Bien qu'Edmund m'apporte son aide et que ma venue sur le champ de bataille était moins compromise, mon attitude envers Caspian n'était tout de même pas des plus amicales. Je comprenais qu'il veuille me protéger,mais c'était tout à fait ridicule. Alors quand il vint me voir après sa réunion avec le roi Peter, je l'ignorai royalement.
- Maisie... Insista-t-il.
- Cas, arrête. Je n'ai pas besoin d'excuses bancales et de justifications    hasardeuses, tu sais que ça ne marche pas avec moi.
- Je le sais bien.
- Je suis la princesse de Telmare, et peut-être bientôt des Narniens s'ils veulent de moi... Et je n'ai pas l'autorisation de me battre à leurs côtés ?
- Je ne veux pas te perdre.
- Je ne veux pas te perdre non plus, mais je ne t'empêche pas d'aller te    battre.
- Je ne reviendrai pas sur ma décision.
- Je sais, soupirai-je. Promets-moi simplement de ne pas mourir.

Il me prit dans ses bras et murmura:
- Je te le promets.

Il relâcha son étreinte et me dit:
- Nous ferions bien d'aller rejoindre les autres et manger.
- Oui.  Détendons-nous un peu, demain sera une dure journée.

Les autres invités de la table de pierre étaient tous rassemblés dans différentes parties du temple. Nous étions plus nombreux chaque heure, comme si le murmure de notre combat se rependait comme une bactérie très contagieuse. Nous retrouvâmes les Rois et Reines des anciens temps qui dînaient dans la salle de la table de pierre. Lucy avait ramassé des baies et avait réussi à faire une salade qui semblait délicieuse. Je m'installai entre Susan et Edmund. Ils semblaient en pleine discussion.
- Il suffirait d'y retourner et de l'appeler, assura Lucy.
- Nous avons déjà essayé Lucy, tu as dû imagi--, commença sa soeur aînée
- La dernière fois que j'ai "imaginé" quelque chose c'était Narnia.

Ceci eut le don de calmer Susan.
- Nous avons besoin d'Aslan.
- Non, intervint Caspian. Aslan nous a abandonné depuis des siècles maintenant. Nous avons survécu sans lui, nous pouvons gagner en son    absence aussi.
- Je suis d'accord avec vous, agréa Peter d'un mouvement de tête.

Lucy semblait dépitée, et je surpris Edmund lui caresser gentiment l'épaule pour la rassurer. Elle sourit. Le reste du repas se passa en silence, les démons de chacun semblant hanter leur esprit.

Lorsque le repas fut terminé, Caspian me congédia afin de parler du plan d'attaque avec les chef des clans et les autres rois et reines. Il devait se douter que je n'abandonnerai pas si facilement, car il s'assura que je ne vienne pas en demandant à la reine Lucy de rester avec moi. Elle aussi n'allait pas participer au combat, étant trop jeune. Cela n'avait pas l'air de l'attrister, elle semblait simplement très inquiète pour ses frères et sœurs.
- Je n'ai jamais été très adroite avec les épées, j'étais plus utile dans la stratégie, m'avoua-t-elle. Mais les voir partir en guerre, même si elles furent rares me mettait toujours dans une    angoisse inimaginable...
- Ils vont s'en sortir, dis-je en essayant de la rassurer. Ils ont certainement un plan d'attaque bien organisé... Ils gagneront.
- En êtes-vous sûre ? Si j'ai bien écouté ce que vous avez dit lors du premier rassemblement, vous ne sembliez pas très convaincue à l'idée d'attaquer le château.
- Je ne le suis toujours pas.

Je décidai de lui dire la vérité.
- Mais votre frère semblait convaincu de leur victoire, et Caspian lui fait confiance. Quant à moi, je fais confiance à Caspian.
- Vous  accordez beaucoup de foi envers votre frère.
- Et vous aux vôtres.

Elle sourit et hocha la tête. La nuit était déjà très noire, et je devais me lever tôt: Edmund devait me faire un compte rendu au petit matin et je devais m'y préparer. J'allai m'allonger dans un coin isolé du temple, Lucy à mes côtés. Mais je ne réussis pas à m'endormir tout de suite. Ce serait mentir que de dire que j'étais sereine pour la bataille de demain: j'étais terrifiée. J'entendis la respiration de Lucy ralentir, et je compris qu'elle dormait paisiblement. Des petits pas discrets arrivèrent jusqu'à nous, et je vis Edmund et Peter entrer. Edmund vit que j'étais éveillée, il me fit un clin d'œil et s'étendit à côté de sa sœur, pendant que Peter s'allongeait à côté de moi. Je m'endormis avant que Caspian et Susan n'arrive.

Je fus réveillée par un frottement sur mes épaules qui me fit presque sursauter. J'ouvris soudainement les yeux sur Edmund qui me faisait signe de ne pas faire de bruit en posant un doigt sur ses lèvres. Je me frottai rapidement les yeux, et me levai en suivant le roi des anciens temps. Autour de nous, les autres dormaient profondément, y compris mon frère et Susan.

Je suivis Edmund et nous décidâmes d'aller dehors, à l'abris des oreilles indiscrètes.
- Vous n'êtes pas du matin, se moqua Edmund en me voyant bailler pour la    3ème fois.

Je souris en réponse.
- Alors, quel est le plan ?

Edmund entreprit de m'expliquer:
- Vous voilà bien impatiente.... Nous partons d'ici dans quelques heures    pour arriver dans la nuit au château. Une équipe arrivera par les airs, grâce aux Griffons et attaquera les tours pour évincer la  garde. Une fois celle-ci hors de service, un code sera envoyé au    reste de l'armée qui avancera jusque la grande grille. Pendant ce temps, les plus petits animaux s'infiltreront et ouvriront la grille. L'armée entrera et tuera le plus de soldats possible avant    que l'alerte ne soit donnée. Ton frère a pour mission de trouver Miraz et de l'amener à se rendre.

Je passai outre le fait que ce plan me paraisse plein de failles, me doutant qu'il ne m'avait raconté uniquement les parts du plan qui m'intéressait.
- Et  vous ? Quel poste allait vous occuper ?
- Je serai dans les tours. Mon rôle est d'envoyer le code.
- Vous serez donc sur un Griffon.
- Exactement.
-Je présume que deux sur un Griffon serait de trop ?
- J'en ai bien peur. Il vous faudra entrer par la grande porte une fois qu'elle sera ouverte.
- Si Caspian entre avant moi, il trouvera Miraz avant moi.
- Non, Caspian doit d'abord s'assurer que tout le monde entre dans le château et que la herse est sécurisée.
- Très bien, très bien. Et pour aller jusqu'au château je suis censée me    fondre dans la masse ?
- Non.  Vous partirez après nous, une demi-heure je dirais. Pendant que    nous nous occuperons des tours, vous infiltrerez l'armée.
- Cela me semble assez bancal, mais ça fera l'affaire. Merci beaucoup.
- Vous êtes toujours sûre de vous ?
- Certaine.
- Une fois dans le château, vous serez seule.
- Tout ira bien, je sais ce que je fais.

Edmund hocha la tête, l'air peu convaincu. Je m'allongeai sur l'herbe, mon esprit tentant d'imaginer ce que la nuit allait être.
- Déjà levés ? Demanda soudainement une voix féminine.

Je tournai la tête pour apercevoir la Reine Susan, l'air fatigué. Edmund sourit à sa soeur.
- J'ai appris que vous ne vous joindrez pas à nous ce soir, ajouta la Reine à mon attention.
- Hélas. Caspian croit me protéger, mais il a tort.
- Il pense faire ce qu'il y a de mieux pour vous, devina-t-elle.
- Je n'ai pas besoin de lui pour savoir ce qui est bon ou mauvais pour moi. Mais je ne peux pas lui en vouloir, si j'en avais le pouvoir, je l'empêcherai d'y aller aussi.

Susan sourit doucement et s'assit à nos côtés.
- Si je le pouvais, j'interdirais aussi à mes frères d'aller se battre, avoua-t-elle.

