanis, 23:42
Toi aussi dors 😔

Yanis, 23:42
Bonne nuit ❤️

Romain, 23:42
Ouais ouais 😒

Romain, 23:43
Je note, je note 😒

Romain, 23:43
Mais bonne nuit quand même ♥️

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