Chapitre 1
Le froid mordant prit la jeune femme par surprise quand elle ouvrit la porte de sa petite maison de pierres. Resserrant sa cape de laine autour d'elle, elle souffla sur ses doigts et traversa la petite cour abritée sous un gros chêne, pour se rendre rapidement aux toilettes avant de revenir, transie. Elle attrapa quelques bûches de bois au passage et rentra rapidement au chaud en grelottant.
— Mais quel froid !
Jetant une bûche dans la grande cheminée, elle tendit les mains et eut un violent frisson. Elle pivota ensuite et, tout en se réchauffant le dos, elle observa la maisonnette. D'une seule pièce, elle avait le confort minimum, à savoir une cuisine, un coin pour manger et un pour dormir. Ce n'était pas le grand luxe, mais elle n'aspirait à rien d'autre pour le moment ; elle avait besoin de décompenser, d'être au calme pour se remettre des derniers événements qui avaient secoué les Triges...
Après avoir désactivé avec succès l'entité numérique et maléfique ALIE, créée des décennies plus tôt afin d'aider les humains à mieux gérer leur planète, la créature avait décidé que le problème des humains de la Terre, c'était les humains eux-mêmes. Elle avait donc pris le contrôle de tous les silos nucléaires du monde et avait déclenché un génocide qui avait tué quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population mondiale, laissant la planète à feu et à sang, mortellement irradié, avec ici et là quelques survivants aux bombes qui avaient frappé les plus grandes villes...
Clarke Griffin soupira en s'asseyant au bout du banc près de la cheminée. Cela faisait six mois maintenant que les choses étaient revenues à la normale, du moins pour elle, car après avoir avalé la Clef et s'être fait implantée de la Flamme par John Murphy, elle avait réussi à détruire l'entité maléfique, à la désactiver une bonne fois pour toutes avec l'aide de Rebecca, la scientifique qui l'avait créée, ALIE2, qui vivait dans la Flamme, elle. Avant de s'éteindre, cependant, ALIE avait proféré des prédictions terrifiantes, la destruction de la planète une seconde fois et, ce coup-ci, personne n'y survivrait, laissant une Terre définitivement morte...
S'ébrouant, la jeune femme passa une main sur son visage. Six mois et les prédictions ne s'étaient pas réalisées, mais il ne fallait pas crier victoire trop tôt, elles pourraient se réaliser dans cinq, dix ou cinquante ans ; pour le moment, le niveau des radiations n'avait pas augmenté d'un micro-sievert et c'était parfait ainsi.
Se sortant cette période trouble de sa tête, Clarke entreprit de ranger sa maisonnette. Au pied de son lit, un tas de fourrures et de couvertures de laine avait été, pour la semaine écoulée, le lit de Harper et Octavia. Elles étaient en effet venues passer quelques jours avec la blonde, afin de se reposer des tensions qui émaillaient encore la vie des Skaikrus dans leur campement de fortune qui avait tout l'air d'une porcherie qu'autre chose...
— À l'heure qu'il est, elles doivent être en vue d'Arkadia...
Clarke jeta un coup d'œil sur la pendule accrochée au mur. Elle l'avait trouvée dans la maison et avait été surprise de découvrir qu'elle fonctionnait à l'énergie solaire. Elle avait donc posé le capteur derrière la fenêtre, ainsi elle avait l'heure de jour comme de nuit, même par temps gris et elle avait rapidement réalisé que ce simple objet moderne lui avait cruellement manqué ces derniers mois...
— Bellamy devrait arriver d'ici deux ou trois jours, dit alors la jeune femme en ramassant le tas de fourrures. J'ai le temps de tout ranger et faire le grand ménage. Hm, il faudra aussi que j'aille chercher du bois...
Clarke grimaça. Elle détestait la corvée de bois autant que son cheval, car il fallait descendre sur la grève et marcher dans les galets de la plage pendant des heures en ramassant le moindre bout de bois-flotté. Elle avait rapidement réalisé que ce bois, plutôt que celui d'un arbre de la plaine, brûlait beaucoup plus difficilement et, même s'il dégageait une odeur de sel très forte et beaucoup de fumée, elle s'en fichait ; elle avait là de quoi tenir une journée entière avec un seul morceau de bois et il fallait bien ça tant le froid était mordant ici, sur la falaise au bord de l'océan...
Clarke songea alors à ses amis, ceux qui avaient été envoyés sur Terre dans la navette en même temps qu'elle, ces prisonniers qu'on avait sacrifiés pour savoir si la planète était à nouveau viable ou non... Ils n'étaient plus qu'une poignée sur les cents-et-un à avoir survécu, une quarantaine, même pas, et ils venaient chacun leur tour, seul à deux, lui tenir compagnie. Cela l'aidait également pour sa propre santé mentale ; comme elle avait très peu de solitude, elle avait peu de temps pour repenser à toutes les horreurs qu'elle avait endurées depuis l'atterrissage de la navette et, même si parfois, une scène lui revenait à l'esprit, elle tâchait de la repousser dans les tréfonds de son esprit et de l'archiver. Oh, elle allait mettre des années avant de guérir de tout cela, mais elle y croyait, grâce à ses amis surtout, et sa mère, Abigail Griffin.
En songeant à sa mère, Clarke sourit. À Arkadia, la vie reprenait son cours tant bien que mal ; Abby et Marcus Kane, le Chancelier, avaient accepté qu'une vingtaine de Trikrus s'installent à demeure dans le camp pour leur apprendre à survivre en milieu hostile, à chasser, pêcher et planter de quoi les nourrir durant les longs mois d'hiver... Bien évidemment, les Skaikrus avaient pesté et râlé, ils n'avaient aucune envie de travailler, de se fatiguer et de s'abîmer les mains pour manger ou dormir au chaud, mais les Triges ne leur avaient pas laissé le choix et avaient refusé à quelques reprises de donner sa ration de la journée à un tire-au-flanc. Une fois, deux fois, trois... L'histoire avait été réglée et les Skaikrus travaillaient désormais dur pour survivre sur ce terrain où tout semblait vouloir les tuer...
Tournant les yeux, Clarke sourit et s'approcha d'une petite maisonnette en bois que Monty avait sculptée. Harper la lui avait apportée pour lui expliquer qu'ils avaient commencé à dessiner des plans pour aménager le campement et devenir enfin le treizième peuple. La route allait être longue cependant, mais avec l'aide des Trikrus d'Indra, ils allaient dans le bon sens. La meilleure nouvelle avait été quand Octavia lui avait annoncé que Roan d'Azgeda, alors Roi des Triges, avait proposé d'octroyer aux Skaikrus un territoire rien que pour eux afin qu'ils puissent s'installer et commencer à vivre correctement sans dépendre d'un autre clan.
.
Un peu plus tard dans la journée, alors que la jeune femme avait fait de la lessive et l'avait étendue dehors, elle décida de faire une pause pour profiter du soleil et, une tisane bien chaude entre les mains, elle s'assit sur le muret entourant sa propriété, donnant sur la mer. L'immensité grise infinie s'étendait à perte de vue sous ses yeux. Au loin, bien au large et invisible à l'œil nu, se trouvait la plate-forme pétrolière abandonnée des Floukrus. Luna y vivait avec les siens, une Natblida, normalement vouée à diriger les Triges. Elle avait déserté peu avant son Conclave, n(ayant aucune envie de mourir sous les coups de Lexa kom Trikru, la jeune fille devenue alors Heda après avoir assassiné, sous les yeux d'une assemblée en liesse, sept enfants de son âge... Quelques semaines en arrière, Luna était arrivée à Arkadia avec une demi-douzaine de Floukrus très malades. Abby n'avait rien pu faire pour les sauver, alors sévèrement irradiés par une vague de radiations inconnue venue de l'autre côté de l'océan. Seule Luna avait survécu, grâce à son sang noir et, en état de choc, elle était allée se réfugier à TonDC avant d'en partir, une nuit et de disparaître à tout jamais. Personne ne l'avait revue depuis lors, mais Clarke savait qu'elle n'était pas morte ; sans doute cachée dans la population dense de Polis, la capitale des Triges.
