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Chapitre 8

Jour 11 : jeudi midi

Une fois de plus, je mange seule. Enfin, "manger" est un grand mot. Mon appétit disparaît dès que je me retrouve sous les regards curieux ou moqueurs de certains élèves. Pour éviter cette gêne pesante, je choisis encore de me réfugier au CDI.

Les éclats de voix d’Angel qui raille la façon dont chante Louis résonnent encore dans ma tête. Si elle peut se moquer aussi facilement de lui, pourquoi pas de moi ? De plus, être la nouvelle ne joue pas en ma faveur.

Au CDI, au moins, personne n’aura l’occasion de m’humilier. J’ai déjà connu les remarques blessantes par le passé, et je ne suis pas prête à replonger dans cet enfer. Alors, je fuis. Je me coupe du monde, je préfère la solitude à l’humiliation.

Aujourd’hui, l’endroit est presque désert. Les tables sont clairsemées et les petites salles de réunion, habituellement prises d’assaut, restent désespérément vides. Je m’installe à ma place habituelle, au fond du CDI. C’est devenu mon sanctuaire, une petite bulle où personne ne vient me déranger. Ici, je peux respirer, penser, me sentir libre.

Il est presque treize heures quand un groupe de quatre élèves entre et se dirige vers une salle éloignée du bureau de la documentaliste. Deux garçons, deux filles. Je ne les connais pas. Ils ne sont pas de ma classe. Mais, quelques minutes plus tard, deux autres garçons arrivent, et cette fois, je les reconnais.

L’un d’eux est grand, blond, et son regard scrute chaque recoin de la pièce, probablement à la recherche d’un endroit à l’abri des regards de la documentaliste. Son ami, Louis, l’accompagne. Heureusement, ils ne remarquent pas ma présence. Je retiens ma respiration sans m’en rendre compte, puis soupire doucement, soulagée.

Je me replonge dans mon travail. Mon devoir de littérature française m’absorbe : un commentaire argumenté sur Le Vol d’Icare de Raymond Queneau. J’achève de rédiger mon plan détaillé quand soudain, une chaise grince devant moi.

Je ne lève pas les yeux tout de suite. Je termine mentalement ma phrase, répétant les mots pour ne pas les oublier. Mais déjà, je sens monter une pointe de désespoir. Qui ose s’installer ici, à ma table ?

C’était mon coin, mon cocon. Pourquoi quelqu’un viendrait-il s’immiscer ici alors qu’il reste tant de places libres ? Je sens la moiteur envahir mes mains.

Impossible de me concentrer à nouveau...

Alors que je m’apprête à ranger mes affaires et fuir, une autre silhouette s’installe sur la chaise à ma droite. Décidément, c’est un complot !

Je ferme les yeux un instant pour calmer les battements frénétiques de mon cœur. Inspirer. Expirer. Trouver une once de courage. D’un geste mécanique, je range mes affaires : ma trousse, mon cahier, mes dessins, tout disparaît dans mon sac à dos gris.

Les jambes tremblantes, je me lève sans un regard pour les intrus en direction le bureau de la documentaliste.

Celle-ci m’accueille avec un regard sévère, ses lunettes sur le bout du nez.

— Je suis désolée, mademoiselle, mais vous avez déjà emprunté six livres. C’est la limite autorisée, dit-elle en tapotant sur son clavier.

Je sens mes épaules s’affaisser.

— Et… comment je fais ?

— Vous pouvez rendre un livre pour en emprunter un autre.

Je hoche la tête, résignée. Mon plan de travail pour ce soir tombe à l’eau. Je récupère ma carte de prêt et m’apprête à repartir.

Alors que je me détourne, mon regard croise celui de l’un des garçons installés à ma table. Un sourire railleur étire ses lèvres, Louis semble se délecter de ma déroute.

Un instant, l’envie de baisser les yeux me traverse. Mais non. Pas cette fois. Je soutiens son regard, malgré la colère et l’humiliation qui grondent en moi.

Je le fusille des yeux, attrape mon sac et quitte le CDI d’un pas furibond.

Ce n’est vraiment pas mon jour !

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