Edmund rit légèrement et répondit à sa soeur:
- Heureusement que tu n'en a pas le pouvoir alors.

Suzanne rit à son tour. Bientôt, tout le monde fut levé y compris Caspian. Il était bien trop calme et bien trop renfermé et je devinais qu'il cachait une grande angoisse. Après tout, c'était sa première guerre, je comprenais sa peur car je la partageais.

Caspian mangea à peine. Tout comme Peter, qui parlait calmement avec un centaure. Je regardais autour de moi, je remarquai alors à quel point l'armée était nombreuse. Partout sur la plaine, les narniens se pressaient, sortaient des bois et se rejoignaient devant la table de pierre. C'était impressionnant.
- Je ne pensais pas que nous étions si nombreux, avouai-je à Edmund qui    arrivait à mes côtés.
- Cela me rassure un peu, admit-il à son tour.
- Comment allez-vous ?
- Angoissé, comme avant chaque bataille. Mais cette peur me permet de garder les pieds sur terre et de rester sur mes gardes.

J'hochai doucement la tête. Quelques instants plus tard, Peter rassemblait les troupes pour commencer leur ascension jusqu'au château. Tous les soldats se mirent à se regrouper et à se mettre en rang. Edmund me sourit et dit:
- Je vais aller rejoindre Peter.
- Bon courage...
- Vous aussi, on se croisera peut-être sur le champ de bataille.

Il me fit un clin d'oeil et se dirigea vers son frère. Je partis à la recherche du mien, voulant lui dire au-revoir avant qu'il ne parte à son tour. Je le trouvai à quelques mètres de Peter, en train d'aider à appeler les troupes. Je lui sautai dans les bras:
- Je partirai me battre plus souvent, si je savais que tu serais si gentille avec moi.
- Tais-toi idiot.

Je lâchai mon étreinte et lui dis:
- Sois prudent s'il-te-plait. Ne fait rien de stupide.
- Je suis toujours prudent.
- Je suis sérieuse.
- Je le sais, je le suis aussi.

Il me reprit dans ses bras et ajouta:
- Tout ira bien M.
- Bon courage.

Peter appela tout le monde à se mettre en marche, et Caspian me lâcha et alla se placer auprès de Peter. L'énorme foule de narniens se mirent à les suivre. Lucy vint me rejoindre en regardant ses frères et soeurs s'en aller. Elle n'eut pas à parler, je devinai son inquiétude.
- Et maintenant on attend. Annonça-t-elle.
- Et maintenant on attend. Affirmai-je.

Bien qu'Edmund m'ait conseillée de partir 30 minutes après eux, au bout de 15, l'attente semblait trop longue. Je pris mon épée, l'enfourchai à ma ceinture et essayai d'éviter d'être remarquée par la reine Lucy ou toute autre personne restée à la table de pierre. Hélas, ma discrétion étant légendaire pour être inexistante, je ne pu faire que quelques pas en dehors du temple de la table de pierre avant d'être prise sur le fait.
- Où allez-vous ? La voix fluette de la reine Lucy interpella derrière moi.

Je soupirai, mais décidai de dire la vérité:
- Je refuse de rester ici à attendre pendant que mon frère se bat pour    notre royaume. Je vais les rejoindre.
- Mais votre frère ne voulait--
- Je sais ce que mon frère a dit, mais il a tort de croire qu'il peut me protéger. Je prend mes propres décisions en ce qui concerne ma vie.

Lucy soupira à son tour:
- Bonne chance.

Je lui souris, heureuse de voir qu'elle comprenne.
- Merci.

Je me mis alors à courir en direction de la forêt.

***
Oyé Oyé Oyé peuple de Narnia !
Nouveau chapitre en ce (plus ou moins) joli jour de mars 💜 Il ne s'y passe pas grand chose,je voulais surtout me concentrer sur les ressentis des personnages avant la bataille 😊 Bataille qui arrivera dès le prochain chapitre yaaaaaay !
Merci pour vos votes et vos commentaires, vous êtes trop adorables ❤️☺️
Bisous bisous :) xxx
~fanyy~