Serrant ses mains sur sa tisane, Clarke soupira. Elle avait fait la même chose que Luna, elle s'était enfuie après que les choses soient revenues à la normale à Polis... Elle était rentrée à Arkadia avec les siens, choqués et estropiés, mais elle leur avait faussé compagnie au premier croisement venu et avait filé droit devant elle. L'océan l'avait arrêtée et, en longeant la falaise, elle était tombée sur cette petit maison étonnement bien conservée. Elle avait décidé de s'y installer et, le temps que ses amis la retrouvent, elle s'était fait un petit nid douillet qu'elle n'avait aucune envie de quitter malgré les insistances de ses parents qui s'inquiétaient pour elle, à vivre seule comme ça, coupée du monde... En songeant à ceux qu'elle considérait désormais comme ses parents, à savoir Abby et Marcus Kane qui étaient ensemble depuis quelques mois, un souvenir remonta, douloureux, et elle fronça les sourcils en baissant la tête. Aucun de ses amis ne pouvait comprendre ce qu'elle avait éprouvé en portant la Flamme ; elle y avait revu Lexa, la commandante suprême des Triges avec qui elle avait eu une brève relation physique, et cet adieu-là avait été encore pire que celui qu'elle avait dû faire quand Titus, alors Fleimkepa, l'avait assassinée sans le vouloir d'une balle dans l'estomac normalement destinée à Clarke...
En repensant à l'ancienne chef des Terriens, Clarke soupira. Elle l'avait aimée, oui, beaucoup, mais elle avait réalisé qu'elle n'avait jamais été amoureuse, de personne, ni Wells, ni Finn, ni Niylah, ni Lexa...
— Je n'ai que dix-huit ans, mais avec un tel bagage, vais-je un jour trouver un homme qui voudra de tous les démons qui me suivent ?
Une petite voix dans sa tête soupira et la jeune femme se redressa alors. Le fond de l'air était frais, l'hiver approchait, mais elle avait une maison solide avec un toit en ardoises. Elle avait suffisamment de bois pour tenir encore plusieurs jours et quand Bellamy arriverait, il se ferait un plaisir d'aller en couper, d'aller chasser aussi et même pêcher. Il se pliait en quatre pour elle depuis la fin de la guerre et était celui qui avait passé le plus de temps avec elle depuis qu'elle avait décidé de partir d'Arkadia. Elle adorait sa présence à ses côtés, ils n'avaient aucun secret l'un pour l'autre, ils se partageaient même le grand lit, comme n'importe quel couple, alors qu'ils n'en étaient pas un...
Clarke s'ébroua. Elle tenait à Bellamy bien plus qu'elle n'en avait le droit, elle le savait, cependant elle se refusait à l'admettre, car elle avait extrêmement peur que le Destin décide finalement que non, elle n'aurait pas droit à son bonheur, et veuille éliminer le jeune homme de la balance une bonne fois pour toutes, comme il l'avait fait avec Finn et Lexa.
— Si Bellamy disparaît, je n'aurais plus aucune raison de vivre... soupira-t-elle en serrant les doigts autour de sa tasse de bois.
Elle grimaça et leva les yeux au ciel en serrant les mâchoires. Elle se secoua alors et décida de se changer les idées en finissant de ranger sa maison avant de s'emparer d'un grand panier plat pour descendre sur la plage et ramasser un peu de petit bois flotté.
.
Alors qu'elle entassait des branchettes grisâtres polies par le sable, Clarke renifla quand un coup de vent lui apporte l'odeur d'un cheval. Le sien étant resté sur la lande au sommet de la falaise, elle doutait qu'il l'ait rejointe ; elle leva néanmoins les yeux et remarqua aussitôt le cavalier qui sautait à terre devant le muret entourant sa maison.
— Allons bon, qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pas Bellamy, déjà ?
Ramassant son panier, elle entreprit de remonter les marches taillées dans la roche et, en arrivant en haut, elle reconnut le harnachement du cheval. Elle fronça aussitôt les sourcils.
— Heya, Soujona ! s'exclama-t-elle.
Le visiteur sursauta de surprise alors qu'il regardait dans la maison par la fenêtre, les mains en entonnoir.
— Wanheda ? répondit-il en repoussant sa capuche.
Il descendit la pièce de tissu qui lui protégeait le visage et Clarke n'eut aucun problème à reconnaître un Terrien. Elle fronça les sourcils.
— D'où tu viens et qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle un peu sèchement.
Déposant son bois dans une caisse à l'abri de la pluie, elle attendit puis interrogea l'homme du regard en se retournant.
— Alors ? Si tu es venu pour rien, tu peux repartir, je n'ai plus de temps à accorder aux Triges.
Le contournant, elle rentra dans la maison et se débarrassa de sa cape en empoignant la bouilloire qu'elle déposa sur les flammes de la cheminée.
— Tisane ? demanda-t-elle.
Sur le seuil, l'homme était figé. Il s'ébroua soudain, entra et entra en hochant la tête.
— Alors ? J'écoute. Qui es-tu et d'où viens-tu ?
— Je suis désolé de te déranger, Wanheda, nous savions que c'était une mauvaise idée, mais...
— Qui ça, nous ?
L'homme baissa le nez.
— Roan ?
Clarke ferma les yeux et soupira en s'asseyant au bout d'une chaise.
— Six mois ! répondit-elle. Je n'ai eu que six mois pour... Tu sais quoi ? Repars d'où tu viens. Je ne veux rien savoir, qu'il se débrouille !
— Mais...
L'homme tendit les mains comme Clarke s'éloignait vers la porte de la maisonnette.
— Attends, s'il te plait...
— Écoute... qui que tu sois, j'ai failli mourir pour vous sauver ! répliqua la jeune femme en pivotant. J'ai détruit ALIE en mettant la vie de tous les miens en jeu, pour quoi ? Rien du tout ! Je n'ai rien eu retour, pas même un merci ! Résultat, je suis ici, dans cette maison au bout du monde parce que je fais des cauchemars terrifiants où tout le monde meure irradié ! Est-ce que tu sais ce que ça fait, les radiations, hein ? Non, bien sûr que non !
Le Terrien baissa le nez, sourcils froncés, il avait la même impression que lorsqu'il se faisait engueuler par sa mère... Relevant la tête, il observa la jeune femme devant lui.
— Tu es brisée, Wanheda, je sais, mais Roan ne... Il a besoin de toi, les miens ne l'écoutent pas, ils refusent d'obéir à un commandant qui n'a pas le sang noir et...
Clarke se figea.
— Je n'ai pas le sang noir, répondit-elle en se détournant.
— Menteuse.
La jeune femme posa ses mains sur un meuble et ses ongles crissèrent sur le bois tendre. Une main se posa alors sur son épaule et elle s'en débarrassa d'un coup en s'éloignant.
— Wanheda... Clarke, s'il te plaît ! Nous avons besoin de toi ! Tu ne comprends donc pas ? Roan n'a aucune emprise sur les miens, c'est l'anarchie à Polis, certains proposent même une chasse à l'homme dans tous les clans pour rapatrier tous les enfants Natblidas et les forcer à combattre lors d'un Conclave ! Si tu refuses, tu auras le sang d'une centaine d'enfants sur les mains, c'est ce que tu veux ?
