10
Les heures de cours passent à une lenteur insupportable. Je tente de me concentrer sur les explications du prof, mais à chaque fois que je décroche, mon cerveau trouve le moyen de me ramener à lui.
Léo et son sourire agaçant.
Léo et ses provocations.
Léo et sa foutue habitude de me chercher dès qu'il en a l'occasion.
J'en ai marre.
Quand la sonnerie annonçant la pause de midi retentit, je range mes affaires rapidement et sors de la salle avant que Jules ne puisse relancer une conversation sur Léo. Direction la cantine.
Je repère une table libre et m'y installe, espérant pouvoir manger tranquille. Lynn m'a dit qu'elle mangerait avec ses copines aujourd'hui, donc au moins, elle ne sera pas là pour me poser trop de questions.
Mais, bien évidemment, ma tranquillité ne dure pas longtemps.
— Je peux m'asseoir, ou t'as peur que mon charme te déconcentre encore ?
Je soupire bruyamment avant même de lever les yeux.
Léo.
Ce mec est pire qu'une ombre.
— Fais comme tu veux, grogné-je en attaquant mon plat.
Il pose son plateau en face du mien et s'assoit avec son éternel sourire en coin.
— T'as l'air tendu, Raf. Trop de pensées inavouables ?
Je plante ma fourchette dans mon plat avec un peu trop de force.
— Arrête.
— Arrêter quoi ?
— Me chercher.
Il éclate de rire.
— Mais c'est toi qui me rends ça trop facile.
Je lève les yeux au ciel et continue de manger en l'ignorant. Mais bien sûr, Léo n'a jamais été du genre à lâcher l'affaire.
Il pose son menton dans sa main et me fixe, comme s'il analysait chacun de mes gestes.
— T'es gaucher, en fait ?
Je fronce les sourcils.
— Hein ?
— Quand t'écris, t'utilises ta main droite, mais quand t'es sur le terrain, tu tires souvent de la gauche.
Je cligne des yeux, un peu déstabilisé.
— Et alors ?
— C'est intéressant, répond-il avec un sourire mystérieux. Ça veut dire que t'es pas prévisible.
Je ne sais pas pourquoi, mais son regard sur moi me met mal à l'aise. Comme s'il voyait plus que ce que je voulais bien montrer.
— Je vais pas te remercier de me psychanalyser, lâché-je en reprenant une bouchée.
Il rit doucement avant de se pencher un peu plus vers moi.
— T'as pas besoin de me remercier. Juste... essaie de sourire un peu plus.
Je m'apprête à répliquer, mais il tend la main et...
Me pince la joue.
Je recule d'un bond, totalement pris au dépourvu.
— Mais t'es complètement malade ?!
Léo explose de rire en se redressant.
— T'avais une tête trop mignonne pour que je résiste.
Je sens mon visage chauffer et je détourne les yeux, furieux contre lui... et peut-être aussi contre moi-même.
Pourquoi ce type me fait autant réagir ?!
La fin du repas est une torture. Pas à cause de la nourriture, mais à cause de lui.
Léo passe le reste du déjeuner à me lancer des petits regards amusés, comme s'il attendait que je craque. Mais je me retiens. Je me force à l'ignorer, à me concentrer sur mon assiette et à ne pas relever ses provocations.
Mais à l'intérieur, c'est un foutu chaos.
Quand la sonnerie retentit, je me lève aussi vite que possible, bien décidé à mettre le plus de distance entre lui et moi.
— À plus tard, mignon.
Sa voix résonne derrière moi, suivie d'un rire moqueur.
Je serre les poings et quitte la cantine sans me retourner.
Pourquoi ce mec est comme ça ?
Pourquoi il a toujours besoin de me chercher ?
Et surtout... pourquoi ça me travaille autant ?
---
Je passe les cours de l'après-midi à essayer de me vider l'esprit. Mais ce n'est pas simple quand Jules me balance des regards en coin avec un petit sourire qui en dit long.
À la fin du dernier cours, alors que je range mes affaires, il finit par lâcher :
— Léo t'a encore collé à la cantine, hein ?
Je soupire.
— Pas maintenant, Jules.
Il rigole.
— Sérieux, mec, c'est quoi votre délire ? Il te taquine, tu le détestes, mais vous êtes toujours dans les parages l'un de l'autre.
— Je le déteste pas !
Le silence qui suit est bien trop pesant.
Je me rends compte de ce que je viens de dire.
Jules me fixe avec un sourire malicieux.
— Oh.
— Oublie ça.
Je claque mon sac sur mon dos et sors rapidement de la classe.
J'ai besoin de respirer.
---
Le soleil commence à décliner quand je sors du lycée.
J'ai prévu d'aller directement à l'entraînement, histoire de penser à autre chose. J'ai besoin de me défouler, de sentir l'adrénaline courir dans mes veines, de me concentrer sur autre chose que ce foutu sourire moqueur qui refuse de quitter mon esprit.
Mais, bien évidemment, le destin a d'autres plans pour moi.
Parce que Léo est là.
Il m'attend, appuyé contre le mur du gymnase, les bras croisés et ce sourire en coin vissé sur son visage.
— T'es lent, Rafael.
— Et toi, t'as que ça à faire, me harceler ?
Il rit en se redressant.
— Je voulais juste voir si t'allais bien après notre petit tête-à-tête de la cantine.
— Je vais très bien, merci, grogné-je en tentant de passer devant lui.
Mais il bloque mon chemin en posant une main sur mon épaule.
Et c'est là que **je sens la chaleur de sa paume à travers mon sweat**.
Je frissonne malgré moi.
— Détends-toi, me souffle-t-il avec un sourire amusé.
— Arrête.
— Arrêter quoi ?
— Tout.
Je repousse sa main et m'éloigne, le cœur battant un peu trop vite.
Il ne bouge pas, mais je sais qu'il me regarde partir.
Et cette fois... je ne sais plus si je veux vraiment qu'il arrête.
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