♫ Bloodstream - Ed Sheeran ♫

✗ Mitch Rapp ✗

Appuyé contre le pas de la porte, je regardais Angelina finir de se préparer devant le miroir. J'avais décidé de l'emmener manger au restaurant, sachant que notre mission ne commencerait que demain. Je voulais apaiser la situation entre nous, ne pouvant supporter cette tension insoutenable. Elle voulait me faire croire que tout allait bien, mais je savais pertinemment que ce n'était pas le cas, mon incapacité à lui avouer mes sentiments étant la principale cause de ce malaise.

Je regardais l'anneau dans ma poche, ne sachant pas quoi en faire. Il s'était retrouvé dans ma valise, naturellement. C'était totalement stupide, mais je voulais l'offrir à Angelina. Plus les jours passaient, plus je savais que le temps qu'il nous restait était moindre, surtout avec cette mission.

Mais comment étais-je supposé lui demander de m'épouser si j'étais déjà incapable de lui dire ce que je ressentais ? C'était une question à laquelle je n'avais aucune réponse. Une chose était sure, c'est que je voulais faire d'Angelina ma femme, bien que je savais que cette décision était peut-être prise trop rapidement.

Angelina attrapa son sac, glissant son arme discrètement dedans. C'était la mesure du "au cas où" qui consistait à toujours sortir armé même pour aller faire des courses. C'était devenu un reflex maintenant bien que ça pouvait paraitre inutile à première vue.

Je déposais un baiser sur son front, entremêlant mes doigts aux siens avant de nous diriger vers l'ascenseur. Je sentais bien qu'Angie avait changé, alors que les événements de la veille auraient pu me laisser croire que tout allait pour le mieux. Je commençais à la connaitre, elle et chacun de ses silences.

Nous marchions tous deux, traversant la réception en gardant une distance entre nous, sachant que l'équipe pourrait nous apercevoir et reporter les informations à Irène. Nous montions dans la voiture, le taxi nous déposant à un restaurant se trouvant à une dizaine de kilomètres de l'hôtel. Ce coin était plutôt touristique et très bien fréquenté.

J'attrapais la main de ma petite amie, appréciant de me retrouver dans un aussi bel endroit accompagné d'une aussi belle femme. C'était le moment de détente avant la tempête.

Nous nous arrêtâmes dans un petit restaurant, dans lequel se trouvaient quelques personnes. Nous asseyant à la table, une serveuse vint nous donner des menus, Angelina et moi nous taisant pour choisir.
Quelques minutes plus tard, le choix fait, la serveuse prit nos commandes, nous laissant seuls. Ma main trouva la sienne sur la table, cherchant le moindre contact. J'étais contrarié par son attitude, ne voulant pas gâcher ce moment pour des choses futiles.

- Parle moi, dis-je en caressant ses phalanges.

- Qu'est ce que tu veux que je te dises ? Demanda t-elle d'une petite voix, plongeant son regard dans le mien.

Je comprenais vite que je n'étais pas le seul responsable de son humeur, quelque chose la tracassait.

- Tu as peur ?

Angie tourna le regard, mordillant sa lèvre. Je venais de toucher le fond du problème.

- Je suis avec toi Angie, murmurai-je, tout va bien se passer, fait moi confiance.

- Et.. Et si je suis incapable de réussir cette mission, Mitch, et si je fais tout foirer ? Je ne veux pas qu'il.. qu'il t'arrive quelque chose par ma faute.

- Il ne m'arrivera jamais rien par ta faute, sache le. Et il ne t'arrivera rien parce que je ne laisserais personne te faire du mal, c'est compris ?

Elle hocha la tête, mordant sa lèvre de plus belle. Ma main porta la sienne à ma bouche pour y déposer un baiser, voulant la rassurer.
Et ce fut comme si quelqu'un me disait que c'était le bon moment, les mots virent subitement.

- Angelina, je voulais te dire que je...

La sonnerie de mon téléphone m'interrompit, ainsi qu'Angelina qui était pendue à mes lèvres, attendant surement ces fameux mots qui avaient été à l'origine de beaucoup de choses.
Soupirant bruyamment, je sortis mon cellulaire, le nom d'Irène affiché sur l'écran. Je répondis automatiquement, n'ayant cependant pas le temps de placer un mot puisque ma supérieure m'en empêcha.

- Mitch, vous devez agir maintenant, ordonna t-elle, un groupe terroriste a été aperçu non loin de l'hôtel, dans un quartier touristique.
Mon estomac se noua à ses mots, sentant la panique monter en moi. Nous étions tout sauf prêts à agir.

- Ils s'apprêtent à attaquer un...

Et comme pour confirmer ses dires, des coups de feu se firent entendre dans la rue, puis ensuite dans le restaurant. Ce fut un chaos total, des vitrines explosant sous le choc des balles, des cris, des tables se retournant.
Je m'empressais de tirer Angelina au sol, la protégeant derrière moi et sortant mon arme. Je la vis attraper la sienne, et la peur prit le dessus.

- Je ne veux pas que tu interviennes, ordonnai-je, tu n'es pas protégée et c'est bien trop dangereux. Reste ici et attends moi, c'est compris ?

- Non Mitch, je..

- Angelina, j'ai dit non. C'est catégorique. Attend moi ici, et assure toi de rester en vie.

Je déposais un rapide baiser sur ses lèvres avant de sortir de notre planque, pointant mon arme en direction de l'entrée, là où je pouvais entendre les tirs se rapprocher. Mon cœur tambourinait contre ma poitrine, non pas parce que j'avais peur d'affronter les tueurs, mais surtout parce que j'avais peur de ce qui pouvait arriver à Angelina. J'étais terrifié, mais je savais qu'elle serait plus en sécurité ici qu'avec moi.

Me cachant derrière la porte du restaurant, je réussissais à apercevoir plusieurs assaillants, tirant sur la foule. Mon revolver en main, je savais que je ne pouvais tirer qu'à faible portée. Je tentais le coup, réussissant tout de même à en toucher un à la jambe. Me faufilant derrière le comptoir où plusieurs personnes effrayées s'étaient réfugiées, j'attendais que d'autres assaillants entrent dans le restaurant. Ce que deux d'entre eux firent quelques secondes plus tard.

Sans crier gare, une de mes balles vint se nicher dans le crane de l'un d'entre eux, surprenant l'autre. Je surgis, réussissant à le maitriser pour récupérer son arme. Un certain bruit me confirma que je venais de lui casser le bras, accompagné d'un cri de douleur de la part de l'assaillant. Je ne perdis pas une seconde de plus avant de l'abattre, sous les yeux de tout le restaurant.

- Je veux que personne ne bouge d'ici, ordonnai-je, les secours vont arriver.

Puis je partis à l'étage, ne sachant où les escaliers me mèneraient. J'y trouvais des personnes recroquevillées sur elles mêmes, apeurées en me voyant arriver. Mais ce qui attira mon attention fut la vue de la fenêtre, donnant directement lieu sur le bâtiment d'en face. Je pouvais apercevoir un sniper tirant dans la foule, les balles faisant écho dans le chaos qui régnait sur le quartier.

Sans plus réfléchir, je me hissais sur la balustrade, sautant sur un toit voisin. J'allais devoir escalader le reste pour me rendre à l'étage de cet homme. Je continuais de sauter de toits en toits, manquant de chuter à plusieurs reprises, la tenue n'étant pas la plus adéquate pour ce genre de situations.

Après plusieurs tentatives, je me retrouvais au pied du fameux bâtiment. Je réussissais à me hisser d'un étage, constatant avec stupeur qu'il serait impossible pour moi d'aller plus haut, le bâtiment manquant de prises pour escalader. Je fis la première chose qui me vint en tête, cassant une fenêtre pour pénétrer dans le bâtiment.

Je fus accueilli par un homme qui manqua de me poignarder, me prenant pour un assaillant. J'eus à lui expliquer et lui assurer que je n'en étais pas un pour qu'il me laisse partir. Je gravissais les étages, m'assurant de ne pas être suivi, ni vu. Bizarrement, malgré les quelques difficultés que j'avais rencontré, je trouvais ça simple, trop simple.