Clarke serra les mâchoires et fit face à l'homme qui eut un mouvement de recul presque imperceptible.
— Dis-moi donc, pourquoi est-ce qu'ils m'obéiraient, moi, alors qu'ils refusent l'autorité de l'un des plus puissants chefs des Triges ? demanda-t-elle, mauvaise. Je ne suis qu'une gamine ! J'ai dix-huit ans et j'ai tellement de sang sur les mains que je pourrais remplir une barrique avec !
Le Terrien l'observa, à la fois confus et contrarié.
— Je n'ai aucune raison valable pour te convaincre, répondit-il après quelques secondes de silence. Cependant, saches que si tu ne viens pas aider Roan à reprendre la main sur les Triges, tu pourrais être considérée comme responsable d'une nouvelle guerre de clans ; une encore plus sanglante que la précédente étant donné que désormais, plusieurs des miens ont vos armes à feu !
Clarke serra les lèvres et détourna la tête.
— Il te faut un Natblida, dit-elle en allant retirer la bouilloire des flammes. Moi je ne suis qu'un imposteur, j'ai obligé Murphy à m'implanter la Flamme tout en avalant la Clef, c'était le seul moyen d'atteindre ALIE...
Le Terrien secoua la tête.
— Je ne comprends rien à tout cela, Wanheda. Tout ce que je sais, c'est que tu nous as tous sauvés. Tu as ramené toutes ces pauvres âmes de la Cité des Lumières, tu nous as débarrassés d'Ontari dans la foulée... Alors oui, tu as usurpé la Flamme, mais c'était pour la bonne cause et personne ne t'en veux !
Clarke souffla par le nez.
— Permets-moi d'en douter, il y aura toujours des gens pour me reprocher la mort de Lexa.
Le Terrien serra les mâchoires.
— Je suis à court d'arguments, dit-il alors. Je repars demain matin, dans la matinée, si tu viens, rejoins-moi sur la lande, je vais y monter mon bivouac. Si tu ne viens pas, je dirais à Roan que tu es morte.
Clarke haussa les sourcils, surprise, mais le Terrien ne lui laissa pas le temps de répondre et quitta la maison. Il se hissa sur son cheval et remonta la petite pente qui permettait de rejoindre la lande battue par les vents. Elle l'observa disparaître au sommet puis, serrant le poing, elle cogna contre le chambranle de la porte et jura avant de rentrer en faisant péter cette dernière...
.
Sa journée ruinée, la jeune femme la passa à coudre. Elle avait plusieurs peaux et fourrures tannées en attente d'être transformées en quelque chose et elle décida de se vider la tête en s'en occupant. De toute manière, elle n'avait rien de mieux à faire sinon pester après Roan... Lorsque la nuit tomba, elle se fit réchauffer un reste de ragoût du midi et songea alors au messager. Il aurait tout aussi bien pu camper dans son jardin, cela ne l'aurait pas dérangée, mais elle avait remarqué que malgré ce qu'elle avait fait – usurper la Flamme, etc – les Terriens la craignaient réellement... Le fait qu'elle ait tué tous les Maunons de Mount Weather revenait régulièrement sur le tapis quand bien même il n'y avait rien de magique dans le fait de renverser une ventilation et d'irradier trois cents innocents...
S'ébrouant, Clarke refoula ces douloureux souvenirs. Un hennissement sur la plaine lui fit tendre l'oreille, mais elle reconnut son étalon et savait qu'il allait apparaître dans le jardin dans quelques minutes afin de passer la nuit dans son abri. Elle le laissait divaguer sur la lande et brouter la journée sans le surveiller, mais il revenait toutes les nuits dormir près d'elle et cela la rassurait même si elle n'avait vu aucun prédateur depuis son arrivée, susceptible de tuer un cheval.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro