♫ Save as Draft - Katy Perry ♫

✗Mitch Rapp ✗

Nous posions le pied sur le sol français, après dix heures de vol. Angelina regardait partout autour d'elle, subjuguée par la beauté française, bien que nous n'étions que dans l'aéroport.
Nous avancions vers le hall où des associés résidant ici, à Paris, nous attendaient, nos valises en main.

- Mademoiselle Blake, Monsieur Rapp. Bienvenue en France.

Angelina les gratifia de son plus beau sourire tandis que je fis un rapide signe de tête. Nous les suivions jusqu'à la voiture, qui nous attendait sur le parvis de l'aéroport. Je regardais la ville défiler sous mes yeux, me rappelant des nombreux monuments que j'avais visité lors de mes précédentes missions. Angelina, elle, observait d'un œil admiratif chaque vue qui s'offrait à elle, son regard pétillant. La capitale française, aussi appelée ville de l'amour, était surement le rêve le plus commun chez la gente féminine. Katrina l'avait, elle aussi. Et je lui avais promis que la première fois que je mettrais les pieds à Paris, elle serait avec moi. Encore une promesse non tenue. J'y étais allé bien trois fois après sa mort, traquant les plus gros terroristes que la CIA ait pu me confier.

La voiture s'arrêta devant notre prestigieux hôtel, qui nous accueillerait le temps de notre séjour en France. Angelina descendit de la voiture, son regard toujours attiré par tout ce qui bougeait, tandis que je la suivais, m'apprêtant à récupérer nos bagages.

- Nous nous en occupons, monsieur Rapp.

Je les remerciais, suivant Angelina dans le hall de l'hôtel, les dorures et les différentes peintures sur le tableau témoignant du prestige de cet hôtel. Irène n'avait pas blagué.

- Mademoiselle Blake et Monsieur Rapp ? demanda une femme derrière le comptoir, s'approchant de nous.

Nous hochions tous deux la tête, confirmant notre identité.

- Nadine LeVallois, directrice de cet hôtel, sourit elle chaleureusement en serrant nos mains, nous sommes très ravis de vous accueillir. Si vous voulez bien, je vais vous montrer vos chambres.

Angelina me lança un regard tandis que je lui souriais faiblement. Je savais qu'elle s'interrogeait sur cette femme, se demandant si elle pouvait lui faire confiance. Si Irène nous avait envoyé ici, c'était que l'endroit était sur. Je fis un signe à Angelina, lui ordonnant de suivre cette femme tandis que je leur emboîtait le pas.

⁂

Nadine venait enfin de quitter nos chambres. Cette femme était très gentille, mais elle ne tarissait pas d'éloges sur son établissement, et elle aimait faire la conversation. Bizarrement, elle était bien plus bavarde avec moi qu'avec Angelina.
Quand la porte eut claqué, annonçant le départ de Nadine, Angelina se mit à rire.

- Cette femme avait vraiment un faible pour vous, c'était à en crever les yeux.

J'arquais un sourcil, commençant à défaire ma valise, accrochant quelques affaires dans la penderie.

- Pas vraiment mon style, répondis-je simplement.

Angelina se mit à rire de plus belle, s'approchant de la fenêtre pour observer la sublime vue qui s'offrait à nous.

- Je serais curieuse de savoir quel est votre style, monsieur Rapp.

Je ne répondis rien, surement parce que je ne voulais pas que la conversation prenne une tournure étrange, ou que nous repartions sur une mauvaise ambiance. Je l'observais juste, admirant d'un air rêveur la tour Eiffel, face à nous.

- Je vais retourner dans ma chambre, déclara t-elle, si vous me cherchez, je serais surement au spa, ou à la salle de sport. Je ne sais pas par où commencer.

Je hochais la tête, la regardant se diriger vers ma porte. Cette dernière s'ouvrit, tandis que je réfléchissais. Sans perdre une seconde, je me mit à courir en direction de la dite porte, l'ouvrant juste pour voir Angelina rentrer dans sa chambre, se trouvant juste à côté de la mienne.

- Angelina, l'appelai-je.

Cette dernière se retourna, reportant son attention sur moi.

- Quand tu voudras passer pour qu'on discute de.. tu sais quoi, sous-entendais-je la mission, n'hésite pas, je serais dans ma chambre.

Cette dernière hocha la tête, un léger sourire sur ses lèvres. C'était bien l'un des premiers qui m'était destiné. Puis elle disparut dans sa chambre.

⁂

Penché sur les différents dossiers, quelqu'un frappa à ma porte. Je m'empressais d'ouvrir, découvrant Angelina, sortant surement de la piscine, ses cheveux mouillés et ses vêtements collant à sa peau, son maillot de bain visible à travers le tissus mouillé.

Je la laissais entrer, lui désignant la table sur laquelle tout était éparpillé. Cette dernière attacha ses cheveux avant de se pencher par dessus les différentes photos et documents.

- Voici nos nouvelles identités, déclarai-je simplement, comme une chose commune. Tu seras Rose Matthews, et je serais Benjamin Kane. Nous devrons nous présenter à la réception qui aura lieu demain soir, dans un hôtel non loin d'ici. Nous recherchons Bryan Foster, un américain âgé de la trentaine, expliquai-je en lui montrant une des rares photos que nous possédions de lui. Le mieux serait que tu te fasses discrète, en restant avec moi et couvrant mes arrières. Si quelqu'un doit agir, je le ferais.

Elle hocha la tête, tournant son regard émeraude vers moi subitement.

- Vous ne m'avez pas dit que ce serait un événement aussi classe, murmura t-elle, je n'ai rien emmené.

- Nous irons acheter ça demain après midi, avant la réception. Irène m'a confié un certain budget pour que nous puissions nous habiller afin de nous fondre dans la masse.

Elle acquiesça, continuant de regarder le reste des documents avant de se tourner vers moi une nouvelle fois.

- Je vais aller prendre une douche, déclara t-elle, je vous retrouve pour le dîner dans le restaurant de l'hôtel.

Je hochais la tête, m'asseyant sur le canapé pour prendre mon ordinateur. Angelina baissa la tête avant de reprendre le chemin de la sortie.

- Angelina, l'appelai-je une nouvelle fois.

Elle s'arrêta dans ses pas, ne prenant pas la peine de se retourner. Elle allait encore penser que je m'apprêtais à lui redonner des ordres.

- Prépare toi, je vais t'emmener diner.

Elle se retourna, un air curieux sur son visage.

- Réellement ? Qu'avez vous fait à mon horrible tuteur ? Qui êtes vous ?

Je gloussais, pour une fois qu'elle réussissait à me faire rire.

- Dépêche toi, avant que je ne change d'avis.

Elle sourit, avant d'ouvrir la porte, se retournant une dernière fois.

- A vos ordres monsieur Rapp.

Puis elle partit, me laissant seul. Je me demandais bien d'où mon côté amical venait. C'était nouveau.

⁂

- C'est vraiment le meilleur restaurant dans lequel j'ai mangé, avoua Angelina en se levant de table, remettant sa chaise sous cette dernière, je n'ai jamais vu quelqu'un chargé de remplir votre verre de champagne à chaque fois qu'il était vide.

- La vie de luxe, répondis-je en laissant des billets sur la table.

Cette soirée avait été différente. Je voyais Angelina sous un angle totalement différent de celui d'auparavant. J'avais appris à la découvrir, comme quelqu'un que je venais de rencontrer. Nous avions évité tous les sujets sensibles, discutant plutôt de nos goûts, nos rêves, nos envies. J'avais passé une très bonne soirée, agréablement surpris d'avoir été capable de rester à ses cotés sans vouloir l'obliger à se taire.

Nous marchions dans les rues de Paris, côte à côte. Notre petit tour au pied de la tour Eiffel s'était soldé en séance photo pour Angelina qui avait beaucoup de choses à raconter à sa meilleure amie. Je l'avais cependant mise en garde, lui faisant promettre d'envoyer cette photo dès notre retour à la base pour ne pas créer de mauvaises surprises.

Nous reconnaissions la devanture luxueuse de l'hôtel, les grooms à l'entrée ouvrant les portes à chaque client s'approchant un peu près de ces dernières. Nous pénétrions dans l'enceinte de l'hôtel, accueillis par la musique douce de la réception et les visages souriants des employés. Sans plus attendre, nous remontions en direction de nos chambres, prêts à aller se coucher au vue de la journée qui nous attendait.
Rendus devant nos portes, Angelina s'approcha de moi, relevant son regard pour plonger ses yeux dans les miens.

- Merci Mitch, pour cette soirée. Je.. elle prit une pause. Je n'aurais pas pensé passer une aussi belle soirée, pour être honnête. Je vous ai surement mal jugé, vous n'êtes peut-être pas la personne que je pensais que vous étiez.. J'aimerais.. J'aimerais m'excuser pour ce que je vous ai dit la dernière fois, c'était impoli de ma part, et sous le coup de la colère, j'ai réagi de manière excessive. Si vous acceptez mes excuses j'aimerais qu'on reparte d'un bon pied.

Je hochais la tête, sentant la sincérité dans ses paroles. A vrai dire, j'avais peut-être moi même abusé sur les mots, et je comprenais bien que ça l'ai blessé. J'avais découvert une toute autre jeune femme ce soir, et c'était avec elle que je voulais continuer cette mission, et cet entrainement. Pas avec l'enfant puérile des premiers jours.

- Excuses acceptées.

Cette dernière sourit, agissant d'une manière qui me surprit. Ses bras vinrent s'enrouler autour de moi, m'englobant dans une étreinte. Je n'aurais jamais pensé qu'Angelina était une partisane des contacts physiques. Je tentais de remettre cet acte sur le dos de l'alcool, bien qu'elle n'en ait pas consommé une quantité astronomique.

Capitulant, je passais mes bras autour d'elle, sentant une sensation étrange. C'était la première fois que je me retrouvais avec quelqu'un dans mes bras, depuis Katrina. Quelqu'un d'autre qu'Emilia, également.
Angelina s'écarta légèrement, juste assez pour que ses yeux rencontrent les miens. Subitement, ses lèvres se posèrent sur les miennes, laissant nos souffles se mélanger.

Pendant quelques secondes je restais immobile, ne sachant pas quoi faire. Puis je commençais légèrement à laisser parler mon instinct, mes lèvres bougeant contre les siennes. Dès que ses mains eurent pris place sur mes joues, je me figeais sur place.
M'écartant légèrement, je ressentais une culpabilité en moi, revoyant le visage de Katrina face à moi. La chevelure blonde vénitienne s'était soudainement transformée en un doré éclatant tandis que je revoyais ma fiancée face à moi.

- Je.. je suis désolé, bégayais-je en m'écartant, je ne peux pas.

Je rentrais dans ma chambre, fermant la porte sur laquelle je m'appuyais, me laissant tomber au sol. J'avais fuit, comme un lâche. J'avais fuit parce que j'avais ressenti quelque chose en embrassant Angelina. Et ce quelque chose était différent, c'était une bonne chose. Mais je ne savais pas si c'était juste vis à vis de Katrina, ou juste vis à vis d'Angelina. Tout était confus, je ne savais pas si mes émotions n'étaient que le fruit de mon désespoir, et que je m'étais simplement laissé aller à la tentation. Je ne savais plus quoi penser, mais une chose était sure, j'avais agi comme un lâche.

C'était définitivement une bonne manière de recommencer les choses avec Angelina. Ça allait s'avérer compliqué.

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« But what good will it do, to reopen the wound »