Chapitre 53
Jour 54 : L’après-midi
Je me sens vivante avec lui. Visible, attrayante, existante. Tout ce que je n’ai jamais cru être. Une vague de chaleur m’envahit, douce et apaisante, comme si son regard seul pouvait réparer des fissures invisibles en moi.
Mais cette sensation, aussi enivrante soit-elle, me terrifie. Comment pourrais-je partager ça avec lui sans risquer d’être rejetée ? Et si tout cela n’était qu’un mirage, une illusion que je me créer afin de supporter mes propres failles ?
– Tu vas encore sécher tes cours à cause de moi, lance-t-il soudainement, cassant le fil de mes pensées.
– Ce n’est pas grave. Je m’en sortirai, répondé-je peu soucieuse avec un petit sourire.
– Tu es sûre que ça va ? Pas de contrecoup après… tout ça ? demande-t-il, le ton sincère, presque inquiet.
– Non, Louis. Je vais bien. Très bien, même.
Un grand sourire s’étire sur mes lèvres. Je ne sais pas ce qui me prend, mes mots, aussi simples soient-ils, résonnent comme une confession. Ils contiennent plus que ce que je ne suis prête à avouer.
Louis me fixe, ses yeux brillants d’une intensité qui me désarçonne. Avant que je puisse réagir, il réduit la distance entre nous et m’enlace, ses bras m’entourant avec une fermeté inattendue, comme s’il craignait que je m’échappe.
Moi, je reste figée, la surprise me paralysant. Sa tête enfouie dans le creux de mon cou, je peux sentir sa respiration régulière, mais tendue. Ce contact, si intime et si soudain, m’emplit d’une chaleur troublante, faisant naître une tension palpable.
Est-ce qu’il ressent la même chose, lui aussi ?
Je voudrais répondre à cette étreinte, mais ma retenue me retient prisonnière. Je suis pétrifiée par l’idée qu’il puisse percevoir à quel point je suis déjà tombée pour lui. Aucun garçon n’aime les filles « compliquées », celles qui doutent et se cachent.
– Heavan ? murmure-t-il, son souffle effleurant mon cou.
– Mmh ?
– Reste avec moi.
– Pardon ?
– Reste, répète-t-il doucement.
Mon cœur s’emballe. Que veut-il dire ? Pourquoi ces mots font écho en moi comme d'une prière ?
– Je me sens bien avec toi, poursuit-il en sussurant, je me sens… moi-même. Libre. Vivant. Il n’y a qu’avec la musique que je ressens ça.
Je suis sidérée. Celui-ci recule légèrement, mais garde ses mains posées sur mes bras, comme pour s’assurer que je ne fuirai pas. Mes yeux s’accrochent aux siens, cherchant une vérité dans ses paroles.
– Tu ne le sens pas, toi, ce petit truc ? demande-t-il, son regard planté dans le mien.
– Quel… truc ? bafouillé-je, incapable de formuler une pensée cohérente.
_ Ce truc étrange. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est, ajoute-t-il, un sourire indéchiffrable effleurant ses lèvres en posant une maison sur son coeur. C'est... Agréable, presque euphorisant.
Mon cœur vacille. Ce qu’il décrit… Je le ressens aussi, mais est-ce bien la même chose ? Est-ce que nous parlons la même langue, ou est-ce mon esprit qui s’égare, emporté par mes propres sentiments ?
– J’aimerais tellement que tu puisses me faire confiance, dit-il soudain, brisant le silence, je sais que j’ai fait des erreurs, mais j’essaie de me rattraper. Sauf que ce n'est visiblement pas assez.
– Ce n’est pas ça, dis-je rapidement, craignant qu’il ne se méprenne, tu n’as rien à rattraper. C’est juste que…
Ma voix s’étrangle. Les mots restent coincés dans ma gorge. Je voudrais lui dire tout ce que je ressens, mais une barrière invisible m’en empêche.
– Alors dis-moi, Heavan, murmure-t-il, d'un ton presque suppliant.
– Je… je n’y arrive pas, avoué-je finalement, je te jure que j’essaie, mais c’est trop dur.
– Pourquoi ? Quémande-t-il doucement, mais avec insistance.
– Je suis bloquée, voilà pourquoi ! m’emporté-je, les larmes me montant aux yeux. C’est difficile pour moi de me dévoiler alors que j'aimerais tant me soulager de ce poids !
Le silence retombe. Je tente de calmer ma respiration, consciente que mes émotions débordent. Louis ne dit rien. Il se contente de me fixer, ses yeux emplis d’une patience que je ne comprends pas.
_ Je ne veux pas te pousser dans tes retranchements, Heavan, finit-il par dire, sa voix basse et apaisante, je ne te forcerai jamais à rien.
Je hoche la tête, soulagée. Cependant, sa prochaine phrase me coupe le souffle :
– Pour être franc, moi non plus je ne suis pas sûr de tout. Il n'y a qu'une chose qui est claire : je ne veux pas seulement être ton ami, Heavan.
Mon cœur rate un battement. Avant que je ne puisse répondre, il dépose un baiser doux, presque imperceptible, sur mon front, puis m’attire à nouveau contre lui.
Cette fois, je ne résiste pas. Lentement, mes bras remontent le long de son torse pour venir entourer son cou. Je m’accroche à lui, comme si ses bras étaient le seul endroit où je pouvais vraiment respirer.
Et pour la première fois depuis longtemps, je me sens légère et en sécurité.
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