Chapitre 43
Jour 40 : le soir
La journée touche enfin à sa fin, et une vague de soulagement m'envahit alors que je quitte l'établissement. Fuir cette foule et ces regards pesants, c'est comme reprendre mon souffle après avoir été submergée. Je me sens pourtant toujours oppressée, comme si le poids des événements de cette semaine refusait de me lâcher.
Ce monde est un vrai chaos. Parfois, je me demande ce qui pousse les gens à nourrir autant de haine envers quelqu'un qu'ils connaissent à peine. Ce que j’ai subi cette semaine dépasse l’entendement, et je ne parviens pas à comprendre pourquoi Bill s’acharne à me traiter comme une menace.
S’il s’inquiète pour Louis, c’est absurde. Je ne suis pas un danger pour leur amitié. Mais lui, en revanche, il représente un danger pour moi. Comment peut-on justifier de lever la main sur quelqu’un sans raison ? Les coups qu’il m’a portés me hantent encore, pas seulement à cause de la douleur physique, mais surtout à cause de la violence injustifiée.
Aujourd’hui, Louis a insisté encore et encore pour que je lui parle, et à plusieurs reprises, j’ai été tentée de tout lui révéler. Mais les mots se coinçaient dans ma gorge, bloqués par une peur viscérale. Peur qu’il soit déçu. Peur qu’il prenne le parti de son meilleur ami. Peur qu’il se détourne de moi.
– Heavan ?
La voix de Louis me tire de mes pensées. Je me retourne et le vois arriver, légèrement essoufflé. Même si je ne suis pas surprise, je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils. Son bus n’est pas du tout dans cette direction.
– Je peux te raccompagner chez toi ?
Il ne me lâche décidément pas. Toute la journée, il m’a suivie comme une ombre. Je soupire, partagée entre agacement et une étrange gratitude.
– C’est à l’opposé de chez toi, tu sais.
– Pas grave, je prendrai un autre bus.
Je finis par hocher la tête, incapable de lui refuser ça. Nous montons dans le tramway, et un silence pesant s’installe. Il est nerveux, je le sens. Ses doigts tapotent sur son genou, et son regard glisse sans cesse dans ma direction.
– Tu vas bien ? demande-t-il enfin.
Je hoche la tête sans vraiment y réfléchir. Alors celui-ci continue, maladroitement :
– C’est déjà le week-end… C’est bien, non ?
Je reste silencieuse, et son malaise devient palpable.
– Tu ne veux toujours pas me parler ?
Sa question me fait l’effet d’un coup de poing. Ce n’est pas que je ne veux pas, mais le sujet qu’il tente de forcer sur la table, je ne peux pas l’affronter. Pas maintenant.
– Je suis désolé, Heavan. Vraiment.
Sa voix tremble légèrement, et je relève les yeux, intriguée. Il semble dévasté, son regard fuyant le mien.
– Pour quoi ?
– Pour ce qu’il t’est arrivé.
– Ce n’est pas à toi de t’excuser, Louis.
– Je sais… Ça ne change pas le fait que je me sens coupable malgré tout.
– Pourquoi ?
Louis soupire profondément, comme s’il se préparait à lâcher un poids énorme.
– Parce que je sais tout.
Ses mots résonnent comme une cloche dans ma tête. Mon cœur rate un battement.
– Tout ? Eh bien bravo, Sherlock ! Visiblement, tu as de superbes sources, lâché-je avec un sarcasme acide, cherchant à masquer ma panique.
Le tram s’arrête alors sans attendre une seconde, je descends, espérant mettre fin à cette conversation. Sauf que Louis me suit, persistant dans son besoin de réponses.
– Heavan, attends !
– Quoi encore ?
Il se poste devant moi, son regard sombre mais déterminé.
– Je sais que Bill t’a fait du mal, mais je ne comprends pas pourquoi.
– Tu veux savoir pourquoi ? Demande-lui directement, pas à moi ! Peut-être que je l’ai provoqué, qui sait ?
Malgré moi, ma voix s’élève, remplie de colère et de frustration.
– Tu sais que ce n’est pas vrai. Tu ne mérites pas ça.
– Oh vraiment ? Tu ne t’es jamais demandé pourquoi ton pote avait ce genre de comportement étrange ? Ou bien, tu préfères ignorer ce que tu vois ?
Louis semble hésiter, comme si mes paroles brisaient une illusion qu’il ne voulait pas abandonner.
– Je pensais le connaître… Mais peut-être que tu as raison. Peut-être que j’ai fermé les yeux sur des choses évidentes.
Sa voix se brise, et pour la première fois, je le vois vulnérable. Il détourne les yeux, luttant contre une vérité qu’il n’est pas prêt à affronter.
– Je suis désolé, Heavan, murmure-t-il.
Quant à moi, je détourne le regard, incapable de supporter l’intensité de ses excuses. Je ne veux pas de sa culpabilité. Je veux juste qu’il me laisse tranquille.
– Alors fais quelque chose, Louis. Parce que moi, je n’ai plus la force de gérer tout ça.
Sans attendre sa réponse, je reprends mon chemin, laissant derrière moi un Louis désemparé et silencieux.
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