Sans discontinuer, il cherche le joker,

Mais si ce rôle lui a été assigné, que faire ?

Minho c'est un gars banal comme on en croise des centaines par jour. Il est de toutes ses rencontres que l'on regarde sans observer, que l'on entend sans écouter. C'est celui qu'on remercie sans lever la tête, aucun regard pour les gens comme lui.

Il a les cheveux violets et quand les autres prennent le temps de l'observer, ils le trouve trop excentrique, pourtant, qu'est-ce qu'il est beau. Ses petits yeux bruns qu'aucun ne daigne regarder reflètent toute la mélancolie d'une vie. En détaillant son visage, on peut apercevoir des traits fatigués qui n'attendent que de rire aux éclats. 
Et son sourire, ah son sourire. Celui qui apparaît tellement rarement, celui qui est franc. Tout le monde devrait voir un sourire comme le sien au moins une fois dans sa vie.

Mais personne ne fait attention à lui, c'est un oublié. On vit dans un monde où les seuls à être observés sont ceux qui crient trop fort, qui pleurent dans les bras des autres. Continuez donc dans le jeu de celui qui se fera le plus plaindre pour quémander un peu d'attention. Sauf que voila, de l'attention de gens comme ça, Minho n'en veut pas. 

Il veut le simple, le doux. La facilité qui nous comble, le bonheur d'exister. Il veut sourire simplement pour entendre son cœur battre. Il cherche pas grand chose en vérité, juste un peu de vie dans un univers rythmé par les vices.

- Joies fugaces

Minho c'est celui qui donne tout jusqu'à ne plus rien posséder. C'est une âme qui souffre d'un amour passionné. Il lui avait offert son corps, son cœur, chaque respiration, chaque battement et chaque sueurs. C'était la danse qui le faisait vibrer Minho, sans elle, la vie perdait de son importance. 

C'est un moment où il est si léger que ses problèmes semblent s'envoler. Ses pieds frappent le sol, ses yeux fixent le miroir à la recherche de la perfection. Et il continue encore et encore, parce qu'il aime cette sensation qui le rend vivant, ce truc qui ronge ses entrailles. Ses chevilles craquent, son corps le lâche, ses yeux fatiguent et la musique se brouille.

Il est tombé. Mais tout le monde tombe au jour, suffit de savoir se relever.

Il a tout perdu en réalité mais c'est de sa faute va, c'est parce qu'il a tout donné. Tu sais, Minho, il aime avec un grand A et il existe avec un grand M.

C'est quelqu'un qui aime profondément, qui s'inquiète mais qui n'en fera rien. Il a déjà tellement perdu qu'il n'ose plus s'accrocher pardonne le, son pauvre cœur esseulé.
Le long fil qui tisse sa vie avait craqué plus d'une fois, manquant de le faire disparaitre. Mais personne ne se serait inquiété de la disparition d'un gars comme lui.

- Passion perdue

Avant de devenir ce gars banal, celui qu'on croise un peu trop souvent sans vraiment faire attention, il était une personne rêveuse. Quand ses cheveux étaient encore bruns et que l'inconscience parsemait ses pensées, il ne voulait qu'une chose : briller.

Il voulait rayonner, sourire trop fort à s'en faire mal, partager son envie de vivre et sa rage de bonheur. Parce qu'au creux de son ventre sommeille un grand feu, ça brule, ça crépite. Mais ses rêves ne sont que de vague souvenirs qui ont été effacés par des larmes amères. Celle qui laisse des brûlures sur les joues, des marques invisibles que nous sommes les seuls à voir. Et il s'est brûlé le visage plus d'une fois Minho. Il les observe chaque matin, ses marques aquarellées, cicatrices des temps durs qu'on voudrait oublier.

Alors, petit à petit il a ajusté son maquillage pour ne plus rien laisser paraître.
C'est quelqu'un chez qui tout est travaillé minutieusement. Son sourire pourtant si beau, ses remarques bien ajustées pour se faire comprendre. il est compliqué à cerner parce qu'il est pas vraiment entier. On dirait qu'il manque quelque chose, une pièce au puzzle pour avoir son cœur au complet.

Ah oui, presque tout est faux chez lui, sauf son attachement.

Ne lui en voulait pas s'il a oublié ce qu'était l'Amour, c'est un sentiment qui l'a quitté il y a trop longtemps. Les frissons qu'il procure, les papillons qui attaquent son ventre pour s'enfuir, tout cela à disparu. Mais il ne s'arrête jamais, il continue d'aimer les autres autant qu'il aurait voulu l'être.

C'est quelqu'un de raisonnable si on oublie qu'il est un peu trop froid, un peu trop distant, pas assez souriant, qu'il ne montre pas assez ses sentiments. Et puis si ce n'est pas assez, ou peut-être trop, allez demander aux gens normaux ce qu'il pense de quelqu'un comme lui.

Ils n'en pensent rien, car il ne le regarde pas ce pauvre gars. 

- Faux semblant

Passé au-dessus de ses yeux bruns vide d'envie et pourtant si vivant, ce gars, c'est un feu qui s'est éteint il y a bien longtemps.
Proche de ses 24 ans, le grand brasier qui l'enflammait n'avait pas résisté à l'humidité des brûlures qui lui ruine les joues. Tu sais, les larmes qui ravagent, quand la tempête du cœur déborde sur le corps.

Il ne reste rien du rêveur à part quelques morceaux de cendres rougeâtres éparpillées dans son cœur. Minho c'est un malchanceux à qui rien ne réussit. Mais au fond de lui, la rage de vivre se consume. C'est quelqu'un chez qui, quand la nuit arrive, tu aperçoit dans ses yeux une lueur rougeâtre, une flamme qui pendant une fraction de seconde a éclairé le monde autrement.

Parfois il ressent la dernière étincelle, celle cachée auprès de ses sentiments effacés, derrière l'amour et camouflé par l'espoir. Ces émotions en pagaille qu'on oublie un peu quand la société nous crache d'être froid pour être fort. Face à cette infime chaleur qui le réchauffe, il lui arrive de sourire. Mais son sourire franc prêt à illuminer le monde a disparu, celui ci est mélancolique, avec un arrière goût amer. Parce que le feu qui l'animait l'avait élevé mais aussi brûlé.

- Brulures nacrées

Minho c'est un roi.

Mais sa couronne s'est brisée.

Sa rage de vivre s'est envolée en même temps que la fumée d'une herbe bien trop toxique s'échappait de ses lèvres fines.

Son envie de rayonner s'est déchirée quand il avait froissé la énième lettre qu'il écrivait à ses parents pour leur avouer son homosexualité.

Son grand brasier s'est éteint quand il avait allumé la télé et que les infos tournaient en boucle sur une attaque.

Ses gênes, ses racines, ses parents.
Ils avaient beau le détester, lui crier dessus pour un rien et l'avoir renié, ils restaient ses origines. Ils avaient fait un pas vers lui pourtant, il aurait dû être là-bas, dans ce foutu restaurant. Il aurait dû y aller pour entendre leurs explications. Parce qu'ils lui devaient au moins ça, des explications.

Mais maintenant ça tourne dans sa tête, les remords, les "et si..." Toutes ses pensées qu'on ne peut éviter quand culpabilité toque à notre porte. 

Il avait été lâche, il avait craint les critiques, les regards, les remarques. Il avait eu peur que la dernière étincelle ne s'éteigne ce soir là. Alors il avait fui, il était resté seul devant son miroir à attiser le feu dans ses iris et regretter chaque larmes qu'il avait laissé s'échapper.
Puis il avait pleuré, et il s'était détesté, parce qu'il avait encore perdu Minho. Ca s'explique pas, même lui il comprend pas. Il les détestait ses parents, c'est eux qui l'avait fait perdre pour la première fois. Mais c'est comme ça le mal attire le mal. Il avait plongé dans un puit sans fond à la recherche d'une échappatoire.

Il n'avait plus de passé, il ne voulait pas de futur, alors il laissera le présent décider de son avenir. Et le présent n'a pas l'air d'apprécier ce gars banal, parce qu'il l'avait fait perdre encore et encore. Pire que tout, il l'avait fait se perdre lui-même laissant ses pensées aux mains de la dépression. Alors chaque semaine il continue d'entendre les médecins affirmer que c'est normal après un traumatisme comme celui là, les parents c'est important. 

Mais non. 

Non, ils y comprennent rien, ce ne sont pas ses parents le problème, c'est son enfance.

Il s'est rendu compte en une minute qu'il avait gâché son existence jusqu'à présent, que c'était lui même qui avait étouffer le brasier de son cœur. 

Minho c'est un peu l'histoire du petit prince cassé, celui qu'on a jamais vraiment écouter. On lui a pas laisser sa place, l'enfance à disparu, adieux les grelots étoilés. Alors il est devenu un roi brisé, le plus beau, le plus fort d'entre tous mais qui demeure seul. Celui au cœur retourné dont les pensées sont noires.

- Roi de Pique

Alors oui, Minho c'est un gagnant.

Sauf qu'il a tout perdu.

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