Je me retrouvais à l'étage qui m'intéressait, tentant de visualiser de quel appartement était posté le sniper. Mon pied entra en contact avec plusieurs portes, trouvant des pièces vides et désertes de monde. En arrivant dans un autre couloir, j'apercevais un homme posté devant la porte, armé comme ceux que j'avais abattu. Prenant une bonne respiration, je tirais dans le mur du couloir, sachant qu'il viendrait à moi pour s'assurer qu'il n'y avait personne.

Lorsqu'il arriva devant moi, je ne perdis pas une seconde pour me jeter à son cou, le surprenant. Mes mains se resserraient autour de sa gorge tandis qu'il n'arrivait pas à saisir son arme. En quelques secondes, toute lutte cessa et il retomba au sol, son corps sans vie s'écrasant contre la moquette. Trop facile.

La voie était à présent libre, je pouvais donc me rendre dans l'appartement. Ma main se posa sur la poignée, la tournant légèrement et sentant la porte s'ouvrir. Je pénétrais dans l'appartement le plus discrètement possible, ne voulant absolument pas me faire repérer. La seule chose à laquelle je pensais à ce moment-là était Angelina.

Le sas d'entrée était calme, ma respiration se faisant discrète pour déterminer la présence d'autres personnes dans la salle. Je fis une rapide visite des lieux, les trouvant vides et remplis d'armes en tout genre, ainsi que d'explosifs. Mes pas se faisaient discrets, arrivant derrière l'homme qui semblait bien trop concentré dans ses tirs pour remarquer ma présence.
M'approchant, je posais mon arme contre sa tempe, appuyant immédiatement sur la détente. Son corps s'effondra au sol, une tache écarlate se formant sur le parquet de la pièce. Je poussais l'homme sans vie sur le côté, me positionnant à sa place pour observer l'étendue des dégâts plus bas. Je voyais encore quelques assaillants dans la ville, ne perdant pas plus de temps pour leur tirer dessus. Deux furent abattus tandis que le quartier sembla désert, aucun bruit ne résonnant à travers les murs.

Je me retournais, faisant face à plusieurs hommes pointant leur armes en ma direction. J'étais foutu.

- Jette ton arme au sol, Rapp.

Je ne cherchais pas à savoir comment ils connaissaient mon nom, et m'exécutais, comprenant bien trop vite qu'ils étaient trop nombreux pour moi. Mon arme au sol, l'un d'entre eux m'asséna un coup de poing, me tirant ensuite pour me placer au milieu de la pièce. J'étais entouré par tous les hommes qui pointaient leur arme en ma direction, attendant que je fasse le moindre faux pas pour m'abattre.

- Le boss sera tellement heureux de savoir qu'on t'a capturé, depuis le temps qu'il attendait de te voir en vrai.

Je ravalais mon sarcasme qui aurait pu m'être fatal, me contentant de garder mes mains derrière ma tête. J'avais hâte de voir quand leur boss déciderait de venir.

⁂

Le temps était long, surtout dans une position aussi inconfortable que celle dans laquelle je me trouvais. Mes pensées étaient toujours dirigées vers Angelina, me demandant ce qu'elle faisait, comment elle allait, et si surtout elle s'inquiétait. La dernière chose que je voulais à ce moment là était qu'elle pense que je l'aie abandonné.

Un coup se fit entendre contre la porte, et selon les dires des hommes, leur boss était arrivé.

L'un d'entre eux s'empressa d'ouvrir la porte, tandis qu'un coup de feu retentit, éveillant l'étonnement chez tous, ainsi que chez moi.
Soudainement, un nuage de fumée se forma à l'entrée de la pièce, encore plus de confusion s'emparant de moi. Quelqu'un était venu me chercher.
Mais tandis que plusieurs corps tombaient au sol sous le coup des balles, je distinguais une silhouette.

Quelqu'un n'était pas venu me chercher. Elle était venue me chercher.

⁂

« I feel the chemicals burn in my bloodstream »