La porte d'entrée s'ouvre dans un bruit de métal, et l'odeur de peinture fraîche envahit mes narines. C'est la première chose que je remarque en pénétrant dans notre nouvelle maison. Il y a du soleil, et la lumière qui pénètre par les fenêtres met en valeur les pièces encore vides. Pas encore de meubles, juste quelques cartons et des murs blancs. Tout est à installer, tout est à réinventer. Et moi, je n'ai qu'une pensée : le lycée. Le handball.

Je pose mon sac à dos contre le mur et m'avance dans le hall. Ma sœur Lynn est déjà en train de déballer ses affaires, comme si rien n'avait changé. Ses cheveux bruns tombent en mèches autour de son visage, et elle porte ce regard calme, celui qu'elle a toujours eu. Tout ce qu'elle veut, c'est s'installer et commencer cette nouvelle vie. Moi, j'ai besoin de me concentrer. De trouver ma place. Le handball sera mon point d'ancrage.

— Alors, content de ta nouvelle chambre ? me lance Lynn, sans lever les yeux de ses cartons.

Je hausse les épaules, un sourire en coin.

— Ouais, c'est... spacieux.

Elle sourit et me taquine.

— Et le lycée, tu n'as pas hâte d'aller y faire un tour ? Peut-être que tu vas rencontrer un mec sympa pour te détendre un peu, non ?

Je lève les yeux au ciel. Elle me connaît bien, trop bien. Mais moi, ce que je veux, ce n'est pas un "mec sympa". C'est un terrain, un ballon, une équipe. Et Léo Dufresne. Ce nom flotte toujours dans ma tête, comme une obsession. J'ai vu quelques vidéos de ses matchs, entendu parler de lui par quelques élèves du lycée. Il est celui qu'il faut battre. Et il est là, dans cette ville, dans cette équipe.

Ma mère passe dans le couloir, un sourire fatigué sur le visage.

— Vous avez commencé à ranger vos affaires ? Rafael, ta chambre est à l'étage, à gauche.

Je hoche la tête sans vraiment écouter. Mes pensées sont ailleurs. Je monte les escaliers en silence, l'esprit déjà concentré sur demain, sur le jour où je vais enfin entrer dans ce lycée. Le jour où je vais affronter Léo sur le terrain. Rien d'autre n'a d'importance. J'ai déjà l'image du match dans ma tête : la sueur, les passes rapides, la pression. Mais cette fois, ce ne sera pas pour admirer. Ce sera pour défier. Et ça, ça change tout.

Je pousse la porte de ma chambre, jetant un coup d'œil aux murs vides, à la fenêtre qui donne sur la rue. C'est un peu trop calme ici. Je suis loin de mon ancienne vie, loin de l'équipe que j'ai laissée derrière moi. Mais c'est une nouvelle chance. Une nouvelle opportunité de m'imposer. Je me laisse tomber sur le lit, en silence, et je ferme les yeux.

Demain, je vais commencer à faire ma place ici. Je vais les connaître, tous. Les joueurs. Et Léo. Je vais montrer que je ne suis pas qu'un nouveau venu, mais un véritable concurrent.

Je me redresse finalement, m'éloignant de la fenêtre. Le bruit des cartons et des meubles résonne à travers la maison, mais je ne peux m'empêcher de penser à ce qui m'attend demain. J'ai l'impression que ma tête est pleine de stratégies, de mouvements et d'images de ce match qui se joue dans mon esprit. Il n'y a pas de place pour le doute, juste une volonté de prouver ce que je vaux.

Je me jette sur le lit pour attraper mon sac et en sortir un vieux carnet de notes. Il est usé, mais c'est mon carnet de handball. Dedans, il y a des schémas, des stratégies, des conseils que j'ai accumulés au fil des années. Je le feuillette, mes yeux s'attardant sur des pages déjà noircies de mes réflexions. La réalité me frappe : je suis à un tournant. Demain, je vais devoir rencontrer l'équipe et Léo Dufresne. Je dois être prêt.

Je griffonne quelques mouvements à la hâte. Des schémas simples, mais efficaces. C'est comme une préparation mentale, comme une manière de me rappeler que je peux faire face à tout, même à lui. La pression est énorme, mais c'est exactement ce que je recherche. Ce genre de défi.

— Rafael ! T'as pas fini de traîner, m'appelle ma mère depuis le rez-de-chaussée. Viens dîner !

Je ferme mon carnet et me lève en traînant des pieds. À cet instant, j'aurais bien préféré rester là, dans ma bulle, à me concentrer sur ce qui m'attend. Mais je sais que la famille est aussi un autre type de soutien. Elle m'encourage, même sans vraiment comprendre l'ampleur de ce que je ressens. Ils ne savent pas ce que ça fait de se retrouver dans un nouveau lieu avec cette pression de devoir prouver sa place.

Je descends, me dirigeant vers la table où ma mère a déjà dressé le repas. Lynn est là, plongée dans son téléphone, tandis que mon père est assis, l'air fatigué mais serein. C'est la première fois depuis notre arrivée que nous avons un instant de calme, de normalité. Mais même ici, mes pensées ne sont pas vraiment avec eux. Elles sont encore sur ce match, sur la manière dont je vais entrer dans ce lycée. Sur la manière dont je vais rencontrer Léo. Pas comme un simple nouveau joueur. Non, je veux que tout le monde sache dès le premier jour que je suis là pour m'imposer.

— Ça va ? Tu t'es installé ? me demande ma mère avec un sourire en coin.

Je hoche la tête, mais ma réponse est plus distraite que je ne l'aurais voulu.

— Ouais, ça va. C'est juste... un peu étrange, tu vois. Tout est nouveau.

Mon père me lance un regard compatissant, mais il ne dit rien. Il sait que je n'ai jamais aimé les changements. Sauf que celui-ci est nécessaire, et il me pousse à m'adapter plus vite que d'habitude.

— Demain, tu seras au lycée, tu vas te faire des amis, dit-il. T'inquiète pas, ça va bien se passer.

Je me contente de sourire sans conviction. Oui, je vais m'adapter. Mais pas pour devenir le "sympa" du lycée. Pas pour me faire des amis. Non, je vais m'adapter pour gagner, pour prouver ce que je suis capable de faire.

Le dîner se passe dans une routine calme, mais mon esprit est déjà ailleurs. Le lycée, Léo, l'équipe. Demain, tout commence.