Chapitre 73
Jour 78 : le matin
Ce matin, sortir de mon lit est un véritable combat. Hier soir, comme je l'avais prévu, mon père m'a interrogée sur mon week-end. Heureusement, je pense lui avoir répondu de manière convaincante.
Dans tout bon mensonge, il faut savoir trouver le juste milieu. En dire assez, mais pas trop. S’étaler dans des détails inutiles, c’est l’erreur fatale qui finit toujours par éveiller les soupçons. L’essentiel, c’est que je sois sortie indemne de cette épreuve. Mon père n’a rien suspecté et tant mieux, car j’ai bien l’intention de continuer à voir Louis autant que possible et à passer du temps avec lui. Seulement pour ça, il va falloir que je trouve une stratégie infaillible, pour ne pas éveiller la curiosité de mon père.
Ce matin, une angoisse nouvelle m'envahit. Je me demande comment me comporter avec Louis. Contrairement à hier, mon enthousiasme est retombé. Je suis plongée dans le doute. Est-ce qu’il va me regarder différemment ? Va-t-il reprendre sa vie de lycéen comme si de rien n'était ? De mon côté, je suis complètement perdue, je ne sais pas comment réagir face à cette situation, d'autant plus qu’il n’a pas donné signe de vie depuis notre séparation d’hier.
Avec une lenteur désagréable, je me faufile hors de mes couvertures et me prépare. Comme chaque matin, je m’habille, puis bois un verre d’eau, malgré les insistances de mon père pour que je prenne un vrai petit-déjeuner. Sauf que le matin, je n'arrive jamais à manger, ça me donne des nausées, mais par la suite je regrette sans cesse de ne pas l'avoir écouté lorsque je suis en cours.
En traînant des pieds, je me rends au lycée. Je n’ai aucune envie d’y aller, mais il faut bien affronter la réalité. Après un week-end passé auprès de Louis, tout ça me paraît tellement lointain. J'ai l'impression de ne pas avoir mis les pieds au lycée depuis une éternité, mais il faut bien que je m'y confronte.
En arrivant près de l’établissement, je repère la foule habituelle d'élèves qui fument, amassée devant l’entrée. Malheureusement aujourd’hui, le karma semble s'acharner contre moi : le portail des livraisons que je prends d’habitude est fermé.
Je sens mon cœur s’emballer dans ma poitrine, ma respiration devient plus rapide et saccadée. Les autres élèves m'ignorent et me bousculent, me lançant des regards noirs, comme si j’étais invisible ou un obstacle sur leur chemin.
– Tu peux le faire... murmuré-je, afin d'essayef de me rassurer.
Sauf que cette combine ne fonctionne pas. Ça n’a jamais marché d'ailleurs. Je ne suis jamais allée consulter de psychologue, mais je sais ce que mon père m’a dit et ce que ces psy conseillent : l’auto-motivation, ça booste la confiance en soi. Tu parles !
Donc, soit je reste plantée là, enracinée pour finir par être en retard, soit je rassemble mon courage a deux mains et je traverse cette masse de gens.
Le choix est cornélien, mais il n'y a pas de retour en arrière. Je décide alors de m’élancer, baissant la tête pour éviter les regards des autres, mon casque rabattue sur les oreilles le volume au maximum et mes mains enfouies dans les poches de ma large veste en jean.
Je me lance ! J’essaie de faire abstraction de tout ce qui m’entoure, jusqu’à ce qu’une main m’agrippe fermement...
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