Chapitre 39
Jour 37 : mardi matin
Il est neuf heures, mais je suis encore chez moi. Depuis ce qui s’est passé hier midi, je n’ai plus le courage de retourner au lycée. Ce n’est pas parce que je me sens faible, c’est juste que je ne veux pas croiser Bill. Je ne me sens pas prête à affronter ce type, ni l’angoisse qu’il provoque en moi.
C’est ce genre de personne qui me donne envie de fuir, malheureusement ce monde est rempli de gens comme lui. Comment ne pas être réfractaire à la vie quand on a connu les humiliations, les harcèlements et les dénigrements ? J’ai déjà vécu ça, et aujourd’hui, je me bats pour repartir de zéro, depuis que je vis chez mon père. Mais tout me semble fragile, tout peut basculer à nouveau.
Est-ce que j’ai une tête à me faire malmener ? Parfois, c’est comme si ce monde me forçait à porter cette étiquette, comme si mon corps était une cible. Mes pensées sombres resurgissent alors qu’elles semblaient s’être dissipées quelques jours avant le week-end. Louis, malgré lui, a occupé mon esprit, et aujourd’hui, c’est de sa faute si mes vieux démons reviennent. C’est sa présence qui me trouble, qui me pousse à remettre en question mes progrès.
Je lui en veux. Je sais que ce n’est pas lui, mais son ami qui m’a frappée. Mais comment ne pas lui en vouloir, à lui aussi ?
Depuis hier, je n’ai pas osé me confier à mon père. Il aurait réagi, c’est certain. Je n’ai pas besoin qu’il débarque au lycée et fasse un esclandre, je n’ai pas besoin de ça. Alors j’ai gardé le silence et je lui ai menti.
J’ai dit à tout le monde que, fidèle à mon habitude, j’avais préféré étudier plutôt que de déjeuner, et que c’est en raison de mon malaise que j’avais perdu connaissance. Un mensonge grotesque, mais ça a marché. Même si mon père s’est d'autant plus inquiété de ma santé.
L’après-midi, je me suis retrouvée à l’infirmerie, seule, après m’être réveillée en plein milieu d’une horde d’élèves curieux. L’infirmière m’a interrogée sur ma blessure à l’arcade, et j’ai répété la même histoire. C’était un mensonge, mais quand j’ai vu qu’elle y croyait, j’ai pensé que c’était la meilleure chose à faire, même si mon père ne se laissera pas aussi facilement duper.
Là, avec mon arcade suturée, il me faudra aller au CHU pour faire retirer les fils et peut-être passer une radio pour vérifier les conséquences du choc. Quelle plaie !
À présent, il est neuf heures et quart, et je suis toujours là, assise sur le rebord de mon lit. Mon père est parti au bureau depuis huit heures, me conseillant de rester à la maison afin de me reposer. Il a raison après tout. Depuis hier, j’ai des vertiges et des douleurs à la tête, ce qui est insupportables. La nuit dernière, je n’ai pas pu dormir, ma tête me faisait atrocement mal.
Je me rallonge dans mon lit, m’enroulant dans ma couette. Je pourrais profiter de ce moment, mais mon téléphone vibre.
Je soupire en pensant à mon père.
Il va encore me dire de mettre des glaçons sur ma tête ? murmuré-je en soufflant
Cela dit, je me trompe de cible, car ce n’est pas lui, mais Louis.
« Où est-ce que tu es ? Le cours a commencé. »
C’est une blague ?
Je n’ai aucune envie de lui répondre, alors je repose mon téléphone sur ma table de chevet. Mais à peine ai-je le temps de me rallonger qu’un deuxième message arrive, puis un troisième quelques secondes plus tard :
« Pourquoi tu n’es pas venu hier après-midi ? »
« Pourquoi tu ne me réponds pas ? »
Ça me fait mal de l’ignorer, mais je me refuse à me remettre dans cette spirale. Je n’ai pas besoin de lui, ni de ses amis. Il peut rester avec eux, je vivais très bien sans lui avant qu’il ne débarque dans ma vie, alors je compte bien l’oublier, même si c'est compliqué.
Pour se faire, je dois couper tout lien, effacer ces moments passés avec lui, même si c’est terriblement difficile pour moi, même si mes sentiments pour lui s’intensifient de jour en jour même en étant loin de lui.
« Qu’est-ce que tu as ? Tu m’évites ? Réponds-moi, bon sang ! »
« Il t’est arrivé quelque chose ? Tu es malade ? »
Ignorer tout ces messages devient insupportable, mais je me retiens, coupant le son, tandis qu’un autre message illumine mon écran :
« Je peux passer chez toi ? »
« Tu n’es pas du genre à louper les cours… »
Je ne vais pas y arriver ! Chaque message me déchire un peu plus, mais je dois lui faire comprendre qu’il faut me laisser tranquille. J’en ai gros sur le cœur, mais je refuse de tout gâcher à cause d’un garçon et de son entourage. J’ai déjà souffert une fois, je ne permettrai pas qu’il me fasse revivre ça.
Je n’ai pas le choix. Je ne subirai pas davantage...
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