C'est mon dessert.
C'est assis au près de Yanis que je regarde le paysage de notre ville défiler à travers la vitre de ce bus. En quelques minutes, l'ambiance extérieure a quelque peu changée. Des enseignes illuminant chaque ruelle qu'on longe, accompagnées des lampadaires éclairant les pavés au sol, posés à une distance égale les uns des autres. Des gens qui rentrent du travail marchent sur les trottoirs, des groupes d'anciens, ou de jeunes qui s'attellent à leurs diverses envies. En parlant d'envie, la mienne est si proche de moi. Sérieux...
Mes yeux jonglent entre le bronzé et ce qu'il regardera. Son coude est posé contre le rebord de cette fenêtre, le menton creusant la paume de sa main. Il me montre inconsciemment son profil, enfin, les mèches de ses cheveux qui retombent sur le devant de son regard ne me permettant pas de voir l'intégralité de son faciès. Le bus s'arrête à des arrêts que je n'ai pas vraiment l'habitude de prendre. Nous voilà au centre-ville et ni lui, ni moi n'a aucune idée de là où descendre. Je pense qu'au prochain.
Mon coude entrechoque le sien sans faire exprès, ce qui le fait se retourner vers moi. Mon phone entre les mains, mon pouce venant dérouler un menu d'une cinquantaines de playlists dont certaines datent vraiment. Ouais, ce soir c'est moi qui met la musique. Et les miennes semblent lui plaire au final, je n'ai pas besoin de le questionner sur ce genre de sujet parce qu'en fait, j'en sais assez et plus que les autres. Je crois que c'est devenu une habitude entre nous d'écouter de la musique ensemble, tous les matins par exemple. Une habitude dont je n'aimerais pas m'en détacher. Je ne sais pas pourquoi j'apprécie autant. C'est comme si ma journée démarrait mieux si elle commençait de cette façon.
— Ah, viens.
Le silence est le maître mot, il faut dire qu'il ne reste plus grand monde et que plus de la moitié des personnes sont descendues. Et maintenant, c'est notre tour. Je m'incruste dans le couloir et laisse Yanis passer devant moi, le suivant jusqu'à poser pied à terre, l'air frais du soir traversant les mailles de ma veste ouverte. Nous voilà déposé près d'un abri de bus, là où attendent un petit groupe de gens. L'ambiance en ville est plus rythmée qu'autour de notre lycée, il faut dire qu'on est plus détendu ici que là-bas. En y pensant, on se retrouve proche du lycée des potes à Yanis, enfin, ça ne me donne pas envie de les croiser bizarrement. Ce soir, j'aimerais bien qu'on soit encore que tous les deux.
— Hmm, du coup, tes plans ?
La voix du garçon à côté de moi me tire de mes pensées. Il passe légèrement ses doigts dans ses boucles fines, un sourire ornant le coin de sa bouche. Elle me tente.
— Tu as faim ? je propose alors.
Son hochement assez vif me fait rire légèrement, ses yeux ne quittant en aucun cas l'expression que renvoie mon visage. Ouais... Yanis prend un air un peu timide et j'ai limite envie de me pincer à défaut de ne pas pincer sa joue. C'est vraiment quelque chose. Après quelques secondes de silence, on se met à marcher en direction inconnue, là où on pourrait trouver un endroit tranquille où bouffer. J'avoue que ce qu'il y avait aujourd'hui à la cantine n'a pas su régaler mon petit estomac, alors je compte bien remédier à ça.
— C'est quoi cette tête ?
— Quoi ? J'ai froid...
— Même avec cette doudoune ? je rajoute alors tandis qu'il plonge ses mains dans les poches de sa grosse veste.
Il ne peut s'empêcher de me lancer un regard de travers mais c'est sans succès car il ne tient pas longtemps son expression dégoûtée. Je sais que c'est moi qui le met dans cet état, et je sais aussi que même s'il crève de froid actuellement, il est content d'être avec moi. Si ce n'était pas le cas, il ne m'aurait certainement pas suivi, quand je suis monté dans ce bus.
— Romain... J'ai faim, insiste-t-il comme un enfant de 5 ans.
— Mais, je cherche. En te regardant. Mais je cherche quand même.
Son rire amusé se perd entre les bruits ambiants. Je n'ai plus l'autorisation ou bien ? Quant bien même je ne l'avais pas, c'est pas comme si je pouvais m'en empêcher. Je sens Yanis me regarder un court instant ensuite, un peu gêné. Ça me fait rire intérieurement. Il est trop. Trop.
— Là. Ça te dit ? je dis finalement, m'arrêtant devant la porte d'un restaurant japonais.
— Hmm, d'accord.
En ouvrant les portes pour le laisse passer, mon regard se perd par la suite sur le décor de cet endroit. Ouais, ça me dit quelque chose... J'ai déjà mangé ici en plus... Avec mon ex.
— Bonjour ! nous lance un serveur d'origine asiatique, s'inclinant légèrement. Ce sera pour deux ?
Je hoche la tête en lançant un regard à Yanis qui lui, ne peut s'empêcher de regarder discrètement les plats commandés par les personnes déjà à table.
— Voilà, cette table vous convient-elle ?
— Ah bah oui, merci.
— Parfait. J'arrive avec le menu. Connaissez-vous le système de ce restaurant ?
En effet, il existe un menu où tu peux commander à volonté pour un prix fixe indiqué. Au final, c'est plus avantageux de prendre comme ça que de choisir des plats séparément. Je réponds affirmatif tandis que l'employé s'évapore, expliquant entre temps à Yanis qui me regarde en tapotant son ventre.
— Allez ça va, on va manger... T'es grave, hein.
— J'ai pas trop mangé à midi, me dit-il en excuse, d'une voix adorable.
— Quoi, t'as pas aimé la poêlé de légumes de ce midi ?
Son regard en dit long. J'avoue que franchement, c'était pas ouf aujourd'hui à la cantine donc je comprends. J'enlève ma veste pour la mettre sur le dossier de ma chaise, étant bien vite à l'aise vu la chaleur agréable. Mon pied tape celui du bronzé sous la table et je m'excuse rapidement, laissant tout de ma même ma basket à côté de ses Converses oranges.
— Et voici vos menus... Je vous laisse faire vos choix, j'arrive dans quelques minutes.
Le regard de Yanis semble s'illuminer lorsque ce dernier attrape la feuille plastifiée pour la lire en travers rapidement. Je me fais la remarque à haute voix, les yeux rivés sur la fameuse bouffe.
— Bon, j'ai bien fait de te ramener ici.
— J'adore manger jap, dit-il rapidement.
Je souris en lui lançant un coup d'œil. Ses boucles tombent sur son front et la plupart cachent ses sourcils. Comme à son habitude, il exerce un geste de la main pour les dégager de son regard, me permettant ainsi de voir un peu mieux son front et ses longs cils naturels. Tous les petits détails de son faciès, je les adore. À tel point qu'il m'arrive de reconnaître exactement les emplacements de certains de ses grains de beauté, les détails que reflètent ses yeux dorés.
— Bon alors, dis moi. Tu vas prendre quoi ?
— Hmm... En vrai, je pensais qu'on pouvait prendre le plateau de variétés à deux...
— Le plateau « koibito » ?
— Euh, ouais...
J'essaye de cacher mon sourire mais en vain. C'est trop mignon, ouais. On dirait qu'il le fait exprès. La façon dont il se gratte la nuque fait fondre quelque chose à l'intérieur de moi. Pourtant merde, je devrais y être habitué mais ça me fait à chaque fois le même putain d'effet. Le bronzé continue de faire genre de s'intéresser à ce papier qu'il a sûrement lu et relu, seulement pour ne pas lever les yeux sur moi.
— Donc, les plateaux des couples... je continue, ne pouvant pas m'empêcher d'être un relou.
Yanis a déposé son menton sur la paume de sa main, ses yeux cherchant le serveur qui nous accueilli. Il m'ignore. J'aime le taquiner et j'aime encore plus quand ça fait son effet. Je décide quand même d'arrêter de jouer avec la semelle de sa Converse lorsque l'employé refait son apparition, un petit carnet et un stylo à la main. Je cite alors nos commandes en ne quittant pas des yeux le garçon en face de moi, ce dernier ayant le regard rivé sur les couverts de notre table.
— D'accord... Vos commandes seront prêtes dans quelques minutes.
J'espère que les quelques minutes comme il dit ne seront pas longues. Mais dans mes souvenirs, je n'avais pas attendu longtemps avant de manger ici. Avec Vanessa... Comment ne pas m'en rappeler puisque en réalité, ça ne fait un siècle non plus. Et en plus, je me rends compte qu'on nous a installé à la même table avec Yanis. Comme si c'était fait exprès, sérieusement. Enfin bon. De toute façon, je m'en fiche. Je ne sais pas pourquoi j'y repense. Après tout, c'est le sourire du bronzé qui réussit à me faire ressentir le plus de sensations, de sentiments, de choses que j'aurai du mal à expliquer. Je n'avais pas remarqué que j'avais reprit automatiquement mes caresses contre le mollet de sa jambe, inconsciemment, comme si j'avais besoin d'avoir un contact perpétuel avec lui.
— J'ai faim... se plaint-il avant de rire doucement.
— Personnellement, j'aurai kiffé passer au dessert.
— J'ai même pas regardé, répond-il innocemment.
— Pas la peine que tu regardes, moi je le vois déjà.
Son sourcil se lève légèrement suite à ma dernière réplique et il comprend finalement, laissant un léger soupir passer la barrière de sa bouche.
— Tu t'arrêtes jamais...
— Mais c'est pas grave, vu que t'aimes bien.
— Hmmm. Qui l'a dit ?
— Ça se voit, je réponds au tac au tac. Je te connais, à force.
— C'est de ta faute.
Je me réajuste convenablement sur ma chaise, m'étant un peu avachi. C'est de ma faute, ouais. Non, c'est de sa faute oui. Moi je n'ai rien fait. Qu'on me rajoute une casquette d'innocent sur ma tête. Je plaide non-coupable, de toute manière.
— Pourquoi tu souris ? reprend-il, ayant remarqué mon expression.
— Rien, rien...
C'est toi. Je suis seulement content d'être là. Je rêvais de ça depuis le début de la matinée, depuis que j'ai posé le premier pied hors de ma couette ce matin... Mon cerveau s'est réveillé avec ton prénom imprimé dedans. C'est chaud. Genre, à un point que je ne pourrais pas expliquer. Mais ouais. Tandis que Yanis me contemple et que je fais de même, l'écran de mon téléphone s'allume sur une notification. Je reçois un message et même si je n'ai nullement envie de lire, l'emoji qui poursuit le nom du contact me pousse quand même à regarder.
Maman 👺 19H38
Tu n'es pas encore rentré ?
Bah non, non. Si tu ne m'as pas vu passé la porte de la maison, c'est que non. Logique, un peu. Enfin bref. Je me rappelle de la soirée d'hier, depuis, je n'ai pas vraiment adressé la parole à ma mère. La conversation qu'on a eu vis-à-vis de Yanis m'a refroidit et je n'étais pas du genre à faire comme si de rien n'était le lendemain.
— C'est qui ? m'interrompt le garçon dans mes pensées.
Je fais rouler mes pouces réfléchissant à quelque chose mais je laisse tomber. J'écris simplement un « De sortie, je reviens dans 1h ou 2 » puis, met mon portable en mode avion. Chiant, jusqu'au bout. Mais aussi malin.
— Ma mère.
Je ne peux pas faire genre de rien avec lui de toute manière. Je joue avec une baguette, la faisant tourner entre mes doigts.
— Bah, elle voulait quoi ?
— Rien, je soupire. Enfin, elle me demande des rapports maintenant.
— Comment ça ?
— Je crois qu'elle doute sur nous.
Tant pis, je préfère être cash. Parce que ouais, c'est bien le cas. Sinon elle ne m'aurait pas harcelé avec toutes ses questions, la dernière fois. Vraiment... Je vois le visage de Yanis rougir un peu.
— Douter, genre...
— Ouais, douter genre on est plus que des amis quoi.
Le bouclé vient tracer la ligne de son nez, semblant réfléchir à je ne sais quoi. Nos regards se croisent finalement et je reprends, avec un léger sourire.
— Je crois que ça l'a perturbé de nous voir ensemble dans le même lit quand elle nous a réveillé, la dernière fois.
Suite à ma phrase, Yanis redresse sa tête en écarquillant légèrement les yeux, comme si la scène lui revenait tout de suite.
— Putain, mais ouais... Ah... C'est de ma faute...
— Arrête tes conneries, je rajoute.
— Bah si, c'est moi qui avait décidé de m'endormir comme ça...
— Parce que je le voulais aussi. Je te rappelle comment ça s'était terminé, notre petite soirée ?
Il pique immédiatement un fard, enfin, j'arrive quand même à apercevoir un sourire prendre forme sur sa délicieuse bouche.
— Ouais, pas la peine de te la rappeler visiblement... je rajoute d'un ton amusé.
— T'es chiant...
— J'suis chiant que dans certaines circonstances. Dans d'autres, je sais me montrer différent.
Yanis semble réfléchir à la réponse qu'il pourrait me donner, me répondant d'une façon à laquelle je m'y attendais pas vraiment. Le ton de sa voix.
— Alors... J'ai besoin que tu me rappelles les autres circonstances.
Je me grandis dans ma chaise en secouant légèrement ma tête, mon regard se perdant une seconde sur un couple lambda. Il me cherche, et j'avoue que j'aime bien ce terrain sur lequel il me ramène doucement, à sa façon.
— Je sens qu'on est sur la même longueur d'ondes là. Dis moi si je me trompe.
— Non... Tu te trompes pas.
Il enroule une de ses boucles brunes autour de son doigt, louchant un moment dessus avant de revenir affronter mes yeux bleus.
— Bon qu'ils se dépêchent alors, je me plains en souriant, mon index tapotant le bois de la table.
Un léger silence plane suite à ma phrase, s'interrompant brusquement lorsqu'on nous dépose finalement notre plateau devant nos yeux. Il se compose de plusieurs variétés japonaises à partager vu que Yanis a eu la merveilleuse idée de prendre le plateau des « amoureux » comme on dit. Enfin, je m'attendais pas à toute cette décoration. L'employé semble nous jeter un regard que je n'arrive pas à interpréter — non malveillant, par contre — avant de s'en aller, nous souhaitant un bon appétit en japonais, je suppose. Bah ouais, logique Romain. Bref. Je suis un peu perturbé par la beauté de la nourriture, là.
