13
Le match touche à sa fin. Le chronomètre affiche les dernières secondes, et le gymnase, déjà bruyant à cause des applaudissements, semble retenir son souffle pour l'ultime action. Léo et moi, épuisés mais concentrés, nous scrutons l'autre du regard.
L'équipe de Léo mène, mais tout peut encore changer. C'est à mon tour d'être déterminant. Je me replace sur le terrain, en position de défense, mais mon regard est fixé sur lui. Il sait. Je peux le sentir, il anticipe déjà ma prochaine manœuvre, cherchant une opportunité de marquer un dernier but.
Je l'observe, à l'affût de son mouvement. Il ne se laisse pas distraire. Avec un ballon à ses pieds, il s'élance pour une dernière offensive. Chaque muscle de mon corps se tend en réponse. C'est une bataille de plus, et je ne vais pas laisser le dernier mot à Léo.
Il passe le ballon à un coéquipier, avant de s'élancer à toute vitesse vers le but. Je suis sur lui en un instant. Il tente de me feinter, mais je suis plus rapide. Je bloque sa tentative, avec un jeu d'anticipation parfait. Le ballon glisse sous mes pieds, et je le récupère.
Léo grogne de frustration, mais il ne se laisse pas abattre. Il se repositionne, tout aussi prêt à relever la tête et à défendre son équipe. Je passe à mon tour le ballon à Jules, qui fait une passe décisive vers moi. Léo est déjà là, prêt à me contrer.
Je me faufile, feintant une passe, mais cette fois, je sais exactement ce qu'il attend. Je fais une feinte pour l'éloigner un peu, puis je me dirige rapidement vers le but. Il essaie de me rattraper, mais il est un peu en retard. Je frappe fort.
Le ballon traverse l'air, contournant le gardien qui ne peut que regarder. But.
Le gymnase explose de joie, mais dans ma tête, c'est un moment suspendu. Je me tourne vers Léo, qui me fixe, essoufflé, mais avec un regard plein de défis. Il me tend une main, un sourire en coin.
— T'as bien joué, dit-il, une note de respect dans sa voix.
Je le serre dans une poignée de main, l'adrénaline toujours présente, un léger sourire sur mes lèvres.
— Toi aussi, répondis-je, essoufflé mais sincère.
Le match se termine dans une ambiance électrique. Léo et moi échangeons un dernier regard, en silence. L'intensité de notre rivalité, même si elle se manifeste sur le terrain, est plus profonde. On sait, tous les deux, que ce n'était pas qu'un simple match. C'était un aperçu de ce qui pourrait être bien plus : un lien construit sur la compétition, mais aussi sur un respect mutuel que ni l'un ni l'autre n'aurons du mal à accepter.
Le match est terminé, mais le vrai jeu, celui entre lui et moi, vient à peine de commencer.
Les joueurs se dispersent lentement après le dernier coup de sifflet, certains écoutant les encouragements de leurs entraîneurs, d'autres discutant entre eux, encore électrisés par la fin du match. Léo et moi restons un instant sur le terrain, échangeant un dernier regard intense avant de nous diriger chacun vers nos équipes respectives.
J'essaie de reprendre mon souffle, mais la montée d'adrénaline rend chaque inspiration un peu plus difficile. Mes mains tremblent légèrement, et mon esprit tourne en boucle, revivant chaque instant du match, chaque mouvement, chaque défi lancé. Je sais que ce n'est pas fini. Ce n'est que le début.
Je repère mes coéquipiers, qui m'acclament en passant. Pourtant, mon regard cherche instinctivement Léo. Il est avec son équipe, mais je peux sentir ses yeux me percer de l'autre côté du gymnase. Il me regarde, souriant comme un enfant à qui on a retiré son jouet, mais avec une lueur de détermination. C'est dans ses yeux. Ce n'est pas fini. Il reviendra, et il me donnera encore plus de fil à retordre la prochaine fois.
Je souris à cette pensée. Je suis prêt. Il ne le sait pas encore, mais je vais lui rendre la pareille. Chaque défi qu'il lance, je vais le relever, et chaque victoire, je vais la savourer avec cette même intensité qu'il a montré.
Je me dirige vers les vestiaires, l'esprit toujours occupé par la rencontre. En franchissant la porte, je me retrouve face à Lynn, qui attend dans un coin, appuyée contre le mur. Elle m'adresse un petit sourire, l'air amusée, comme si elle avait vu tout ce qui venait de se passer.
— Alors ? Comment c'était, ton match ? me demande-t-elle, en croisant les bras.
Je me laisse tomber sur un banc, essoufflé, mais avec un sourire satisfait sur le visage.
— Pas mal. Mais ce n'est pas fini, je te le dis.
Lynn rit, secouant la tête.
— Je suis sûre que ce Léo te donnera encore du fil à retordre. Mais j'ai l'impression que vous allez bien vous entendre... bizarrement.
Je la fixe, surpris.
— Quoi ? Tu rigoles ?! Il est mon rival, pas mon copain.
Elle éclate de rire, me taquinant.
