Chapitre 17
Jour 15 : l'après-midi
Je m'égare encore, prisonnière de mes propres pensées. Qu'essaie-t-il donc de m'avouer ? Cette question tambourine dans mon esprit, à mesure que Louis s'approche, réduisant la distance déjà infime entre nous.
- C'est toi qui m'as attiré dans cet endroit, déclare-t-il, sa voix grave et posée, comme un aveu trop longtemps retenu.
Ses mots me déstabilisent tel une énigme que je ne parviens pas à déchiffrer. Mon regard se plisse instinctivement, cherchant dans ses yeux une explication qui ne vient pas. Pourquoi tout est-il toujours si déroutant avec lui ?
- Je... je n'ai pas compris, je balbutie, décontenancée, mon esprit vacillant, incapable de trouver une logique à ses paroles.
Louis s'éloigne légèrement, juste assez pour capter mon regard. Ses yeux brillent d'un éclat énigmatique, et un sourire espiègle fend son visage. Ce sourire, je ne l'avais jamais vu ainsi, chargé de malice et d'une chaleur troublante.
- Je pense que si, au contraire, tu as très bien compris, rétorque-t-il, d'un ton moqueur, un éclat de malice dans les yeux.
Je fronce les sourcils, déroutée.
- Mais... je n'ai jamais obligé qui que ce soit à me suivre, protesté-je, ma voix vacillante sous la pression de son regard insistant.
- Tu ne l'as pas fait, en effet. Pas volontairement.
Sa réponse me désarme. Une vague de frustration me traverse. Pourquoi les garçons doivent-ils toujours parler en énigmes ? Et pourquoi son regard sur moi me perturbe-t-il autant ?
- Tu fais exprès de me déstabiliser, pas vrai ? demandé-je, presque accusatrice.
Celui-ci rit doucement, un rire bas et franc qui résonne dans cet espace silencieux.
- Je vois bien que tu cogites, dit-il en croisant les bras, le ton plus léger. Mais franchement, ça ne sert à rien. Chaque fois que je suis venu ici, c'était de mon plein gré. Tu n'as rien fait de mal, alors arrête de te torturer avec ça.
Je le fixe, perdue dans mes souvenirs, cherchant un moment où j'aurais pu, même involontairement, l'attirer ici. Mais tien. Absolument rien ne me revient.
- Alors pourquoi me dire ça ? demandé-je enfin, ma voix vacillant sous le poids de l'incompréhension.
- Tu n'as pas compris le sens de ma phrase, c'est tout, répond-il. Que faisons-nous en cours de français en ce moment ?
Je me redresse légèrement, mes pensées s'éclaircissant un peu.
- Lire entre les lignes, murmuré-je instinctivement.
Il hoche la tête, satisfait.
- Exactement. Ma phrase est à double sens.
– À double sens ? Je répété-je à voix haute, mes joues s'empourprant de plus belle.
– Tu es tellement occupée à lutter contre ce que tu ressens que tu oublies de réfléchir, continue-t-il doucement, son ton presque taquin, mais oui, ma phrase signifie autre chose.
– Ne t’en veux pas, murmure-t-il, sa voix plus adoucie, les sentiments… ne se contrôlent pas. Moi non plus, ils ne m’obéissent pas toujours.
Ses mots s’infiltrent dans mon esprit comme une révélation. Une chaleur étrange monte en moi, mêlée à une confusion tenace.
– Tu… tu veux dire que… balbutié-je, incapable de terminer ma phrase, ma voix vacillant sous le poids de ce que je.pense imaginer.
Cependant, son expression change en un battement de cil. Ses traits se figent, comme sculptés dans un masque impénétrable. Ses yeux lumineux, se voilent. Il est là, devant moi, mais une partie de lui semble s’être envolée, comme s’il se réfugiait dans un lieu où je ne pouvais pas le suivre.
– Enfin bref, reprend-il, sa voix brusquement distante, quasi glaciale, tu as compris, maintenant ?
Je prends une inspiration tremblante, tentant de remettre de l’ordre dans mes pensées.
– Il me semble, mais… commencé-je, ma voix se brisant, acculée par l'incertitude.
Mon camarade arque un sourcil, attendant patiemment la suite :
– Dis-le-moi. Quelle est ta théorie ?
Je déglutis, cherchant à rassembler le peu de courage que j'ai en moi.
– Eh bien… débuté-je avec fébrilité, en m’éclaircissant la gorge et en tâchant de cacher le tremblement dans ma maudite voix. Je crois que tu viens ici uniquement quand je m’y trouve.
Un sourire se dessine avec lenteur sur ses lèvres, il est doux et empreint d’une satisfaction qu’il ne cherche même pas à dissimuler. C’est un sourire à la fois fier et vulnérable, qui est tout aussi désarmant.
– C’est ça, admet-il enfin, presque dans un murmure, tu as résolu la première énigme me concernant.
Ces mots résonnent en moi, laissant une empreinte indélébile. Malheureusement, il brise notre intime échange aussi rapidement qu’il l’a instaurée. Sans un mot de plus, il se détourne de moi, remet sa chaise à sa place et sort son téléphone, comme si de rien n’était.
De mon côté, je reste immobile, comme ébahi. Une partie de moi jubile à cette confession implicite, un frisson de victoire éclairant brièvement mes pensées. Toutefois, une autre partie s’interroge, tourmentée.
Quel est son véritable but ? Et surtout… qu’est-ce que je ressens, au fond, pour Louis ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro