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Alors que je me remets de ce moment étrange, je vois Léo s'éloigner avec son ballon, un sourire satisfait accroché aux lèvres. Je fronce les sourcils et accélère le pas pour le rattraper.
— Hé ! protesté-je. Tu comptes juste partir comme ça après m'avoir humilié ?
Léo tourne la tête vers moi, faussement innocent.
— T'appelles ça une humiliation ? Pourtant, t'as encore ta joue intacte. J'aurais pu te faire plus mal, tu sais.
— Ah ouais ? Et c'est censé me rassurer ?
Il rit doucement avant de me regarder avec ce regard taquin qui commence sérieusement à m'agacer.
— Disons que j'ai été gentil. Je réserve mes vraies techniques pour les grands matchs.
— Oh, c'est trop d'honneur, vraiment, dis-je d'un ton sarcastique.
— Je sais, je suis trop généreux, répond-il en bombant exagérément le torse.
Je lève les yeux au ciel. Il est insupportable.
On marche côte à côte en direction de nos quartiers respectifs. Je tente de ne pas repenser au fait qu'il m'a littéralement pincé la joue comme un gamin de cinq ans, mais impossible d'oublier ce sourire satisfait qu'il affichait en le faisant.
— Tu comptes faire ça à tous tes adversaires ou c'est juste moi qui ai droit à ce traitement spécial ? demandé-je en croisant les bras.
— Hm, laisse-moi réfléchir... dit-il en faisant semblant de se gratter le menton. Non, c'est juste toi.
Je cligne des yeux.
— ... Pourquoi moi ?
Son sourire s'étire.
— Parce que t'es marrant quand tu t'énerves.
Je m'arrête net.
— Pardon ?!
Il éclate de rire et accélère le pas, me laissant derrière, totalement abasourdi.
— Hé, reviens ici, espèce d'abruti !
Mais Léo lève la main en l'air, me lançant un dernier regard par-dessus son épaule.
— À demain, gamin !
Je reste figé sur place, la bouche entrouverte, incapable de croire ce qui vient de se passer.
C'est officiel. Ce mec est un enfer sur pattes.
Et le pire ?
Je sens malgré moi un sourire naître sur mes lèvres.
Alors que je fulmine encore de son attitude insupportable, Léo ralentit légèrement le pas, se tournant vers moi avec ce sourire agaçant qui lui donne l'air de tout contrôler.
— En vrai, dit-il d'un ton léger, t'es plutôt mignon quand tu souris.
Je m'arrête net, mon cerveau mettant une seconde de trop à traiter l'information.
— ... Pardon ?!
Léo hausse les épaules, l'air faussement innocent.
— Bah quoi ? C'est un compliment. T'as un problème avec les compliments, gamin ?
— Déjà, arrête de m'appeler comme ça ! grogné-je, sentant mes joues chauffer malgré moi. Et ensuite... Pourquoi tu dis ça comme ça, sérieux ?!
Il rit doucement en voyant mon expression outrée, ce qui ne fait qu'amplifier mon agacement.
— Parce que c'est vrai ? T'as une tête de rival toujours sérieux, mais quand tu souris... c'est pas mal.
— Tss... c'est pas ton problème, marmonné-je en détournant le regard.
Je reprends la marche d'un pas rapide, espérant mettre fin à cette discussion embarrassante, mais évidemment, Léo ne me laisse pas tranquille.
— Avoue que t'aimes bien que je te complimente, taquine-t-il en me donnant un léger coup d'épaule.
— Avoue que tu veux juste m'énerver, répliqué-je en le fusillant du regard.
— Un peu des deux, dit-il avec un clin d'œil.
Je lève les yeux au ciel, exaspéré.
— T'es vraiment insupportable.
— Et toi, vraiment marrant quand t'es gêné.
Je lui lance un regard assassin, mais il éclate de rire avant d'accélérer le pas pour s'éloigner, comme s'il savait que j'allais le frapper s'il restait trop près.
— À demain, Rafa !
— C'est Rafael, abruti !
Mais il continue son chemin, toujours avec ce sourire narquois accroché aux lèvres.
Je souffle bruyamment, passant une main sur mon visage brûlant d'agacement.
Ce mec va me rendre fou.
Alors que je referme la porte derrière moi, j'entends aussitôt la voix de ma mère fuser du salon.
— Rafael ! Où étais-tu ?!
Je me crispe. Génial... J'espérais monter discrètement dans ma chambre, mais c'est raté.
Je m'avance lentement dans le salon où elle est assise sur le canapé, les bras croisés, l'air sévère. Mon père est là aussi, mais il ne lève même pas les yeux de son journal. Tant mieux, j'ai pas envie de le voir après notre dispute.
— J'étais dehors, je... m'entraînais, dis-je en baissant un peu la tête.
— Après avoir quitté la table en plein repas ?! Tu crois que tu peux partir comme ça sans prévenir et rentrer à cette heure ?
Je me mords l'intérieur de la joue. Ça va, il est même pas si tard... mais vu son regard, je préfère éviter de lui faire remarquer.
— Désolé, lâché-je simplement.
Elle soupire, visiblement agacée.
— Rafael, je sais que le déménagement est difficile pour toi, mais ça ne t'autorise pas à faire n'importe quoi. Et après la dispute avec ton père, c'est comme ça que tu réagis ? En fuyant ?
Je serre les poings.
— Je fuyais pas. J'avais juste besoin de prendre l'air.
— Et t'entraîner, bien sûr, ajoute-t-elle en levant les yeux au ciel.
— C'est important pour moi, maman, dis-je d'une voix plus dure.
Elle me fixe un instant, puis secoue la tête avec lassitude.
— On en reparlera demain. Va te coucher.
Je n'attends pas qu'elle change d'avis et monte rapidement dans ma chambre.
En refermant la porte derrière moi, je laisse échapper un long soupir et me laisse tomber sur mon lit, fixant le plafond.
Quelle journée de merde.
Entre mon père qui ne comprend rien, ma mère qui me traite comme un gamin et Léo qui...
Je me fige.
Pourquoi c'est lui qui me vient en tête en premier ?!
Je secoue la tête et me tourne sur le côté, enterrant mon visage dans mon oreiller.
Faut que je dorme. Demain, j'essaierai d'oublier cette journée.
Et surtout, j'essaierai d'oublier Léo.
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