Chapitre 32
* Cheat Codes • Feels Great ft Fetty Wap & CVBZ *
Cela fait deux jours que Harry est revenu de L.A. et qu'il a demandé à me voir. Harry était un de mes camarades de classe. Il était en série scientifique mais nous trainions souvent ensemble au lycée lors de nos heures de pause. C'était un des amis de Sany, le grand frère de Dana. C'était de cette façon que l’on s’est connu. Il venait parfois rendre visite aux Summers. Mais il a redoublé une année et s'est retrouvé avec ma promotion. Après le lycée, il continue ses études à Boston. Malgré la distance qui nous sépare depuis le commencement de l'université, nous n’avons pas coupé le contact. Aujourd'hui, on a rendez-vous dans notre ancien bahut. Pourquoi ce lieu ? Et bien, tout simplement parce que notre ancien directeur vient de décéder hier avec sa femme. Et le proviseur général qui était à Portland a tenu qu'on leur doit un dernier hommage avant leur enterrement.
C'est assez triste. J'ai même pleuré. Malgré son caractère strict, j'ai bien apprécié notre défunt directeur. Derrière son ton lourd et ses punitions, il a souvent été sympathique avec nous. Il ne l'était pas assez avec les professeurs mais je ne vais pas entrer en détails. J'ai entendu plusieurs rumeurs à propos de sa gestion de personnel. J’étais proche de lui et sa famille. Mes parents étaient bons amis avec eux que lors des visites, je joue avec leurs enfants. Même s'ils sont plus âgés que moi, nous nous entendions plutôt bien. Ils sont trois : Malory a un an de plus que Hosea, Aron a 24 ans et leur petit frère, Finneas a 21 ans. Ce dernier est bien proche de moi que les autres. Quand nous étions enfants, je jouais aux poupées de Malory ou aux camionnettes de Finneas avec d'autres gosses. Nous étions plusieurs à souvent à leur rendre visite pour s'amuser. D’autant plus qu’ils nous invitaient lors de l’absence de leurs parents. Il y avait Milli, une cadette d'une professeure avec son grand frère Rico ; Sam, Danny et Ursula, les enfants d'une maîtresse du collège ; Marcia, la fille d'une maîtresse également ; Rinah, la fille d'une enseignante ; et Landry, le fils cadet de la surveillante. Ils ont bien évidemment un lien avec l'école. Je ne suis pas une exception, ma mère était à l'époque la bibliothécaire. Cependant, après la mort de mon père, elle a arrêté. Elle a démissionné et j'ai dû me changer d’école. Je ne suis revenue dans celle-ci qu’en troisième. Nous avons presque le même âge, je fais partie des ainés après Sam, Rico et Rinah. Viennent ensuite, Milli et Marcia (les deux inséparables ayant un an de moins que moi), Landry, Ursula et son frère Danny, le petit dernier.
À nous neuf, nous envahissions la demeure des Wilson (le nom de famille de notre directeur). On jouait à pas d'heures dans leur chambre avec eux trois. Ils nous laissaient vagabonder sur le jardin. Je me rappelle les fois où on jouait à cache-cache, aux cordes à sauter, à la majorette ou encore au voleur et la police. Je les ai connus depuis la maternelle ; dès qu'il y avait une réunion d’enseignants, nous trouvions constamment un moyen de faire passer le temps. J'ai déjà joué le rôle d'une maman pendant un jeu de dînette ! Un souvenir inoubliable… C'était le bon vieux temps, je dois l’avouer. J’aimerai pouvoir revenir à cette époque où je n’avais aucun souci. Désormais, je ne vois plus ces personnes. Il y a seulement Milli avec qui je parle dans les réseaux sociaux. Le reste, je n'ai plus de nouvelles leur concernant. Je suis arrivée au lycée Kingsley depuis quelques minutes qu'une personne m'agrippe le bras. Je me retourne et mes yeux s'illuminent en le voyant.
–Purpie ! ENFIN ! s'écrie Harry.
Je le prends dans mes bras tout en rigolant.
–Mes tympans, Harry ! lui dis-je.
–Depuis le temps que j'attendais ce jour !
–Ouais, enfin... Ce n'était pas certes, la meilleure façon de se retrouver mais on peut s'y faire.
–Oui, un hommage, ce n'est pas vraiment le rendez-vous que j'attendais...
Il se gratte les cheveux et met son bras sur mes épaules.
–Tu viens ? On va saluer nos anciens camarades, reprend-il. J'en ai repérés quelques uns.
Cela ne m'enchante pas de revoir un des garçons qui étaient à la fête foraine. Surtout après ce qu'il s'est passé. Toutefois, je n'ai pas le temps de riposter parce que mon ami me traine avec lui. Nous nous dirigeons tout droit vers des silhouettes masculines. Harry les interpelle ; heureusement pour moi, il n’y a que Miller qui ne me prête aucune attention. Il me salue à peine.
–Ça fait longtemps qu'on ne t'a pas vu Harry ! s'exclame Rifat, un turc qui était dans ma classe.
–Ouais, ça fait quoi... deux ans ? ajoute Terrence, un pote de la série scientifique.
–Les études m'ont empêché d'avoir un peu de temps libre, les gars, répond le concerné.
–Tu étudies à l'Université de Boston, m'a-t-on dit, c'est vrai ? demande Michael, son autre camarade.
–Et oui, monsieur ! acquiesce-t-il en secouant vivement la tête. Je ne suis revenu en ville que depuis deux jours.
Il y a un peu de la nostalgie dans son ton. Ça m'attriste de le voir comme ça. Il a toujours été un garçon sérieux avec une grande touche d’humour de malade.
–Sinon, vous êtes tous restés en ville ? interrogé-je à mon tour.
Ils s'apprêtaient à répondre lorsqu'une belle brune leur coupe la parole.
–Bonjour, tout le monde ! lance Naomi avec un énorme sourire collé à son visage.
–Salut, disons-nous en chœur.
La conversation reprend son entrain vers des sujets banals tel que les filières ou les professions. Il y a plusieurs anciens élèves que j'ai remarqués. De nouvelles têtes sont également présentes, sûrement les nouveaux qui sont rentrés au lycée bien après notre remise de diplôme. La plupart de l’assistance est vêtue d’une couleur sombre qui représente la tristesse, en noir, gris ou violet foncé. Une convenance ou une formalité, on se doit de la respecter. Elèves et professeurs sont mêlés dans l’école pour assister à cette cérémonie. Une heure plus tard, la surveillante prend la parole sur l'estrade devant tout le monde. Deux grands portraits de monsieur et madame Wilson sont dressés dessus de chaque côté du pupitre où elle parle. Leurs grands sourires s’affichent sur les photos, malgré les rides sur leurs visages. Des fleurs de toutes les sortes et couleurs et des bougies ornent ces portraits.
–Tout d'abord, je tiens à remercier le Seigneur de nous avoir tous réunis ici, commence-t-elle au micro. J'aimerai vous transmettre également toute notre reconnaissance, surtout de la part de leurs enfants d’être venu aussi nombreux aujourd'hui pour rendre hommage à ces deux merveilleuses personnes qui ont été notre exemple dans cette école durant des années.
Tout le monde est pendu à ses lèvres, suivant chaque mot émouvant qu'elle énonce. Aucun murmure, juste le silence total. Ce qui est assez impressionnant avec la mauvaise réputation de ce lycée contenant d’innombrables étudiants immatures. Seuls quelques reniflements ou pleurs ici et là encombrent l’atmosphère. Je remarque un peu loin Milli, son frère et ses parents. Sa mère efface des larmes avec un mouchoir. Elles étaient très proches. Elles étaient souvent ensemble pendant les recréations, après les cours. Quelques uns des enseignants se succèdent sur le pupitre afin de parler. C’est à cet instant précis que des flashbacks font apparition dans ma tête. Suite à une remise de prix, la directrice madame Wilson m’a pris en photo devant la bibliothèque de l’école. Quand j’avais cinq ans, j’avais pleuré en voyant un livre dont la couverture représentait des épis de maïs parce que je voulais en manger ; elle avait rigolé avec ma mère avant de me donner des bonbons. À la fin de la cérémonie, nous chantons en chœur l'hymne de l’école, celui que le défunt préférait le plus. Ensuite, chaque personne est priée de poser leurs fleurs ou offrandes (s'ils en ont apportées) devant les portraits. J'ai acheté deux tiges de rose qui sont simple et classique mais qui représentent beaucoup pour moi. Ils ont dit que l'enterrement aura lieu dans la fin d'après-midi à New York. Ma mère et Nolan qui sont arrivés à ma suite sont déjà repartis. Je vais encore passer du temps avec Harry. De ce fait, ce n’est pas la peine de courir.
–C'était un post de Finn qui m'a alerté, dit-il, les yeux rivés vers le portail de l'école où nous nous dirigeons. J'étais pétrifié et choqué !
–Moi non plus, je ne le savais pas, murmuré-je. Je ne l'aurais pas su si tu ne me l'as pas dit. Ma mère n'était même pas au courant. Tu as appelé Finn, c'est ça ?
–Bah oui, répond-il. Il a pleuré au téléphone et je n'ai pas pu retenir mes larmes aussi.
–Mais qu'est-ce qui leur est arrivé ?
–J'ai entendu dire par les profs que madame était malade il y a des années, annonce Harry en s'orientant vers la rue, déjà inondée de monde. Mais je ne sais pas trop quelle était sa maladie.
–Hum... Maintenant que j'y pense, ma mère me disait souvent à l'époque qu'elle suivait des traitements médicaux. Mais je n'étais pas encore consciente de ce qu'il s'agissait.
–Oui, elle en suivait depuis des lustres mais avec son vieil âge, elle est devenue mourante. Et j'ai cru entendre que quelques heures après sa mort, notre directeur a aussi rendu son dernier souffle.
–Ils avaient quel âge déjà ? demandé-je.
–Je ne suis pas sûr mais dans les soixantaines.
Nous parlons encore un peu des défunts jusqu'à ce que nous arrivions au bord de la plage. On se met sur le sable fin. Je tire sur ma robe noire, le vent souffle et je suis contente d’avoir mis mes collants.
–Tu m'as beaucoup manqué, Purpie, lâche Harry au bout d'une dizaine de minutes de silence.
Je lui souris tout en m'approchant de lui.
–Toi aussi, avoué-je. Nos bons vieux temps me manquent.
–À qui le dis-tu ! rit-il. Ça m'a rappelé tellement de choses quand on est allé au lycée... Revoir ces professeurs ou l'égocentrique surveillante.
Je rigole.
–Elle n'a pas changé ! C'était la première fois que j'ai remis les pieds dans ce lycée après notre résultat de bac.
–Moi également ! Je crois qu'on devrait tous se revoir un de ces jours.
–Qui ça ?
–Les gars, notre promo. Je crois qu'on pourrait organiser une rencontre ou quelque chose du genre.
–Ce serait chouette, je souris même si je redoute de revoir certains que je n'apprécie pas.
–Alors ? Toujours pas de petite amie en vue ? le taquiné-je.
–Raaaah ne m'en parle pas ! râle-t-il en tapant le sable.
–Tu n'as toujours rien à dire à propos de ça ! pouffé-je.
–Avec le visage que je possède, aucune fille ne s'intéresse à moi, boude-t-il.
–Tu n'es pas si moche que ça. Enfin... Si on enlève ton petit nez, tes cheveux crépus et ta bouche trop grande, plaisanté-je alors qu’il commence à s’esclaffer.
–Et comment va le grincheux Nolan ? dit-il dans un rire moqueur.
Je lève les yeux au ciel. Harry n'appréciait pas énormément le caractère de mon beau-père. Simplement parce qu'il a malencontreusement « insulté » ma mère. Il avait dit que maman était si ravissante que même les jeunes hommes vont lui courir après ; c'était futile. Cependant, Nolan l'avait très mal pris. Surtout qu'il ne savait pas qu’Harry était un de mes amis. Il l'a grondé et demandé de présenter des excuses. C'était leur première rencontre. Alors depuis cette journée, Nolan le regardait toujours d'un mauvais œil.
–Il va très bien, finis-je par dire. D'ailleurs, tu vas me raccompagner quand on rentrera et comme ça, vous vous lancerez des regards noirs.
–Faut préciser que c'est lui qui ne m'aime pas hein ! Pas le contraire. J'ai rien contre lui, moi.
Je lui tape amicalement l'épaule en riant. Nous discutons encore longuement de tout et de rien. Ensuite, il me raccompagne chez moi. Mais comme on ne s'y attendait pas, Nolan lui donne un grand sourire sincère. Harry parait tout aussi étonné que moi.
–Il m'a peut-être oublié depuis le temps, me chuchote-t-il. Ah... Qu'est-ce qu'il est vieux !
Je rigole silencieusement avant de lui frapper discrètement la tête. Je ne sais pas comment j'y suis arrivée mais d'habitude, je le fais bruyamment... Ma mère lui propose de rester un moment pour manger mais il décline par politesse son offre.
–J'ai encore du ménage à faire, excusez-moi. Une autre fois, sourit mon ami.
–Au fait, quand est-ce que tu repars pour Boston ? interrogé-je en l'accompagnant jusqu'au portail.
–Dans deux semaines. Mais c'est sûr qu'on se verra plein de fois avant ça !
Je lui redonne un câlin.
–C'est sûr !
(Harry en média)
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