Chapitre 2
Règlement de compte
— Riley !
Je me lève en sursaut avant de me cogner la tête contre le plafond.
Qu'est-ce que c'est chiant un lit en mezzanine !
Il est neuf heures et demie du matin et j-
— RILEY ! descend tout de suite, je te pris ! s'exclame mon père.
Non mais bonjour d'abord, moi qui pensais me faire toute petite aujourd'hui et bien, c'est raté.
Je descends doucement avant de bailler et arrive à sa hauteur en croisant les bras.
— Quoi ?
— Déjà, on ne dit pas « quoi » mais comment Riley. Fais comme ta sœur, et comporte-toi correctement et digne de notre nom.
Notre nom, on n'est même pas dans une branche luxueuse de l'arbre généalogique, tu parles.
Et même si mon père travaille dans l'une des plus grosses entreprises de Windsor, cela n'apporte pas plus à notre soi-disant « famille ».
— Comment se fait-il que ta sœur t'ait vue hier soir en train de fumer des cigarettes sous notre chêne ? me questionne-t-il, c'est interdit, continue-t-il.
— Mais n'importe quoi j-
— Arrête de mentir, ta sœur et ta mère ont raison, tu fais n'importe quoi et pas qu'en ce moment.
— Pourquoi ? Je dois ressembler comme deux gouttes d'eau à ta merveilleuse fille que tu aimes, criais-je, non, non, non, moi, je ne suis pas comme ça, alors tu n'as rien à me dire, mise à part me critiquer à longueur de journée comme tu le f-
Ma tête tourne d'un coup sec. Sa main, misérable, heurte mon visage une seconde fois puis une troisième, avec la même intensité, avant que je tombe par terre. Pitoyable.
Je suis déboussolée. Le pire, c'est que ce n'est pas la douleur qui me fait le plus mal, mais le geste.
Un geste indescriptible, et totalement irréel parce que j'ai honte.
Pour la première fois, j'ai honte d'être au sol et de m'être fait gifler sans avoir eu le temps de répliquer une bribe de paroles et m'être expliquée convenablement.
— John ! intervient ma mère complétement paniquée, on avait dit que nous ne devions en aucun cas gifler un de nos enfants.
— Occupe-toi de tes affaires Monica, je règle les choses qui ne me plaise pas chez moi, dit-il en criant.
Ma mère ne dit plus un mot et reste planté comme un i devant nous.
— Comment oses-tu ? dis-je en essayant de me relever et maintenant ma main sur ma joue.
— Tu vas te taire oui ! Je suis ton père et tu n'as aucun droit de me parler comme tu la fais ! Tu es sous mon toit et tu dois respecter ce que je t'ordonne de faire, de dire et la manière de te comporter !
Je hoche la tête doucement avant de laisser quelques larmes couler sur mes joues rougies par ce qu'il vient de se passer. Je joins mes genoux à mon torse avant de baisser la tête comme une enfant de six ans qui vient tout juste de faire une bêtise.
Il n'a jamais été violent, je ne comprends pas pourquoi je dois subir ça chaque jours, violence morale et maintenant, violence physique.
— Va dans ta chambre, ordonne-t-il en pointant du doigt l'étage où elle se trouve.
Je me lève doucement, et me rétablie avant de prendre la fuite telle une fugitive.
Seulement, à cet instant, rien qu'à cet instant, le regard de ma mère est totalement différent.
Une larme coule le long de sa joue et ses yeux sont tellement sincères. Ce n'est pas la première fois que je la vois ainsi.
À mes dix ans, je m'en rappelle, elle m'avait souri. Non pas un sourire habituel que l'on adresse aux gens, mais un sourire de fierté, d'amour. J'avais été surprise et n'avait pas eu le temps de lui rendre.
Je reste là, à la regarder, comme si elle pourrait me réconforter et me prendre dans ses bras pour me soutenir.
Elle sèche rapidement les petites gouttes salées qui perlaient le long de ses yeux avant de partir une nouvelle fois dans sa cuisine.
J'arrive au palier quand ma sœur sort de sa chambre aussi grande qu'une salle de sport.
— Alors, ça fait quoi de s'en prendre une, miss Riley, rigole-t-elle.
— Laisse-moi tranquille sale vipère, explosé-je
— Aww, dit-elle en se mettant à ma hauteur, tu me ferais presque pleurer avec ta tête de déterrée, ma pauvre bichette, personne ne t'aime... renchérit-elle en faisant la moue comme une enfant de trois ans, allez ciao la naine.
— Quel manque de vocabulaire, dis-je doucement sans qu'elle n'entende.
Elle passe à côté de moi et n'oublie pas de me bousculer avant de descendre.
Arrivée dans ma chambre, je m'écroule, en larme.
— Vivement le six mai, dis-je calmement avant de me regarder dans le miroir.
Ce miroir qui a vu tellement de choses inoubliables, comme ma conscience.
Il était là à chaque moment de faiblesse.
Je ne me suis jamais sentie aussi bien devant lui, comme si la vérité me brisait d'un coup.
Aucuns sourires n'ont pu le rendre heureux.
Rien qu'un instant, j'ai voulu sourire et le contredire de tout ce que l'on ne dit pas.
Encore du temps que je n'arriverai pas à garder.
**
Nous sommes en milieu de soirée.
Je suis toujours dans ma chambre, le regard fixé sur mon plafond comme s'il allait s'écrouler sur moi. J'en aurais tant aimé.
Un bruit se fait entendre derrière ma porte. Quelqu'un toque doucement avant de le refaire une seconde fois.
Comme si cette personne avait peur d'être prise en flagrant délit.
Je me lève difficilement et l'ouvre timidement.
Qui peut bien venir me voir à cette heure-ci et surtout pourquoi ?
Me faire encore du mal ?
Seulement, je trouve ma mère, les mains chargées d'un plateau garni d'un bon repas qu'elle a préparé.
— Tiens Riley, dit-elle, tu n'as pas mangé ce matin et ni ce midi, je pensais que, enfin tu vois, dit-elle timidement en me souriant
— Oh je... il ne fallait pas, je..., je n'arrive pas à articuler un seul mot, je gratte ma nuque ne sachant pas quoi faire et quoi dire.
— Je te le dépose où ?
Je me mets sur le côté pour qu'elle puisse pour la première fois, depuis plus de sept ans, rentrer dans ma chambre.
— Oh...euh... sur mon bureau si ça ne te gêne pas, merci.
Elle le dépose gentiment avant de frotter ses mains contre son jean.
— Je te laisse tranquille, bon appétit Riley, sourit-elle.
— Merci
Elle se retourne près à partir.
— Maman je..
Au son de ma voix, elle me regarde incrédule, mais hoche la tête pour me faire comprendre qu'elle a compris ce que j'essayais de lui dire.
Elle me sourit de nouveau et me regarde droit dans les yeux quelques secondes avant de regagner le salon. J'ai cru qu'elle vouvait encore me parler et par la même occasion me rassurer par rapport à l'événement de ce matin, mais rien.
Rien n'est apparu. Tout est oublié ou mis de côté.
Je referme la porte. Mon dos heurte celle-ci et je fixe ce repas tout en esquissant un petit sourire avant de me mettre à table.
Ça sent très bon.
Le pardon est difficile à accorder.
Même si les intentions y sont, même si nous n'avons qu'une vie et qu'il ne sert à rien de s'embrouiller, de se crier dessus, le pardon ne pourra jamais remplacer la douleur.
Une douleur qui fonctionne sans repère, comme si elle avait toujours existé.
J'ai tant essayé de trouver des remèdes pour guérir, mais les quelques personnes que j'ai côtoyées, ont tout fait volatiliser, comme l'amour que je pouvais donner.
En ce jour je me dis que l'importance est de s'aimer, de se donner l'espoir et surtout, de croire en soi. La confiance en soi est l'une des choses fondamentales de notre existence, car ce pilier nous renforce, nous guérie et nous aime.
Il faut être à la hauteur de ce que l'on est et ne de pas en avoir peur.
Petit chapitre qui je l'espère vous plaira :)
☆ Progression 2/12 ☆
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