Chapitre 25
Jour 22 : Le matin
Nous nous arrêtons enfin dans un endroit que je ne reconnais pas. À en juger par les immenses immeubles qui nous entourent, nous sommes dans un quartier calme, presque désert, où seuls les échos de nos pas résonnent.
– Où est-ce qu’on se trouve ? Questionné-je, la voix légèrement tremblante.
Louis, fidèle à son mystère, ignore ma question.
– Viens par là, dit-il simplement en attrapant ma main avec une fermeté douce.
Il m’entraîne dans une petite rue adjacente. Au bout de celle-ci, un portail vert se dresse, imposant et usé par le temps.
– Attends, je ne comprends pas… dis-je, hésitante, mes pieds refusant d’aller plus loin.
Il s’arrête brusquement puis se retourne vers moi. Son sourire semble forcé, mais son regard, lui, est une promesse silencieuse.
– Ne t’inquiète pas, Heavan, murmure-t-il, je sais ce que je fais. Tu as juste à me suivre.
Je vacille entre la méfiance et une curiosité insatiable. Mon esprit crie de reculer, mais quelque chose dans ses yeux m’envoûte, m’empêchant de me détacher de lui.
– Tu me fais confiance ? demande-t-il doucement, son regard cherchant une réponse dans le mien.
Ses mots résonnent en moi. Le silence s’épaissit tandis que mon cœur bat à un rythme effréné. Finalement, dans un murmure à peine audible, je réponds :
– Oui.
Un éclat illumine aussitôt son visage. Ses yeux brillent d’une intensité qui fait écho à ce qui naît en moi : une chaleur douce, mais enivrante, qui s’étend dans tout mon corps.
– Allons-y, dit-il avec un sourire enfantin, reprenant ma main, cette fois avec une infinie délicatesse.
Nous avançons à travers la ruelle, et au bout de quelques mètres, il s’arrête pour désigner quelque chose devant nous. Mes yeux se posent sur le portail. De l’autre côté, je distingue une partie de la cour du lycée.
– Franchement, je ne comprends rien, Louis. Pourquoi m’avoir fait louper les cours pour me ramener… ici ?
Il se frotte la nuque, visiblement embarrassé.
– Je sais, ça n’a aucun sens, dit-il en baissant les yeux. Mais… je n’avais pas envie de me mêler à la foule. Je voulais éviter…
Il s’interrompt, laissant sa phrase en suspens.
– Éviter quoi ? insisté-je, perplexe.
Il relève lentement la tête, un mélange d’hésitation et de sincérité dans ses traits.
– Je ne voulais pas que tout le monde te regarde avec des yeux ébahis parce que tu étais avec moi.
Sa confession me déroute. Je fronce les sourcils.
– Tu veux dire que tu as honte d’être vu avec moi ?
À ces mots, il écarquille les yeux, visiblement choqué.
– Non ! s’exclame-t-il, son ton trahissant une sincérité désarmante. Ce n’est pas ça, pas du tout. Je… je ne sais pas comment te l’expliquer. Tout ça, c’est encore tellement nouveau pour moi.
– Comment ça, tout ça ? soufflé-je, mon cœur battant à tout rompre.
Il reste silencieux un instant, puis un sourire malicieux étire ses lèvres.
– Je vais te montrer.
Avant que je puisse répondre, il déverrouille le portail d’un geste habile, comme s’il en avait l’habitude.
– Tu vois, derrière la cafétéria, il n’y a jamais personne le matin. On peut être tranquilles, dit-il en tenant le portail entrouvert pour que je passe.
– Et on va être tranquilles pour quoi faire ? demandé-je, un sourire naissant malgré moi.
Il me fixe intensément, son regard aussi profond qu’un abîme, et je sens mes joues s’embraser.
– Je veux te montrer quelque chose. Un endroit que peu de personne connaît. Un endroit qui est… mon monde, murmure-t-il, sa voix presque inaudible.
Avant que je puisse réagir, ses doigts effleurent doucement ma joue, descendant jusqu’à ma clavicule, laissant une traînée de frissons dans leur sillage.
– Toi seule peux le voir, ajoute-t-il à mon oreille, sa voix grave résonnant comme une promesse.
Un instant suspendu. Son souffle chaud, son regard ancré dans le mien, et l’écho de ses mots résonnent encore en moi. Alors, sans un mot, je le suis, mon cœur battant à un rythme effréné, prête à découvrir ce qu’il veut tant me montrer.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro