Correction Texte Bac: ''Une charogne''
Œuvre intégrale.
explication linéaire nº3 : « Une charogne » p. 80 du livre
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Le ventre en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!
Charles Baudelaire
INTRODUCTION :
''Une charogne '' est un poème deCharles Baudelaire, poète français du 19 siècle ayant la volontéde lier le mal et la beauté. Issus d'une famille aisée, il écritles Fleurs du mal , œuvre jugée immorale et attaquée en justice.Ce poème est divisé en douze quatrains avec des rimes croisées .'' Une charogne '' entre dans notre parcours '' l'alchimie poétique :la boue et l'or'', il traite ici d'un sujet récurant : lemacabre, à travers le tableau d'un corps qui se décompose enpublic.
Nous pourrions nous demander, CommentBaudelaire transforme t-il la décomposition macabre en une œuvred'art.
Nous commencerons par parler de la miseen place du contexte du strophe 1 à 4, dans un second temps nousparlerons de l'évocation de la mort, la façon dont cette dernièredébouche sur la vie du strophe 5 à 7, puis de l'évocation des artsstrophes 7-8 et pour conclure notre travail sur le regard du vers 9 àla fin
( ceci est l'introduction que j'ai écrit et ma propre problématique )
Problématiques possibles :
=> Comment et pourquoi Baudelaire métamorphose-t-il la réalité ordinaire et abjecte grâce à
la force du langage poétique ?
=> En quoi Baudelaire se montre-t-il poète alchimiste dans "Une Charogne" ?
=> Ce poème est-il seulement provocateur ?
I. Strophes 1 à 4. Un spectacle horrible.
1. Spectacle qui s'offre à un couple.
- Couple : pronom « nous » v.1
- Présence de l'interlocuteur dans le texte (pronom personnel) : impératif initial « Rappelez-vous cet
objet » v. 1, « Vous crûtes vous évanouir » 16.
- Interlocuteur interpellé aussi avec apostrophe métaphorique : « mon âme ». Métaphore empruntée à la poésie courtoise et romantique.
2. Le motif de la pastorale:
- Les pastorales sont des œuvres, littéraires ou picturales, ayant pour thème l'harmonie de
l'homme et de la nature. Ce motif est perceptible ici.
- La saison nommée, dès le premier vers, nous donne le sentiment d'une nature apaisée et
joyeuse : « ce beau matin d'été si doux » qui occupe tt l'octosyllabe, repris par « le soleil
rayonnait » au 1er hémistiche du v. 9.
- « la grande Nature »v. 11 avec une majuscule est ici personnifiée.
- Le champ lexical de la nature est ici présent: « sentier » v.3, « cailloux » v.4.
3. Mais basculement ds 1 description à la fois réaliste, macabre et fascinée.
- Le motif de la décomposition est le thème essentiel du texte: Titre: « Une charogne » (référence
explicite au cadavre animal).
Le champ lexical concurrence celui de la nature: « charogne infâme »v. 3, « exhalaisons » v.8,« pourriture »v. 9, « carcasse » v.13, « puanteur » v. 15.
- Ce n'est plus ici d'une nature « romantique », bienfaisante dont il est question, mais d'une nature
corruptrice.
- Caractère matérialiste du poème (au sens philosophique : Doctrine qui, rejetant l'existence d'un principe spirituel, ramène toute réalité à la matière et à ses modifications): La décomposition du corps est comprise comme découlant de l'ordre des choses: « Rendre à la grande Nature/ Tout ce qu'ensemble elle avait joint ». L'idée est donc que rien ne naît ni ne meurt, mais tout se transforme. Matérialisme dénué de toute préoccupation morale. Fonctionnement du vivant sans jugement de dégoût par exemple.
- Erotisme macabre :
·personnification de la charogne associée à une femme v. 5 « jambes, ventre »
·Dans la comparaison : allusions sexuelles v. 5 et 6 : jambes en l'air, lubrique, brûlante »
Double provocation.
·Les « exhalaisons » v. 8 peuvent rappeler le parfum de la femme devenu « puanteur », v. 15.
=> Erotisme macabre qui associe le désir et la mort.
4. Mélange du beau et du laid
« Extraire la beauté du mal », « tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or »
Trouver le beau dans l'horrible est une inversion des valeurs.
Derrière la provocation se cache une nouvelle vision de la beauté : « le beau est toujours
bizarre ».
→ Décor bucolique/immonde cadavre.→ Oxymore « carcasse superbe » qui fait cohabiter deux réalités antithétiques 13.
→ Comparaison charogne-fleur : « comme une fleur s'épanouir » 14
→ Rimes faisant souvent se rapprocher des contraires: « âme/infâme » st 1, « nature/
pourriture » st 3,
→ Vers hétérométriques (de 12 syllabes et de 8 syllabes) qui suggèrent une sorte de
« démarche boiteuse » : mêlé le vers noble à un autre.
II. Strophes 5 à 9 : transfiguration de la charogne.
1 . Une description épique: trouver dans le laid un motif esthétique. Noblesse de la bataille.
.Image guerrière des « noirs bataillons » 18 associe la décomposition à une forme de motif héroïque. C'est un peu le triomphe de la vermine.
.« bourdonnaient » : jeu sur le son
. « noirs bataillons / de larves » : rejet comme si le conteurs s'essoufflait devant un tel spectacle.
.Créer une hypotypose aux strophes 5 et 6 : description qui donne impression de mouvement.
. Multiplication des verbes de mouvement : « bourdonner, sortir, couler, montait, descendait, s'élançait, enflé, vivait ». Trouver la vie dans la mort comme trouver la beauté dans l'horreur.
2. La beauté de l'art comme transcendance :
La poésie permet de dépasser ce qui nous enferme (critères esthétique et mort qui nous guette)
- Allusion à d'autres formes d'art : « étrange musique » et « mouvement rythmique » st 7, mais aussi
peinture: « une ébauche lente à venir/Sur la toile oubliée, artiste» st 8 : la poésie est une invitation
à dépasser les apparences : une charogne est une œuvre d'art !
3. Retour sordide à la scène initiale st 9 : promenade du couple « nous » et vision interrompue par
chien charognard : chute des v. 35 et 36 avec 2ème hémistiche et octosyllabe qui suit.
III. 3 dernières strophes : une réflexion sur le temps qui passe et la puissance de l'art
poétique.
1. Adresse à la femme aimée avec apostrophes :
- « étoile de mes yeux », « mon ange, ma passion ». Sortes de « clichés » romantiques.
- Ô lyrique pour interpeller la femme aimée « Ô la reine des grâces, Ô ma beauté » typique de la
poésie amoureuse traditionnelle.
2. Mais femme associée clairement à la charogne à la fin v. 37 et V. 41
« vous serez semblable »,« telle vous serez ». Rappel : cette analogie a été préparée dès le début
=> Erotisme macabre qui associe le désir et la mort réunis dans l'expression ironique « qui vous
mangera de baisers » vers 46.
Antithèse ds le style des vers 37-38 et 40 : style prosaïque s'oppose à lyrisme plus classique ds 2
derniers vers. Fort décalage accentué par mots à rime (et diérèse) : infection/passion.
→ Montre bien l'aspect parodique / ironique de la déclaration d'amour. La poésie classique
sublime la beauté de la femme, ici, le poète, cruel, lui annonce sa déchéance future !
2. Le thème général : la mort et la décomposition qui guette les amoureux.
Baudelaire évoque la mort de l'être aimé, suggère même qu'il lui survivra, qu'elle ira mourir avant
lui, qu'elle servira d'intermédiaire, de messager entre le poète et la mort : « Dites à la vermine... ».
