Chapitre 12
* Sandro Cavazza • Used to ft Lou Elliotte *
Cette voix n'arrête pas de me hanter, répétant sans cesse que je devais faire le mieux. Que je suis inutile dans ce monde. Que personne n'a besoin de ma présence. Que tout serait différent sans moi. Les ténèbres. Ils m'engloutissent. Je tente de crier mais à chaque fois, ma voix se brise. Les sanglots m’empêchent de respirer normalement. Non. Non. Pas maintenant. Non. Reprends-toi, Purpie... La musique recouvre mes agitations dans la chambre ; je pleure sans arrêt. S'il vous plaît... Aidez-moi... Je vous en supplie... Cullen, Hosea, Maman, Papa. Papa, emmène-moi avec toi... S'il te plaît. Je ferai tout ce que tu me diras. Mais emmène-moi, s'il te plaît... Au final, je coupe le son. Réunissant tout mon courage, j'essaie de me relever. Après plusieurs tentatives, j'y arrive enfin. Je me dirige vers le tiroir dans le but de le chercher. C'est trop sombre ; je n'y vois rien. Je tente d'allumer mon cellulaire mais par manque d'énergie, celui-ci glisse de mes mains jusqu’à tomber sur le sol. J'ouvre ma fenêtre pour laisser place à la lumière de la lune. Sans m'en rendre compte, mon pied marche sur des éclats du téléphone. Ce dernier est cassé. Heureusement que lorsque je suis dans ce genre d'état, je ne ressens pas les douleurs physiques. Je fouille immédiatement le tiroir. Quand je le trouve enfin, un autre objet attire mon attention. Je me fige automatiquement. La voix revient dans ma tête, me murmurant qu'il est temps d'en finir.
Le bout de tissu enroulé est resté intact depuis quelques temps. Il recouvre la seule issue que j'ai trouvée pour mon mal être. À la fois mon malheur et mon bonheur. Le seul objet représentant mon échappatoire à tous ces démons qui me consument chaque jour ; me libérant de tous ces tourments qui m'affaiblissent ; de tous ces mensonges non-stop. Je veux me libérer de ce monde si cruel. Cet univers où personne ne perçoit ma peine, ni ma détresse ; où personne ne m'a jamais compris... Les mains tremblantes, je lisse la lame luisante. Mon regard devient vide. Un canif. Le canif. Mon canif... Je le fixe longuement. Le tranchant du petit couteau fait mine de m'appeler. J'aperçois mes poignets encore enveloppés de bandages respectifs. Je déglutis. Combien de fois ai-je tenté en vain... ? Je défais doucement le bandage de ma main droite. Petit à petit, des cicatrices atroces font surface. Je sens mon souffle coupé. Je récupère doucement le canif. Cependant, la porte de ma chambre s'ouvre au moment où j’allais exécuter mes pensées noires.
À cet instant précis, ma respiration s'arrête. Heureusement que la personne ne peut pas me voir parce que la lumière est éteinte et je suis dos à elle. Tout est sombre dans la pièce mais la lune éclaire un peu ma silhouette. Je cache devant moi mes mains.
–Purpie ? Purpie, est-ce que ça va ? entends-je.
Cullen. Je vois son ombre rester sur le seuil de la porte. Il n'est pas entré.
–Heu... Oui oui, je vais bien.
–J'ai entendu un bruit tout à l'heure. C'était quoi ?
–Ah mais c'était rien. J'ai fait juste tomber mon téléphone mais ça va.
–Oh... Tu devrais faire attention… Je vais y aller. Dors bien et bonne nuit.
J'émets un petit rire.
–Oui merci, à toi aussi.
J'entends la porte se refermer derrière moi. Je me retourne. Je peux enfin reprendre mon souffle. Il est partit. Estime-toi chanceuse que c'était Cullen et non Hosea ! Si c'était elle, c'est sûr que tu serais en train d'être assommée par ses innombrables questions. Je remets mon bandage dans un geste rapide mais soigneusement. Personne ne doit se douter que je l'ai enlevé. J'enveloppe mon canif dans le tissu avant de le cacher dans un autre tiroir, n'oubliant pas de le fermer à clé. Je verrouille immédiatement la porte de ma chambre. Ainsi, personne n'entrera de façon inattendue comme tout à l'heure. J'allume la lumière. Mon cœur loupe un battement ; l’horreur s’empare de tout mon être. Ma chambre est dans un sale état ; le lit est atrocement défait : on aurait dit qu'un animal sauvage est passé dessus. Mes oreillers sont par terre ainsi que mes couvertures ; les débris de mon cellulaire gisent de partout. Et c'est seulement là que je remarque du sang sur le sol. Je regarde mes pieds, l'autre saigne mais je ne ressens rien. Je nettoie et range tout. Je cherche la trousse à pharmacie afin de me soigner à la va vite, pas besoin de perdre du temps. Tant que cela ne fait pas mal, tout va bien. Je recherche la chose que je suis censée prendre au début, c’est-à-dire la boîte de mes cachets. J'avale deux pilules d'une traite. Lorsque je n'arrive pas à trouver le sommeil, c’est mon échappatoire. Je pense bien que j'en prends trop souvent. Personne ne sait que je suis dépendante aux somnifères ; et de toute façon, personne ne doit le savoir sinon ils me risquent de me tuer avant même que je ne meurs d’overdose. Quel humour noir… Je regarde l'état de mon téléphone, l’écran est cassé mais il marche encore. Ma montre indique 03 h 11 du matin, je soupire. J'ai passé des heures à me tourmenter sur le lit.
*
Je vérifie la nouvelle liste pour chercher mon nom sur l'écran de mon portable. Nous avons réclamé récemment l'absence de plusieurs noms sur la liste précédente du travail en groupe. Heureusement qu’il manquait un grand nombre. Maintenant que j'y suis, je ne sais pas avec quel groupe je vais étudier.
–Bon, je vais appeler ici les noms des étudiants qui sont en groupe ! annonce le délégué au micro.
J'écoute attentivement l’énumération des cinq premiers groupes.
–Yann Jensen, Purple Jackson, Hayley Pixie, Scott Parker et Alex Pears.
–Je vais sortir pour voir qui sont avec moi, informé-je Fiona au cas où les garçons reviennent.
Mandy et Nila sont déjà dehors avec leur groupe respectif ; et Jay, Scott, Tyler sont allés aux toilettes. Je me lève de la table.
–Okay, je les préviens, répond-elle.
L
es garçons me bloquent le passage alors que j’allais m’en aller.
–Tu vas où toi ? demande Jay.
–Rejoindre mon groupe sur le travail universitaire, bêta. Ils sont dehors en train de faire connaissance, alors, laissez-moi passer.
–Attends, je viens avec toi, fait Tyler.
–Dis-moi, Scott. C'est quoi ton nom de famille ? demandé-je.
–Parker. Scott J. Parker, pourquoi ?
–Je crois que nous sommes dans le même groupe.
–Tu es sûre ?
–Nope.
–Viens, on va quand même sortir même si ce n'est pas toi, dit Tyler.
Jay nous accompagne également, curieux comme il est. Des groupes d'étudiants se sont formés, rires et voix se mélangent ; chaque débat est pesant. Je me fraie un chemin parmi ces jeunes en chaleur.
–Hey, tu sais comment on reconnait nos membres ? me renseigné-je auprès d’un garçon.
–Voici la liste en papier, montre-t-il. Là, c'est mon nom et le tien ?
–Purpie Jackson. Là. Je suis là.
–Cool ! On est dans le même groupe. Hey, Alex ! Viens ici !
–Scott, regarde si c'est toi, l'interpellé-je.
Il jette un bref coup d’œil à la liste avant d’acquiescer d’un signe de tête. C’est un bon début qu’une personne que je connais est avec moi. Un brun aux cheveux frisés s'approche de nous. Il me regarde accompagné d’un beau sourire.
–Ils sont avec nous, montre l'autre garçon.
–Ah c'est super ça ! dit-il, les yeux illuminés.
Il est vraiment canon ma parole... Je détourne la tête, seulement c’est maintenant que je remarque un grand détail.
–Attendez, attendez... Je suis la seule meuf ?! tonné-je, confuse pendant que Tyler étouffe un fou rire.
–Mais non, il y a une autre fille mais elle vient tout juste de partir dans la salle, rétorque le brun.
–Mais tu fous quoi toi ? soufflé-je à l’encontre de Tyler. Tu n'as rien à faire ici.
Il a déjà son propre groupe dans le devoir mais il nous guette simplement dans le but de se moquer de nous. Impossible. Je roule des yeux quand il explose de rire devant mon air. Jay discute avec d’autres étudiants. Il revient vers nous lorsque qu'ils ont terminé leur conversation.
–Alors ? Cette équipe ?
–On n'a pas vu la fille qui était censée être avec nous, je crois qu'elle est partie au moment où nous sommes sortis, réponds-je.
–Bon, on peut rentrer maintenant ? réplique Scott. J'en ai marre de rester debout sans rien faire.
–En plus, il fait froid, ajoute Tyler.
–Personne ne t’a demandé de sortir à la base, marmonné-je. Attendez !
Je cours vers une supérette non loin pour acheter deux paquets de biscuits. Les garçons m'attendent impatiemment tout en discutant devant la grande porte de l'amphi. Je récupère la monnaie avant d’entreprendre ma course vers eux.
–Vámonos chicas ! (Allons-y, les filles)
Je rigole devant les regards noirs des garçons. On se dirige vers notre place où les filles sont déjà assises. Je m'assois à côté de Fiona, les garçons derrière moi. Un jeune homme au teint bronzé aborde une discussion animée avec Nila et Mandy.
–C'est qui ? interrogé-je mon amie dans un murmure.
–Je ne sais pas. Il les a accostées depuis tout à l'heure, répond Fiona. Je crois qu'il les connait.
Prise d'une curiosité plus forte que la mienne, Jay attire leur attention.
–Mandy, tu me présentes ?
Les trois jeunes gens se tournent vers lui.
–Les gars, voici Walker un super pote, présente Nila. Walker ce sont nos amis. Purpie, Fiona, Jay, Scott et Tyler.
On lui fait à tour de rôle un signe de tête. J'allais répliquer cependant, Fiona me donne un coup de coude pour me faire remarquer que le président de nos délégués est monté sur le bureau des enseignants. Il allume le micro.
–Je tiens à vous informer que notre professeur d'aujourd'hui ne viendra pas, dit-il. Alors, on n'a pas cours. Mais demain, il y en aura, on vous tiendra au courant par e-mail, au cas contraire. Passez une bonne journée à tous.
Il descend de l'estrade mais une fille assise au premier rang lui fait signe.
–Ah excusez-moi, j'ai failli oublier ! reprend-il. Les groupes de méthodologie seront contraints d'assister aux meetings respectifs que chaque encadreur organisera. Ces derniers nous informeront sur le programme, la semaine prochaine.
Le brouhaha qui a été coupé tout à l'heure reprend son entrain. Je range mes affaires et on sort de cet endroit.
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