Entre deux immeubles.
— Oh, wow ! J'adore la couleur de cet ensemble ! Hm... Mon cœur, t'en penses quoi ? Romain... Tu m'écoutes ?
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Vanessa. Pile le jour où elle revient de sa petite escapade en Espagne. Bien évidemment, tel un petit copain parfait, j'ai décidé de lui accorder ma journée et de la passer elle. Je soupire. Malgré la fatigue de son voyage, Vanessa garde le sourire et le peu d'énergie qui lui reste pour trier les différentes combinaisons, ses yeux cherchant sa taille parfaite. Du 36. Lorsqu'elle trouve son bonheur, ses doigts attrapent le cintre accroché sur la barre en fer.
— Alors...? Tu penses que c'est comment ? Ça me va bien ? Argh, je devrais l'essayer... J'ai peur que ça ne me rentre pas aux niveau des cuisses, déballe ma copine tout en se regardant face à un miroir, la tenue le long de son corps.
Je ne peux m'empêcher de sourire, me plaçant derrière elle. Elle sent bon, son parfum m'enivre un peu. On se regarde à travers la glace et je lui dégage ses cheveux blonds vers l'arrière.
— Tu seras jolie dedans. Je te l'offre.
— Romain... Non, grimace-t-elle. C'est trop...
— C'est ton anniversaire, t'as pas vraiment le choix là.
Je me décale de Vanessa, cette dernière se retournant vers moi afin de me faire face. Un léger soupire passe la barrière de ses lèvres. Ma copine ne veut pas le dire mais je sais très bien quel est le problème. Lorsque je m'approche pour regarder le prix de ce morceau de tissu, je me retiens de déglutir. Bon. C'est bien parce que c'est son jour et que je me dois de lui acheter quelque chose. Quel genre de mec je fais, sinon ?
Nos statuts avec Vanessa sont différents. Elle vient d'une famille différente de la mienne. C'est pour cette raison que son père me craint un peu, il ne comprend pas que ce que fiche sa parfaite fille avec un adolescent comme moi. Et encore, si je roulais un peu plus sur l'or, son opinion sur mon âge changerait définitivement.
— Tu es sûr, mon chéri...? Sinon c'est pas grave, je vais la payer. Vraiment, je ne veux pas que tu te forces juste parce que c'est mon anniversaire. Je m'en fiche de ça.
Ma blonde pose sa tunique dans le grand sac noir qu'elle tient sur son avant-bras. Suite à ça, son regard vient chercher le mien. J'insiste. Je vais lui payer ce cadeau, qu'elle le veuille ou non. Je veux pas me sentir ridicule ou quoi, ce n'est pas grave si je dois piocher de mes économies. Ma main frôle son épaule recouverte d'un long manteau en fourrure.
— Va l'essayer pour être sûre. Après, je te l'offre.
Vanessa hoche de la tête et je la laisse s'enfuir vers les cabines. De là, je l'attends, passant les secondes sur mon portable. Lorsque j'entends mon prénom, mes yeux se lèvent et tombent sur sa beauté. Elle est belle, très belle. Elle tourne sur elle même avant de se pencher pour cueillir mes lèvres, étant assis sur un petit tabouret. Je ne réponds pas à son baiser, la blonde se recule déjà. Ses ongles peint en rose passent dans ses cheveux lisses et le miroir d'en face n'affiche que son reflet dont elle tombe littéralement amoureuse.
— Ça te va vraiment bien, je sors avant de replonger les yeux sur mon écran.
— Ah, j'adore... J'aime tellement. Je sais déjà quelles chaussures je vais porter avec cette tenue.
Je lui souris rapidement et Vanessa tire le rideau, m'adressant un clin d'œil léger avant de se changer. J'entends le zip de sa fermeture éclair et le son de ses talons préférés qu'elle enfile à nouveau.
Arrivé à la caisse, la vendeuse nous regarde avec un immense sourire. Flippante. Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil à Vanessa, je n'avais même pas remarqué qu'elle a entouré mon biceps de ses deux bras, me tenant fermement contre elle.
— Alors... Ça fera 269,99€ s'il vous plaît. Par carte ? Oui.
La dame qui accompagne mon payement me tend la petite machine et sans plus attendre, j'y glisse ma carte dedans. Je tape mon code. Code bon, payement accepté. Le ticket s'imprime. Et voilà. Bye, bye, cher argent. Je t'aimais, tu sais.
— Merci pour votre achat ! Si ça ne va pas, vous avez 15 jours pour faire un échange. Passez une bonne journée !
— Merci ! À vous aussi, répond Vanessa qui attrape son cadeau avec fierté.
En sortant du magasin, ma copine me saute dans les bras. Sans trop savoir quoi faire, j'entoure mes bras autour de sa taille, mes mains finissant dans son dos. Si j'ai pu lui faire un minimum plaisir, je suis content. Moi qui ne savait pas quoi lui offrir... Cette sortie shopping a été bénéfique. Même si ma carte est en train de pleurer, actuellement... J'ai jamais payé un truc aussi cher de mon propre gré et surtout, j'ai jamais offert quelque chose aussi cher à quelqu'un. En regardant Vanessa, je ne peux pas regretter cet achat.
— Romain... Tu es vraiment un amour. Je t'aime tant. Mais... Punaise. Tu n'étais vraiment pas obligé...
Je réajuste ma sacoche en soupirant. Mes mains finissent dans mes poches et je commence à m'avancer dans les rues commerçantes. La blonde me rattrape rapidement, ne pouvant s'empêcher de regarder ce que je viens de lui offrir.
— C'est bon, c'est fait. Maintenant, on en parle plus ? Joyeux anniversaire.
— Hm, oui... D'accord. Mais Romain, tu me laisses payer le restaurant.
Bien évidemment ! Je ne me voyais pas régler pour ça aussi, surtout que je sais pertinemment qu'elle va m'amener quelque part où le morceau de pain coûte 20 balles. Après ça, Vanessa me fait rentrer encore dans quelques boutiques et quand on sort du Sephora... Je me retrouve à lui porter deux sacs en plus. Je veux pas faire mon sensible mais j'avais hâte de sortir de là-bas, l'odeur y est insupportable. Ce qui ne semble pas déranger la blonde qui continue de sentir les petites tiges en papier encore imbibés de ses parfums adorés.
— Mon cœur ? Tu veux manger quoi ? J'ai bien envie de manger japonais...
— On mange là où tu veux., je réponds tandis qu'elle est déjà en train de chercher une adresse sur son nouvel iPhone.
— Là, il y a un japonais pas loin. À 200 mètres... On y va ?
Je hoche de la tête, j'avoue que tout me convient. Je ne suis pas vraiment compliqué en nourriture et ça fait tellement longtemps que j'ai pas mangé japonais. Enfin... Si on peut appeler ça les sushis acheté tout préparé à Carrefour. Vanessa est toujours accroché à mon bras, sa tête se penchant sur le côté pour frôler mon épaule par moment. Elle a l'air heureuse, quand je la vois comme ça, rien ne me donne envie de briser sa bonne humeur. C'est son jour, après tout. Je pourrai lui dire oui à tout. Juste pour que son sourire ne quitte pas une seconde visage.
On arrive rapidement dans le restaurant. Quand on rentre dans les lieux, tout semble être écrit en japonais, même les menus qu'on nous présente une fois installés. Vanessa est surexcitée, et moi je trouve ça plutôt cool. La traduction est affichée derrière les caractères asiatiques mais ce n'est pas si compliqué de deviner les plats car une multitudes de photos s'affichent sur les pages. Personnellement, je sais déjà ce que je vais prendre. La blonde hésite encore un peu, son index tapotant ses lèvres.
— T'as choisis ? je lance et elle me jette un regard.
— Oui... Je pense que je vais prendre un plateau de sushis qu'on partagera, celui-là, pour les couples. Et un riz avec curry !
— Tu vas pouvoir manger ça ? je ris doucement tandis que le serveur s'approche doucement de nous.
— Bien sûr ! Je vais prendre le moins épicé...
— Puis-je prendre votre commande ? nous interrompt l'employé, un petit carnet en main.
Vanessa indique nos plats et on nous précise quelques petites minutes d'attente. Mon menton appuyé contre la paume de ma main, mon regard de promène sur ma petite amie. Bizarrement, je ne pense à rien lorsqu'elle me sourit, gênée que je la fixe ainsi. Une mèche de ses cheveux se coince derrière l'une de ses oreilles, me dévoilant sa longue boucle d'oreille en or.
— Pourquoi tu me regardes comme ça...? soupire-t-elle. Ah, tu es quand même content d'être ici hein ? Sinon, on peut toujours changer.
— Mais oui... Tout à l'heure je t'ai dit qu'on allait là où tu voulais.
— Tu aimes japonais ? me questionne Vanessa, posant ses deux mains sur ses joues roses.
Je hoche doucement de la tête et on se regarde ainsi encore quelques minutes. C'est là qu'elle dérive sur d'autres sujets, me parlant de sa fac, de ses cours et bien évidemment de son voyage à Barcelone. Vanessa ne manque pas de me montrer quelques photos qu'elle a prise, elle apparaît sur beaucoup de clichés avec son amie — dont je n'ai plus le nom — devant des monuments, etc. La blonde continue de défiler sa galerie jusqu'à que le serveur revienne une deuxième fois vers nous. J'arrive à sentir l'odeur de nos plats et je chope déjà mes baguettes, prêt à tout dévorer. Non mais là, c'est bien beau de parler mais j'ai beaucoup trop faim. L'employé se penche légèrement vers l'avant et nous dit bon appétit en japonais. Vanessa le remercie en essayant de répondre pareil, rigolant après.
— Seigneur... J'vais pas juger mais c'était grave gênant.
— Hey. T'es méchant avec moi... Manges au lieu de dire n'importe quoi.
Vanessa lève les yeux en l'air tout en glissant un sushis entre ses lèvres. Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant sa tête. En plongeant mes yeux dans mes ramen, une idée me vient à l'esprit. Mes deux baguettes viennent attraper une grosse portion de nouilles et, j'attrape mon portable posé sur la table. J'entends ma blonde dire que c'est une très bonne idée tandis que j'ouvre l'application à l'icône fantôme. Lorsque je finis d'écrire ce que je voulais ma photo, j'envoie. Un petit sourire orne mes lèvres.
Roro ⚡️ à 13H26 :
— Tu as posté une story ? Je ne la vois pas... commente Vanessa, complètement à côté de la plaque.
— Ah, non... J'ai juste envoyé à un pote.
La coque de mon iPhone tape le bois de la table et la blonde se contente de hocher doucement de la tête. Tout le long du repas, on ne peut s'empêcher de répéter à quel point la nourriture est bonne. Et c'est plutôt vrai, je vais noter ce restaurant dans un coin de ma tête. Qui sait, peut-être j'y reviendrai. Un autre jour.
— Hm... C'était qui ton ami ? D'ailleurs, ils vont bien ? reprend Vanessa, venant boire une gorgée de son eau minérale.
Je ne comprends pas pourquoi elle me pose cette question maintenant alors que ça fait quelques minutes déjà que j'ai envoyé ce snap à Yanis. D'ailleurs, je crois qu'il m'a répondu car une notification de sa part s'affiche sur mon écran.
— Bah, un pote du lycée... Et oui, ils vont bien. Fin, normal quoi.
La blonde sourit doucement et vient touiller sa cuillère dans son curry. Mes yeux viennent se plisser, trouvant son comportement un peu bizarre. Peut-être qu'elle veut me dire un truc mais qu'elle n'ose pas ? Honnêtement, j'en ai aucune idée. Je souris un peu plus en ouvrant la photo envoyée par le bronzé.
🖖🏽Yanis à 13H30 :
Mes doigts viennent taper un message, mes baguettes bloqués entre ces derniers. Mon regard croise à nouveau celui de Vanessa lorsque j'appuie sur la petite flèche pour envoyer.
Roro ⚡️
Mdrrrr je sais je sais
T avec qui ?
— Tu souris plus à ton ami qu'à moi... Je suis devant toi je te signale.
Ah, sérieusement. Comme si elle non plus n'avait pas son iPhone entre ses doigts, textotant des choses dont je ne saurai jamais. Je lève le regard au plafond, légèrement excédé. Vanessa attend une réponse, ses yeux rivés sur son plat à moitié terminé. Je laisse un léger silence planer tout en attrapant un morceau de viande de ma soupe, prêt à venir le mastiquer sous mes dents.
— Ok, ok, je lui réponds plus. T''exagères un peu quand même... Et toi, tu parles à qui même ?
Mon ton s'est un peu refroidi sans le faire exprès. Ce n'est pas comme si j'étais le nez dans le téléphone depuis tout à l'heure, un ou deux messages envoyés à mon ami n'est pas une raison pour se rendre comme ça. Je retiens un soupir.
— Romain... T'énerves pas. C'était juste une remarque... dit-elle d'une voix légère.
— Je m'énerve pas... Enfin bref. On oublie.
L'ambiance à table n'est plus la même depuis quelques secondes et j'avoue que ça ne me donne même plus envie de finir mon plat. J'agis vraiment comme un con. Maintenant, je culpabilise. Je n'aurai pas dû lui répondre comme ça, elle a raison, je suis avec elle alors je dois rester avec elle, le regard sur elle et je dois parler qu'avec elle. C'est débile en plus, j'ai pas envie de faire n'importe quoi le jour de son anniversaire... Moi qui disait vouloir lui faire garder son sourire, j'ai parlé un peu trop vite.
— C'était super bon. Tu veux prendre un dessert...? lance Vanessa qui rassemble les assiettes vides.
— Moi non. Prends toi, si tu veux.
Ma copine pense avoir eu sa dose et appelle le serveur pour avoir la note. Lorsqu'elle la reçoit, elle ne me montre pas le prix. Rapidement, elle met quelques billets dans la petite pochette et je ne peux m'empêcher de rajouter un billet de dix pour le pourboire. Je déteste ne rien donner alors... Comme ça, je me sens mieux.
On sort du restaurant le ventre rempli. J'espère que Vanessa ne veut pas bouger dans d'autres endroits car pour le coup, j'ai juste envie de me taper une longue sieste. Ses sacoches en main, on se rapproche d'un petit banc vert qui est planté le long du trottoir. Je m'y laisse tomber tandis que la blonde reste debout devant moi, les yeux rivés sur son écran.
— Bon... Tu veux qu'on aille encore quelque part mon chéri ?
— Toi qui voit. Moi j'ai rien de prévu, là.
— Hum... Parce qu'il y a mon amie Lana qui est en ville et on se demande si on devrait pas se rejoindre... Ça te dérange pas ?
Bah, quitte à ce qu'elles se voient... C'est sans moi. Je crois pas que j'arriverai pas à rester auprès des deux des heures et des heures, me laissant derrière elles à porter leur sacs de magasins. Je sors mon téléphone de ma poche, regardant l'heure. On est en début après-midi, je pourrais rentrer chez moi tranquillement et préparer mes devoirs pour la rentrée... J'sais pas.
— Ouais bah... Rejoins là si tu veux. Je vais rentrer sinon.
— T'es sûr...? Ça me saoule de te laisser. Mais tu peux venir avec moi hein, ça ne pose aucun problème à Lana ! T'en dis quoi ?
— Vanessa, vas-y. Je t'assure, je vais rentrer. De toute façon je dois bosser un devoir alors...
Ma copine me lance un sourire désolé tandis que je prends mon courage à deux mains pour me lever de ce banc. De ses doigts, elle vient m'attraper le visage. Je me laisse faire lorsqu'elle m'embrasse, une nouvelle fois. Je ne ressens rien, je lui réponds pour réessayer. Toujours rien. Quand elle se sépare de moi, je ne ressens pas l'envie de lui dire de rester. Non. Elle s'en va comme ça, prenant ses sacs posés à côté. Vanessa me fait un dernier signe de main et je la regarde disparaitre dans les rues commerçantes peuplés.
Je me laisse retomber sur ce banc. Une fois assis, je peux enfin ressortir mon téléphone. Les notifications de Yanis datent d'une demie-heure maintenant, et il m'a envoyé plusieurs messages sur l'application. Je les ouvre, curieux.
🖖🏽Yanis
Je suis avec Mallory et Naïm tu sais, mes potes du skate mdrrr
On joue au uno depuis tout à l'heure vraiment on se fait chier... 😂
Toi tu es avec qui ?
D'ailleurs, ça te dit de venir ce soir au skatepark ? Il y aura Mathis et les autres aussi
Andrea ramène quelques bières, ce serait cool si tu peux venir
Quand je lis le prénom d'Andrea, mon sourire se perd. Je sais même pas pourquoi je réagis comme ça et pourquoi j'y pense encore, même Yanis doit s'en foutre à l'heure qu'il est... Bref. Mes doigts écrivent.
Roro ⚡️
Tu as gagné j'espere 🤔
J'étais avec ma meuf, elle vient de partir la
Oui je viens de tt façon j'ai rien d'autre de prévu
Je viens m'allumer une clope. Mes yeux se baladent vaguement sur les personnes qui sont en train de défiler devant mes yeux. À un moment, une personne âgée vient se mettre à mes côtés et je lui laisse un peu plus de place afin de mieux s'installer, cette dernière posant sa canne entre nous. Je lui souris doucement mais elle ne semble pas le remarquer. Je me concentre à nouveau sur mon portable et ses notifications semblent apparaître comme par magie. Il me répond vite. Cette fois-ci, c'est une photo que j'ouvre.
🖖🏽Yanis à 14H14 :
Roro ⚡️ à 14H15 :
⁂
Lorsque j'arrive au skatepark, des souvenirs de la nuit avec Yanis me reviennent. Ses amis — ainsi que lui — sont assis au même endroit que la dernière fois, là où nous nous sommes cachés pour fuir la fête d'Halloween. Je peux entendre d'ici un son de rap américain s'élever autour du petit groupe. Vraiment, quand je les rejoins, je me sens comme l'intrus quoi. Je suis le seul à ne pas avoir de skate et à ne pas porter une attention particulière à cette passion. Je trouve ça stylé, c'est même un style de vie pour eux mais pas vraiment pour moi.
Lorsqu'une des personnes me remarque — en l'occurence Andrea — ce dernier me fait un grand signe de main, tout heureux de me voir ici. Sous son enthousiasme, je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour. Les autres se retournent enfin, mes yeux se dirigeant automatiquement vers Yanis qui est dos appuyé contre le muret, assis à côté de Naïm. Ils semblent regarder quelque chose sur le téléphone du percé, mais je ne sais pas quoi.
— Hey, Romain ! s'exclame Mallory tandis que je leur fait un signe de tête, mes jambes se croisant pour m'asseoir en tailleur avec eux. Ah, tiens. Serres toi mon chou.
La brunette me tend une canette de bière, ses ongles venant la décapsuler pour moi. Je la remercie et elle me sourit. Andrea reprend, une clope aux lèvres. Ses yeux me fixent tandis qu'une légère buée s'échappe de sa bouche.
— Alors... Tu vas bien ? Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu.
— Bah... Quelques jours sûrement, j'sais plus trop. Mais ça va et vous ?
Les personnes autour de moi hochent de la tête, mon visage se tournant vers le bronzé. Il est loin de moi et pourtant si proche, je me demande ce qu'ils sont en train de regarder les deux quand même. Je pensais qu'il allait venir vers moi. Un bruit de skate me fait légèrement sursauter derrière, deux mains venant se poser sur mes épaules pour les secouer. Ma canette manque même de renverser son contenu sur mon haut mais heureusement, je la pose vite au sol.
— Romain ! Mon pote.
La voix de Mathis me fait sourire, j'avais même pas remarqué qu'il n'était pas là. Enfin, je trouvais ça bizarre qu'il ne soit pas avec le groupe entier.
— Salut Mathis. Le dernier jour avant la rentrée, hein ?
— Ah... M'en parle même pas. J'ai rien foutu pendant ces vacances en plus, m'avoue-t-il tout en s'asseyant sur sa planche, demandant à Andrea de lui passer un briquet.
— Pareil, rajoute Mallory, posant les paumes de ses mains par terre. Andrea, on est dans la merde pour notre présentation je crois.
— Meuf. Faudrait p't'être s'y mettre ce soir.
Je souris en les écoutant, une question traversant la barrière de mes lèvres.
— Juste... Vous êtes au lycée privé ?
— ... Ah nan. Nous on est en pro, me répond la fille comme si c'était une évidence. Moi et Andrea on est en bac pro photographie, Naïm et Juliette en communication visuelle.
— On est des artistes, se vante le grand blond en haussant ses sourcils.
— Mais c'est trop cool. Je savais même pas qu'il y avait un lycée d'arts, je lance tandis que Mathis hoche de la tête, n'en sachant pas plus que moi.
— Bah ouais mec, y'a même des gens qui viennent de loin pour étudier ici. L'internat, et tout.
— Ouais, reprend Mallory. En tout cas, l'ambiance y est mieux que dans votre lycée de bizu... À ce qu'il parait, y'a que beaucoup de fils à papa là-bas.
Mes épaules se haussent doucement, j'avoue qu'elle n'a pas tord. Même si la plupart viennent de familles modestes, il reste tout de même des personnes de classe plus grande et qui ne peuvent s'empêcher de se faire remarquer. Du genre... Arriver en bagnole de luxe à l'école ou porter des vêtements assez extravagants. Il y a certaines personnes comme ça, effectivement. Une gorgée de bière traverse le long de ma gorge tandis que mes yeux sont posés sur les deux en face de moi.
— Bah... reprend Mathis. J'vous avoue que dans ma classe, y'a pas vraiment de fils à papa. À part deux, mais ils sont frère et sœur. Hein, Yanis ? Clarisse et Samuel.
L'interpellé, en entendant son prénom, lève son visage vers nous. Finalement, les deux reculés s'approchent de notre groupe. Le bronzé, à mon plus grand étonnement, se pose à côté de moi. Naïm, lui, vient embêter Mallory, ce dernier s'asseyant derrière un elle. On forme un cercle maintenant, les bières étant échouées au milieu, accompagnées de quelques paquets de clope.
— De quoi Clarisse et Samuel ? commente Yanis, venant choper une Marlboro.
— Laisse, mon chou. On était en train de parler des richous dans votre lycée.
La brunette répond d'un air détaché et son rire s'élève lorsque le garçon derrière elle glisse ses mains sur sa taille, venant la chatouiller. Ses deux là ont l'air assez proches sur ce coup, je ne pensais pas autant.
— Naïm, vire tes mains de là. Qu'il est chiant ce type, soupire-t-elle faisant sourire tout le monde.
— Hm... Vous êtes très bizarre vous deux. Ça y est, t'es ressortie de ta relation couple libre avec Lukas ? enchaine Andrea, le regard rivé sur eux.
— N'importe quoi. Et puis en attendant je suis en relation libre comme tu dis, j'ai le droit de faire ce que je veux avec qui je veux...
Tandis que la discussion continue, je décide de sortir mon portable de mon gilet. Je n'ai aucun message de Vanessa, elle doit être dans les magasins avec sa copine après tout. J'affiche une expression neutre, de toute façon, ce n'est pas comme si j'en suis affecté. Je sais même pas pourquoi j'essaye de m'accrocher à elle.
Un genou vient frôler le mien. Il ne l'a pas fait exprès, je le sais. Quand Yanis baisse le regard sur ce dernier, il vient briser doucement ce contact. Au fond de moi, ça ne me dérangeait pas plus que ça. Son geste me parait suspect, pourquoi il fait ça ? Peut-être que ça le gêne, après tout, faut pas oublier qu'on a franchit une limite que s'impose les « amis » il y a deux jours. Perdu dans mes pensées, j'essaye de faire un effort afin de m'intégrer au mieux dans les conversations du groupe. Mathis dérive sur des séries et les gars semblent juger ses goûts, le pauvre. Les canettes vides remplissent au fur et à mesure des minutes un sac en plastique qui semble être là afin d'accueillir toute notre pollution. Des mégots y sont jetés, des paquets.
— Les gars... Venez on joue à un jeu !
Je pose mes yeux sur Mallory, son exclamation m'a fait sortir de ma bulle. Sa main tient son téléphone portable qui affiche une application ouverte, Naïm ne peut s'empêcher de voir ce que c'est. Quand il lit le titre, son sourire se transforme en une grimace.
— Bordel, oh non...
— Fais voir, s'intéresse Andrea qui vole son téléphone. Ah, Truth or Dare. Intéressant.
— Hey, rends moi ça. Allez, on joue les mecs ! J'ai déjà testé l'application en soirée, elle est géniale.
Je jette un coup d'œil aux gars autour de moi. Andrea s'en fiche un peu, Naïm semble peser le pour et le contre. Mathis lève ses bras totalement d'accord et Yanis, bah... J'arrive pas à savoir à quoi il pense. Personnellement, ça doit fait un bail que je n'ai pas joué à un jeu comme ça. En soirée, il y a toujours un groupe de personnes qui le font mais ne connaissant pas les gens, je ne m'aventure pas dans ce genre de trucs.
— Putain, soyez drôles un peu. De toute façon on se la joue cool, la version coquine est payante... lâche la seule fille du groupe, Mallory.
— Encore heureux, soupire Naïm. L'achète surtout pas.
— T'es fou ? Ça coûte 5€ cette merde.
Le temps passent tellement vite avec eux. Je ne me vois pas refuser et quitter là maintenant, de toute façon, j'essaye de voir le bon côté des choses. Peut-être que j'en apprendrai un peu plus sur le bronzé à côté de moi. Mallory s'empresse de poser son téléphone au milieu et on se rapproche un peu plus pour voir l'écran. Une bouteille virtuelle est affichée avec nos noms autour. N'attendant pas une seconde de plus, la fille presse le doigt sur son écran. Un léger stress s'empare de moi, j'suis pas chaud pour commencer en premier à vrai dire.
— Andrea ! s'exclame Mathis.
— Truth or dare...? continue la seule fille du groupe d'un ton mystérieux.
— Action.
— Wow, j'aime ça ! Oh my god... Gay kiss en vue !
Quand je lis la phrase écrite sur l'écran, je me sens déglutir. Non mais fallait vraiment que ça tombe sur moi...
« Andrea, embrasse Romain, un bisou sur la joue ou sur la bouche ❤️ ! »
Tout le monde semble s'exclamer autour de moi, enfin... Surtout Mallory ainsi que Naïm. Je sens la main de Mathis se poser sur mon épaule, la secouant légèrement comme pour me donner du courage. Je n'ose même pas regarder Yanis.
— Allez, sérieusement les gars. Sur la joue, ça va pas vous tuer.
Je rigole légèrement, posant ma canette de bière dans un soupir. Andrea se trouve en face de moi, il ne semble plus qu'à attendre de savoir si je suis d'accord. D'un signe de tête, je lui donne ma permission. C'est un bisou sur la joue et comme dit la brune, ça ne va pas nous tuer. Sans que je puisse sentir quoi que ce soit, Andrea pose rapidement ses lèvres sur ma joue. Le grand blond se retire suite à son geste, reprenant sa place calmement. Et voilà.
Mallory tape dans ses mains tandis que Mathis me bouscule doucement, en rigolant. Je décide de boire une gorgée de bière, mon regard finissant par tomber sur Yanis. Ce dernier est avec sa capuche sur la tête et ne me regarde pas, un faible sourire se trouvant sur ses lèvres. Tandis que la brunette appuie de nouveau sur l'écran, je lui lance près de son oreille.
— Hey...
— Romain ! À toi, mon chou ! me coupe la fille.
Je me relève doucement, lançant un signe de tête envers Mallory pour qu'elle touche la bonne icône sur l'application.
— Vas-y, vérité.
— Ok... Alors... Ah ! Selon toi, quel est le joueur que tu trouves le plus sexy ? J'espère que tu vas dire que c'est moi ! reprend Mallory dans un rire, faisant désespérer Naïm derrière elle.
— Laisse le choisir, chuchote ce dernier.
— Yanis, je lance directement, sans prendre le temps de réfléchir.
Mathis qui était en train de boire une gorgée, la recrache directement. Le brunette l'insulte ouvertement avant de rire, venant essuyer avec la manche de sa veste les petites gouttelettes sur son écran.
— Yanis, hein... fit-elle d'un coquin, son regard venant chercher l'interpellé.
Le bronzé ne peut s'empêcher de me donner un coup de coude ce qui fait rire tout le monde. Putain, mais qu'est ce qu'il est adorable.
— Continuez au lieu de me regarder.
— Oui, oui... C'que t'es pas drôle. Yanis, c'est à toi !
Tandis que ce dernier prend le temps de réfléchir, mon regard vire sur le profil de son visage. Ses joues semblent un peu plus rouges que la normale. Je pense que ma réponse l'a gêné mais de toute façon, je ne me voyais pas dire quelqu'un d'autre. De tout le groupe, c'est lui. En levant le regard, je sens celui d'Andrea sur moi. Je me demande ce qui lui prend à lui par contre.
— Truth or dare, baby ?
— Vérité... soupire ce dernier.
— Oh, elle n'est pas marrante celle-là. Yanis, dis-nous les drogues que tu as testées.
— À part le cannabis... Rien d'autre Mallory.
Cette dernière hoche doucement de la tête, je ne sais pas si elle est convaincue. Moi je le suis, je ne pense pas que Yanis est du type à se droguer avec je ne sais quelle connerie. Rapidement, le jeu continue.
— Mathis, mon choupi ! Action ou vérité ? S'il te plaît, dis action...
— Ah, euh... Bah allez, action.
Les actions se font dans des rires et dans des plaintes, pour certain. Heureusement, je ne suis tombé que sur des trucs softs. Je suis content de ne pas avoir eu à embrasser quelqu'un, rien qu'avec Andrea... Ça a été une expérience suffisante.
— Yanis ! Allez, dis action cette fois-ci.
— D'accord.
— Hum... Oh. Again ! rit doucement Mallory, penchant son téléphone sur le béton pour qu'on lise tous la phrase.
« Yanis, embrasse Andrea sur la joue ❤️ ! »
— Andrea... Dis moi, t'es pas un peu chanceux ce soir ? Embrasser deux beaux garçons... Ah. Je suis jalouse, roucoule doucement la fille du groupe, venant regarder le bronzé ainsi que le grand blond.
Sérieusement... Ce n'est pas moi qui est censé jouer mais cette action me fait particulièrement chier. Yanis semble hésiter sous le regard insistant que lui offre Andrea. Je crois qu'il n'a pas envie de le faire, ses pouces se touchant entre eux.
— Allez Yanis ! Tu peux le faire t'inquiète, l'encourage son ami, Mathis.
— Yanis, Yanis, Yanis ! chante doucement Naïm bientôt accompagné de Mallory.
Sous toute cette exclamation, Andrea se rapproche de lui même vers le concerné. Je regarde les deux garçon du coin de l'œil. Ne supportant plus les acclamations, le bronzé s'empresse de poser ses lèvres contre la peau du blond pour en finir. Ce dernier, ravi, ne peut s'empêcher de poser les siennes à son tour. Ce n'était pas dans le programme ça. Yanis, quelque peu surpris, le repousse rapidement. Pour ne pas laisser apparaître de soupçons, Andrea rigole fortement. C'était bizarre. Je veux plus jamais revoir ça.
— Oooh ! Andrea, je t'aurai jamais pensé comme ça, reprend Mallory avec un grand sourire aux lèvres.
— Hm... Maintenant, tu le sais. Allez, continue.
Tandis que la brunette est prête à appuyer sur son écran, le geste de Yanis surprend tout le monde. Ce dernier s'est levé plutôt brusquement, attrapant son skate entre son bras. Sans dire un mot de plus, il pose sa planche sur le sol et défile sous nos yeux, se dirigeant un peu plus loin, vers les montées du skatepark. Je le suis des yeux et je ne suis pas le seul. Personne ne comprend ce qui se passe. Sérieux... Qu'est ce qu'il a ?
— Merde... Mais qu'est ce qui lui arrive bon sang ? Il est tellement bizarre ce soir ! s'empresse de rajouter Mallory, éteignant son jeu.
— C'est Yanis, meuf. Laissez-le un peu, rajoute Naïm qui se lève, réajustant son bonnet au passage.
J'ai envie d'aller le voir mais j'ai peur qu'il ne me parle pas, qu'il me rejette, un truc du genre. Je jette un coup d'œil rapide à mon portable. L'heure affiche bientôt 19H, je pense que c'est le moment pour moi de m'éclipser. Mathis, de mon avis, rajoute que ses parents doivent l'attendre et qu'il doit se préparer pour demain.
— Déjà ? se plaint la brunette en nous voyant nous lever.
— De toute façon, on a une présentation à rattraper. On devrait y aller aussi, résonne doucement Andrea.
Et c'est comme ça qu'on se sépare tous, rassemblant nos affaires. C'était amusant, je ne vais pas dire le contraire. Même si Yanis a décidé de partir vers la fin, laissant tout le monde perplexe. Naïm quitte le skatepark accompagné de Mallory ainsi que d'Andrea. La seule fille nous fait de grands gestes de la main pour nous dire au revoir, sifflant pour attirer l'attention de Yanis, au loin. Ce dernier s'est posé contre un muret et il répond calmement à son signe.
— Dis... je lance en direction de Mathis tout en réajustant ma sacoche dans mon dos. Ça te dérange si j'vais voir Yanis deux minutes ?
— Ah, non non ! Vas-y. Tu sais... Je pense qu'il a envie de te voir, me répond le dernier garçon qui reste, sa main pressant mon épaule.
Mes sourcils se froncent doucement. Il a envie de me voir ?
— De quoi, comment ça ?
— Ah, Romain... Va le voir, c'est tout. De toute façon je dois y aller, hein. On se voit demain, OK ?
— Mais... Ouais, à demain.
Je réponds au sourire de Mathis. Vraiment... Comment il peut penser une chose comme ça, genre, il est au courant de quelque chose ou bien ? Je dis ça comme s'il c'était passé plus entre nous. Enfin bref, c'est illogique. Je pense que c'est l'alcool qui m'a monté à la tête. D'une démarche tranquille, je viens rejoindre le bronzé qui n'a pas bougé depuis tout à l'heure. Il sait que je suis là, que je prends place à côté de lui. Je ne sais pas vraiment comment briser ce silence entre nous deux. Alors, je lui pose une question un peu idiote.
— Ça va ?
Son visage se tourne doucement vers le mien. Quelques skateurs sont en train de faire des figures, à quelques mètres devant nous. Ils paraissent un peu plus âgés. La voix de Yanis s'élève après quelques minutes.
— Oui... Et toi ? C'est cool que tu sois venu.
Un sourire m'échappe, ouais.
— Pourtant, t'avais l'air un peu de t'en ficher au début...
Je sais même pas pourquoi je réponds comme ça. Une légère brise fait bouger nos cheveux, venant souffler dans mes oreilles. Il commence à faire froid mais je ne me daigne pas à bouger.
— Non mais, oublie. C'était cool de vous retrouver.
J'entends le petit soupir de Yanis, cherchant sûrement quelque chose à dire. Je veux qu'il me parle, de n'importe quoi.
— Mallory était contente de te voir, en tout cas.
— Ouais, je rajoute. Elle est marrante cette fille, sans prise de tête... Les autres aussi, hein.
Mon visage se tourne à nouveau vers lui. Ses boucles ressortent sur son front, sa capuche étant toujours remonté sur son crâne. Sans dire quoi que ce soit, je me rapproche un peu de lui. Ma cuisse vient se coller à la sienne, je le fais exprès. Mon jean vient frotter le tissu de son jogging, son regard se baisse sur nos jambes. Lorsqu'il me regarde enfin, je hausse un sourcil.
— ... Pourquoi tu me colles comme ça ? souffle-t-il, ne bougeant pas d'un pouce.
Mon visage se penche doucement, mes yeux se perdant sur l'horizon en face de nous.
— Comme ça.
De nouveau, ce silence s'installe entre nous. Je me sens bien, là. Est-ce que lui aussi ? De là, on peut voir tout le skatepark entier. Le bronzé ne rajoute rien, son regard se perdant sur ce qu'il se passe devant lui.
— Ça te gêne ? je lance après un bref moment, les yeux droit devant moi.
Je sens qu'il tourne sa tête vers moi. Parce que moi, ça ne me gêne pas plus que ça. Si on pouvait rester comme ça, à contempler le paysage du soleil couchant encore quelques minutes... Ce serait vraiment cool. Son murmure arrive jusqu'à mon oreille et, sa réponse me fait sourire.
— Non.
Je force un peu plus, poussant ma cuisse un peu plus contre la sienne. Nos regards se croisent encore une fois. Cette fois-ci, ça le gêne. Mes yeux tombent sur ses lèvres et je m'efforce de penser à autre chose. Mon ventre brûle doucement, je ne peux m'empêcher de repenser à l'autre soir. Bordel, pourquoi je n'étais pas un peu plus bourré ? Peut-être que j'aurai pu réussir à oublier ce détail. Ce détail... Ouais.
— J'ai quelque chose sur le visage ? C'est stressant là, rigole doucement le garçon en face de moi.
— Je te stresse ?
J'ignore sa question, la mienne semble le prendre de court. Yanis fronce doucement ses sourcils avant de regarder quelque chose derrière moi.
— Quand tu me regardes comme ça, oui.
Mais pourtant, je ne voulais pas être stressant. Ce n'est pas pour autant que mes yeux quittent son faciès. Au contraire, je continue à balader mon regard sur lui. Ses longs cils papillonnent légèrement et malgré son teint hâlé, on voit que ses joues prennent un couleur plus rosée au niveau de ses joues. Pourquoi je trouve ça...? Je sais pas. Ça me donne envie de les effleurer, quitte à me faire passer pour un mec bizarre.
— Romain... Sérieusement, soupire-t-il.
— Quoi ?
— Mais arrête. Regarde, un oiseau là-bas.
Je vois l'index de Yanis s'élever vers le ciel, me montrant un truc au loin. Mes lèvres s'étirent en un léger sourire, les yeux même pas intéressés. Ça semble le décourager mais au fond, je vois bien qu'il ne fait pas vraiment d'effort pour m'empêcher de le fixer. Peut-être qu'il aime, au final. Une feuille tombe entre nous, je m'efforce de ne pas la regarder.
— T'es chiant... rajoute-t-il, ses jambes se balançant le long du muret.
— Tu blesses mon cœur avec tes dures paroles, tu le sais ?
— Genre... Je blesse rien du tout, ouais.
Mes doigts viennent pincer sa joue, geste qui le surprend. Il éloigne doucement son visage et je ne peux retirer ce fichu sourire.
— T'as un problème avec mes joues, la vérité. Avoues... Tu les aimes bien.
Son ton arrive à me surprendre, il était gêné il n'y a même pas une minute. Son regard plonge dans le mien, je scrute ses yeux colorés d'un doux orangé. Il a raison.
— C'est le cas, je réponds.
Il lâche un soupir, brisant notre contact visuel.
— Rah, ça me saoule.
Ça n'a pas duré longtemps. Il n'y arrive pas et d'un côté, je trouve ça encore plus adorable. Ce mot tourne beaucoup trop souvent autour de lui.
— Tu me trouves bizarre, tu peux le dire.
— Je pense qu'il y a pire dans le monde, m'avoue-t-il.
— Pire qu'un mec qui t'avoue kiffer tes joues ?
— Ouais.
— Et toi ? je reprends, ne sachant même pas ce que je dis.
— Quoi ?
— Aimes-tu quelque chose ? Sur moi.
De nouveau, son regard explore les différentes parties de mon visage. Je pensais qu'il n'allait rien faire et dire dériver sur un sujet. Je m'efforce de prendre cet air angélique ce qui lui arrache un sourire, sa main venant pousser doucement mon épaule.
— Pourquoi je devrais te le dire ?
— Parce que j'ai dit ce que j'aimais, moi.
— Je veux pas dire.
Je lève les yeux au ciel et finalement, mon regard le quitte. D'un geste, je sors mon téléphone. Tandis que je tapote un message — pour Vanessa... — Yanis reprend et je l'écoute.
— C'est ta copine, lâche-t-il.
— ... Hé, regarde pas mes messages toi.
Mon index vient appuyer sur son front, le poussant un peu plus loin. Il râle, venant taper doucement mon doigt. En vrai, je m'en fiche pas mal qu'il lise. Je n'ai rien à cacher dans les conversations avec ma copine.
— J'rigole, j'm'en fiche.
— Je lisais même pas.
— Allez, tu crois que je t'ai pas vu.
Je rigole doucement tandis qu'il regarde droit devant lui. Bon... J'ai vraiment pas envie de le laisser mais lorsque je vois cette maudite heure défiler, je n'ai pas d'autre choix que de me laisser tomber, mettant pied à terre.
— T'y vas ? me demande-t-il.
— Ouais. Il commence à se faire tard et demain... La reprise. Ah, je déprime mec.
Yanis hoche doucement de la tête. Je suis déçu de l'abandonner, en vérité, c'est la dernière chose que je veux faire.
— Viens, je lâche tandis que j'arrange ma sacoche, attendant qu'il descende de ce muret.
— Où ?
— Viens, j'te dis.
Même moi je ne suis pas vraiment sûr de ce que je fais. Ce dont je veux être sûr, c'est qu'il me suive. Le bronzé, voyant que je ne compte pas bouger sans lui, finit par me rejoindre. Son skate finit dans sa main et il ne prend pas la peine de monter dessus. Je l'entends me demander là où on va mais je me fais muet.
Les mains dans les poches, je me daigne seulement à lui lancer des légers coup d'œil. Mes pas me guident le long des rues de notre ville, m'avançant inconsciemment vers les arrêts de bus. S'attendant à ce que je l'accompagne jusqu'à son car, Yanis laisse un hoquet de surprise lorsque je lui tire son bras pour le bloquer sous moi. Ses yeux s'écarquillent légèrement lorsque son dos cogne un mur d'un quelconque immeuble, ce dernier nous surplombant littéralement. Nous nous retrouvons à l'abri des regards, entre deux bâtiments.
— Romain ?
Je relâche la pression sur son bras, mes doigts remontant ce dernier sous sa veste. La paume de ma deuxième main se pose au dessus de ses cheveux, — cheveux toujours recouverts de cette capuche — contre le béton du mur. Je ne pense plus à rien, je n'arrive pas à savoir ce que je suis en train de fabriquer. Mes doigts s'échouent contre sa joue, sa joue qui fait brûler ma peau d'une douce sensation. Le bronzé ferme un œil sous mes gestes, ne sachant même pas comment se comporter. Mes yeux s'amusent à le scruter, mon pouce se posant sur sa bouche.
— Romain...
Je le fais taire. Mes lèvres se ruent contre les siennes, je le sens se relâcher contre moi. La paume de ma main posé sur le mur se laisse tomber, formant un poing. Je serre doucement cette dernière tandis que ma bouche se concentre sur la sienne. Doucement, j'accentue notre étreinte. On se redécouvre, comme le dernier soir. Cette même chose se produit en moi. Je suis prit d'une bouchée de chaleur, ne ressentant même plus les faibles degrés qui nous entourent. Je mets du temps à sentir les doigts de Yanis se faufiler à travers ma veste ouverte, son toucher m'apporte quelques doux frissons incontrôlables.
— Non, non, non... je lâche soudainement, mettant un terme à notre baiser.
Les yeux fermés, j'essaye de reprendre mes esprits. Mais en vain. Lorsque le soupir de Yanis s'échoue contre ma bouche, cette dernière est comme attirée par une force physique indescriptible. De nouveau, je l'embrasse. Un peu plus fort, un peu hâtivement, avec un peu plus d'envie. Ses doigts serrent mon pull, ne me laissant plus m'échapper. Une sensation étrange se produit dans le bas de mon ventre, ce baiser bouscule trop de choses en moi. Pourquoi je n'arrive pas à me détacher de lui ? Pourquoi ? Yanis tire doucement ma lèvre inférieure, le regard rivé sur cette dernière. Nos deux corps sont encore séparés de quelques centimètres, seuls nos visages sont autant rapprochés. Ma main qui longeait son bras se retrouve sur sa joue. Je n'arrive plus à retenir mes gestes, tout se fait automatiquement, naturellement, laissant mon corps me guider comme si j'étais rien que sa simple marionnette. Yanis me dit quelque chose mais je n'arrive pas à bien le comprendre, mes pensées étant dans le flou complet.
— Pourquoi...? arrive-t-il à dire près de ma bouche.
Je sais pas. Je sais même plus. Qu'est ce que je dois faire ? Mais qu'est ce qu'il m'a prit. Mes yeux n'arrivent plus à quitter son visage. Mes doigts frôlent doucement sa joue, le plus doucement possible. Je ne peux pas m'échapper et le laisser. Mon esprit me chuchote cette idée mais mon corps me l'interdit. Yanis, je ne sais même pas ce qu'il veut. Bloqué contre moi, ma taille le surplombant, il n'ose rien faire. Il ne se débat même pas, ne me repousse pas comme pour me dire de me reprendre. Rien de tout ça. Juste : pourquoi.
Je colle une dernière fois mes lèvres contre les siennes. Je sens ses doigts s'entourer autour de mon poignet, les miens étant restés sur sa joue. Son pouce caresse mon os mais rapidement, ses ongles se plantent dans ma peau. Je prends ça comme une alerte et mon visage se recule brusquement du sien. Quand je le regarde, je ne le vois pas bien. Caché entre deux immeubles, l'ombre des deux bâtiments m'empêchent de le voir clairement. Je réalise enfin que ce n'était peut-être pas une bonne idée. Je mets du temps à m'en rendre compte. Mes mains se lèvent en l'air, me reculant doucement de lui.
— Putain... Désolé. Désolé. Bordel...
