Le même soir :

Je suis là, figée, le cœur battant la chamade, mon esprit s’embrouillant à mesure que les bruits de la scène se mélangent dans un vacarme sourd. La silhouette massive reste immobile devant moi, me bloquant, me figeant.

Les éclats lumineux me frappent toujours, chaque éclat semblant m’aspirer, m’engloutir dans un tourbillon d’incompréhension. Mon corps ne répond plus, mes jambes sont tremblantes, incapables de m’entraîner à fuir. La peur me paralyse, me dévore de l’intérieur, m’empêchant de réagir.

Le hurlement de mon père résonne encore dans ma tête, un cri qui s’éteint dans l’espace, dans un écho infini. Il semble me hanter, me poursuivre, comme une malédiction qui refuse de s'éloigner. Ce cri… il était réel, mais maintenant, tout semble si irréel.

Une folie douce m’envahit.

– Papa ! hurlé-je désespérément, d'une voix étranglée par cette peur nouvelle.

Le son de mon cri me paraît si lointain, comme si mes propres mots ne m’appartenaient plus.

Puis, dans ce silence soudain, lourd et oppressant, je me rend enfin compte de la présence de louis comme si ma raison avait refait surface.

Je veux croire qu’il est là pour moi, qu’il est venu me sauver. Cependant, il y a cette lueur étrange dans son regard, une incertitude. Quelque chose qui me fait douter.

– Heavan ?

Sa voix, faible mais claire, me traverse, me secoue. Toutefois, au lieu de m’apporter une bouffée d'air, elle ne fait qu’accentuer la sensation de malaise qui m'étreint.

Mon cœur s’emballe à nouveau, un frisson glacé me parcourt tout le long de la colonne vertébrale. Son regard m’hypnotise. Ce n’est pas la chaleur d’une promesse rassurante, mais l'intensité de son regard me fait l'effet d'un coup de poignard. Louis semble inquiet, mais aussi épris d'un doute, comme s’il ne savait pas s’il devait s’approcher de moi ou rester à l’écart.

Je cligne des yeux, tentant de discerner au mieux son visage, mais tout se brouille autour de moi. Un nouveau vertige m’assaille. Est-ce moi qui perds pied, ou est-ce que tout ce qui se passe ici est en train de m’échapper ? Je voudrais le saisir, m’accrocher à lui, mais une voix dans ma tête, bien trop forte, me hurle de me méfier.

Est-il vraiment là pour me sauver, ou joue-t-il un rôle dans cette comédie macabre ? Ce n’est pas la première fois qu’il me montrerai un autre visage, après tout. Pourquoi maintenant, dans cette situation précise, est-ce lui qui apparaît ? Pourquoi ce moment ?

Je secoue la tête, comme si je pouvais chasser ces pensées sordides, mais elles sont là, solidement ancrées, tenaces, me tirant dans un abîme de confusion.

Mon père, Louis… tout se mélange. Je me sens comme une marionnette, tirée dans deux directions opposées.

Ce dernier s'approche doucement, or chaque pas qu’il fait me plonge un peu plus dans l’incertitude.

– Heavan, écoute-moi, murmure-t-il, la voix plus douce, presque suppliante, je suis là. Je te jure que je suis là pour toi.

Des frisson parcourt mon corps qui réagit malgré moi. C’est ce qu’il veut, n’est-ce pas ? Me faire croire en lui, me faire croire qu’il est là pour moi, qu’il est la seule vérité à laquelle je dois me raccrocher ?

Tout ce qui m’entoure semble tellement… faux. Je ne sais plus à qui me fier.

Je ferme les yeux, tentant de calmer ma respiration, mais tout autour de moi continue de tanguer, de se déformer. Et alors que je suis prête à céder à l’inconnu, une petite voix m’alerte : est-ce que j’ai vraiment envie de tout lâcher, de tout oublier pour plonger dans cette illusion ?

Louis se tient là, toujours plus près, et je suis prête à m’abandonner à lui, à me réfugier dans ses bras… mais je me demande : ne suis-je pas en train de tomber dans un piège ?

Les dernières parcelles de lucidité me crient de continuer de reculer, de me protéger coûte que coûte. Seulement mon corps refuse de m’écouter.

Louis est là. Ou peut-être ne l’est-il pas...

Ce qui est certain, c'est que ma tête me fait terriblement mal.