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Je pénètre dans le gymnase en prenant une profonde inspiration, comme si l'air ici pouvait me purifier de la fougue de Léo qui se faufile dans mes pensées. Mais même l'odeur de la sueur et des baskets n'arrive pas à effacer le souvenir de son sourire de merde.
Je me dirige vers le terrain, m'apprêtant à commencer l'échauffement. D'habitude, j'arrive à me concentrer, à oublier tout ce qui se passe autour, mais aujourd'hui, **Léo** est partout. Dans mes gestes. Dans chaque mouvement. Ses paroles, son regard, tout semble se faufiler dans mon esprit à chaque passe, à chaque tir.
Je m'étire, j'essaie de me concentrer sur les gestes, mais ma tête me trahit.
Je suis perturbé.
Encore.
— Rafael, tu traînes, mec !
C'est Jules qui me sort de ma torpeur, me lançant un regard d'exaspération tout en ajustant ses protège-tibias.
— Désolé, j'étais dans mes pensées, murmuré-je en me reprenant.
Je me secoue un peu, décidant que ce n'est pas le moment de penser à Léo. Pas maintenant. Pas sur le terrain.
L'entraînement commence et le coach nous donne des consignes. On se répartit en équipes pour faire des matchs d'entraînement, et ma concentration se fixe enfin sur ce que je dois faire. Défendre, attaquer, tirer, courir. Chaque mouvement me permet de m'extraire un peu de la toile d'araignée dans laquelle Léo m'a tissé, mais...
Il est là.
Il est toujours là.
Je vois Léo sur l'autre côté du terrain, un regard déterminé sur le ballon, l'air concentré. Et bien sûr, il est dans l'équipe adverse. Super.
Je respire profondément et me force à ignorer le battement sourd dans ma poitrine chaque fois que je croise son regard.
Le match commence, et tout de suite, l'intensité monte. Les passes fusent, le ballon va d'un côté à l'autre du terrain. Je me trouve en défense, observant le jeu. Je me lance pour intercepter une passe, mais avant que je n'aie le temps de réagir, Léo surgit de nulle part.
Il m'a eu.
Avec une facilité déconcertante, il déjoue ma défense et marque un but. Le public applaudit. Je serre les dents, plus frustré que jamais.
— C'est pas fini, Léo.
Léo se tourne vers moi après son tir réussi, son sourire éclatant.
— Oh, je sais. T'inquiète pas, tu vas avoir ta revanche.
Je lui lance un regard noir, mais au fond de moi, je sens une autre sensation, une chaleur qui commence à me gagner. Ce sourire. Cette compétition. Ça m'agace, mais... en même temps, c'est une sorte de défi que je ne peux pas ignorer.
Je prends une grande inspiration, me préparant à reprendre le jeu.
Je ne vais pas me laisser distancer. Pas aujourd'hui.
Je fonce vers lui, essayant de ne plus penser à son sourire, à ses provocations. Il est juste un autre adversaire, un autre obstacle à franchir. Je me concentre sur le ballon. Sur la victoire. Rien d'autre.
Je dribble, je passe, j'accélère, mon cœur battant de plus en plus fort à chaque mouvement. Léo est juste en face de moi. Je feinte, je tire. Il saute pour bloquer. Mais le ballon... il passe.
But.
Je lâche un cri de victoire, le regard fixé sur Léo qui reste là, dans la même position, les bras légèrement écartés. Mais il ne sourit pas cette fois. Non. Il me fixe, comme s'il analysait chaque détail de ce qui vient de se passer.
— Bien joué, Rafael, dit-il, sans la moindre trace de moquerie dans sa voix.
Je suis à bout de souffle, mais cette fois, c'est moi qui souris, un sourire qui n'a rien de gentil.
— Tu vois, t'es pas le seul à savoir marquer.
Il ne répond pas, mais un léger sourire se dessine sur ses lèvres, et cette fois, c'est différent. Ce n'est plus un sourire de provocation. C'est... quelque chose d'autre.
Je détourne rapidement le regard, me concentrant sur le jeu. Mais au fond, je sais qu'il a vu ce sourire. Et qu'il sait exactement ce qu'il représente.
L'intensité du match continue à monter, et chaque action devient un défi. Léo et moi, on se toise sur le terrain, comme deux lions prêts à se sauter à la gorge, mais d'une manière bizarre, il y a cette électricité qui rend chaque mouvement un peu plus excitant. Chaque pas, chaque passe, chaque tentative de tir semble se transformer en une danse étrange entre nous.
Je vois Léo se positionner pour recevoir une passe. Ses yeux sont fixés sur le ballon, mais il me scrute du coin de l'œil, comme pour s'assurer que je suis dans la course. Je peux sentir l'adrénaline monter dans mes veines, la compétition devient encore plus féroce.
Je suis tout près, prêt à l'attaquer dès qu'il touche le ballon. Pas question de lui laisser une seconde de répit.
Quand la passe lui arrive, je fonce. Il pivote avec une rapidité impressionnante, et je tente de bloquer son tir, mais il me feinte d'un geste fluide. Le ballon passe à quelques centimètres de mes doigts.
Putain.
Il marque sans même que je puisse réagir, son tir claquant dans le filet avec une précision chirurgicale.
Le public éclate en applaudissements. Léo me regarde, ce petit sourire en coin qui ne le quitte jamais, une lueur de fierté dans ses yeux.
— Pas mal. Mais tu m'as sous-estimé, non ?
Je serre les dents. C'est le genre de moment où j'aimerais pouvoir le **faire taire** avec un seul geste, mais au lieu de ça, je sens cette envie de revanche brûler en moi.
Je me prépare à repartir en attaque. Cette fois, je vais jouer intelligemment.
La balle est passée à Jules, qui la dirige vers moi. Je la réceptionne proprement et me lance vers le but adverse, mes yeux fixés sur la cage. Léo est là, **je sais qu'il va essayer de me bloquer**. Je feinte une passe à droite, puis je change brusquement de direction et je m'élance vers la gauche. Léo se précipite pour intercepter, mais il est un peu trop tard.
Je tire, et cette fois, je lui vole la vedette. Le ballon traverse l'air à une vitesse folle, frappant la barre transversale avant de rebondir directement dans le but.
— C'est ça !
Je laisse échapper un cri de victoire, les bras levés, mais je vois tout de suite que Léo me suit des yeux, son regard plus déterminé que jamais. Il n'aime pas perdre. Il ne le tolère pas.
— T'as eu de la chance, lâche-t-il avec un petit air provocateur.
Je me tourne vers lui avec un sourire fier.
— Ça s'appelle du talent, Léo.
Il éclate de rire, secouant la tête.
— Si tu veux. Mais je vais récupérer cette avance.
L'entraînement reprend. Mais cette fois, la tension entre nous est palpable. On n'est plus juste des coéquipiers ou des adversaires : on est deux forces opposées, qui se défient, qui s'attirent et se repoussent en même temps.
À chaque action, je le surveille du coin de l'œil. Chaque feinte, chaque passe, chaque dribble devient une opportunité de lui prouver que je ne suis pas qu'un simple joueur parmi d'autres.
Il fait la même chose, se plaçant toujours dans mon champ de vision, comme s'il voulait s'assurer que je le garde en tête. Il est vif, rapide, et chaque mouvement semble étudié pour me déstabiliser. Lorsqu'il prend le ballon, il le fait avec une telle aisance que c'en est presque énervant. Mais je dois lui accorder une chose : il est **impressionnant**.
Il fait une passe à son coéquipier, puis se précipite vers le but. Je suis déjà sur lui, me lançant dans une course effrénée pour le stopper avant qu'il ne marque. Mais Léo est un maître de la feinte. Il semble me lire comme un livre ouvert. Avant que je puisse l'attraper, il effectue un crochet parfait, me laissant dans la poussière, et tire en pleine course.
Le ballon frappe le but. Mais cette fois, il fait une erreur : il s'attendait à un applaudissement, un compliment. Mais au lieu de ça, je suis déjà là, prêt à repartir en attaque. Je récupère la balle en une fraction de seconde, sans le regarder, et je fonce. Léo me suit de près, mais je l'avais déjà anticipé. Je fais une passe rapide à Jules, qui me renvoie immédiatement le ballon. Je n'hésite pas.
Je frappe.
Le ballon file dans le coin supérieur du but, hors de portée du gardien.
— But.
Je m'arrête, haletant, en regardant Léo. Il est juste là, à quelques mètres de moi, les yeux rivés sur le ballon dans le filet.
— On va voir qui a le dernier mot, cette fois, Léo.
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