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Je reste là un moment, le ballon toujours dans mes mains, mes yeux rivés sur lui. Comment il a pu arriver ici sans que je le voie ? Et surtout, pourquoi est-ce qu'il m'observe de cette façon, comme si tout ce que je venais de faire était une simple performance pour son divertissement ?
— T'es vraiment un ninja ou quoi ? Je demande avec un sourire un peu gêné, même si je n'arrive pas à cacher ma curiosité. T'es là depuis combien de temps ?
Léo hausse les épaules, sa posture décontractée comme toujours. Il semble totalement à l'aise, comme si ça ne le dérangeait pas du tout de tomber sur moi dans un moment aussi... privé.
— Oh, juste un petit moment, dit-il, en s'avançant vers le terrain. J'ai vu que t'étais ici, alors je me suis dit que je pouvais profiter du spectacle. T'es plutôt impressionnant, je dois dire.
Je le regarde un instant, mon regard un peu plus perçant, cherchant à déchiffrer son ton. Est-ce qu'il me lance un compliment ? Ou est-ce qu'il me taquine encore ? Je ne peux pas être sûr. Léo a toujours cette façon de mélanger les deux.
— T'as rien de mieux à faire que de me regarder m'entraîner ? Je lance en riant, même si, au fond, j'apprécie un peu son attention.
Léo s'arrête à quelques mètres de moi, son regard se posant sur le ballon que je tiens toujours dans mes mains. Il semble hésiter un instant, puis son sourire s'élargit.
— J'hésitais à te demander si tu voulais qu'on fasse un petit match. Mais je pense que je te connais assez pour savoir que tu n'aimes pas perdre, alors... Si ça te dit, on peut voir ce que ça donne.
Je le défie du regard, un peu sur la réserve. Il ne perd jamais une occasion de me provoquer, mais cette fois, il y a un petit quelque chose dans son regard qui me dit qu'il ne parle pas juste pour me taquiner. Il semble vraiment vouloir me tester, vraiment vouloir me mesurer à moi. Est-ce qu'il est prêt à tout donner pour gagner contre moi ?
— T'es sûr de toi, hein ? Je dis en arquant un sourcil, une pointe de défi dans la voix.
Léo me lance un regard malicieux, puis se rapproche un peu plus, prêt à jouer.
— On verra bien. Allez, je suis prêt, quand tu veux.
Je prends une grande inspiration, regardant le terrain autour de moi. Peut-être que cette petite compétition improvisée pourrait être ce qu'il me faut pour me changer les idées, pour me vider la tête après tout ce qui vient de se passer.
— D'accord. Mais t'as intérêt à être prêt à perdre, je dis avec un sourire en coin.
Léo rit, un rire léger et confiant, et je sens la tension de la soirée qui commence à se dissiper, même si je sais que cette confrontation n'est pas seulement physique. Il y a toujours quelque chose de plus entre nous, quelque chose qui est bien plus qu'un simple jeu de main.
Léo prend la première initiative. Il se place en face de moi, ses yeux brillants de défi. Il attrape le ballon que je lui lance d'un geste vif, comme s'il était déjà prêt à se mettre dans la peau d'un joueur, chaque fibre de son corps tendue, déterminée. Il m'observe un instant, évalue mes mouvements, puis, d'un coup de pied agile, il fait rouler le ballon entre ses pieds avant de l'envoyer dans un tir rapide.
Je n'ai pas le temps de réagir avant que je n'entende le bruit sec du ballon frappant les filets. Un tir direct, précis. Pas de chance pour moi. Il marque le premier point.
— Pas mal, dit-il, sans masquer sa satisfaction, mais je vois bien qu'il cherche déjà à me provoquer. T'as intérêt à te reprendre.
Je souris en coin. Ce n'est que le début. Je récupère le ballon, et cette fois, c'est moi qui prends l'initiative. Je m'élance, mes jambes me propulsant dans une course rapide, les dribbles se succédant sous mes mains avec fluidité. Chaque mouvement est une partie d'un tout que je répète sans réfléchir.
Léo se déplace avec une rapidité étonnante. Je le vois se placer pour intercepter le ballon, mais j'anticipe son mouvement. D'un coup sec, je fais passer le ballon entre mes jambes, l'envoyant de l'autre côté, et je fonce dans la direction opposée.
Léo tente de se rattraper, mais je suis déjà prêt à tirer. Le ballon vole, fendant l'air, et atterrit avec force dans le but. Un tir parfait, aucune hésitation. Le score est maintenant égal.
Léo, un peu plus sérieux cette fois, me fixe avec un regard déterminé.
— Bien joué, me lance-t-il, mais je ne vais pas te laisser m'échapper aussi facilement.
Il fonce à son tour vers moi, me pressant d'un coup sur la gauche. Il essaie de me piéger avec une feinte, mais je ne tombe pas dans le piège. D'un coup rapide, je fais un pas en arrière pour l'éviter, et je frappe de manière sèche le ballon en direction de ses pieds. Il l'esquive d'un geste précis, mais je me précipite pour le récupérer avant qu'il ne le fasse.
Je sens l'adrénaline qui monte. Le jeu devient plus intense, et nos mouvements s'enchaînent plus rapidement, plus précisément. Léo essaie à plusieurs reprises de me déstabiliser avec des feintes et des changements de direction, mais je reste sur mes gardes. Il est vif, il est bon, mais je le suis.
Je me concentre sur chaque mouvement. À chaque fois qu'il fait une feinte, j'essaye de la lire avant qu'il ne l'exécute. Je le vois se préparer pour un tir. Je me place juste à temps, me préparant à l'arrêter. Il tente de passer à travers ma défense, mais je me baisse et, d'un mouvement fluide, je le bloque.
— Pas si vite, lui dis-je en récupérant le ballon.
Il me lance un regard amusé.
— Tu commences à vraiment me faire suer, dit-il, mais il ne semble pas fâché. Il semble presque content de cette tension qui se tisse entre nous, comme un défi permanent.
Nous continuons à jouer, alternant les moments de vitesse intense et les petites pauses stratégiques où nous nous évalueons l'un l'autre. Le bruit du ballon qui rebondit sur le sol, nos pas qui résonnent, tout se mélange dans un rythme effréné.
Au bout de quelques minutes, je sens que mes jambes commencent à se faire lourdes. Le vent souffle un peu plus fort, mais je garde les yeux sur le ballon. Je suis concentré. Léo aussi semble un peu essoufflé, mais son sourire n'a pas quitté son visage.
Je décide de prendre un risque. Il est concentré sur le ballon, et je vois l'opportunité. D'un coup, je fonce à toute allure, mes pieds dérapant légèrement sur le terrain. Je me rapproche de lui avec une vitesse impressionnante et, juste au moment où il se prépare à faire une passe, je m'élance pour lui intercepter.
Il m'aperçoit à la dernière seconde, mais c'est trop tard. Je récupère le ballon d'une main ferme, le faisant passer au-dessus de sa tête dans un mouvement précis. Je me place rapidement devant le but. Un tir. Il est trop loin pour intervenir.
Le ballon file à grande vitesse et frappe le filet. C'est un autre point pour moi.
— C'est ça, je le provoque. C'est toi qui m'as dit que je devais être prêt à perdre, non ?
Léo reste là, un instant, les mains sur les hanches, visiblement déconcerté mais amusé. Un petit sourire se dessine sur ses lèvres.
— Tu me fais vraiment suer, mais je vais pas me laisser battre aussi facilement, Rafael. C'est pas fini. Je vais te prendre en vitesse.
Je le regarde, mes mains serrant le ballon, prêt à repartir dans la bataille. Mais je sais déjà qu'à chaque fois que nous jouerons, ce sera plus que du sport. Ce sera une guerre silencieuse. Une bataille de volontés. Et je suis prêt à tout pour ne pas perdre face à lui.
Alors que je reprends mon souffle après mon dernier tir, le ballon roulant doucement sur le sol, Léo s'avance vers moi avec un air moqueur. Je m'attends à une réplique cinglante ou une autre provocation, mais au lieu de ça, il tend la main... et me pince la joue.
— Pas mal, gamin, dit-il avec un sourire en coin.
Je cligne des yeux, figé par la surprise.
— Gamin ?! protesté-je en reculant brusquement.
Il éclate de rire, l'air satisfait de son coup.
— Bah quoi ? Avec ta taille, j'me demande encore comment t'as réussi à me tenir tête.
Je sens mes joues chauffer sous l'effet d'une gêne que je ne comprends pas moi-même. D'un geste rapide, je passe ma main sur ma joue comme pour effacer ce contact inattendu.
— Ferme-la, Léo, grogné-je, tentant de cacher mon trouble.
Mais lui, il continue à sourire, son regard brillant d'amusement. Puis, sans prévenir, il récupère son ballon et s'éloigne en dribblant tranquillement, comme si rien ne s'était passé.
Je reste planté là quelques secondes, le cœur battant plus vite que je ne voudrais l'admettre.
C'était quoi ça, au juste ?
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