— Si tu le dis. Mais j'ai vu la façon dont vous vous êtes regardés, c'était presque mignon. Vous êtes deux têtes de mule, ça va être intéressant à voir.
Je soupire, mais un sourire se dessine malgré moi. Je n'arrive pas à m'empêcher de penser que, peut-être, quelque part, elle a raison. Peut-être que cette rivalité, bien plus intense que je ne l'avais imaginée, pourrait se transformer en quelque chose d'inattendu. Mais pour l'instant, ce n'est qu'une pensée fugace.
Je me lève et me dirige vers les douches, mais avant de franchir la porte, je jette un dernier regard vers l'espace où Léo se trouve, entouré de ses coéquipiers. Il est là, en train de discuter avec eux, mais ses yeux semblent encore me chercher. Il ne lâche pas l'affaire, et je sais qu'il ne me laissera pas tranquille.
Je souris à nouveau. Ce match n'était qu'une petite victoire dans ce qui promet de devenir une véritable bataille. Mais je suis prêt à l'affronter, encore et encore.
Je prends une longue inspiration avant d'entrer sous la douche. L'eau chaude me détend, mais mon esprit ne cesse de courir. Chaque image du match, chaque mouvement de Léo, chaque passe, chaque tentative de me déstabiliser... Tout défile dans ma tête. Mais c'est la manière dont il m'a défié, même après tout ça, qui m'intrigue le plus.
C'est étrange, de sentir cette connexion avec quelqu'un que tu considères comme ton rival. Un sentiment ambivalent, un mélange d'admiration et de défi, comme s'il y avait quelque chose de plus que la simple compétition. Mais je ne peux pas me laisser distraire. Pas encore. Je dois me concentrer sur ce qui est devant moi.
Une fois que je me suis habillé et prêt, je retourne dans le hall du gymnase. Lynn m'attend, déjà prête à me faire une remarque. Elle se tient appuyée contre le mur, les bras croisés, un sourire amusé collé au visage.
— Alors, comment ça va avec ton "rival" ? me lance-t-elle, faussement sérieuse.
Je roule des yeux, tout en me dirigeant vers la sortie.
— Il n'est rien d'autre qu'un adversaire.
Elle m'attrape par le bras pour me ralentir, un regard mystérieux dans les yeux.
— Tu sais, je commence à me demander... Peut-être qu'il y a plus. Une sorte de jeu, peut-être.
Je fronce les sourcils, mais je n'ai pas le temps de lui répondre. En sortant du gymnase, je croise Léo .Il est là, tout juste sorti de son propre vestiaire, un sac de sport sous le bras, l'air toujours aussi confiant.
Nos regards se croisent, et il ne prend même pas la peine de cacher son sourire taquin.
— Pas mal, Rafael, mais tu sais que tu ne vas pas gagner à chaque fois, hein ?
Je hausse un sourcil, toujours un peu frustré par ses provocations, mais cette fois, il n'y a pas de rancune derrière ses paroles. Il a une sorte de respect dans ses yeux, même si c'est camouflé sous son arrogance habituelle.
— On verra bien, Léo, je compte bien te montrer que je ne suis pas qu'un « petit » nouveau ici, je n'ai pas fini de t'étonner.
Il rit, secouant la tête.
— C'est ça que j'aime chez toi, t'as du caractère. Mais je ne vais pas te laisser gagner tout le temps.
Un défi, encore. Cette rivalité, entre nous, est devenue bien plus qu'un simple match. C'est un jeu sans fin, un combat de volonté et de respect caché. Je sens que ce n'est pas juste le sport qui nous unit, mais quelque chose d'encore plus puissant, même si c'est difficile à décrire. Peut-être qu'il y a plus derrière cette tension que ce que je crois.
Avant qu'il ne parte, il se tourne vers moi une dernière fois, un sourire presque gêné, comme s'il voulait dire quelque chose sans oser le faire.
— Et... tu sais, Rafael, t'es pas si mauvais que ça. Même si tu m'agaces un peu, je commence à apprécier cette compétition.
Je reste silencieux un instant, surpris par cette confession subtile. Je n'avais pas prévu qu'il ouvre une porte comme ça, mais je souris malgré moi.
— Toi non plus, Léo. Mais ne pense pas que je vais te faire de cadeaux.
Il éclate de rire, puis se détourne pour rejoindre ses amis.
Lynn, qui a observé la scène depuis l'entrée du gymnase, me lance un regard triomphant.
— T'as vu ça ? Même lui, il ne peut pas nier que tu es un vrai concurrent. Je t'avais dit que vous finiriez par vous entendre...
Je ne réponds rien, mais je sais qu'elle a raison. Cette rivalité est loin d'être terminée. En fait, je crois que ce n'est que le début. Et je suis prêt à y mettre tout ce que j'ai.
Je monte dans la voiture avec Lynn et mes parents, le cœur encore battant de cette rencontre, et je n'arrête pas de penser à lui. Léo, mon rival, celui qui est devenu plus qu'un simple adversaire. Mais ce n'est pas encore la fin. Chaque rencontre entre nous est comme un tour de plus dans ce jeu. Et le prochain match... il sera encore plus intense.
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