Le bronzé s'attaque déjà à un gyoza cuit à la perfection. Par contre les bols en forme de coeur là, c'est pour me tuer en fait. C'est trop, trop que j'en manque d'en faire une remarque. Mais je décide de le laisser manger tranquillement, j'ai décidé de ne pas l'embêter pendant le repas. Je ne doutais pas de la qualité de ce restaurant, c'est toujours aussi bon. J'ai jamais été un grand fan de sushis mais pourtant ceux-là, ça se ressent au niveau du palais que ça a été fait par un vrai chef et pas ceux qu'on achète tout fait aux magasins. Je regarde un instant le garçon siroter son Coca fraise, l'imitant en coinçant ma paille pour boire une gorgée de mon thé glacé.
— Une note sur dix ?
— Onze. Onze sur dix, répond-il après avoir trempé son tempura dans la sauce qui l'accompagne.
Je souris. Je lui donne raison, c'est grave bon. Après quand t'aimes ça, c'est sûr... Nos estomacs se remplissent peu à peu jusqu'à ne plus en pouvoir. Mine de rien, le plateau était généreusement rempli... Honnêtement, j'en peux plus. Et je crois que j'ai même pas autant mangé que Yanis. Je fais tout passer en finissant ma boisson légèrement sucrée, laissant mon dos tomber contre le dossier de ma chaise.
— Romain, j'en peux plus.
— Je vois ça...
— Je peux plus finir ce dernier bout.
On dirait un gosse, ça me fait rire intérieurement.
— Allez, c'est ta force ça. Finis.
Il soupire légèrement, mettant son poing devant sa bouche avant de se concentrer pour glisser sa dernière bouchée de sushis entre ses lèvres. Sa tête bouge légèrement tandis qu'il mâche en silence et je le trouve vraiment mignon, avec ses cheveux là.
— Et ben voilà... Bon, on prend un dessert ou pas ?
Déjà qu'il a du mal à finir, c'est limite s'il le prend ironiquement... Son hochement négatif me fait sourire.
— Ouais... Mais moi j'en veux un.
— Tu vas prendre quoi ? me demande-t-il alors en s'essuyant le menton.
Je le regarde d'une manière un peu intense, je l'avoue. Ce qui le bloque légèrement dans ses mouvements et il se rappelle de ce que signifie le « dessert » pour moi.
— Olala, Romain.
— Mais quoi ?
Il décale légèrement le plateau vidé, s'en éloignant légèrement. Yanis dépose ses mains sur son ventre, secouant légèrement sa tête.
— Vraiment...
— Je te taquine, tu le sais.
— Tu me taquines mais y'a pas plus sérieux... dit-il en reposant ses yeux sur moi.
T'avais pas qu'à m'attirer autant, aussi. Bon. Je regarde l'heure. 20H12. C'est à ce moment que je décide d'enlever le mode avion de mon téléphone. En vrai, je ne sais pas si c'était une bonne idée car des notifications messages s'affichent en haut de mon écran, les uns à la suite. Je suis spammé, là.
Maman 👺 19H39
Comment ça dans 1h ou 2h ? Romain
Maman 👺 19H45
Tu es avec Yanis ?
Maman 👺 19H48
Ne te défiles pas, Romain ! Et réponds moi rapidement.
— Romain ?
— Euh... Ouais ? Tu veux y aller, c'est bon ?
Je lève les yeux sur Yanis qui me regarde depuis tout à l'heure, je présume. À mon avis, il doit se douter que je regarde les messages de ma daronne et il ne me pose pas plus de questions sur ça.
— Oui.
— Attends, je vais payer la note.
— Non, tiens.
Il me fait glisser un billet de vingt sur la table, me faisant signe de le prendre.
— J'ai pas plus... se justifie-t-il en rouvrant son petit porte-monnaie.
Ah, sérieusement. J'ai envie de le manger.
— Mais t'inquiète... Ça suffit ça, Yanis. Je rajoute l'autre moitié.
Je lui souris avant de me lever de la table. Il en fait de même en me suivant jusqu'au comptoir, me laissant parler avec le serveur qui encaisse l'argent. Suite à ça, il nous remercie et on se quitte sous des formules de politesse. J'enfile ma veste et passe devant le bronzé qui m'ouvre la porte pour que je puisse passer en premier.
— Merci.
Le froid de dehors me fait directement frissonner. Bordel ! Je ferme ma fermeture éclair jusqu'au menton, cachant même ce dernier. Je vois Yanis sortir un bonnet de son sac et le met sur ses cheveux bouclés.
— Et maintenant ? reprend-il doucement, marchant désormais à mes côtés.
Sans faire exprès, Yanis perd un peu son équilibre et son bras vient cogner le mien. Il lève son visage vers moi, visage illuminé par les lampadaires plantés sur le long du trottoir qu'on traverse. T'es beau, bien plus que maladroit toi.
— Pardon, je glisse...
— Glisse plus souvent.
Il lâche un léger rire, se reprenant.
— Seulement si tu peux me rattraper.
— C'est pas c'que je fais déjà ?
Je cherche mes clopes dans ma veste, suivi de mon briquet. J'en tends automatiquement une à Yanis qui ne se fait pas prier pour l'attraper. On s'arrête cinq secondes pour que je puisse la lui allumer en premier avant de le faire pour la mienne.
— Hm... Mais j'veux dire, t'es pas toujours avec moi.
— Aller, souvent quand même. Surtout en ce moment.
C'est vrai en plus. C'est comme si je ne pouvais plus me passer de lui. Je me vois pas passer une journée sans avoir ne serait-ce qu'un contact avec lui. Maintenant, c'est comme si c'était impossible que ça ne se passe pas ainsi. J'ai besoin de partager au minimum un moment dans une journée avec lui.
— C'est pour te déplaire ? je rajoute vu son manque de réponse.
— À ton avis...
Il fume sa clope, sa fumée se mêlant à la mienne. Je cogne son épaule avec la mienne, l'abaissant légèrement pour atteindre sa taille plus petite que la mienne.
— Si j'te pose la question, c'est pour que tu me répondes.
— Tu connais la réponse.
— J'ai envie que tu dises, je force.
Il soupire, ses converses orangées continuant de suivre mes pas. Le ciel est bleuté, la nuit nous plonge dans une ambiance intime malgré le fait qu'on soit en plein milieu d'un trottoir. Certaines personnes passent à notre droite, puis à notre gauche. Elles ne sont pas nombreuses. Puis à vrai dire, on n'y prête pas vraiment attention. Je tousse légèrement, tapotant sur ma cigarette pour en faire tomber les cendres. Mes doigts sont rougis et mes mains sèches à cause de la froideur qui nous ronge.
— J'ai pas envie qu'on rentre. Est-ce que cette réponse te convient ?
Elle me convient encore plus, Yanis. Moi non plus, j'ai pas envie de rentrer. Je suis bien avec toi. Même si je suis en train de me transformer en glaçon sur pattes, je suis si bien avec toi.
— Elle me convient. Et tout comme toi, j'ai pas envie de rentrer.
Mes derniers mots ne sont que chuchotements mais il arrive à les entendre. On termine nos cigarettes dans cette demi-pénombre, notre trajet inventé nous faisant arriver devant un parc fermé. Hm... La petite barrière est posée de façon à ce que personne ne rentre mais elle est facilement franchissable.
— Pourquoi tu t'arrêtes ? me demande Yanis derrière mon épaule.
Je n'ai pas besoin de lui répondre car il finit par comprendre très rapidement. On s'échange un regard rapide et mes doigts viennent frôler les siens, à moitié cachés par sa grosse veste. Je me frotte mes lèvres entre elles en jetant mon Eastpak derrière l'obstacle que je m'apprête à franchir, m'attirant une remarque de la part du bronzé.
— T'es un malade.
— Ça va... Détends-toi.
— Hors la loi.
Je ne peux m'empêche de retenir un rire et je viens enjamber cette barrière.
« Défense d'entrer. Ouverture : 8H00 — 19H00 (Horaire d'hiver) Parc sous surveillance. »
Une fois pied à terre, je viens frotter mes mains entre elles afin d'enlever la poussière qui était déposée sur la barre verdâtre. Je regarde Yanis de l'autre côté avant d'attraper le sac qu'il me lance.
— Si on se fait choper, je dis que tu m'as enlevé contre mon gré. Je te le dis, Romain.
— Allez, viens rejoindre ton bad boy.
Le surnom que je viens de me donner me fait sourire. Vraiment Yanis, tu t'es fourré avec un sacré criminel. Gros délire. Tandis que je regarde derrière moi, je me demande sincèrement comment on va pouvoir avancer dans cette obscurité. Quelques petites lampes au sol sont implantées le long d'un chemin de gravier mais leur luminosité est très faible...
Finalement, le voila qu'il réussit à sauter par dessus. C'est pas trop tôt. Il me bouscule sans faire exprès dans sa chute mais en même temps j'étais en plein milieu de son atterrissage.
— Pardon...
— T'es pardonné.
Yanis replace son sac sur son épaule et on s'engouffre dans le silence, nos voix n'étant plus que des chuchotements. Sans même qu'il y fasse attention, il m'empoigne l'avant-bras.
— Putain, tu marches trop vite... !
— Attends.
Je m'arrête.
— Quoi... ?
— Chut. J'entends un truc.
Je me retiens de rire mais je me contrôle. Je sens Yanis serrer un peu plus le tissu de mon habit.
— J'entends rien...
— Chut !!
— Romain ! C'est toi, là.
Je sens qu'il est en train de capter que je me fous de lui mais je décide de continuer mon tour.
— J'ai vraiment entendu un truc, par contre.
Il ne dit plus rien et je reprends le chemin. Finalement, on arrive devant une petite fontaine qui n'est plus en marche, donc inaudible. Autour de cette dernière se trouve deux bancs de chaque côté. En les voyant, le garçon se précipite sur l'un deux et s'assoit. Je le rejoins, laissant tomber mon sac au sol.
— T'es vraiment con, lâche-t-il.
Cette fois-ci, je ne retiens pas mon rire. Je soupire en me calmant, c'est trop drôle de l'emmerder. Mon passe-temps favori, vraiment. Je suis désolé mais il est tellement adorable quand il a peur que ça me pousse à être méchant avec lui... Mais méchant gentiment, hein. Il le sait, quand même.
— Je t'ai dit, détends-toi un peu. Crispé de la vie.
Je glisse mes yeux sur lui, son visage étant à moitié plongé dans la pénombre. Cette fois-ci, un haut lampadaire surplombe les quatre coins de cette fontaine, nous permettant de mieux nous voir. Quand je le fixe, mon ventre me réchauffe légèrement et transmet à mon corps un décharge électrique agréable. Ça me pousse à me décaler un peu plus vers lui, ma cuisse touchant à présent la sienne. Ma tête quant à elle se laisse tomber sur cette épaule rendue encore plus confortable avec la présence de la doudoune qu'il porte.
— Ça va mieux là ? je lâche une nouvelle fois, brisant ce léger silence.
J'attends quelques secondes avant de recevoir une réponse, mais je ne suis pas pressé.
— Ouais...
— Tu m'en veux ?
Il n'a pas intérêt. Je veux le voir alors je finis par me redresser pour le regarder. Mon bras finit par passer sur le dossier de ce banc, derrière le dos de Yanis. Ma main vient tapoter sa joue de l'autre côté, comme pour le réveiller un peu.
— Eh.
Il m'embête, à son tour. J'en suis sûr. Je sais qu'il le fait exprès. Je souris, malgré moi. Mon faciès vient contre toute attente s'approcher du sien, qui se tient de profil. De là, mon nez frôle sa tempe et je regarde l'horizon sombre par dessus son bonnet blanc. J'arrive à sentir l'odeur de ses cheveux, une odeur vanillé, ayant également contaminé son accessoire de la même senteur. Putain... Un sucre, ce mec.
— Tu boudes, baby ?
Je ne bouge pas vraiment, venant seulement appuyer un peu plus mon nez contre sa peau, lui procurant très certainement une caresse agréable. Mon regard se baisse entre nous et je viens attraper l'une de ses mains qu'il tenait relié avec l'autre. Il se laisse faire, et je viens réchauffer sa peau froide avec la mienne. Ensemble, nos doigts se partagent une chaleur confortable. Maintenant j'ai envie qu'il me fixe, sérieux.
Je recule mon visage de quelques centimètres et je viens lâcher sa main à contre-coeur. Ainsi, je peux déposer mon index sur le côté de son menton pour le faire tourner vers moi. Je louche une seconde sur ses lèvres gercées avant de vouloir croiser ses yeux sombres qui contrastent avec les miens. Je me mords la bouche quand je les vois fermés.
— Tu sais, je prends ça comme une invitation...
Ma remarque ne le fait même pas bouger d'un pouce, ce qui m'amuse. Alors calmement, sous le silence de ce que la nature autour de nous nous offre, je viens inaugurer notre premier baiser de cette journée. De cette façon, je devine qu'il ne me boude pas du tout. Les actions parlent plus que les mots.
Ses lèvres rejoignent les miennes, étant trop faibles pour les affronter et les laisser danser toutes seules. Mon soupir se mêle au sien et un faible gémissement s'échappe de sa gorge. Un sucre, fois deux. C'est à ce moment là qu'il ouvre ses yeux et même si je ne le vois pas, je devine qu'il pique un fard. Pas grave, c'est vraiment mignon... Cette fois-ci, mon nez frôle le sien, nez légèrement retroussé et recouvert de trois petits grains de beauté. Encore une fois, je ne les vois pas mais je m'imagine très bien... Yanis reprend en premier, le premier n'ayant pas suffit pour lui. Le garçon m'embrasse avec un peu plus d'envie, un peu plus fortement et je resserre mon bras autour de ses épaules qui se sont retournées vers l'Est, dans ma direction. Ses deux mains froides se glissent contre mon cou recouvert de ma veste, ses ongles courts agrippant le tissu imperméable de cette dernière.
C'est beaucoup trop bon et à chaque fois, j'ai l'impression que c'est de plus en plus bon. À chaque fois, j'ai l'impression que ses gestes se font un peu plus sûrs, j'ai l'impression qu'il entreprend plus les choses, qu'il se laisse de plus en plus aller envers moi, m'avouant silencieusement à quel point je l'attire. La façon dont il mord mes lèvres, d'une façon qui se veut plus entreprenante qu'innocente. Et il sait à quel point je kiffe ça.
— Romain...
Entendre mon prénom de sa voix transformée par le désir me fait perdre toute raison. À vrai dire je ne calcule plus vraiment où nous nous trouvons à ce moment là, Yanis prend part à toutes mes pensées. Quand il m'embrasse, c'est comme si plus rien ne comptait. Et c'est toujours comme ça que ça se passe. Il est trop fort... Ou bien, je suis trop faible. Je veux bien qu'on soit faibles à deux. Piégés à deux. J'enlève son bonnet, ma main se perdant dans les boucles entretenues de ses cheveux. Il pourrait ronronner pour ça, je le ressens. Doucement, mes doigts descendent dans sa nuque et il aime ça.
Yanis est à deux doigts de prendre place sur mes cuisses, comme s'il voulait lui aussi prendre un certain contrôle de cette situation...
— Comment tu trouves le dessert... ? tente-t-il d'un chuchotement étouffé.
Je souris avant de coincer sa lèvre inférieure à travers les miennes une nouvelle fois, ne sachant pas comment je vais faire pour m'en éloigner ne serait-ce que que deux putain de secondes.
— Il pourrait être meilleur si je pouvais le finir entièrement.
Je contrôle ma voix, que je trouve un peu plus rauque que d'habitude. C'est l'effet qu'il me fait, ça me rend dingue. Il y a pas d'autres mot pour d'écrire ce qu'il me fait au cerveau, il pourrait exploser à force d'aligner les lettres qui composent le prénom de Yanis en gros. Son petit rire en rajoute une couche...
— T'es un accro...
— Ça t'étonne ? je chuchote, très doucement.
J'aime cet échange silencieux, c'est comme si on se partageait les moindres pensées qu'on cachait.
— Plus rien m'étonne avec toi... dit-il en cognant son front chaud avec le mien.
— C'est vrai ça ?
Yanis hoche de la tête, ses cheveux caressant la peau de mon visage, laissant l'air apporter leur odeur vanillée jusqu'à mes narines.
— Oui...
— Je remets la faute sur toi. Du moins, une petite partie... je continue.
C'est toujours plus facile de dire ça que l'inverse, après tout. Yanis m'a changé si rapidement, tout c'est passé c'est si vite que même moi j'ai du mal à m'en rendre compte. Mais c'est comme si c'était évident, au final.
— Si tu m'avais pas rencontré sur Discord, tu sais...
— Ouais ?
— Est-ce qu'on en serait là, tu penses ? Je sais pas pourquoi... Mais ça me fait réfléchir parfois.
Il est vrai qu'avant même qu'on sache qu'on se connaissait en réalité, j'ai énormément discuté avec Yanis sans même savoir sa vérité identité. Savoir que ce nom était Flores, un nom familier. Je vais pas mentir en disant que non mais ouais, je ne sais pas comment sans cette partie de l'histoire on aurait pu s'approcher autant.
— Je sais pas, Yanis... Mais le plus important, c'est que ça s'est fait. Tu sais, je pense que dans la vie on passe à travers des opportunités. Des opportunités qu'on n'a pas forcément conscience qu'elles existent. Des opportunités de malade.
— Je comprends ce que tu veux dire...
— Voilà. Nous deux... Ça s'est fait comme ça, d'une façon inexpliquée, il a fallu qu'on se rencontre comme ça...
Entre temps, sa tête s'est reposée contre mon épaule et mes doigts s'aventurent entre les mèches rebelles de ses cheveux. Je suis content de l'avoir près de moi. Mais à un point... Il ne peut pas s'en rendre compte. Yanis est la partie qu'il me manquait. La partie qui complète mon quotidien, pour faire plus niais, ma vie. Sincèrement. Yanis c'est aussi mon petit secret, celui que je garde caché des foudres qui pourraient s'abattre de lui. Quand je dis ça, je parle des autres. Des regards dégoûtés, méprisants, incompréhensifs. Je le cache de toutes ces choses dégueulasses, j'ai pas envie qu'il vive ça. Tout le monde est différent et ne pourrait pas accepter ce qu'on qualifie de bonheur.
On reste ainsi quelques minutes et peu à peu, le froid nous reprend. Mine de rien, on est resté plus d'une demi-heure ici, assis sur ce banc... J'ose même pas regarder mon téléphone, je ne veux pas tout gâcher. Je veux rester ici, quitte à mourir de froid avec Yanis. Je me demande si ses parents s'inquiètent aussi. Visiblement, il ne semble pas plus s'en préoccuper. De toute façon, ils paraissent beaucoup plus cool que les miens... Enfin bref. Mes yeux se lèvent devant moi, ayant entendu quelque chose de bizarre au loin. Je me redresse un peu, ce qui fait bouger le garçon.
Et merde. Manquait plus que ça.
— Putain... Prends ton sac, on bouge ! je lance précipitamment, faisant peur à Yanis.
Une lumière style flash de téléphone dix fois plus forte s'élève au loin, comme si elle pointait en notre direction. Cette dernière illumine la fontaine, puis nous.
— Fait chier ! jure le bronzé, ramassant son sac du sol.
— Hé, les jeunes !!
Je ne peux pas m'empêcher de rire en le voyant aussi stressé, je suis déjà prêt à courir moi. Les pas du Monsieur qui vient de nous interpeller à quelques mètres se font de plus en plus rapides. C'est limite s'il va se mettre à nous rattraper en tapant son meilleur sprint... Je finis par choper la main du bronzé, il est long à la détente... Faut pas l'envoyer sur le front lui. Il vient serrer fortement ses doigts avec les miens et on se met à prendre la fuite comme deux malades. Yanis maintient le même rythme que le mien, au moins il est bon coureur...
— Restez là !! Hé !!
Je ne compte pas le nombre de fois ou Yanis manque de glisser contre le chemin de gravier. Si maladroit... Que ça me fait rire. Cette situation me fait beaucoup trop rire car rien ne va. Heureusement que notre course ne dure pas très longtemps, le parc n'étant pas très grand. On arrive bien vite à cette fameuse barrière et sur le coup du stress, Yanis vient la pousser et... Elle s'ouvre toute seule.
Putain. Elle n'était même pas fermée à clé.
On passe et paniqué, le bronzé la referme d'un coup de pied avant que je le tire de nouveau, nous remettant à sprinter sur le trottoir bien plus illuminé. On entend les cris de l'homme, n'ayant pas réussi à rattraper... À notre plus grand soulagement. Je me retourne pour voir s'il est sorti mais pas du tout, on a bel et bien échappé à la bête. Bordel... Je retiens pas ma remarque.
— Eh mais toi... Putain ! je rigole. C'est limite si j'avais pas du te porter pour qu'on avance plus vite... Ah, sérieux...
Je ne contrôle plus vraiment mon rire, mon dos butant contre le mur d'un vieux immeuble. Mon Dieu. J'essaye de reprendre mon souffle en même temps que Yanis, ce dernier faisant les cents pas devant moi, les mains posées sur ses hanches. Sa tronche me fait rire et il finit par me regarder, s'approchant de moi pour me frapper le torse.
— Je t'emmerde.
— Quelle agressivité...
Sa moue s'efface et un léger sourire prend place sur ses lèvres. Je préfère ça, tu vois...
— Merde.
— Quoi ? je demande, bien perdu en le contemplant.
Il glisse ses mains dans ses cheveux, reprenant une mine plus sérieuse.
— J'ai perdu mon bonnet...
Ah. Ah ouais. C'est vrai. Putain, en plus c'est moi je lui ai enlevé quand on s'embrassait sur le banc. Il a du l'oublier sous la précipitation. Dommage, il lui allait bien. Mais je reprends, tirant la pointe de sa fermeture éclair pour le rapprocher de moi.
— C'est pas grave. Je vais t'en racheter un autre.
— Un de marque alors.
— Ah ouais, t'es comme ça.
— Ouais. C'est toi qui me l'a enlevé, tu dois assumer maintenant.
Je secoue légèrement ma tête avant de prendre la sienne entre mes mains. Je me rends plus vraiment compte qu'on est encore en pleine rue mais cette dernière est silencieuse, les gens sont chez eux maintenant. Surtout un jeudi soir.
— Promis. Je vais graver mon prénom dessus, et tu seras obligé de le porter.
— Non, c'est nul ça... réplique-t-il, déçu.
— La marque Romain, tu connais pas ?
— J'aime pas.
J'ai envie d'embrasser ce sourire idiot. Mais je me retiens...
— Tu rentres tout seul alors, si t'aimes pas...
— Et si l'autre me rattrape ?
Je fais mine de réfléchir un instant, levant les yeux au ciel.
— Hmm... Je ferais marche arrière.
— Tu mens. Tu m'abandonnerais avec ce vieux fou...
Je manque d'éclater de rire suite au surnom qu'il vient de lui donner. Il est trop drôle.
— Non, c'est vrai. Je te laisse pas entre les mains de n'importe qui.
— De personne, tu veux dire.
Tu me comprends parfaitement Yanis.
— Ouais, de personne.
Je sens qu'il a tout envie de m'embrasser. J'ai envie qu'il le fasse. Vraiment. Je m'en branle là, si quelqu'un nous voit. J'en ai rien à foutre... Puis... Un regard à sa gauche. Un regard à sa droite. Finalement deux bouches se rencontrent au beau milieu d'une nuit glaciale. Ça ne dure pas longtemps, je n'ai pas pu déterminer les quelques secondes qui nous reliait. Mais ça s'est fait et Yanis se recule à contre-cœur, reprenant une distance normale entre nous.
Silencieusement, on sait déjà que c'est le moment de prendre le bus. Enfin... À cette heure-là, ce serait plutôt un taxi. Grâce à une application, j'active ma localisation et un chauffeur du nom de Charles prend notre commande. Nous l'attendons devant cet immeuble, sans un mot de plus. Juste le silence de nos respirations, de nos reniflements, de nos soupirs las. On n'a pas envie de rentrer.
Yanis est le premier a être déposé. Je lui fait signe que je lui paye sa part. Ça le gêne mais il se presse de descendre, le regard du chauffeur dans le rétroviseur rivé sur lui.
— Je t'envoie un message après. À demain.
Le bronzé me sourit puis referme la portière. Suite à ça, Charles reprend la route en direction de chez moi. Durant le reste du trajet, je ne pense qu'à une chose. Ma mère.
— Voilà. Bonne soirée, merci.
— Bonne soirée petit.
Je ne sais pas pourquoi j'attends que le taxi parte complètement avant de trouver le courage de passer la porte. Je veux encore faire durer l'instant mais ça ne sert à rien, de toute façon. À quoi bon ? Je pousse le petit portillon, accédant à mon jardin. En relevant la tête, je croise la tête de ma daronne à la fenêtre. Putain !! Le screamer, quoi. Je souffle pour me détendre et rentre.
J'enlève mes chaussures et ma veste, ça sent bon dans la maison. Bien évidemment, je me fais accueillir par Rose mais bizarrement, cette dernière ne me pose pas de question. Elle me sourit avant de prendre mon visage en coupe, déposant un bisou sur ma joue rougie par le froid.
Bon...
— T'es congelé. T'as mangé mon cœur ?
— Euh... je réfléchis rapidement. Euh, ouais. T'inquiète. Je vais monter dans ma chambre, hein.
Puis, elle me laisse m'échapper. Ok, d'accord... Me serais-je inquiété pour rien ? Non parce que si c'est ça, je suis vraiment trop con. En passant par le salon, je salue mon père qui regarde un vieux film en blanc et noir sur la télé. Un classique sans doute, comme il aime.
Quand je vois mon chat dormir en boule dans ma chambre, je fonds. Mais faut pas être aussi chou, sérieux... Je viens caresser doucement sa tête, je ne veux pas réveiller l'animal. Je pose mon sac de cours par terre et m'allonge dans mon lit, reprenant mon téléphone en main. Directement, je vais sur la convo de Yanis.
Romain, 21H37
Chauffeur de merde, il m'a pas laissé te dire aurevoir correctement 😴
Yanis, 21H38
Mdrrr t'as vu comment il nous regardait 😭
Romain, 21H38
J'pretais pas attention vu que je te regardais toi
Yanis, 21H38
Mdrr cramé pour cramé...
Yanis, 21H38
Je vais prendre ma douche et dormir je suppose
Romain, 21H39
Quoi, déjà ? 🙄
Yanis, 21H39
Demain on a cours...
Romain, 21H39
Et en plus j'ai contrôle 🙄 Je devais reviser mais bon
Romain, 21H39
Au talent quoi
Yanis, 21H40
Révise un peu quand même si tu comptes pas te coucher maintenant
Romain, 21H41
Oeeee j'vais voir
Romain, 21H41
Mdrrrr
Romain, 21H41
Je repense au parc taleur 😭😭😭 Hé attendez
Yanis, 21H41
La ferme 😭😭
Romain, 21H42
Mais toi si on t'envoie au front..... Laisse tomber hein
Yanis, 21H42
Tu te moques de moi 😭
Romain, 21H43
Mdrrr je t'embête ouais, j'aime te faire chier
Romain, 21H43
Je suis toxic ☠️☢️
Yanis, 21H44
😭😭
Yanis, 21H44
T'es lourd dingue surtout
Romain, 21H45
Dingue de toi surtout
Yanis, 21H45
Disquette...
Romain, 21H46
J'avoue c eclaté au sol
Romain, 21H46
Mais n'empêche que c'est véridique...
Yanis, 21H47
Je sais 🥰
Notre discussion prend peu à peu fin, Yanis m'abandonnant donc pour aller se doucher. Il est trop nul. J'aurai aimé qu'on reste un peu plus longtemps mais j'avoue, j'ai déjà assez profité de lui aujourd'hui. C'était tellement bien... Si seulement tous les jours c'était comme ça. Avant de me coucher, je décide de faire quelques Snap à Yanis. Il rejoue mes photos à chaque fois, ça me fait sourire. Il m'en fait aussi. Son visage est adorable. J'ai envie de screener mais je me retiens.
Je me couche vers minuit et j'ai réussi à faire tenir éveillé le bronzé avec moi. Je suis malin, et lui encore plus accro que je ne le suis déjà.
Le lendemain, je recherche mon téléphone aveuglement voulant fermer ce putain de réveil incessant. Je vais mourir, wesh. Je réussis à l'attraper et met en silencieux ce bruit tout droit sorti des Enfers. J'en fais tout un drame mais bon. Il est 7H00 pétante et je décide de ne pas rester plus longtemps dans ce lit. Je me prépare en quatrième vitesse. C'est faux, j'ai même pas encore démarré là. Je sors un jean et un sweat-shirt blanc crème. Je passe la main dans mes cheveux et me coiffe rapidement, de toute façon... Même décoiffé, je passe nickel.
Ma mère me demande si j'ai passé une bonne nuit et j'avoue que je préfère me concentrer sur mes céréales. Je réponds vaguement avant de finir mon déjeuner. Je passe une dernière fois dans la salle de bain puis sort dehors, manquant de me geler une... Bref. Je déteste le froid ! Les écouteurs dans les oreilles, j'attends mon bus à l'arrêt.
J'arrive au lycée seul. Pourquoi Yanis n'était pas là ? Bizarre tout ça. Je veux lui envoyer un message mais je me fais percuter par une fille. Enfin, j'en déduis vu le cri qu'elle vient de pousser. J'enlève un écouteur et je m'excuse, lui tendant ma main pour qu'elle se lève. Cette dernière soupire et je prends le temps de la regarder. Elle porte un chignon légèrement décoiffé, comme si elle n'avait pas eu le temps de se coiffer ce matin. Je vois que ses cheveux sont décolorés d'un blond très clair et ses habits se composent d'un ensemble de jogging.
— Super...
— Eh, j'suis désolé.
Ses yeux me lancent des foudres là. Non mais ça va ouais, j'ai pas fait exprès. Puis, elle se casse comme ça, traînant ses Adidas au sol. Bon. Bref.
— Romain !
Je relève la tête sur la voix masculine qui m'interpelle. Je vois Kévin descendre d'une berline blanche, sûrement sa daronne qui l'a emmené. Ce dernier claque la portière comme s'il en avait rien à foutre et j'ai mal pour la bagnole. Il me rejoint d'un sourire, comme si je lui avais illuminé la journée d'un coup.
— Je kifferai avoir un chauffeur, je tente malgré tout.
— Pff ! soupire-t-il. Tu parles ouais ! Je t'échange ma mère, si tu veux. Elle m'a fait la morale tout le long, gros.
— Pourquoi cette fois-ci ?
On s'avance vers les grilles du lycée, mon ami glissant une clope entre ses lèvres.
— Elle a découvert un site qui s'appelle Pronote, mec.
Je me retiens de rire. Depuis le collège, Kévin cache l'existence de ce magnifique site. Personnellement, j'ai de la chance que mes parents ne portent pas vraiment attention à ça. De toute façon, c'est pas comme s'ils avaient besoin de vérifier mes notes.
— Chaud... Salut, Léo.
On croise notre deuxième pote et il marmonne une politesse. Enfin, si je peux dire ça comme ça.
— Vous parlez de quoi ?
— La daronne de Kévin a découvert Pronote, je reprends.
— Ouais ! Ben je te dis pas comment j'ai commencé la matinée, là ! Elle m'a cassé les couilles et en plus elle va montrer ça à mon père... Si je réponds plus ce soir les mecs, vous savez pourquoi hein.
J'avoue que Kévin et ses notes... Il doit être le dernier de la classe, vraiment. Je le dis franchement puis de toute façon, même lui il s'en rend compte. Faut qu'il fasse des efforts mais je ne pense pas que ce soit sa première inquiétude.
— Je vais passer un week-end de fou furieux, là... Putain, la haine.
Il continue quelques instants tout en se concentrant sur sa cigarette. Léo lui offre une tape sur l'épaule, se faisant traduire par un « J'suis là. ».
— On commence par quoi, au fait ?
— Anglais, je réponds.
— Et merde. Au moins la prof rattrape tout.
Je regarde sur le côté, espérant l'apercevoir au loin. Mais je ne le vois pas, je ne vois si Mathis. Peut-être qu'ils n'ont pas cours et je penche pour cette option. Je décide de lui envoyer un message mais pas de réponse, il dort encore à mon avis. Enfin bref, on verra.
— Vous trouvez pas que la prof elle est grave...
— Kévin arrête mec, interrompt Léo.
— Ouais... rêve-t-il. Ouais, c'est bon.
— Elle doit avoir dix ans de plus que toi, je dis.
Je ne pense pas que ça fasse quoi que ce soit à Kévin mais bon. Il veut répondre quelque chose mais l'arrivée de Camille change tout. Tout de suite, il n'a d'yeux que pour elle.
— Salut les gars...
Elle nous salue poliment avant de se faire entraîner par son mec. Je reste un moment avec Léo et on parle un peu de tout et de rien. J'avoue que le matin, c'est plutôt dur. On fume simplement, attendant que les cours reprennent. En anglais, j'essaye de participer pour augmenter ma note orale. La fin des notes va bientôt arriver et j'espère me taper une bête de moyenne. Enfin, j'fais de mon mieux quoi.
C'est dans les vestiaires du gymnase, après avoir enfilé un vieux jogging que je garde dans un casier que je vois un message de Yanis. Il me dit qu'il a commencé à 9:30, soit là une heure avant. Quel chanceux, je le déteste là. On s'écrit quelques messages et je manque de mourir quand je remarque Kévin regarder par dessus mon épaule.
— Quoi ? Pourquoi tu caches ? Roh, ça va.
Je lui fait un doigt et il me le renvoie. En soit je m'en fiche mais j'aime pas quand on regarde mon téléphone. Ça m'emmerde. Enfin bon. Je le range dans ma poche et me dirige vers notre cours. Vu que je suis dans les premiers à arriver, j'installe le terrain. Vive ma vie. Pendant que je me fais chier à porter les poteaux pour installer les filets de volley, je vois au loin des têtes inconnues. Je ne savais pas qu'on avait une autre classe avec nous. C'est là que des mecs que je ne connais pas vraiment viennent m'aider à porter toute cette merde.
— Merci, mec.
— T'inquiète. T'es avec Monsieur Dardonnette ? me lance un mec à la casquette Nike.
— Ouais. Toi aussi ?
On pose ensemble le poteau pour qu'il tienne en place, c'est à dire, tout droit. Il reprend en frottant ses mains comme pour s'essuyer d'une certaine poussière.
— Nope, j'suis avec Madame Foulasse. Mais j'crois on va faire cours ensemble, hein.
— Mais d'habitude c'est pas vos horaires là, non ?
— Ah ouais, non. La pute nous fait rattraper. DreamTeam Miskine.
— Putain, je ris. J'aimerais pas l'avoir votre Foulasse.
— Personne la veut, gros !
Il est sympa celui-la. En vrai maintenant que je le regarde, il me dit quelque chose, on a du certainement se croiser dans les couloirs ou à la cantine.
— C'est Romain, sinon.
— Nassim.
On se sourit et il me serre la main. C'est bien qu'on puisse faire sport avec une autre classe, en soit, ça permet de s'échanger des adversaires parce que là, c'est chiant de jouer toujours avec les mêmes.
— Vous êtes quelle Term, du coup ?
— 4. Toi 1, d'après la barjo.
Je hoche de la tête avant de comprendre. Terminale 4. Flores. Je me retiens de faire un bond. Ça veut dire que Yanis va être ici... Puis en parlant de ce dernier, c'est là que je vois la tête de Mathis, au loin. Ce dernier court après une fille qui vient de l'emmerder, s'amusant à le pousser. Bon... Ces derniers se sont vite réprimandés par Foulasse, sa voix criarde nous perçant les tympas.
— Je veux voir les terrains se mettre en place plus vite que ça !! Bougez vos culs les branleurs.
Les deux profs réunit ricanent comme des diablotins ensuite.
Nassim m'aide à sortir le gros sac des ballons de l'entrepôt, ne manquant pas de faire une remarque.
— Vous étiez obligé d'être avec nous ce matin, sérieux ?
— Ah beh, rigole-t-il après moi. Je te laisse demander à la vieille peau qui nous sert de prof, hein.
— Elle devait par partir à la retraite en plus ?
— Pire qu'un acarien, sah.
Finalement, les autres se bougent un peu plus et on finit plus vite. Je rejoins ma classe et Nassim la sienne, il me propose de faire équipe si au cas ou on doit échanger nos classes. Lorsque je le quitte du regard, je tombe directement avec Yanis qui me fixait depuis un bon moment, je suppose. Je le vois perdre un instant son regard sur celui qui m'a aidé puis, il plante ses yeux dorés dans les miens. Je lui fais un léger sourire et il me le rend, un peu. Puis, il se désintéresse de moi comme s'il s'était forcé à le faire. Je rêve... Il a quoi ? J'aime pas ça.
— Wesh, Romain.
Je m'approche de Kévin qui me fait signe, essayant de reprendre un contact visuel avec le bronzé mais c'est raté, il est trop concentré sur ce que dit Mathis là maintenant.
— Alors je veux la Terminale 1 et la Terminale 4 mélangés s'il vous plaît. Aller, déplacez-vous les gros tas !!
Je soupire vu le ton que la vieille emploie, avec son jogging rose là, elle se prend pour qui... De mon côté je bouge pas mais j'espère que Yanis va se rapprocher de moi. J'essaye de lui faire un signe discret mais c'est plutôt Nassim qui est réactif. J'avais pas remarqué mais il sent vachement fort le déo, on dirait Kévin quand il sort du sport.
— Bien ! reprend cette fois-ci notre prof. Aujourd'hui c'est un peu spécial les jeunes, vu que les Terminale 4 se retrouvent exceptionnellement avec nous, on a décidé avec Madame Foulasse de vous mélanger ensemble pour que vous changiez vos partenaires, voilà. Ça va être sympa, ça. J'ai fait une liste de groupe au préalable mais pour l'entraînement, je vous laisse vous choisir entre vous. D'accord ?
Il affiche les deux feuilles blanches contre un petit tableau blanc pour qu'on puisse mieux regarder après. Enfin bon, ça me va. Après quelques explications, place à l'entraînement. Kévin et Léo me rejoignent et Nassim également. Maël s'incruste et ça me fait peur, il a débarque en retard donc je l'avais pas du tout remarqué. Mais bref. Moi, je cherche de regard Yanis enfin, surtout Mathis. Car il m'ignore.
— Eh, Mathis ! Viens.
L'interpellé se retourne finalement et il me sourit, me faisant signe de la main. Le bronzé, contre toute attente, le suit. On se salue tous et Nassim lance.
— Vous vous connaissez ? Wesh comment ça se fait qu'on se parlait pas alors ? rigole-t-il.
— Mec, t'es jamais en cours, rigole Mathis désespérément et ça amuse les autres.
L'idiot se frappe le front et secoue négativement de la tête.
— T'es là qu'en sport... rajoute-t-il avant de choper un ballon.
— Azy ! On commence ? On va se faire niquer sinon.
Je suis plutôt d'accord avec lui. Tout le monde a commencé à se faire des passes donc bon. Maël chope tout de suite Léo par le bras, ce dernier râle ouvertement. Kévin décide de se mettre avec Camille qui était parti juste avant aux toilettes, s'attachant les cheveux en une petite queue de cheval basse. Nassim me fait signe et je regarde Mathis et Yanis partir de l'autre côté. D'ailleurs, je crois que mon regard était vraiment insistant car mon partenaire l'a remarqué.
— Un problème avec... ? Attends.
— Non, non t'inquiète.
Nassim cherche encore le prénom de son camarade avant de chuchoter « Yanis » plusieurs fois, comme si ça lui revenait soudainement. Sans un mot de plus, on commence à se faire des passes. Et c'est qu'il est plutôt à l'aise ! Il est sportif ça se voit. J'ai vu ses adbos hein. Quand il a enlevé son haut. Mais bref. Ça ne veut rien dire. Il est fort et j'aime bien le fait que je puisse me défouler comme il se doit.
L'entraînement continue sous différents exercices et l'heure se déroule comme ça. La deuxième heure est consacrée aux matchs et... Putain. Les gars de la 4 sont chauds. Je fais de mon mieux, mais bon. Je sais pas si j'ai plus gagné que perdu, honnêtement. À la fin, Nassim me frappe dans la main puis l'épaule.
— Bien ouéj. T'es dans l'équipe du volley toi, non ?
Je reprends mon souffle, mes yeux suivant le ballon bleu et jaune que les deux équipes adverses s'arrachent.
— Ah, pas du tout.
— Tu devrais t'inscrire. T'es plutôt bon, mec.
— J'ai pas le temps... je dis comme excuse.
Et j'ai pas envie surtout. J'ai pas envie de rejoindre une équipe pour avoir la pression en continu sur mon dos. J'aurai plus le temps entre les entraînements et les matchs, puis c'est pas si le volley était une grande passion.
Une fois dans les vestiaires, je change finalement mon jogging pour remettre mon jean. Je décide d'envoyer un message à Yanis pour qu'on se rencontre à l'extérieur. J'ai besoin d'explications. Il a un problème avec ce Nassim ? Il ne l'aime pas, peut-être.
Romain, 12H34
On se prend un truc a graille et on mange au skatepark?
J'attends sa réponse, mais je ne suis pas très patient pour le coup.
Yanis, 12H35
Je t'attends devant le gymnase
Il ne m'en faut pas plus pour ramasser mon sac et sortir. Je dis à Kévin que je ne mange pas à la cantine et il hausse les épaules, façon il est habitué à force. Je croise les gens de l'autre classe en sortant mais je n'y prête pas attention. Mais une fois dehors, je me fais aborder par Nassim. Encore ?! Il m'attendait ou quoi ?
Je regarde par dessus son épaule et voit Yanis nous fixer au loin, les mains dans les poches et la capuche rabattue sur la tête. Bon... Je fais un sourire poli au mec devant moi et lui dit que je dois filer.
— Ah ouais, ok. Bon, à plus mec.
— Salut, Nassim.
C'est fait exprès ou quoi ? Je m'en veux de partir comme ça mais j'ai vraiment besoin de parler au bronzé. Je soupire tandis que mes pas s'approchent de plus en plus de Yanis, l'atteignant finalement.
— Qu'est ce que t'as aujourd'hui... ? je dis doucement.
Je sens qu'il fixe toujours un point derrière moi et j'ai l'impression que c'est l'autre. Je fronce légèrement les sourcils et décide de ne pas me retourner, simplement de lui lancer un :
— Bon, tu me diras après.
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