Je semble me réveiller et tomber de très haut. Devant moi, Yanis passe les doigts dans ses cheveux, sûrement en train de reprendre ses esprits. J'ai envie d'effacer ce moment, ces petites minutes, revenir en arrière, qu'on se retrouve sur ce muret comme tout à l'heure, que je continue à l'embêter comme j'aime le faire. Mais non. Son skate tombe au sol et c'est là que je lui lance un regard. Pourquoi il n'a pas l'air comme je l'imaginais ? Ses yeux timides se plongent dans les miens, je décide de m'avancer vers lui. Avant que je ne dise quelque chose, il me coupe la parole.
— Romain. Ça va. Calme toi.
— ... Je n'aurai pas dû. Désolé. Tu me pardonnes, d'accord ?
Mes mains se posent sur ses épaules mais je les finis par les retirer, comme brûlé. Mon corps se met dos à lui, mes doigts venant frotter énergiquement mes cheveux. Mais creusez ma tombe, là, ici, au sol. Je veux m'enterrer.
— Mais quel con, quel con. Putain.
— Romain...
Je me crispe légèrement en sentant ses doigts sur ma taille. Par automatisme, je me retourne. Une fois devant lui, je m'attendais à tout sauf à ça. Je n'ai pas le temps de fermer les yeux que sa bouche revient chercher la mienne. Ne sachant quoi faire sous ce geste soudain, je décide de ne pas le toucher. Ses lèvres bougent doucement contre les miennes qui décident de rester immobiles. Le baiser que m'offre Yanis s'arrête après quelques douces secondes. Qu'est ce qu'il nous arrive. Que quelqu'un me réponde. Lorsqu'on se regarde, je distingue aucune once de dégoût sur son visage, il n'a pas l'air de m'en vouloir.
— Ça va. D'accord ?
Je ne sais même plus parler, pour tout dire. Son pied se retrouve sur son skate, s'étant légèrement penché pour le remettre en place. Sans rien plus, il me laisse comme ça. Je le regarde s'enfuir après avoir regarder à droite puis à gauche, faisant rouler sa planche sur le bitume du trottoir.
Mes sourcils se froncent d'incompréhension. Mon index frotte mes lèvres, encore humides. Je laisse mon dos rencontrer un mur, mon regard se perdant dans le vide. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, combien de minutes je reste à réfléchir à un quelconque sens, à me faire une raison sur tout ça. Je me crame une clope, mes pas décidant de partir en la direction opposé que celle de Yanis. Il doit sûrement attendre un bus. Pour ma part, ce sera le prochain. Mais non. Pourquoi je fais ça ? Je dois le rejoindre. Je peux pas le laisser partir après ça, je ne peux pas. Alors, je me retourne. Quelques personnes me regardent tandis que je les frôle sans le faire exprès, bien concentré sur ma course. Je cours, rattrapant les arrêts de bus.
Là, je ne vois pas Yanis. Mes yeux cherchent les enseignes lumineuses qui indiquent son quartier, légèrement inquiet d'avoir raté son putain de bus. Mais par chance, je le vois. Le bus 47. C'est lui, c'est son bus. Quand je vois les portières se fermer, je bouscule tout le monde sans même me soucier des remarques et des insultes envers moi. Mon poing vient toquer la vitre, attirant tout de suite le regard du chauffeur sur moi. Je croise mes mains entre elles, le suppliant de m'ouvrir. Et là, je veux remercier tous les Dieu pour m'avoir fait tomber sur le plus merveilleux et gentil des conducteurs.
— Merci... Merci, Monsieur. Tenez.
Ce dernier me fait un signe de tête lorsque je passe ma carte sur la machine, j'ai envie de lui embrasser les pieds. Bon. Je grimace en voyant l'état du bus. Des gens debout, d'autres assis. Il est complètement rempli. Je ne vois même pas le bronzé. Enfin... Je me dis ça avant de le remarquer assis à côté d'une mère, une poussette devant eux. Je me cale contre la vitre d'un bus, un homme me faisant un peu plus de place. Je le regarde du coin de l'œil. Yanis perd ses yeux sur le paysage de la ville et j'ai juste envie de le rejoindre. J'attrape mon téléphone entre mes mains et je viens lui écrire, les doigts lourds.
Romain, 19H35
Yanis... Je sais pas comment on a pu terminer la journée comme ça mais je veux rassurer et que tu me dises que tu m'en veux pas.
J'envoie, ne me relisant même pas. Les écouteurs dans ses oreilles, ma notification a du le gêner dans sa musique. Je le regarde, je veux voir sa réaction à la lecture de mon message. Le bus me fait bouger dans tous les sens, en particulier dans les virages et dans les ronds points. L'écran de mon portable s'illumine.
Yanis, 19H36
Je t'en veux pas. Ne m'en veux pas non plus
Je soupire doucement, légèrement soulagé.
Romain, 19H36
Je vois pas comment je pourrai t'en vouloir
Romain, 19H36
Idiot👀
Je le vois lever les yeux à mon message. Oui, je me sens mieux.
Yanis, 19H36
Ah non, plus de yeux pour aujourd'hui 🙄
Je souris, inconsciemment. Je sens le regard d'un dame à mes côtés, elle semble heureuse de me voir dans cet état. Bref... Pas de commentaires.
Romain, 19H37
👀
Romain, 19H37
Ça va être difficile maintenant
Yanis, 19H37
Pourquoi ?
Romain, 19H37
D'essayer d'oublier ce qui vient de se passer... Désolé hein. Jvais y penser toute la nuit. Je vais mal dormir
Yanis, 19H37
Moi aussi... Mais on doit essayer de ne pas trop y penser
Romain, 19H38
Oui, on verra
Yanis, 19H38
Ça ira
Romain, 19H38
💀
Yanis, 19H38
🙄
Yanis, 19H38
À demain alors ?
Romain, 19H39
Non, à ce soir
Yanis, 19H39
🙄
Yanis, 19H39
À ce soir alors
😫🆘je suis amoureuse de leur relation🆘😫
en vrai, j'étais pas trop pour mettre des images en plein milieu de mes chapitres mais je trouve que les snap genre ça rajoute grave du réalisme? vous ne trouvez pas ? devrais-je en mettre parfois ?
aussi, sachez que les a ou v là ne venaient même pas de moi, j'ai vraiment laissé le hasard faire 😫 malheur,
d'ailleurs aujourd'hui, je me permets d'écrire un petit mot afin de faire une petite pub à Enfant_Clairvoyant qui écrit une histoire bxb, je compte sur vous pour lui donner quelques avis 🥺 son histoire commence tout juste mais ce serait très encourageant pour l'auteur de voir plus de personnes lire ses écrits ! je sais ce que ça fait de commencer avec 8 votes mais avec wattpad... il faut se soutenir entre auteurs et partager au maximum nos histoires afin de les faire se démarquer. alors n'hésitez pas!!
merci de m'avoir lu jusqu'ici, merci de lire l'histoire de romain et de yanis 🤍 share love
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