« Parfois, ce sont les personnes en qui vous avez le plus confiance qui vont vous trahir.
-Harry »

Il n'avait même pas mal. Du moins physiquement, car mentalement c'était tout à fait autre chose. Il se mordit la lèvre inférieure tandis que son visage restait tout simplement impassible. Il ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas quoi dire pour calmer la boule de colère qui venait de s'abattre sur lui. Car même s'il avait déjà vu Irène détruite, sur le point de craquer, entrain de pleurer ou encore énervée ; il ne l'avait jamais vu aussi colérique, furax. Elle était totalement ingérable et il le savait. Il se demandait ce que Lucky avait bien pu dire très exactement à la jeune femme pour la mettre dans un état pareil, car ce n'était pas normal. Jamais elle n'avait été comme ça, à lever la main sur lui.

Harry attrapa les mains de la brunette dans les siennes et essaya de la regarder avec douceur et tendresse, avec amour et passion mais le problème c'est que l'image de cette dernière dans les bras de son ami le rendait fou de rage. Il essayait de se convaincre qu'il y avait une putain de raison derrière tout cela, mais c'était si dur qu'il regardait les deux jeunes gens avec un regard noir et dur. Il ferma durement les paupières et inspira un grand coup par les narines pour se calmer –ou du moins essayer- mais en vain, il broya les doigts de la jeune femme dans les siens.

-Aïe, aïe, aïe, Harry tu me fais mal putain ! Se plaignit la jeune femme.

Harry secoua légèrement la tête pour se ressaisir et prit la jeune femme dans ses bras, comme ça. C'était probablement fait sur un coup de tête, mais il en ressentait le besoin et la nécessité. Irène fondit en larmes contre sa poitrine et essaya de se défaire de son emprise du mieux qu'elle le pouvait mais les bras musclés et réconfortants de celui qu'elle aime était ce dont elle manquait réellement depuis longtemps déjà. Il serra son emprise autour du corps frêle et secoué de la jeune femme qu'il aimait. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion se la prendre dans ses bras et il devait avouer que d'une part, ça lui manquait énormément à lui aussi.

-Tu m'as manqué, murmura Harry près de l'oreille de la jeune femme en espérant que Lucky n'entendrait pas, ou du moins ne fera aucun commentaire.

Mais le blondinet n'eut pas besoin de faire un quelconque commentaire, car c'était la brunette qui allait s'en charger. Même si les bras de son homme lui avait manqué, ça ne retirait en rien qu'elle était en colère contre lui et qu'elle voulait avoir des réponses ou du moins des explications. Irène s'écarta d'un coup sec du brun qui fronçait le sourcil, ne comprenant pas la réaction pressée de sa petite amie. Il lui avait dit qu'elle lui avait manqué, est-ce un problème en soit ? Non, bien évidemment que non mais c'est juste qu'il avait oublié qu'elle était en colère contre lui et le contexte dans lequel ils se trouvaient actuellement.

-Je t'ai manqué ? Et est-ce que dans les bras de cette pute je t'ai toujours manqué ? S'enquiert-elle en haussant le ton.

Irène serra les dents, les os de sa mâchoire saillirent sous sa peau. Elle était en colère et serrait les poings, prête a à nouveau taper sur le torse de son amoureux. Elle était en colère contre lui, car il avait osé la trahir. Il avait osé la tromper et c'était véritablement le plus pire affront et la plus pire connerie qu'il pouvait faire aux yeux de la belle brunette. Elle n'était pas hors d'elle, parce qu'elle disait que c'était peut-être un signe qui valait mieux mettre un terme à cette histoire d'amour qui en avait déjà bien bouffé. Elle n'avait plus envie de se battre pour un homme qui n'en valait peut-être pas tant la peine que ça malgré qu'elle l'aime de tout son cœur. Nonobstant le fait qu'elle était littéralement folle amoureuse de lui, serait plus juste.

Le silence qui répondit à la jeune femme en disait long sur ce que pensait le jeune homme, sur ce qui lui venait à l'esprit mais aussi sur le fait qu'il était entrain de préparer des arguments et sa défense. Il essayait probablement de trouver le moyen de contrer toute cette histoire, de changer de sujets mais il devait bien se douter qu'avec une femme comme Irène –qui est en colère en plus- il n'y arriverait probablement pas. Jamais, plutôt. Il se pinça les lèvres entre elles et se sentit pris au piège.

Il était obligé d'avouer la vérité, mais il avait du mal à croire qu'on goberait ses excuses. Il avait bel et bien couché avec cette prostituée, car il était en manque et que l'excitation mêlée avec l'adrénaline avait prit le pas sur lui. Pourtant quand ça c'était terminé, il n'avait rien ressentit de bénéfique. Il avait même une boule dans la gorge et s'était empressé de venir chez Irène pour essayer de se faire pardonner, ou encore pour tout faire pour qu'elle ne soit au courant de rien. Mais c'était foutu pour la seconde option –qui était quand même la plus facile- car Lucky avait vendu la mèche. Et il était sûr et certain que ce dernier a été tiraillé entre ses deux amis et que pour finir, c'est la présence et les regards de la belle qui l'ont fait accoucher.

Car quand elle le voulait vraiment, Irène arrivait à avoir un fort pouvoir persuasif. Harry soupira, se retourna, fit quelques pas tout en prenant quelques mèches de ses cheveux avec ces deux mains. Il capitulait, il avouait sa défaite. Il assumait sa connerie, surtout. Pourquoi ? Il lui avait fallut juste croiser le regard de sa petite amie pendant 5 microsecondes pour comprendre que c'était fichu pour lui et que rien n'arriverait à la faire changer d'avis ou à la convaincre et que le meilleur qu'il pourrait faire c'était d'assumer pleinement sa connerie. Il avait merdé, encore une fois. Enfin de compte, ce n'était qu'une fois de plus dans la vie de la jeune femme que le brun merdait.

Harry aurait aimé pouvoir dire, être capable de dire : « Je peux tout t'expliquer ». Mais la fatalité lui était tombée dessus comme l'eau d'une cascade. Il ne savait plus quoi faire ni dire parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'une telle situation arrive. Et même s'il s'y était préparé ou qu'il en aurait déjà connu une pareille, le simple fait que ce soit Irène qu'il ait trompé aurait tout changé. Il se prit la tête dans les mains ne se mordant fiévreusement la lèvre inférieure. Ce n'était pas possible pour lui de se sentir aussi mal parce qu'il a fait du mal à quelqu'un.

C'était pratiquement la toute première fois de sa vie que l'amour dictait justement cette vie, que l'amour était entrain de le faire tourner en bourrique. Il n'avait pas vraiment conscience des sentiments auparavant et maintenant que l'amour s'en mêle, il est complètement perdu. Il n'avait pas pensé au moment même qu'il était entrain de commettre probablement l'irréparable lorsqu'il était avec cette jeune femme –la prostituée- mais juste après être monté au septième ciel, la chute fût lourde et douloureuse. Il n'avait connut cela auparavant, le besoin irrépressible de devoir toujours faire bien et de devoir toujours satisfaire au maximum la personne qu'il aime. Car avant Irène, on ne peut pas dire qu'Harry a été réellement amoureux non plus.

-Je suis désolé, articula-t-il avec difficulté.

Harry savait au moment même où les mots avaient passés la barrière de ses lèvres que ce n'était pas du tout ce qu'il aurait dû dire, à cause du regard de sa petite amie –s'il peut encore l'appeler ainsi, il ne savait pas- et à cause de la mine désapprobatrice de son ami. Lucky lui transmettait un message très clair à travers ses yeux bleus : « Tu n'es vraiment qu'un abruti de première ». Harry avala difficilement sa salive et se mit de dos aux deux personnes qui étaient avec dans le salon, n'osant pas affronté leurs regards. Pour la toute première fois de sa vie, il avait envie de fuir. Il avait envie de tout, exactement de tout, sauf de se retrouver à devoir subir la colère d'Irène et les reproches visuels de Lucky. Il s'en passerait franchement.

-Tu es désolé ? Tu es surtout un con, ouais ! S'exclama la jeune femme.

Harry avala difficilement sa salive en tirant sur plusieurs de ses mèches de cheveux. Il n'avait aucune envie de s'en arracher, mais il tirait tellement fort que c'était tout ce qu'il arrivait à faire. Il se sentait excessivement mal. Il se sentait mal parce qu'il avait déçu pas mal de personnes, mais surtout lui-même. Et pas que, il avait aussi fait extrêmement de mal à la femme qu'il aime. Quand il pense qu'il est censé la rendre heureuse et la comblée le plus possible, il avait l'air bien con à la tromper comme un con alors que si ça se trouvait, elle aurait peut-être bien voulut qu'ils le fassent ce soir. Surtout qu'il trouvait Irène plus belle que la prostituée.

Irène sortit du salon, furibonde. Elle monta les escaliers, claquant ses pieds sur les marches pour faire le plus de bruit possible et ainsi montrer aux deux jeunes hommes qu'elle était vraiment en colère. Et lorsqu'elle arriva enfin à sa chambre, elle claqua la porte et se laissa littéralement tomber sur le lit tandis que des lacrymales glissaient à flot sur ses joues. Harry resta dans le salon, les bras croisés sur sa poitrine musclée à toiser son ami. Il avait les lèvres en une fine ligne. Il ne souriait pas du tout, alors qu'il le faisait habituellement devant son ami. Ce dernier sentit qu'il allait passer un mauvais quart d'heure, comme toujours lorsqu'il osait de venir en aide à quelqu'un au détriment d'une autre personne.

Harry se racla la gorge et s'avança jusqu'à son ami. Il avait un regard à nouveau froid, distant, glaciale même. Il était noir, obscur. On aurait pu avoir l'impression que toutes les ténèbres s'y étaient engouffrés. Il avait le visage totalement impassible malgré le fait que sa mâchoire carrée ressortait parce qu'il serrait les dents. Il regarda droit dans les yeux son ami qui fuyait du regard sans cessa, essayant de regarder partout autour de lui sauf là où se trouvait Harry et principalement le regard de ce dernier. Sauf que le blond était piégé et qu'il n'avait pas d'autre choix, il devait essayer de convaincre son ami que ce n'était pas dans ses intentions de se taper Irène dans un moment de faiblesse chez cette dernière, de lui voler sa petite amie ou encore de le mettre dans une mauvaise position.

-Je suis désolé, marmonna Lucky entre ses dents.

-Désolé ? Tu es désolé ? S'exprima Harry avec un ton ironique et exaspéré. Elle n'avait pas besoin d'être au courant.

-Pas besoin d'être au courant ? Tu te fous de ma gueule-là, j'espère ? Elle mérite pleinement d'être au courant, merde ! S'écria Lucky, outré par les propos de son ami.

Harry avança jusqu'à lui et le prit par le col. Le blond se leva de lui-même du canapé et osa affronter le regard de son ami, car il n'arrivait pas à croire que ce dernier pensait qu'Irène n'avait pas besoin d'être au courant de ses ébats sexuels avec une pute. Et était-ce seulement la première fois qu'il la trompait ? Et d'autant plus avec une femme qui vend son corps ? Puis combien l'avait-il payé ? Ou alors ce Louis lui avait offert les services de la jeune femme ? Tellement de questions qui se bousculaient dans l'esprit de l'américain qui tenait tête à son ami par respect envers son amie.

-Oui, elle n'avait pas besoin d'être au courant, répéta le brun avec conviction.

-Je ne suis pas d'accord avec toi. Elle avait besoin de le savoir. Si tu l'aimes vraiment, comme tu le prétends, tu aurais accepté qu'elle le sache et qu'elle puisse prendre du temps pour elle. Je sais que vous n'avez jamais fait l'amour mais ce n'est pas non plus une raison pour aller voir ailleurs. Elle vaut mieux que ça, Harry ! Rétorqua le blondinet en serrant les poings pour ne pas secouer son ami comme un prunier.

-Si c'est pour dire des conneries pareilles, je te prie de sortir de chez moi, s'enquit Harry avec une pointe d'énervement qui filait dans sa voix.

-Déjà, ce n'est pas chez toi mais chez Irène. Et de plus, elle vaut mieux que ça ! Dit à nouveau l'américain.

Lucky s'en alla de lui-même sous le regard perturbé de son ami. Ces dernières paroles, répétées deux fois, étaient entrain de germer dans l'esprit de l'anglais. Lucky le savait, c'était pourquoi il s'en allait sans qu'on ne lui demande. Il posa la main sur la poignée et jeta un dernier regard sur un Harry perturbé et complètement perdu dans ses pensées. Il sortit de la maison pour retourner chez lui, remerciant mentalement la belle brune de lui avoir fait recouvrir sa liberté. Pendant ce temps, Harry était entrain de penser. Les mots de son ami se répétaient sans cesse dans sa tête, comme une litanie. Il inspira un grand coup, comme s'il venait d'avoir une idée de génie. Un sourire apparut sur ses lèvres et il monta les marches de l'escalier, deux à deux. Il en était convaincu, Irène valait vraiment mieux que ça.

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Musique ; Give It Up - Nathan Sykes ft. G-Eazy