Chapitre 5
* GOLDHOUSE & Mokita • I don't wanna know *
Assise sur un banc et les oreilles munies d'écouteurs, je regarde l'horizon qui disparaît à la fin de la mer. Je respire et expire un bon coup pour évacuer toutes les émotions qui me démangent et me détruisent à l'intérieur de moi. Je devais faire disparaitre tout cela. Mes sentiments. Ma haine. Mon amour. Ma colère. Ainsi que ma tristesse. Je vérifie ma montre si je n'étais pas arrivée plus tôt que prévu. Non. Il est déjà seize heures et cinquante-et-une. Pourtant, le rendez-vous était à quinze heures. Je restais, néanmoins, au cas où il arriverait.
Une heure.
Deux heures.
Trois heures. Toujours aucun signe de lui. Il est vingt heures trente. C'était impossible. Je n'ai plus d'espoir qu'il arrivera. Soupir. C'était un mensonge. Encore... Et toujours. J'essaie de retenir ces stupides larmes. Je m'étais jurée de ne plus verser une seule petite goutte à cause de lui. Mon cœur est à cet instant même vide. Je regarde sans apercevoir. Je marche sans savoir où j'allais. La musique résonne comme un murmure dans mes oreilles. Pourtant, je ne l'entends guère.
*
Tic. Tic. Tic. Tic...
‒Hey putain, mais réveille-toi ! entends-je.
Je secoue la tête en signe de désapprobation.
‒Nan... C'est encore trop tôt...
‒Mais merde ! Je vais être en retard, Purpie !
À l'entente de mon prénom, j'ouvre doucement les yeux un par un mais je les referme aussitôt avec la lumière qui m'aveugle.
‒Ah bah tu vois ! me crie Cullen comme si j'étais dans une autre pièce que lui.
Je le fusille du regard. Quel monstre. Il n'a pas trouvé un autre moyen plus civilisé de me tirer de mon sommeil.
‒Debout ! Je n'ai pas que ça à faire moi.
‒Et il dit qu'il est le gars le plus galant du monde, soufflé-je irritée.
‒Parce que je le suis, ma belle !
‒Haha...très drôle. Tu vas où toi avec ce costume ?
‒À une œuvre de charité, dit-il tout fier. J'y suis invité par un de mes amis de la fac, ajoute-t-il.
‒Ah je vois...
‒Cool, n'est-ce pas ?
‒Mouais, c'est génial. Mais dis-moi, tu vas tenter ta chance ?
‒Et comment ! Il y aura des tonnes de jolies femmes, il paraît. Je ne vais pas laisser ça s'en aller ! Je suis tout de même le seul et l'unique Cullen Richards.
Je le fixe d'une mine blasée. Il est irrécupérable.
‒Heu... Non. Je ne parle pas de tes petites conquêtes... loin de là. C'est de ton avenir après la fac dont je te parle, bêta.
Il arrête de cogiter telle une puce. De ce fait, je continue dans ma lancée.
‒Tu sais que dans ce genre de... cérémonie ou je ne sais quoi... Certaines personnes importantes y sont généralement présentes. Donc, tu dois te servir de ta galanterie pour les conquérir... Tu vois ?
‒Ah... Ouais, c'est pas bête. Je vois parfaitement où tu veux en venir. Et tu sais quoi ? Je vais suivre ton conseil ! Merci pipette.
‒Heu... De rien, souris-je même si je déteste ce surnom.
‒Je te revaudrai ça ! hurle-t-il en se jetant vers la porte de la maison. Mais bon, ça ne veut pas dire que je ne vais pas draguer !
Cullen et le flirt : c'est toute une histoire d'amour... Je roule inconsciemment les yeux. Il faudrait vraiment que j'aie une conversation sérieuse avec lui. Il enchaine les filles comme si c'étaient des paires de chaussettes. C'en est devenu vraiment écœurant à force. Les fois où il trompait sa copine avec d'autres filles devant moi ; je plaignais la fille. Et il essayait de me faire comprendre que sa petite amie en faisait autant. À une certaine époque, il insultait une de ces conquêtes après avoir obtenu ce qu'il cherchait. Il change de partenaires chaque fois qu'il en a envie. Cullen n'a jamais été un garçon fait pour les relations stables. Ma mère et mon beau père se sont même interrogés sur son orientation sexuelle ; dû au fait qu'il n'ait jamais ramené une fille chez nous... Je leur ai simplement répondu de ne pas s'inquiéter là-dessus. "La gente féminine est ce qu'il préfère le plus" ai-je répété. Nos parents ne sont pas au courant pour ses conquêtes. Et on préfère qu'il en soit ainsi. Nolan a des sauts d'humeur lorsqu'il est en colère. Il devient dur au point de prendre des décisions exigeantes. Il est très sévère quand il s'agit de respecter l'humanité ou les sentiments des autres. S'il s'avère qu'un jour, il apprend que son fils joue avec les filles, Dieu seul saura le sort de Cullen.
Je file dans la salle de bain afin de prendre une douche bien chaude. Je réajuste mon pantalon, et rallonge les manches de mon haut. On peut presque apercevoir mon nombril. Mes habits font ressortir les courbes de mon corps. Je n'aime pas cela ; cependant, je n'ai plus le temps pour changer. Avant de fermer la porte de la maison, je vérifie si je n'ai rien oublié. Ma veste noire sur le dos, je trace la route vers mon université. J'ai toujours cette habitude d'écouter des chansons lorsque je marche seule. Avec Mandy, nous avons décidé de retourner à la salle d'affichages au cas où il y aura un autre cours surprise. À mon grand bonheur, il n'y en a aucun aujourd'hui ; on commence la semaine prochaine. Mandy devrait être là depuis une heure environ. C'était notre rendez-vous ; elle qui arrive la première attend. Sur le chemin qui mène à notre bâtiment, un garçon m'interpelle.
‒Tu pourrais me montrer où est le bureau directionnel de la mention psychologie, s'il te plaît ?
‒Ouais, je réponds. C'est par ici, suis-moi.
Je le conduis à leur porte. Néanmoins, un écriteau y est collé afin de prévenir leur fermeture.
‒Oh je reviendrai plus tard... il affiche une mine déçue. Dis-moi, t'es en première année toi aussi ?
‒Oui.
Il m'offre un grand sourire en hochant la tête.
‒Heu... Tu as quelque chose de prévu ?
‒Non, pourquoi ?
‒Ça te dit d'aller manger quelque part ?
En général, je n'accepte pas cette proposition ; d'autant plus venant d'un inconnu. Par contre, j'ai mon ventre qui crie famine et avoir sa compagnie me ferait plaisir.
‒Ouais, tu veux qu'on aille dans le fastfood d'à côté ?
Il acquiesce avant de me tendre la main. Je le regarde bizarrement.
‒Harly, se nomme-t-il avec un sourire.
‒Purpie.
J'émets un petit rire pour dissimuler ma gêne. On discute tout le long du chemin. J'ai pris un repas léger au casse-croûte. À quatorze heures, je prends congé de mon nouvel ami. Je constate que personne n'est encore arrivé à la maison. Je pense que Hosea est de garde aujourd'hui et elle ne rentrera que le lendemain. Et pour Cullen, je ne suis pas sûre s'il va rentrer. J'ai mis mon pull blanc et mon jogging noir. Il n'est plus nécessaire de préciser que ces deux couleurs sont devenues mes favorites. La plupart de mes vêtements sont soit noirs, soit blancs ; d'autres un mélange des deux. Ma mère se plaint à longueur des journées, de mon style vestimentaire. Je zappe les chaînes et tombe sur une série animée : Kaeloo. Quelques minutes passent, puis je finis par tomber aux bras de Morphée.
*
‒Wow mais t'endors pas poupée ! me hurle l'homme.
‒Phil. Elle est crevée, répond l'autre. Regarde ses mains, elles saignent.
‒Mais arrête de m'appeler par mon nom, ducon ! Elle va s'en souvenir.
‒Après ce qu'on va lui faire... je ne crois pas, non.
L'homme en face de moi me regarde avec dégout. Je n'arrive pas à voir leurs visages parce que mes larmes couvrent énormément ma vision. Je les insulte dans ma tête ; j'ai une bonne mémoire et de ce fait, je vais me rappeler de ce prénom. Que comptent-ils me faire ? Le dénommé "Phil" s'approchent de moi. De trop près. Sans réfléchir aux conséquences, je lui crache littéralement sur la figure. J'en avais tellement envie. Sa première réaction est de reculer d'un grand pas. Il frotte son visage. Lorsque son regard croise le mien, il devient automatiquement noir.
‒SALOPE ! jure-t-il. Tu vas me le payer très cher !
Son poignet heurte ma joue violemment. Je n'ai pas trouvé le temps d'esquiver son coup alors, me voilà à bout de souffle. Ma respiration est instable. Je sens mon nez saigner d'autant plus que tout à l'heure. Les coups de marteaux que je ressentais dans mon crâne refont surface. L'homme continue de ruer des coups sur moi.
‒Phil ! Arrête, ce n'est pas un punching ball ! PHIL, PUTAIN ARRÊTE MAINTENANT ! TU VAS LA TUER BORDEL !
Je faiblis de plus en plus. Je ne sens plus mon corps. Mes yeux sont clos. Je n'entends que quelques coups. Puis, plus rien. Une main me secoue délicatement la tête. J'essaie de rouvrir les paupières mais c'est impossible. Chaque mouvement de mon corps me fait souffrir.
‒S'il te plait. Réveille-toi. Je suis vraiment désolé pour tout. S'il te plait, pardonne-moi.
Ses mots planent dans ma tête. Pourquoi s'est-il excusé ? Qu'est-ce que cet inconnu à avoir avec tout ce qui m'est arrivé ? Qui était-il ? Sa voix... J'ai l'impression de l'avoir déjà entendue quelque part.
Un garçon.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro