Chapitre 15
Jour 15 : L’après-midi
Il est treize heures trente lorsque nous sortons du self, la chaleur suffocante de la grande salle enfin derrière nous. Dès que je franchis les portes, une bouffée d’air frais me surprend agréablement. L’air extérieur est vivifiant, presque électrique, comme s’il portait en lui une promesse de renouveau.
Marie marche à mes côtés, et nous discutons de tout et de rien, des sujets légers qui font passer le temps. Tandis que nous traversons la cour, mon regard se pose sur une structure ronde que je n’avais jamais vraiment remarquée auparavant. Elle semble presque incongrue au milieu des bâtiments austères du lycée, comme un îlot de mystère. De l’intérieur s’échappe une mélodie étrange mais captivante, mêlant les sons d’une guitare électrique et d’un synthétiseur.
Intriguée, je m’arrête.
– Qu’est-ce qui se trouve là-dedans ? je demande, la curiosité aiguisée.
Marie suit mon regard et sourit légèrement, comme si ma question l’amusait.
– C’est la salle où les groupes du lycée s’entraînent pour la fête de fin d’année, répond-elle.
– Comment ça, « ils s’entraînent » ?
– Eh bien, certains élèves ici font partie de groupes de musique. Le directeur a mis cette salle à leur disposition pour qu’ils puissent répéter. C’est aussi une manière de les encourager à se produire lors de la fête du lycée, au mois de mai.
Je hoche la tête, impressionnée.
– C’est génial, dis-je en souriant. Je n’aurais jamais cru qu’un lycée puisse proposer ce genre d’initiative.
– Oui, c’est une super opportunité pour ceux qui aiment la musique, ajoute Marie.
– Tu y es déjà allée ?
Elle rit doucement et secoue la tête.
– Moi ? Non, jamais ! Je ne joue d’aucun instrument, et je chante encore moins. Et toi ?
Je marque une pause, réfléchissant à ses mots. Puis, presque sans m’en rendre compte, je commence à parler.
– Mes parents faisaient partie d’un groupe de rock quand ils étaient jeunes. C’est principalement autour de ça que j’ai grandi, au milieu des guitares, des amplis et des salles de concert bondées. Mon enfance était tout sauf normale, mais elle était magique. Chaque concert était une aventure.
Marie me regarde avec intérêt.
– Et maintenant ?
Un voile de tristesse assombrit mon visage.
– Ils se sont séparés, murmuré-je. Et tout s’est écroulé.
Un silence lourd s’installe entre nous, chargé de non-dits. Je ressens une vague de nostalgie douloureuse, un tiraillement entre le bonheur des souvenirs et l’amertume de leur perte.
– Je suis désolée, dit Marie doucement, ça doit être difficile.
Je hausse les épaules, feignant l’indifférence.
– Parfois, oui.
Nous reprenons notre marche, ses mots restant en suspens dans l’air. Le reste du groupe est déjà loin devant, et le bruit de leurs rires nous parvient à peine. Marie me propose alors de l’accompagner au parc voisin, mais je décline poliment, prétextant un devoir à terminer.
– Bon courage, lance-t-elle avec un sourire. À plus tard, alors !
– À plus !
Je la regarde s’éloigner, son pas léger, sa silhouette disparaissant peu à peu. Un soupir m’échappe. Je m’efforce de me reprendre, de ne pas me laisser happer par mes pensées. Je redresse la tête et me dirige vers les escaliers menant au CDI.
Dans le sas menant aux couloirs, je croise un garçon que je reconnais immédiatement : le grand ami blond de Louis. Il passe près de moi, presque trop près, et nos regards se croisent brièvement. Son expression est indéchiffrable, oscillant entre mépris et quelque chose de plus indéfinissable. Une vague d’inconfort me parcourt, et je détourne les yeux, accélérant le pas.
Enfin, je me réfugie dans les escaliers, prête à attendre le cours de français de quatorze heures quarante. Mais alors que je monte les dernières marches, une voix familière m’interpelle.
– Tiens ! Je t’attendais justement.
Je me fige instantanément. Cette voix... Elle a ce pouvoir étrange de me paralyser, comme un choc électrique. Lentement, je lève les yeux. Il est là, quelques marches au-dessus de moi.
Son visage est un mélange fascinant de douceur et de malice, et son sourire... Ce sourire. Je ne sais jamais comment l’interpréter. Bienveillant ? Moqueur ? Peut-être un peu des deux.
– Est-ce que je peux me joindre à toi ? demande-t-il, ses yeux pétillants d’une lueur qui me trouble.
Mon cœur s’accélère, ma gorge se serre. Et, comme toujours avec lui, je ne sais pas quoi répondre.
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