Réécriture ironique de la poésie amoureuse de Ronsard à la Renaissance : CF 2 POÈMES.- Thématiques classiques de poésie baroque : MEMENTO MORI (souviens-toi que tu
vas mourir) et de la poésie pétrarquiste CARPE DIEM (profite du jour). A travers le discours
à la femme aimée du vers 37 à 48 (cf. apostrophes, emploi de l'impératif et du futur pour donner
des conseils), B. rappelle que la mort détruit la beauté. Il propose une réflexion sur la
condition humaine.
- Mais décalage ironique par rapport à la poésie traditionnelle :
Ø Alternance entre alexandrins (utilisés ds la poésie classique pour traiter de sujets
graves, sérieux) et octosyllabes (aspect + léger) donne une légèreté de ton.
Ø Comparaisons surprenantes et violentes entre la femme et la charogne.
3. Conclusion du poème – 2 derniers vers : « j'ai gardé la forme et l'essence divine/ de mes
amours décomposés » = en écrivant mes amours, je les ai préservées de la mort, j'en ai conservé
l'essentiel.
- Le poète est un être à part :
Ø Pronom « je » qui l'isole du reste de l'humanité
Ø La femme est associée à des verbes au futur, lui à 1 vb au passé composé
(« j'ai gardé » 47) + sens du verbe garder.
→ Signe d'une permanence. Il n'est pas soumis aux lois du temps, à la mort.
Il oppose donc de manière cynique la condition mortelle de la femme à la sienne.
→ DONC : il est un être supérieur : grâce à lui, les acteurs de cette histoire, même morts,
subsisteront dans ses œuvres. Il est bien comparable à Dieu. Cf. « essence divine » à la rime v. 47 et qui s'oppose de manière provocatrice à « vermine » v. 45 ( associée à la femme ). Apologue de la
création poétique.
CONCLUSION :
- Volonté de choquer, écriture provocatrice pour le lecteur.
- Mais aussi image de la modernité : « j'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or ».
Baudelaire illustre ds ce poème le titre du recueil. Il arrive à partir de la misère, de l'horreur,
du mal à créer la beauté, « une fleur ». Sublimer la laideur pour l'élever au rang d'œuvre
d'art. Nouvelle définition de la beauté, renouvellement des sources d'inspiration.
→ Le poète = alchimiste qui transforme le laid en beau.
= NOUVEL ART POETIQUE, tournant ds l'ère de la poésie.
La conception du beau de Baudelaire : « Le beau est toujours bizarre » écrit Baudelaire dans
ses essais sur l'art. Baudelaire opère l'union des contraires : le beau et le laid dans la section
« spleen et idéal » dont le titre réunit aussi des opposés.
Ouverture : "Hymne à la Beauté" : attirance irrépressible de Baudelaire pour la beauté
maléfique.
Voici la correction de ma professeur
Et voici mon travail, il y a un peu plus de détails :
Une Charogne Texte de bac 15
''Une charogne '' est un poème de Charles Baudelaire, poète français du 19 siècle ayant la volonté de lier le mal et la beauté. Issus d'une famille aisée, il écrit les Fleurs du mal , œuvre jugée immorale et attaquée en justice. Ce poème est divisé en douze quatrains avec des rimes croisées . '' Une charogne '' entre dans notre parcours '' l'alchimie poétique : la boue et l'or'', il traite ici d'un sujet récurant : le macabre, à travers le tableau d'un corps qui se décompose en public.
Nous pourrions nous demander, Comment Baudelaire transforme t-il la décomposition macabre en une œuvre d'art.
Nous commencerons par parler de la mise en place du contexte du strophe 1 à 4, dans un second temps nous parlerons de l'évocation de la mort, la façon dont cette dernière débouche sur la vie du strophe 5 à 7, puis de l'évocation des arts strophes 7-8 et pour conclure notre travail sur le regard du vers 9 à la fin
I) mise en place du contexte
- injonction '' rappelez vous ''= fait appel à un souvenir qui aurait pu être oublier, peu agréable à voir, demande de se rappelez de quelque chose de pénible ( aucunes envies de se souvenir d'un cadavre )
- antithèse '' un beau matin d'été si doux / charogne infâme'' = annonce le sujet sur lequel va tourner le poème / et également une opposition entre le beau et le laid.
- C.L du vice / de la prostitution avec '' les jambes en l'air / lubrique / brûlante/ son ventre plein d'exhalaisons... = '' les jambes en l'air comme une femme lubrique = comparaison de la charogne à une femme = associations du mal, de la perversité, et de la beauté
- comparaison = pourriture comme afin de la cuire à point = soleil comparé à un four, déplacement vers le culinaire alors que nous n'avons pas faim devant un tableau pareil
- personnification de Nature = le soleil fait une offrande à la Nature telle une divinité, '' grande '' montre une certaine vénération.
- antithèse entre fleur/ carcasse = opposition entre le beau- le parfum / le laid- la puanteur
- description frappante, comme si on s'y croyait- peinture réaliste
II) évocation de la mort, la façon dont cette dernière débouche sur la vie
- La thématique de la décomposition avec les termes '' mouche'' et '' putride'' . '' noirs bataillons '' = métaphore désignant des larves qui avec les mouches sont les sujets de l'action observée.
- verbe de mouvement '' bourdonnaient''= imparfait en cours de déroulement, valeur de description.
- personnification des larves v 18 '' noirs bataillons '' ( analogie armée) = symbolique de la couleur qui se rapporte à la mort
- '' vivant haillon'' = périphrase morbide de la peau de la charogne
- verbes de mouvement à l'imparfait = '' montait / descendait '' , nous montre la vie qui grouille sur la dépouille
- mouvement des vagues nommées dans une comparaison ( jeu polysémie 2 sens ) v 21 = vague / et vague ( ce qui est incertain ) = sublimation élément liquide en quelque chose d'aérien ) le mouvement est égal à la vie
- description macabre ambivalence entre la mort et le mouvement
III) évocations des arts
- CL de l'art = artiste / musique / ébauche/ toile + c.l de l'onirisme = rêve / souvenir = transforme le cadavre en un tableau
- à la manière de peintre célèbre comme Géricault ou Courbet ou des écrivains comme Zola Baudelaire nous décrit dans son poème un tableau ultra-réaliste ( odeur/ description comme si on y était )
- sublimation des sons avec c.l du son : Musique, rythmique, van ... + comparaison au bruit de la nature.
- entrer dans l'imaginaire ''baudelairien'' avec quelque chose d'inachevé que l'on termine grâce à l'imagination, la représentation du souvenir
IV) travail sur le regard
- C.l De la vue '' regardaient œil, épiant, yeux , semblable... '' fait appel un jeu de regard.
- retour au réalisme avec la '' chienne'' = double sens , terme péjoratif pour décrire une femme de mauvaise vie ou tout simplement l'animal qui attend de reprendre son du / parallèle avec le début.
- périphrase = reprendre au squelette = on ne peut pas reprendre à un squelette
- césure par le trait d'union, il veut engager un dialogue / rappel à la réalité.
- c.L du mort '' ordure / squelette / horrible infection / derniers sacrements/ vermine/ ossements... = nous rappel que nous finirons tous comme une charogne
- antithèses ordure – infection / ange- passion = antithèses entre la beauté et la laideur.
- affirmation des propos précédent
- on aura beau être splendide, reine = on finira tous comme la charogne par l'expression moisir parmi les ossements
- ironie = il se moque de la religion '' après les derniers sacrements'', même si on est pratiquant on finira en charogne , putréfié
- Ironie = avec personnification de la vermine qui vous mangera de baiser '' il gardera le souvenir de la beauté de la femme.
Conclusion
Le poète se fait alchimiste car il transforme un cadavre en une œuvre d'art poétique, d'un tableau réaliste et au début déplaisant va peu à peu le transformer en une œuvre onirique et en sublime. Il transforme la laideur en quelque chose de beau et peu importe nos qualités il nous rappel que nous finirons dans le même état, c'est une sorte de Vanité donner par le poète.
En espérant que ça vous aidera !
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