Chapitre 29
* G-Eazy • Nostalgia Cycle *
–À mes 16 ans, je ne m’étais pas tout à fait remise malgré ma stabilité. Ma mère n'était plus satisfaite de mes résultats aux examens. Je ne mangeais que quand j'avais faim. Elle en avait marre. Alors, elle avait décidé de prendre un rendez-vous avec un psy. J'avais riposté au début mais j'avais fini par accepter. En deux séances, l’attitude de mon thérapeute était devenue étrange. Et quelque temps après, il m'avait agressé.
–Comment ça... ?
–Il avait essayé de me violer dans son cabinet. Je... J'ai été traumatisé. Comme la dernière fois...
–Oh... Ça a dû être... Dur pour toi.
–Dur est bien faible comme mot. Je ne saurais comment décrire mes sentiments, ce jour-là. Parce que... Ce n'était pas la première fois qu'on essayait de me toucher. Et ensuite, j'ai merdé. J'ai... Je me suis coupée une deuxième fois les veines... Quelques jours après ça.
Les larmes dévalent et m'empêchent de parler de façon claire.
–Hey... Je suis là... Viens ici. Viens dans mes bras.
Il m'entoure de ses bras musclés. C'était ce dont j’avais besoin. Une étreinte réconfortante. Un refuge. Quelques minutes passent. Mes pleurs se sont atténués. J'arrive à respirer régulièrement. Je continue mon récit, plus calmement cette fois-ci.
–J'avais défait mes bandages... Je n'avais pas réfléchi à retailler mes cicatrices. Je m’étais enfermée dans ma chambre. Personne ne s'était douté que j’étais retombée dans la dépression. Je ne sais même pas comment ils ont pu me sauver une nouvelle fois... Un miracle ? Je ne sais pas. Peut-être bien. Tout comme peut-être pas... Tu dois t'en douter qu'après un tel acte à mon réveil à l'hôpital, mon désespoir avait redoublé d’ampleur en constatant les machines branchées à mon corps. Mon oxygène sur mon nez et ma bouche, mes mains et bras soigneusement bandés, mon corps vêtu d'une blouse des patients de l'hôpital,... La vue de tout ça m'avait donné une raison d’en finir. Je ne voulais pas qu'on me sauve. Avec cette idée en tête, j'avais mis en désordre mon lit d'hôpital.
–Le même refrain... Tu n'en avais pas marre de reproduire la même chose ? Enfin... Ce n'est pas pour t'offenser ou te juger. Ce que je veux dire c'est...
–Je vois où tu veux en venir. Bien sûr ! Même maman a failli être hospitalisée à son tour, soufflé-je. J'en avais marre oui ! Mais sur le coup, mes pensées étaient noircies. Je voulais mourir... Je voulais que ça s'arrête... J'avais marre de me positiver et de voir tout ce que j'avais construit tomber en éclat devant mes yeux.
–Je comprends... À chaque fois que tu fais en sorte de te concentrer sur un meilleur avenir, tout tombe à l'eau.
–Exactement... J'avais plusieurs fois renoncé. De nombreuses fois... Et je ne sais pas encore pourquoi je vis encore aujourd'hui.
–Il y a une raison. Dieu avait eu plusieurs occasions de te prendre, mais Il a choisi que tu restes. Ça veut dire qu'il y a une raison dont tu ignores encore...
–Peut-être... Mais des fois, je me demande ce que c'est pour qu'Il insiste autant.
–Sûrement parce qu'Il voudrait que tu aides encore les gens comme tu le fais chaque jour...
–Je ne sais plus si "aider" soit le mot. J'ai l'habitude de tolérer, pardonner, rendre les gens heureux. Je n'ai jamais pensé à moi, ne serait-ce que pour me tuer... J'ai peut-être agis en égoïste en me suicidant, mais j'avais marre qu'on me piétine à chaque fois que j’ai envie de bien faire. Bref... La suite est la plus... délicate.
–Je t'écoute.
–Je... Il faut que tu me promettes de ne jamais répéter tout ça à quelqu'un, d’abord.
–Je te le promets. Tu as ma parole, ma belle. Je ne te jugerai pas non plus.
–T'es un amour, murmuré-je. Bien. En troisième, un de mes camarades n'arrêtait pas de me taquiner, me tourner autour ou de me tirer les cheveux. Je lui rendais parfois, la pareille. On se chamaillait souvent, ça a été ainsi jusqu'en terminale. Cependant, notre relation s'est transformée en amitié durant ces quatre ans. Je l'aidais souvent à finir ses devoirs, je lui donnais mes cours... J'étais loin de me douter qu'il se servait juste de moi...
–Qu'est-ce qu'il a fait...?
–On est devenu un peu proche. Il devenait même parfois jaloux lorsqu'un mec m'approche... Et puis... Je... J'ai craqué pour lui, avoué-je en fermant les yeux.
–Je croyais que c’était de l’amour. Mais... J'ai caché mes sentiments et ensuite... Il... Lors d'une séance de cours particuliers, il m'a humilié... Il voulait séduire une de nos camarades.
–Qu'est-ce que ça a en rapport ?
–Cette fille lui a demandé qui j'étais pour lui. Il lui a dit devant mes yeux que je n'étais juste qu'une idiote qui l'aidait à faire ses devoirs. Il a clairement avoué que... Je n'étais juste qu'un jouet... Qu'il utilise seulement quand il en a besoin.
–Oh... Purpie... Je suis vraiment désolé.
–Non, ça va, dis-je, la voix neutre. Le pire dans tout ça, c'est qu'après nos examens, il était venu vers moi et m'avait soi-disant avoué qu'il m'aimait. J'ai... J'y ai cru. Comme une idiote, je l'ai cru !
–Et t'as répondu quoi ?
–J'avais dit que je détestais l'aimer... Après ces mots, il avait coupé tout contact avec moi. J'avais essayé d'insister pour comprendre ce qu'il s'était passé mais... Apparemment, je suis condamnée à rester sans la vérité.
–Il t'a humilié et brisé le cœur.
–Je n’irai pas jusque là.
–Si ce n'est pas indiscret... Je le connais ?
– Oui. C'est... Shawn.
–Qu... quoi ?! Shawn ? Shawn Hemmings ?
Je secoue positivement la tête.
–Oh bon sang... Je savais c’était un connard, mais pas à ce point là. Et... Toi et Seth ? C'était après tout ça ?
–Ouais. Je l'ai connu dans les réseaux sociaux. Pendant un an, nous nous sommes bien entendus, il m'a proposé un rendez-vous. J'ai accepté. Mais je voulais juste m'amuser avec lui... Il m'a parut sympa et bien plus... intéressant que les autres garçons que je connaissais.
–Ouais... En plus, il est séduisant ! rigole Kendall ; je ris légèrement avant de reprendre mon sérieux.
–Non. Enfin... Si mais pour être franche, je n’en suis pas amoureuse pour son physique. C'est pour sa personnalité, son attitude mystérieuse, son aura attirante, sa façon de me regarder, de me parler ou simplement de me sourire. Il est très intelligent ; il sait toujours où trouver une issue lors d’une impasse. Je l'admire beaucoup, tu sais ? On ne peut pas dire que c’est quelqu’un de généreux ; mais je sais qu’il pense toujours à sa mère, à son bien-être. Un jour, il m’a dit « Je ne suis pas comme toi, à trop réfléchir. Je sais quels sont mes problèmes, je sais qu’ils resteront toujours là mais je n’y pense pas à longueur de journée. » Il n'a pas besoin de dire quelque chose, il suffit juste qu'il le montre. Il est aussi très mystérieux. C'est ce côté là qui m’a attiré, je crois. Il me cachait des tas de choses et ça me rendait folle, des fois. Je voulais tout savoir sur lui. Par contre, il sait tout sur moi. Même ma mère et ma sœur ne me connaissent pas plus que lui... Argh ! Il est trop merdique !
Je secoue mes cheveux puis m'arrête, remarquant que Kendall me regarde en souriant.
–Qu'est-ce qu'il y a ? demandé-je.
–C'est fou la façon dont tu changes pendant ta tirade ! T'es-tu regardée, Purpie ? Tu t'es illuminée, ton visage est adorable et mignonne juste parce qu'on a commencé à parler de lui.
Je rougis.
–Ne rougis pas ! Ah... Je donnerai tout pour que Seth te voie dans cet état !
–Ne plaisante pas.
–Raconte-moi plutôt ce qui s'est passé après tout ça.
–En vacances du Thanksgiving, on s'est rencontré et c'est en fin du mois de décembre qu'on a décidé de se mettre ensemble. Avant ça, je lui ai demandé deux fois qui était Elena, il a répondu que c'était juste une connaissance. Je l'ai cru... En plus, je n'avais aucune raison de ne pas le croire parce qu'à vrai dire. Je l'ai, en quelques sortes, utilisé...
–Comment ça ?
