Chapitre 65
Jour 76 : Minuit passé
Je suis accoudée contre la table à manger, les pensées enchevêtrées, tandis que Louis refait surface dans le salon. Il y a trop de choses qui se bousculent dans ma tête, mais je tente de garder une apparence calme, ce qui est loin d'être facile.
- Il se fait tard, on devrait... On devrait aller dormir, propose-t-il, d'un ton hésitant, comme s'il cherchait à fuir la tension palpable dans l'air. La journée a été longue.
Sa voix semble s'éteindre un peu plus à chaque mot, comme une soirée qui s'achève dans un malaise.
Je hoche la tête sans dire un mot, le regard fuyant. Que devrais-je faire maintenant ? Je n'ai même pas de réponse. Je suis perdue, et le pire, c'est que je ne sais même pas où je suis censée dormir.
- Euh... Si tu souhaites prendre une douche, la salle de bain se trouve au fond du couloir, ajoute-t-il en fronçant les sourcils, visiblement tout aussi déboussolé que moi.
Nous sommes un vrai désastre, tous les deux.
- Tu as besoin de quelque chose ?
Je prends un instant avant de secouer la tête, le silence lourd entre nous. Ma bouche reste figée, incapable de prononcer un mot, et mon esprit est hanté par l'image de Louis fixant mes lèvres, une scène qui ne cesse de tourner en boucle.
Quant à louis, il reste là, ancré au centre du salon, une expression perdue sur le visage. Faites en sorte qu'il parte vite, je prie pour ça.
- Heavan, je...
Avant qu'il ne termine sa phrase, mes lèvres se décident enfin à bouger :
- Bonne nuit, Louis.
Il s'arrête net, une seconde, puis acquiesce d'un mouvement de tête presque imperceptible avant de se tourner vers sa chambre. Son pas est assuré, presque trop, comme un masque qu'il cherche à poser. Il disparaît derrière la porte, et je reste là, figée, noyée dans la confusion.
Je me demande comment cette nuit va se dérouler. Il est évident que je vais mal dormir. Pas à cause du lieu, pas uniquement à cause de ce qui vient de se passer, mais parce que je ne sais même pas où je vais dormir, ni avec quoi.
J'ai agi par panique, coupant court à tout dialogue, préférant laisser Louis partir sans poser la question évidente : où vais-je dormir ce soir ? Et voilà, ma stupidité m'a conduite là où je suis.
Cependant, je ne peux pas m'empêcher de chercher une issue. L'eau de la douche coule encore dans la pièce voisine. Il n'est pas encore sorti, peut-être qu'après je pourrais en profiter pour m'y faufiler afin de prendre ma douche... mais rien qu'à l'idée de le croiser, de me retrouver face à lui après ce moment embarrassant, m'angoisse. Je veux juste oublier, échapper à ce moment.
Alors je laisse tomber.
Je me hais d'être dans cet état contradictoire. J'ai accepté de venir, mais c'est ce passage, cette étape entre nous, qui me terrifie. J'ai peur de le vexer, de faire un faux pas.
Le silence se prolonge, et je me laisse envahir par la fatigue. Je m'allonge sur le canapé en velours noir, cherchant un peu de réconfort dans sa douceur. Il est large et confortable, un peu trop pour me rappeler que ce n'est pas chez moi. Je m'y enfonce, la chaleur ambiante enveloppant mon corps, et j'essaie de trouver un peu de paix. Mon pyjama en velours, bien plus confortable que ce que j'aurais pu imaginer, m'apporte un peu de douceur.
Le temps passe sans que je m'en rende vraiment compte, et bientôt, je sens le sommeil m'envahir.
Un bruit de pas me fait sursauter. Des pas légers, presque hésitants, qui se rapprochent de moi. Je garde les yeux fermés, espérant que Louis me laisse tranquille, mais je ne peux m'empêcher de sentir sa présence tout près de moi. La chaleur d'une couverture me recouvre soudainement, légère et douce, et je souris sans le vouloir, la sensation de confort me faisant oublier tout le reste.
Puis, un souffle chaud effleure ma peau, me faisant frissonner. Une sensation étrange, à la fois apaisante et perturbante.
Je rouvre lentement les yeux, encore dans un brouillard de sommeil. Je distingue une silhouette penchée sur moi, mais avant même que je n'aie le temps de réagir, elle s'éloigne légèrement. Louis. Il reste là, assis contre l'accoudoir du canapé, un soupir s'échappant de ses lèvres, lourd de tout ce qu'il ne dit pas.
Il est là, tout près de moi, et pourtant si loin. Ses traits sont fatigués, mais il semble en proie à une lutte silencieuse. La lueur de la lune illumine son visage, révélant son expression tendue, son regard fuyant. Il ne cherche même pas à m'observer directement, mais je sais qu'il est là, près de moi, tout comme moi, figée dans cette étrange proximité.
Ses yeux croisent enfin les miens dans un mouvement furtif. Et là, dans ce silence lourd, il n'y a rien à dire, rien à ajouter. Le monde semble se réduire à cet instant suspendu, où l'on se cherche sans oser se toucher.
Et moi, je suis là, captive de ce regard qui me brûle sans parole, sans geste. Pourquoi suis-je encore éveillée ?
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