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[Challenge 10 : Steampunk] Midi

Jax rajusta le bandeau gris noyé dans sa coiffure blonde, puis retroussa la manche de son blouson pour regarder l'heure une nouvelle fois.

Onze heures.

Il ne devait plus tarder.

Son regard balaya de nouveau l'embarcadère. Son vaisseau n'attendait plus que de décoller, seul manquait encore le passager. Elle plissa les yeux. Le visage dissimulé par un épais manteau, un homme traversait la foule, accompagné par deux bagagistes qui poussaient un épais chariot.

Jax abandonna le mur métallique pour se porter à leur rencontre.

« Monsieur Chkouratov ? » demanda-t-elle.

L'homme au manteau lui tendit une main.

« Moi-même, Alexeï Chkouratov. Je suppose que vous êtes mon pilote, Jax Amber. »

Ils échangèrent une poignée, puis rejoignirent l'aéronef, sur le quai d'embarquement. D'impressionnants moteurs paraient les flancs de l'appareil, tandis que des cheminées venaient compléter son toit d'acier. Assoupis, la respiration du monstre de métal laissait échapper quelques nuages de vapeur à intervalles régulier.

Les bagagistes firent entrer le chariot de la soute, puis repartirent après avoir reçu quelques pièces de la part d'Alexeï. Le vieil homme suivit Jax à l'intérieur de son vaisseau, pour découvrir quelques pièces soignées, aux boiseries surannées. Il ne tarda pas à retirer son manteau, pour révéler un visage d'une soixantaine d'année, à la moustache fournie et aux cheveux blancs clairsemés.

« Le voyage durera quelques heures, et votre chambre de repos est ici, présenta Jax.

— Cela vous dérange si je vous accompagne dans le poste de pilotage, à l'avant ? En plus d'un peu de compagnie, cela me permettrait d'apprécier davantage le panorama. Et puis, je dois dire que ces aéronefs me fascinent. Ils me rappellent ma jeunesse, lorsque je faisais encore des études d'aérodynamisme, avant de me lancer dans la recherche fondamentale. »

Jax accepta sans réfléchir, puis ils arrivèrent dans une pièce parcourue de grandes baies vitrées, et encombrée de pistons et de machineries incrustées dans les murs. La pilote s'avança jusqu'au panneau de commande, puis actionna plusieurs leviers.

« Monsieur Chkouratov, nous sommes partis. Direction : l'Empire Slave. »

Un grondement leur répondit. Les pistons se mirent en route, l'appareil s'ébranla, s'éleva dans les cieux. Alexeï resta collé contre la vitre pour admirer le décollage. Les cheminées noires, les bâtiments de métal de la ville s'éloignèrent peu à peu. Mains sur un gouvernail, Jax maintenait le cap vers leur direction.

« Nous passerons bien au-dessus de Pira ? demanda Alexeï.

— Comme vous me l'avez demandé, confirma Jax. La ville est sur notre route de toute façon, ce ne sera qu'un léger détour.

— C'était ma ville natale, vous savez. Je voulais juste la revoir une dernière fois, avant mon exil. Surtout sa grande tour de métal, la Dame d'Acier. Enfant, je passais des heures à la contempler. Qu'est-ce qu'elle aura pu m'inspirer. »

Il retira ses lunettes pour s'essuyer le visage, avant de reprendre.

« Vous avez déjà vécu dans l'Empire Slave ?

— J'y ai seulement fait des escales. Même si ma mère était d'origine slave, j'ai vécu toute mon enfance à Lendon.

— Vous avez donc des origines slaves, vous aussi...

— Pourquoi croyez-vous que je vous aie accepté, sinon ? Alexeï Chkouratov, le célèbre physicien françois, sous surveillance depuis les restrictions, avec interdiction de quitter le territoire. »

Elle lui fit un sourire. Alexeï hocha la tête.

« Vous vous êtes renseignée, apparemment, c'est bien. »

Puis il soupira.

« Foutues restrictions.

— Je ne vous le fait pas dire. J'étais dans les services de renseignement englois, un an plus tôt. Avant que ne passent ces fichues lois de restriction. Comme vous le voyez, je me suis reconvertie dans le pilotage. »

Les yeux d'Alexeï se posèrent sur une carte accrochée au mur. Vers l'est s'étendait leur objectif, l'interminable Empire Slave, qui occupait presque tout le continent, à l'exception de l'Union, regroupement de petites nations occidentales. Beaucoup plus loin, vers l'ouest, apparaissait le continent arémican, qu'occupait notamment la Confédération, grand adversaire de l'Empire.

« J'ai entendu dire que la situation était similaire, de l'autre côté, fit remarquer Jax.

— C'est ce que j'ai aussi cru comprendre, sauf que mes deux parents étaient slaves. J'y subirai moins de restrictions. »

Ils échangèrent un regard.

« Désolé pour vous. » ajouta-t-il à l'intention de Jax.

La pilote haussa les épaules.

« Mon nouveau métier n'est pas plus mal non plus. J'espère seulement que cette situation n'empirera pas. »

Ils restèrent silencieux durant de longues minutes. Le regard fixé à la vitre, Alexeï se plongea de nouveau dans la contemplation du paysage. Au loin, Pira se faisait déjà visible ; il consulta sa montre.

« Nous y serons pour les douze coups de midi, comme vous l'aviez demandé, le rassura Jax.

— Merci beaucoup. Je ne reviendrais peut-être plus jamais ici, alors je voulais juste entendre sonner la Dame d'Acier, une dernière fois. »

Les bâtiments se rapprochaient. Déjà, la tour se faisait visible, interminable enchevêtrement de fer et de métal, surplombé en son sommet par une gigantesque horloge.

Le commutateur radio s'enclencha ; Jax décrocha.

« Message prioritaire à tous les aéronefs. Le professeur Alexeï Chkouratov est désormais sous mandat d'arrêt, pour infraction aux restrictions et vol de matériel scientifique. Aux dernières nouvelles, il aurait été aperçu sur le quai d'embarquement principal d'Écanlour. Pour rappel, son signalement est le suivant : un mètre soixante-douze, la soixantaine, les cheveux blancs clairsemés, une moustache et les yeux bleu-vert. Il a probablement essayé d'affréter un vaisseau de transport afin de rejoindre l'Empire slave. Si vous avez des doutes sur l'identité de votre passager, veuillez contacter au plus vite les autorités. »

Jax éteignit la radio.

« Et puis quoi d'autre, encore ? »

Elle se tourna vers Alexeï.

« Apparemment, ils ne perdent pas de temps.

— Oui, oui... » murmura le vieil homme.

Les yeux rivés sur la vitre, il continuait de fixer la capitale françoise. Les mains tremblotantes, il regarda une nouvelle fois sa montre.

« Dites, vous allez bien ? s'inquiéta Jax. Ne vous inquiétez pas, dans deux heures, nous arriverons à l'Empire, quoi qu'il advienne. Les autorités n'ont aucun moyen de nous en empêcher. »

La radio s'enclencha de nouveau.

« Fichue fréquence prioritaire, grogna Jax.

— Message prioritaire à tous les aéronefs. Le garde du corps d'Alexeï Chkouratov a été retrouvé mort. L'homme est probablement armé et dangereux. En cas de doute sur l'identité de votre passager, veuillez contacter au plus vite les autorités. »

Jax jeta un regard en coin à Alexeï. Des spasmes nerveux agitaient les mains du scientifique.

« Ils mentent. » assena-t-il.

Son regard démentait ses dires. Jax avait autrefois assisté à des interrogatoires, elle en avait même mené, et avait parfois appris à démêler le vrai du faux.

« Tout à l'heure, ils ont parlé de vol de matériel, reprit-elle. Qu'est-ce que vous avez emporté avec vous ? »

Alexeï ne répondit pas tout de suite. Ses yeux hagards peinaient à se détacher des aiguilles de sa montre à gousset.

« Rien... rien d'importance. Seulement le fruit de quelques recherches. » articula-t-il d'une voix pâteuse.

Des gouttes de sueur perlaient le long de ses tempes. Il mentait. Il se passait quelque chose. Jax tourna le gouvernail ; le vaisseau se décala vers la droite. Alexeï leva un regard horrifié.

« Qu'est-ce que vous faites ?

— Je veux que vous me disiez la vérité.

— L'horloge ! Vous m'aviez promis que nous serions face à la tour lorsqu'elle sonnera !

— C'est bien le cadet de mes soucis !

— Vous ne me laissez pas le choix, Jax. »

Sa main plongea dans sa redingote pour en retirer un pistolet.

« Il est midi moins quinze. Je veux être face à l'horloge lorsqu'elle sonnera, c'était dans notre contrat. »

Jax effectua un mouvement brusque de gouvernail. L'aéronef se mit subitement à pencher dans l'autre sens pour entamer un virage improbable. Déséquilibré, Alexeï tomba sur le parquet.

Aussitôt, elle se jeta sur lui. Les années passées au renseignement lui auront au moins appris à se battre. Sa main attrapa celle du vieil homme, avant qu'elle ne puisse de nouveau pointer l'arme dans sa direction, et enchaîna en une imparable clef-de-bras.

Le scientifique s'écrasa au sol, le pistolet lui échappa des mains. Immobilisé.

« Pitié, gémit-il. Je n'avais pas le choix. La Confédération retient mes deux fils prisonniers, elle a menacé de les tuer.

— La Confédération arémicane ? Qu'est-ce qu'elle vient faire dans cette histoire ? »

Jax écarquilla les yeux.

« Vos bagages... le fruit de vos recherches...

— L'atome ; une énergie sans précédent. »

Sonnée, Jax parcourut la ville du regard. Pira, capitale françoise. Un million de personnes vivaient ici, au bas mot.

« Le minuteur s'arrêtera à midi, sanglota Alexeï. Il fallait que je sois au centre de la ville. »

Une nouvelle bombe, plus dévastatrice que toutes celles réalisées jusqu'ici. Un million de personnes...

« Putain, mais vous êtes des malades ! »

Jax l'assomma d'un coup dans la nuque, et se précipita sur son gouvernail. L'appareil survolait la ville. Elle regarda sa montre : midi moins dix. Jamais elle n'aurait le temps de s'en sortir.

Elle actionna tous les moteurs à pleine puissance, et redressa l'appareil, presque à la verticale. L'aéronef se mit à hurler tandis qu'il traversait les nuages.

L'aiguille tournait toujours, les minutes s'égrenaient, les secondes. Jax n'osait plus les regarder. Sa vision se brouilla.

« Bordel, pourquoi est-ce que je pleure, maintenant ? »

Elle s'essuya les yeux d'un revers de manche, et se décida enfin à regarder l'heure.

Cinq minutes.

L'aéronef tremblait de plus belle. Jamais il n'avait été conçu pour affronter de telles altitudes, ni de telles vitesses. Ses moteurs s'époumonaient, des pièces se détachaient, des grincements abominables se faisaient entendre.

Le son d'une bête à l'agonie.

Trois minutes.

Aucun aéronef n'avait atteint de telles altitudes, à la connaissance de Jax. Il ne tiendrait d'ailleurs sans doute plus longtemps. Étonnant qu'il ne se soit pas encore désintégré dans l'atmosphère. Encore que la fin serait la même, de toute façon.

Deux minutes.

Un prétexte pour déclencher une guerre. Le sacrifice d'un scientifique slave ; la vie d'un million de civils. Jax avait envie de vomir. Après un tel événement, toutes les nations de l'Union se seraient ralliées à la Confédération pour combattre l'Empire. Une guerre mondiale, que certains espéraient tant, et que trop peu redoutaient. La moitié du globe rasé dans ce conflit absurde. Comme si les restrictions ne suffisaient déjà pas, que les deux camps devaient s'affronter jusqu'à la mort, jusqu'à ce qu'il n'en restât plus qu'un.

Aujourd'hui, peut-être ne faisait-elle que repousser l'inévitable.

Une minute.

Ses bras tremblaient, elle peinait à respirer. Paradoxalement, jamais elle ne s'était sentie aussi vivante. De l'adrénaline pure courait dans ses veines, le sang pulsait dans sa tête. Elle espérait seulement que son acte servît à quelque chose, que cette apocalypse imminente n'eût jamais lieu. Pourquoi les hommes ne pouvaient-ils pas seulement vivre en paix, les uns avec les autres ? Pourquoi fallait-il en arriver jusque-là ?

De toute façon, elle ne serait plus là pour le voir.

Son regard suivi l'aiguille des secondes accomplir son dernier tour. Tout autour d'elle, le vaisseau continuait d'hurler à la mort. À partir de maintenant, plus rien ne dépendait d'elle.

Elle ferma les yeux.

Midi.


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