Le Fou
N'entendez vous pas ? Ces éclats de rire ?
C'est le Fou qui s'amuse, à mélanger les cartes sans rien dire
Si la vie est un jeu, comment deux rois pourraient se rencontrer ?
Dans le grand jeu des probabilités quand les hommes comptent les cartes pour s'en sortir, le roi de pique réfute sa part du marché. On lui a dit je t'offres un corps alors désormais vit, mais voila Minho refuse quasiment de sortir. Aucune des invitations de son ami Chan n'ont données de résultats et ce depuis des années. Alors certes, l'année dernière ils étaient sortis pour fêter son anniversaire et sa remise de diplôme. D'ailleurs le garçon aux cheveux colorés se demandait encore aujourd'hui comment son ami avait réussi à l'obtenir.
Il est comme ça Chan, il réussit, c'est pas vraiment un gagnant seulement quelques fois la vie lui sourit.
Mais cette nuit-là, ils n'étaient pas sortis seuls, un ami australien de son ainé qu'il avait quitté il y a longtemps avait fait un détour en Corée. Il rêvait un peu de l'Australie Minho, parce qu'il ne savait pas vraiment à quoi ça ressemblait, seulement des photos, des anecdotes de son pote à la volée. Ça lui permettait simplement d'imaginer, se créer une idée d'un endroit sans doute mieux qu'ici. C'est souvent plus beau quand on y est jamais allé, voila pourquoi le "ailleurs" semble si attrayant.
Vivant en colocation avec Chan, Minho s'était habitué au charme électrique que dégageaient les australiens, pourtant il n'avait réussi à détacher ses yeux du jeune blond. Seul une réflexion de Chan le fit réagir et à en juger par le ton qu'il employait, c'était une information d'une importance primordiale.
- Attends, mais t'es aussi grand que moi Felix ?
Et le rire du nouvel arrivé s'éleva dans les airs, réchauffant l'atmosphère et attirant tous les regards à lui. Parce qu'il était beau Felix, son teint halé recouvert de taches étoilées, ses yeux dans lequel l'océan se débattait, ses cheveux blond parsemé de deux petites tresses, mais ce qui le rendait magnifique était le sourire qui ornait son visage.
Ah ça oui il était beau Félix, tout le monde tournait le regard vers lui. C'est plus fort que nous on est attiré par la lumière. Minho ca lui plaisait pas trop cette histoire, il avait l'air bien sympa le jeune blond mais en y réfléchissant c'était peut être lui qui devait porter sa couronne.
Feignant la fatigue et prétextant une excuse stupide il était parti en essuyant ses mains devenues moites à cause de son mensonge. Il détestait mentir à ceux qui lui étaient proches, à lui-même, il avait l'habitude mais ses amis lui étaient trop précieux. Faut pas oublier son pauvre cœur à Minho, le feu est prêt à s'éteindre mais il fume encore un peu, il se débat pour les autres.
Sauf qu'aujourd'hui était un jour différent, une journée de celle où notre ombre nous semble être notre pire cauchemar, devenue humaine et attendant patiemment que nous commettions une erreur pour nous faucher. Cela faisait cinq ans que l'ombre de Minho le suivait sans relâche, pile cinq ans qu'il avait perdu ses origines, que sa couronne s'était fendue à jamais.
Alors il voulait sortir, enfin non, en vérité il souhaitait fuir, partir loin de la réalité qu'il avait évité durant tant d'années. Comme personne ne voyait jamais son ombre, pourtant tout le monde sentait sa présence, Minho refusait d'observer son passé même s'il s'accrochait désespérément à lui.
Mais aujourd'hui, il voulait oublier.
Aujourd'hui, il n'était qu'un roi qui voulait laisser cette histoire de royauté, de tiare, de trône.
Et quelle meilleure manière pour s'oublier que de se balader dans les rues de Séoul au hasard ?
N'importe laquelle aurait été mieux, mais étrangement c'était définitivement la meilleure idée qu'il ait eut depuis longtemps. Il était habitué à naviguer dans cette ville de jour, pour se rendre à son travail dans une supérette qui couvrait à peine ses besoins, mais le ciel sombre transformait totalement les rues.
Des effluves de Streets Food venaient chatouiller son odorat lui rappelant les soirées qu'il faisait plus jeunes. D'ordinaire si festive, si joyeuse, si colorée, la nuit noircit les traits de la ville pour lui révéler un coté plus obscur. Quelque chose de mystique qui se déguise dans le noir, la possibilité d'offrir une cachette à ceux qui veulent échapper à leur rôle et un anonymat aux personnes souhaitaient être vraiment elle-même.
Minho il a toujours eu peur de son ombre, même tout petit quand il scintillait encore et que le grand feu brulait. Mais voila on s'habitue parait il.
Il y en a un autre qui s'est habitué au noir. Sauf que Jisung c'est différent, il l'a apprivoisé, il a appris à danser dans la nuit.
Loin du drame familial auquel faisait face le coréen au cheveux violet, Jisung avait envie de s'oublier un peu. Ne serait-ce qu'un instant, un bref moment, lui aussi souhaitait échapper à son ombre. Parce que le jeune voulait vider sa tête, une bonne fois pour toute.
Ne trouvant pas de métaphore adéquate pour expliquer la complexité et la tonne de pensées qu'il subissait chaque seconde, il n'en parlait à personne. Et quelques fois, voila que les sentiments débordent et prennent le dessus sur l'âme. Son ami Seungmin se retrouvait alors avec un Jisung les joues encore plus gonflées que d'ordinaire, à sa porte en pleurant. Si Minho se brule le visage, Jisung se noie dans ses propres pleurs.
Le Roi de pique joue avec le feu et celui de cœur s'éreinte face à l'océan.
Son ami n'avait jamais posé trop de question, plus par respect que par inintérêt car il tenait énormément au brin de soleil qu'était le jeune brun. Et puis, normalement cela lui passait après avoir lâché quelques larmes et un tas de mots qui semblait de premiers abords totalement dépourvus de sens. Une fois vidé de ses pleurs, Jisung s'en allait souvent comme si de rien n'était, comme une ombre à la recherche de son corps.
Mais la période d'examens arrivait et les grandes salles dans lesquelles régnaient un silence de mort et qui le stressait tellement étaient un passage obligatoire pour obtenir le titre de psychologue. Lui, le gars qui cachait ses sentiments les plus complexes et enfouissait ses émotions au fond de son ventre avait finalement survécu à 5 années d'études de psycho. Ironique- Il riait d'ailleurs lui-même de sa situation quand il se trouvait seul dans le noir.
Ah la solitude, qu'elle parait belle et délicate quand les poètes l'écrive, mais vivez là un instant, comprenez le cœur vide qui ne sait plus donner.
Mais aujourd'hui, quelques larmes n'avait pas suffit à effacer ses angoisses. Alors il était sorti seul, lui qui détestait tellement être avec ses pensées sans personnes qui pourra l'aider si jamais il s'y perdait trop longtemps. Les mêmes odeurs de fritures et de sucre parvenaient au nez du brun lui donnant envie de gouter à un de ses délices. Mais, sortant fréquemment avec ses amis, il était plus habitué à voir la ville de cet angle ci. Il se sentait entièrement à sa place dans la ville sombre, entouré de ses gens sans ombre.
Voyez donc le décor de ce jeu incompris.
Deux rois dont les couronnes sont cachées, perdus dans une ville où les ombres se fuient et s'enfuient de leur propre corps.
Deux hommes dont le passé finira par les rattraper, les larmes finissent toujours par nous noyer.
Deux âmes dont le cœur abimé ont fini par toucher leur masque si bien ajusté. Ah si seulement la comédie pouvait continuer.
Deux sourires fatigués à la recherche de la même chose, le vide. Profond, total, celui qui fait oublier, qui fait se sentir bien, celui auquel on s'abandonne en jouissant de nos tourments.
Autrefois, le plus âgé avait trouvé un moyen d'atteindre cette plénitude. C'est comme ça, les cigarettes ne suffisent plus, la nicotine perd son effet. Minho il cherchait quelque chose d'un peu plus fort pour lui faire oublier encore plus. Et les médecins avaient recommencé et lui avaient répété "C'est courant après un traumatisme".
Mais s'il faisait le bilan de son existence, ce n'était pas eux qui l'avaient aidé, il s'était soigné lui-même, par la seule force de sa volonté, ou peut-être parce qu'il craignait d'être encore plus lâche.
Mais non, il avait réussi parce que Minho, bien qu'il repousse sa couronne et son rôle, c'est un roi et un roi n'est pas censé perdre.
Jisung quant à lui avait essayer la course, la nage, la lecture, la danse, l'écriture, mais rien ne trouva grâce à ses yeux. Faut pas oublier qu'il a le cœur en ébullition alors des passions, il en a à revendre.
Sauf que voila, un jour où il a croisé la route de Changbin.
Ah le grand garçon, la figure idéalisé que Jisung cherchait. Il était rappeur et venait de signer un contrat avec la plus grande boite de nuit de la ville. Mais c'est un gars qui n'oublie pas ses origines et c'est en faisant un concert dans un petit bar à peine connu qu'il avait croisé le brun.
Pour la première fois de son existence, Jisung qui brillait tellement avait été ébloui par le charisme de son ainé. Ouais, fallait avouer qu'il était charismatique Changbin, il avait ce genre de truc qui fait qu'on ne veut pas le froisser. Mais Jisung c'était un gamin qui voulait tout ce qu'il n'avait pas, alors il avait essayé encore et encore, et finalement, il avait gagné. Ca n'étonne plus personne, il réussit toujours.
C'est alors que le "District 9" était devenu son refuge où il pouvait être qui il voulait. Il s'amusait avec les masques, volait les couronnes, il est comme ça. Mais aujourd'hui il ne performera pas, il se poserait seulement sur une chaise haute, tourné vers la salle à la recherche d'âme en peine pour se sentir moins seul dans son désarroi.
Quand Jisung entra dans l'établissement, il fallut un moment à ses yeux pour s'habituer à l'obscurité du lieu. Quand la Lune brille trop c'est ici que se retrouvent les ombres parce qu'il y fit sombre et que l'on s'oublie mieux dans l'obscurité. Ainsi, il ne remarqua pas immédiatement que les tables étaient désertes. Seul un homme avachi sur le bar, frappait délicatement son verre vide au rythme de la musique. Enfin, délicatement était un euphémisme pour le fracas que fit la vaisselle lorsqu'il décida de se relever.
- Tu as perdu, un râle s'échappa de ses lèvres, encore...
Alors un frisson parcouru Jisung. C'était comme si son corps avait réagi avant son esprit, que son âme s'était subitement rattachée à la chair. Au fond de ses souvenirs, il savait qu'il la connaissait, cette voix. En plissant les yeux il s'aperçut que l'homme installé sur le bar n'était autre que Lee Minho, son ancien voisin.
Pourtant le titre qui lui reviendrai de droit serait "Celui pour qui il avait volé une tiare, celui pour qui il était devenu Roi"
Durant tellement d'année, il avait aimé ce jeune garçon en secret. Il aimait apercevoir son ombre derrière les rideaux et son sourire si brillant quand il lui disait "bonjour" le matin. Jisung ne pouvait détacher ses yeux de l'aura lumineuse du jeune Minho quant enfant, ils allaient ensemble au collège et au lycée. Cette homme qui avait été sa source d'inspiration inépuisable, son modèle pour rayonner, comment pouvait il se fondre aussi bien dans l'ombre ?
- Vous avez perdu vous aussi ? Lui a t il lancé en tendant son verre au serveur avec un geste de la tête.
Celui-ci lui répondit en le réservant qu'il était habitué ici et qu'il lui arrivait même de chanter sur scène. Jisung décida alors de s'assoir, laissant une chaise entre lui et son ancien ami qui ne semblait pas l'avoir reconnu.
Il prit le soin de le détailler sans un bruit. En le regardant dans les yeux, il aperçu derrière ses pupilles troublées par l'alcool ce qui lui avait tant manqué.
La flamme.
Celle que le plus âgé avait toujours eut, celle que Jisung avait toujours envié. La flamme du gagnant qui sommeillait en lui l'étincelle des joyaux de la couronne.
Il le trouva encore plus beau qu'avant. Comme si le temps que tout le monde redoute tant avait décider de bénir cet homme. Il s'était agenouillé devant le Roi de pique pour lui offrir les trésors du monde.
Alors que le jeune homme observait ses yeux bruns et ses lèvres fines, sa nouvelle rencontre chuchota;
- Continue de m'observer comme ça et je vais finir par fuir
La pénombre l'avait caché mais ce qui frappa le brun était la couleur violette de laquelle étaient teintés ses cheveux.
- Min, tu as fait quoi à tes cheveux ?
Il léger blanc suivi cette question semblant sorti de nulle part. Jisung avait levé sa main pour toucher les cheveux de son ami mais se rétracta au dernier moment en voyant l'incompréhension dans son regard.
Personne n'avait jamais appelé le violet comme cela, sauf lui, ce gars si peu banal.
Ce garçon avec qui il avait passé tout son collège et son lycée.
Ce garçon qui le faisait sourire sans artifice.
Ce garçon qui lui donnait envie de se lever chaque jour.
Mais le jour où Minho avait perdu, même toute la gentillesse de ce jeune homme n'avait pas réussi à le sauver. Les coups contre sa porte pour faire le trajet ensemble était resté vain. Ils avaient résonné dans la maison avant de fracasser ses tympans.
Tandis que les souvenirs comblaient ses pensées, le silence se plaçait entre les deux jeunes.
- Ji... sa voix restait en suspens. Sung. Han Jisung.
Ca paraissant pourtant si évident.
Les propabilités n'existent plus quand l'un devient Roi, l'autre perd sa couronne. Alors ils se retrouvent et les cartes sont truquées, comment veux tu y échapper ?
Minho avait sans doute un peu de mal à assimiler ses informations, ça faisait beaucoup pour son cœur qui voulait seulement s'enfuir. Mais voilà, il l'a entendu. Le crépitement de son âme, la vie qui s'est allumée face à des souvenirs qu'il ne pouvait oublier.
Le passé nous rattrape toujours tu sais.
Et quand son nom est Han Jisung, qu'il crève de vie et rêve d'envie les souvenances ont un goût d'ailleurs. Le genre de truc qui éveille les joueurs.
Ils ont l'air bien cons tous les deux, face à face sans rien dire. Mais peut être que les mots ne suffisent plus. Leur rôles sont échangés, les couronnes mélangées et si leurs ombres fuient la nuit, ils ne leur restent plus qu'à parier, tant pis pour les probabilités.
♤♡
Je crois que pour t'aimer, j'ai triché.
- le Fou
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