Chapitre 69
Jour 77 : La nuit
Le sommeil me fuit. Je l’ai cherché, supplié, mais Morphée refuse de me prendre dans ses bras. Alors je tourne, encore et encore, à gauche, à droite, le drap tantôt trop chaud, tantôt trop froid. Chaque tic-tac de l’horloge semble s’enfoncer dans mon crâne, un rappel cruel que la nuit sera longue.
Et mes pensées… elles ne me laissent aucun répit. Les mots de Louis reviennent sans cesse, s’impriment dans ma tête jusqu’à me donner la nausée. Pourquoi faut-il toujours que je me torture ainsi ? Pourquoi est-ce que je culpabilise alors que ce n’est pas moi qui ai franchi la ligne ? J’aimerais pouvoir effacer cette soirée, la jeter aux oubliettes comme un mauvais rêve. Mais elle est là, bien réelle, et l’amertume colle à ma peau.
Je repousse brusquement la couette et me redresse. Rester ici à me tourmenter n’a aucun sens. Sans réfléchir, je me lève, quitte le salon et m’avance dans le couloir plongé dans l’obscurité. Mon cœur bat plus fort à mesure que j’approche de sa porte. Qu’est-ce que je suis en train de faire ?
Ma main tremble à quelques centimètres de la poignée. Une simple pression et tout basculera. Suis-je prête à affronter ça ? À l’affronter, lui ?
Non...
Je recule, persuadée que c’est la meilleure chose à faire. Seulement au moment où je fais demi-tour, un grincement fend le silence.
La porte de Louis vient de s’ouvrir.
Je m’immobilise aussitôt, figée comme une voleuse prise sur le fait. Je n’ai pas besoin de me retourner pour savoir qu’il est là, debout derrière moi. Je ressens sa présence dans chaque fibre de mon être. Pourtant, il ne dit rien. Il attend.
Mon cœur cogne violemment contre ma poitrine. Parle, Louis ! Dis quelque chose, n’importe quoi !
– Heavan ?
Sa voix, basse et légèrement enrouée par le sommeil, glisse le long de ma colonne vertébrale. Un frisson me parcourt, incontrôlable.
Je prends une inspiration tremblante et me retourne lentement, les yeux rivés au sol. Comment pourrais-je lui faire face alors que j’ai encore le goût amer de ma gifle sur ma paume ?
– Tu vas bien ?
Je lève brusquement les yeux vers lui, décontenancée. Il me demande ça ? Après tout ce que je lui ai fait subir ? Je l’ai frappé, repoussé, ignoré… et pourtant, il n’a aucune rancœur dans le regard. Juste une inquiétude sincère.
Je hoche la tête sans un mot.
Louis s’approche. Mon corps se tend, prêt à reculer, mais mes pieds refusent de bouger. Il est trop proche, bien trop proche.
Et puis, ses mains viennent se poser sur mes épaules.
La chaleur de sa peau contraste avec la froideur de la mienne. Je me raidis, prise au piège entre mon orgueil et ce besoin irrépressible de me laisser aller.
– Tu es frigorifiée…
C’est la goutte d’eau.
Toute la colère que j’essayais de conserver, toute la fierté que je voulais garder intacte, tout se brise en un instant. Je m’effondre lourdement contre lui.
Son étreinte est immédiate, réconfortante, inébranlable. Ses bras m’entourent avec une douceur insoupçonnée, et je me laisse couler contre lui. Les larmes, celles que je retenais depuis trop longtemps, s’échappent enfin.
Louis ne dit rien. Il ne pose pas de questions. Il se contente de me serrer contre lui, de caresser lentement mon dos, de m’offrir ce que je n’osais pas demander.
Je devrais être celle qui s’excuse. Je devrais être celle qui le réconforte, mais une fois encore, c’est lui qui le fait.
– Viens te réchauffer, murmure-t-il à mon oreille.
Il pourrait m’emmener n’importe où, je le suivrais.
Quand il me guide jusqu’à son lit, je ne proteste pas. Louis soulève la couette et m’y enveloppe comme un cocon, me couvrant de chaleur et d’un parfum familier de lavande. Petit à petit, mon corps cesse de frissonner, et mon esprit s’apaise.
À mes côtés, le matelas s’affaisse lorsqu’il s’allonge à son tour. Normalement, je devrais être mal à l’aise, je devrais trouver cette situation étrange, voire déplacée.
Au contraire, je ne ressens que du soulagement.
Sans réfléchir, je me blottis contre lui. Son odeur, sa chaleur, la lenteur de sa respiration… Tout en lui me rassure. Mon cœur retrouve un rythme normal, mes pensées s’adoucissent.
En réalité, je n’avais pas besoin de ses excuses.
J’avais juste besoin de lui.
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