–Je voulais oublier Shawn avec lui. Je dis, alors, que je l'ai utilisé. Et je me rends compte de ma grosse connerie maintenant. Bref, on est allé à New York ensemble pour les vacances du février. Je me suis toujours rendu chez lui, son cousin me connaissait, sa belle-sœur et quelques uns de ses amis aussi. En dépit de ses nombreuses connaissances, il reste renfermé. Au début, je savais que cette relation me briserait mais j'ai pensé que ça va me changer les idées et que je ne serai pas totalement blessée puisque je ne l’aimais pas. Mais j'ai commencé à apprendre à le connaître. À l'apprécier jusqu'à en être tombée follement amoureuse...
Je rapporte mes genoux jusqu'à mon torse et pose mon menton dessus.
–Je n'ai jamais vraiment aimé un garçon avant lui... Les mecs ont toujours été un second choix pour moi. Mais lui... J'ai tout fait le contraire. Je lui ai accordé beaucoup plus d'importance que je ne devais. Pour moi et ma fratrie, la situation stable a toujours été prioritaire. Le reste est à suivre. Pourtant... Ça a tout changé. Je me suis habituée à sa présence, dès qu'il n'est pas là, des pensées négatives m'anéantissent. Le voir avec une autre fille que moi me rend malade.
–Tu es donc jalouse...? sourit Ken.
–Ne te moque pas. Je n’envie personne, par contre, je ne supporte pas les filles à qui il accorde de l’importance. Je ne le montre, c’est tout. J'ai toujours surveillé ses comptes sur les réseaux sociaux mais je ne dis rien. Il ne le sait pas. Il pense toujours que je m'en foutais de tout. Que ces tromperies ne m’atteignent pas autant. Bien sûr que non... Je faisais semblant parce que je détestais montrer mes réels sentiments. Je ne voulais pas qu'il voit que ça me blesserait lorsqu'il me tournera le dos.
–Je comprends.
–Le temps est passé. Je commençais petit à petit à dévoiler mes sentiments. Et puis, un jour, il a fait un truc qui m'a déplu... Il a mentionné Elena dans un post disant qu’ils s’aiment. C’était là que j'ai craqué. Et puis, il m'a avoué qu'il s'entendait bien avec cette fille, qu'il ne l'avait jamais vu,... Mensonges... Mais j'ai préféré le croire. Il a tout gâché. J'ai commencé, ensuite, à surveiller le compte de la fille. En retournant ici, ma mère a été mise au courant sur notre relation... Elle ne l'a pas mal pris. Il fallait juste que je ne fasse aucune connerie.
Je prends une pause. Il est vrai qu’avouer ceci m'enlève un gros poids sur mes épaules.
–Ensuite, tout allait bien jusqu'à ce qu'une fille me harcèle sur le compte de Seth. Il a dit que c'était Elena ou son ex ou une de ses voisines. Et je l'ai encore cru... Je l'ai traitée de conne tellement, elle m'a énervé ! Elle m'a harcelé pendant quelques jours, alors, j'ai coupé tout contact avec Seth. Ça m'a beaucoup fait du mal... La seule personne qui était au courant de tout ça était Tessa. Tu la connais ?
–La copine de Liam O’donnell ?
–Oui. Elle a accusé Seth d'avoir été con et manipulateur... Elle l'a insulté de tous les noms ! Coureur de jupon, briseur de cœur, goujat. Je n'ai rien dit. Bref, quelques temps avant, je l'avais aidée pour ses examens et nous sommes devenues des copines.
–Oui, j'ai vu ton post avec elle.
–Étant donné que Liam était un de mes potes, je m’entendais bien avec elle. Des fois, c'est moi qui arrangeais tout entre eux... Dès qu'ils s'embrouillent, elle se rendait chez moi pour faire passer sa tristesse. Elle se plaignait souvent de Liam. Et puis, un jour, elle m'a demandé le numéro de Seth. Je trouvais ça bizarre. Je le lui ai donné en lui demandant pourquoi. Elle a dit que son mec a rompu avec elle à cause de lui. J'étais perdue... Je ne voulais pas l'aider si elle a fait une connerie. C'était là qu'elle m'a avoué qu'elle et Seth ont eu une aventure...
–...
–J'ai... J'ai pété un câble... Je ne lui ai plus parlé. Mon cœur s'est brisé en mille morceaux, ce jour-là... Comme si savoir qu'il était avec Elena ne suffisait pas. J'étais loin d'imaginer qu'elle pouvait me faire un coup bas. Elle rejetait toujours la faute sur Liam alors que c'était elle... Elle disait qu'il avait une liaison avec une autre fille. Des choses comme ça. Et je l'ai soutenue...
Je sais que je ne pouvais compter sur personne mais je ne me suis jamais doutée de son innocence. Je serre les poings. Je m'en veux tellement de l'avoir crue.
–Alors, je me suis souvenue de toutes les nuits blanches que j'ai passées à cause d'elle... Elle m'a profondément blessé, tu sais Ken ?
Il me regarde tristement, comprenant qu'il n'y a pas de mots pour me répondre.
–J'ai plusieurs fois sacrifié mon sommeil pour l'écouter ! La soutenir ! L'aider ! J'ai fait beaucoup de choses pour lui remonter le moral. Et qu'est-ce que je reçois comme remerciement ?! Un couteau dans le dos ! Elle a été la plus pire des connasses.
–Tu lui en veux encore... ?
–Non. Bien sûr que non. Je lui ai pardonné mais je ne voulais pas faire l'hypocrite. J'ai coupé le pont.
–Ce qui est compréhensible.
–Comme j'ai dit... J'ai pété un câble. Je suis entrée en contact avec Elena, sachant pertinemment que ça ne plairait pas à Seth. Je voulais la mettre en garde de Tessa sans la mentionner... Elle en a profité pour me poser des questions auxquelles je n'ai pas répondues. C'était par cette petite discussion que j'ai appris tous les mensonges de Seth. C'était sa copine depuis un an... À un moment, il m'a menti qu'il irait à Boston prétextant qu'on avait besoin de lui tandis qu'il s'est rendu chez elle pour la voir. J'ai fait tout mon possible pour ne pas le compromettre. Je n’ai avoué que ma relation avec lui pendant un certain temps.
Je regrette tellement d'avoir été naïve.
–Un mois après ça, une amie d’Elena m'a proposé de détruire la relation entre Seth et Elena.
–Vraiment ?!
–Cette idiote croyait franchement que j'étais une salope dans son genre, pouffé-je. Je me suis excusée et je lui ai retiré mon abonnement. Ensuite, elle m'a harcelé pendant des semaines. T'imagines ! Quelqu'un dont je ne connais même pas l'identité m'a menacé !
–Elle voulait quoi en gros ?
–Que je l'aide à les séparer pour qu'elle ait le champ libre avec Seth. Elle est trop conne.
Kendall commence à rire également.
–Ah et puis ! L'idiot en question s'est énervé contre moi et a voulu me soutirer plus d'infos. Apparemment, Elena n'a pas tenu sa langue. Bref, ça me fait mal de savoir qu'il croit que je voulais la nuire... Alors que c'est tout le contraire. Tu sais, j'ai eu plusieurs occasions de faire du mal à Elena mais je ne l'ai pas fait et je ne le ferais jamais.
–Car tu es quelqu'un de bien, sourit-t-il.
–Les autres me voient autrement... Et j'ai peur qu'il en fasse partie.
–Crois-moi, quand il saura tout ça, il comprendra tes intentions.
–Il ne le saura jamais. Parce que tu as promis que ça reste entre nous.
–Je ne dirai rien, t’as ma parole. Et dis donc, qui est ce fameux Alex ?
–Eh bien... C'était mon faux petit ami, dis-je dans un léger rire.
–Hein ? Explique !
–À cause des harcèlements après ma séparation avec Seth, inventer un mec est un moyen de faire taire les becs. Et Alex m'a paru idéal, il a accepté de me rendre ce service le temps que tout se calme. Je lui en suis reconnaissant. Bref, il n'avait aucune copine, il est très gentil aussi.
–Intéressant.
–Non. Ce n'est pas ce que tu crois ! C'est juste un ami. Un excellent ami.
–J'espère qu'il soit plus que ça.
–N'espère pas trop, soufflé-je entre mes dents.
–Et... Toi et Ethan...?
–J'ai foutu la merde avec lui.... À un moment, j'étais trop désespérée au point de lui avoir raconté la moitié de mon histoire avec Seth. Il m'a ensuite avoué qu'il m'aimait depuis le début... C'est là que je lui ai dit que j'aimais encore Seth.
–Aïe...
–Par la suite, il m'a ignoré avant de m'avoir clairement dit que j’étais la raison pour laquelle il ne sera plus comme avant. Je l'ai transformé en un monstre... J'ai détruit une belle personnalité que j'admirais.
Je me cache entre mes mains, recroquevillée sur moi-même.
–Tu sais, le plus dur dans tout ça. C'est que j'ai perdu plusieurs amitiés que je ne pourrai jamais remplacer...
–Tu les avais déçus.
–Oui. Je les ai tous refusés pour choisir la personne qui ne m'a même pas choisi...
Mon cœur se serre. J'ai envie de pleurer. J'ai tellement mal. Mais il ne le sait pas. Ou cela ne l’intéresse pas…
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro