Chapitre 81
Jour 85 : le soir
La journée a continué comme elle avait commencé. Malgré notre discussion de ce midi, aucun froid ne s’est installé entre Louis et moi. J’en suis soulagée, car je me rends compte qu’il est loin d’être rancunier.
À peine rentré chez lui, celui-ci s’affale sur le canapé en jetant son sac à bandoulière au hasard.
– Cette journée m’a épuisé !
Sur le pas de la porte du salon, je l’observe. Il soupire, les yeux clos, la tête renversée en arrière, ses traits détendus malgré la fatigue.
– Bon, eh bien… je vais y aller, lui dis-je doucement.
Après le lycée, Louis a insisté pour que je l’accompagne chez lui. J’ai accepté, mais en posant une limite : je devrais rentrer juste après.
Louis ne réagit pas tout de suite. Alors, avant de partir, je me penche pour l’embrasser, mais à l’instant où je m’éloigne, sa main attrape mon poignet, m’arrêtant net.
– Nous avons une discussion à reprendre, Heavan.
Je frémis d'effroi.
– Une… discussion ?
Un sourire satisfait se dessine sur son visage.
– Je ne te laisserai pas t’en sortir aussi facilement, cette fois.
J’avais prié toute la journée pour qu’il passe au-dessus, sauf que bien sûr, c’était mission impossible. Louis n’oublie jamais rien.
– Louis…
– Heavan ? coupe-t-il, faussement innocent, les sourcils relevés. Tu aurais quelque chose à me dire ?
Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Il a ce regard perçant, celui qui ne me laisse aucun échappatoire. Il sait. Il sait que je me débats intérieurement, que les mots se bousculent dans ma tête sans jamais franchir la barrière de mes lèvres.
C’est ridicule. Je suis capable d’analyser chaque émotion, chaque détail de notre relation, mais dès qu’il s’agit de lui parler à cœur ouvert… Je me bloque.
Lui, attend. Assis, les bras posés sur ses genoux, il me fixe avec cette patience infinie qui me désarme complètement.
– Je… Je ne sais pas quoi dire…
Je distingue sa mâchoire se crisper. Mon ventre se noue. Je ne veux pas le blesser, mais comment lui expliquer ? Comment lui dire ce qu’il représente pour moi sans que ma voix tremble sous le poids de mes émotions ?
Louis ferme brièvement les yeux avant de souffler :
– Dans ce cas… Écris-moi.
Surprise, je relève la tête vers lui.
– Pardon ?
– Écris-moi, répète-t-il doucement, son regard à nouveau ancré au mien, je n’ai pas oublié ce que tu m’as dit. Que les mots te viennent plus facilement lorsque tu épanches tes pensées sur un bout de papier.
Mon souffle se coupe.
Il se souvient déçue détail ?
Quand j’avais fui mes sentiments, quand j’avais préféré me murer dans le silence plutôt que d’affronter la vérité, il avait été le seul à essayer de me comprendre. Pourtant moi, je l’avais laissé sur le bord de la route, seul avec ses interrogations.
Et malgré tout, il est encore là.
– Tu n’oublies jamais rien… murmuré-je, sans même m’en rendre compte.
– Je te l’ai dit, Heavan. Rien de ce qui vient de toi n’est à jeter aux ordures.
Son regard, brûlant d’une tendresse infinie, me transperce. Mon cœur s’emballe, pris au piège entre la peur et l’évidence.
Alors j’acquiesce.
J’accepte d’écrire.
J’accepte de mettre des mots sur ce que je ressens, pour qu’il sache tout.
Pour qu’il comprenne à quel point je suis tombée éperdument amoureuse de lui.
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